Trio infernal, première rencontre (pv Archange/Tarion)

La forêt est toujours aussi belle... C'est la première chose qui vient dans la tête de Skorge tandis qu'il reste assis sur une branche d'arbre haute, observant ce qui s'étend à perte de vue en dessous l'arbre, étonnamment grand par rapport à ses semblables étant parfait pour voir clairement ce qui se passe un peu partout. Soupirant légèrement, un petit nuage blanc sortant de ses lèvres, il ferme les yeux un bref instant, s'appuyant au tronc derrière lui, ses mains serrant sa précieuse lance contre sa poitrine alors qu'il réfléchit un instant, se souvenant des quelques années passées à l'académie du château, aux quelques amis qu'il avait... Et aux raisons qu'il avait de partir ; juste un léger ras le bol... Il ne peut pas s'empêcher de soupirer à nouveau à cette idée : s'enfuir juste parce qu'un feu a éclaté dans sa chambre sans raison et aussi parce que les chevaliers étaient particulièrement pénibles à le regarder comme si il était un enfant sans défense n'est pas la chose dont il est le plus fier... Mais d'un autre côté... Ça devenait insupportable ! D'accord, il est jeune et ok, la vie ne lui a pas fait de cadeau... Mais il est un DRAGON ! Pas un humain sans défense ! Même si il en a l'apparence les trois quarts du temps ! Inspirant longuement pour se calmer à l'idée de cette injustice, il rouvre les yeux, son regard fixant le château d'Emeraude clairement visible à quelques kilomètres sur sa droite, toujours aussi beau et spectaculaire malgré la pluie qui tombe plutôt violemment, alors qu'il prend pour la première fois conscience d'à quel point il fait frais, bien qu'il soit, heureusement, protégé de ce genre de climat par le pouvoir de sa race. Souriant légèrement en se souvenant des animaux qui doivent être cachés un peu partout dans la forêt, il se concentre un instant, déployant violemment ses ailes qui transpercent d'un coup le dos de sa tenue, s'arrachant ensuite à la branche sur laquelle il était avant de planer longuement, la cime des autres arbres se rapprochant de plus en plus tandis qu'il se souvient d'une règle qu'on lui a apprise : quand il y a un orage, il ne faut jamais se mettre contre ou sur un point trop élevé, la foudre passant automatiquement dessus, idée qui lui arrache un énorme frisson à la seule pensée de la douleur qu'il ressentirait si un éclair le frappait. Heureusement, son court "vol" se passe sans problème et il soupire de soulagement en sentant ses pieds heurter doucement le sol trempé, Perséphone se plantant à côté de lui un bref instant avant qu'il ne la reprenne, commençant à se déplacer afin de retourner dans son abri. Malheureusement, il n'en a pas le temps... Un bruit familier vient en effet à ses oreilles et il grimace, déployant à nouveau ses ailes, décollant pour se poser sur une branche d'arbre, pas très haute, mais suffisante pour le cacher, du moins, il l'espère., le bruit se rapprochant lentement de sa position.

****Des chevaux? Il y en a... Deux apparemment... Est ce que ce sont des chevaliers qui partent au combat ? Des voyageurs ? Ou... Des ennemis ?****

" … Quoi ?! Pourquoi ce serait moi ?! Je ne suis encore qu’un écuyer ! "

se défendit du mieux Tarion en secouant les bras devant lui.

L’armada de chevaliers lui répliqua sévèrement qu’il était le seul à savoir où le fugitif traînait précisément vu qu’il l’avait aperçu plusieurs fois à cet endroit, puis ce n’était encore qu’un petit garçon, il n’aurait aucun mal à le ramener de force vu qu’il était le plus âgé des écuyers, dépassant même largement l’âge moyen d’un chevalier. L’assassin était peut-être plus âgé, il n’en restait pas moins qu’on lui offrait des corvées de chevalier… Surtout qu’on lui proposait une coéquipière dont il se serait bien passé, d’ailleurs il était obligé de demander assistante auprès de cette femme vu que tous les autres étaient occupés ailleurs et qu’elle était la mieux qualifié pour convaincre le déserteur de revenir au bercail. Dans ce cas de figure, Tarion se mit à dire qu’elle pouvait très bien se débrouiller toute seule pour ramener le gosse… Sauf que les chevaliers répétèrent qu’il était le seul à savoir où il se situait dans la forêt d’Émeraude, étant le seul nocturne à traîner dans les bois. Tarion poussa un soupire de déception, on savait qu’il entreprenait des sorties nocturnes maintenant, il espérait qu’on ne le lui reproche pas davantage puisqu’il en avait triplement besoin : d’abord pour se dégourdir les jambes et s’entraîner sur autre chose que sur l’apprentissage chevaleresque, ensuite pour se rendre au point de ralliement de sa seconde nouvelle employeuse, puis enfin parce qu’il avait absolument besoin d’être libre comme le vent le soir afin de mettre en place son plan d’assassinat. Fort heureusement, les chevaliers n’en firent pas tout un plat vu qu’ils savaient pertinemment qu’il n’était pas le seul à se montrer rebelle de la sorte, même s’il devrait un peu plus montrer l’exemple vu son âge avancé. Quoiqu’il en soit, cette mission lui déplaisait doublement, son rang inférieur l’obligea à capituler à leurs directives. Tarion retourna dans sa chambre pour prendre ses armes et ses pièges, au cas où que le gamin se montre plus coriace que prévu ou que d’autres dangers peuplant la forêt puisse nuire à sa vie. Enfilant sa ceinture à sacoches remplies d’outils et passant ses deux épées-jumelles dans leurs fourreaux respectifs placés dans son dos, l’assassin masqué en écuyer sortit du château pour entamer la première étape de cette tâche.

Pour réaliser cette mission, il devait demander l’assistance d’un chevalier qui connaissait le fuyard et qui n’était pas encore accaparé à son travail pour le moment. Malheureusement pour Tarion, cette femme à laquelle il devait quémander de l’aide n’était pas n’importe qui : c’était le chevalier Archange… Elle était peut-être une femme, et donc une proie de choix pour le dragueur, elle restait un véritable prédateur : à peine qu’il l’approchait qu’elle lui grognait dessus. Une femelle si inaccessible éveillait un désir irrésistible au fond de l’assassin, mais il savait également qu’elle était encore plus forte qu’un homme ; n’étant pas encore si suicidaire, il préférait garder cette distance avec ce chevalier, de toute manière elle n’était pas sa cible à abattre… Quoique, ils allaient partir tous les deux en mission, seuls, cela voulait dire que son meurtre pourrait être facilement masqué dans la broussaille ; ça ferait une tête de chevalier à rapporter au régent afin qu’il s’acquitte de son assassinat… Non, en fait non. On parlait d’Archange là, il avait encore moins de chance de tuer une femme de sa stature, elle faisait partie des cibles à éviter en priorité. Néanmoins, si l’occasion se présente, l’elfe n’hésitera pas à lui trancher la gorge en traître, c’était toujours ça de pris. Enfin, pour le moment il devait la retrouver pour qu’elle l’accompagne lors de sa mission. On lui avait informé qu’elle avait dit être allée se changer les idées en ville ; ne sachant pas pourquoi, Tarion s’était dirigé vers la maison-de-passe où il avait surpris un jour Archange la fréquenter. Pour tout dire, cela ne le surprenait même pas qu’elle était de ce vice-là, mais chacun fait comme il veut, hein… Son instinct elfique eut bien raison de se rendre en ce lieu érotique : à l’entrée du bordel, il y trouva Archange qui semblait en sortir, étant apparemment en train de converser avec l’une des prostituées du bâtiment.

" Revenez très vite nous revoir, milady. "

demanda la femme de service au chevalier qui lui fit un signe d’adieu de la main, un ravissant sourire aux lèvres, elle était apparemment satisfaite du service rendue ; faisant demi-tour pour retourner au château, son sourire se dissipa lorsqu’elle aperçut l’elfe qui était étrangement bien armé, elle se dirigea vers lui et le chopa au col en le soulevant un peu, le fusillant du regard.

" Comme la dernière fois : tu ne dis rien aux autres et je ne dirai rien non plus. "

exigea-t-elle en se rappelant que l’assassin l’avait surprise en train de sortir de ce genre de bâtiment alors que lui-même y voulait y entrer, elle ne voulait pas vraiment que l’Ordre sache où elle gaspillait son argent en fait… Tarion se mit à étirer un sourire moqueur.

" Je ne suis pas ici pour me "changer les idées".

assura l’elfe en se faisant un peu plus relâché par la justicière qui l’attira loin du bordel pour savoir ce qu’il faisait ici alors.

On m’a assigné une mission qui consiste à ramener un fugitif à Émeraude, il se trouve dans la forêt et je sais où. Mais vu que je suis écuyer, je suis obligé d’y aller accompagner d’un chevalier et on m’a demandé à ce que ce soit toi qui vienne… "

informa Tarion en espérant qu’elle ne fasse pas sa tête de mule, sinon il était mal barré.

" … Je ne porte pas mon armure là et il est prohibé aux chevaliers de partir en mission sans leur équipement. "

répliqua la bleue en l’obligeant toujours à marcher à ses côtés le plus loin possible de leur point de rencontre.

" Eh bien on retourne au château, tu prends tout ce dont tu as besoin et on y va ? "

suggéra l’assassin en priant toujours Capéré, le dieu de la chasse vénéré par les opaliens, qu’elle accepte de venir…

" Je vais effectivement retourner au château… Mais je n’en ressortirais pas pour t’accompagner en forêt, tu te démerdes pour trouver un autre larbin. "

répondit-elle sèchement avant d’accélérer le pas, laissant en plan le pauvre elfe qui se mit à rapidement trouver une solution à ce problème ; se remémorant soudainement d’un goût d’Archange, il la rejoignit en trottinant.

" Mais ce fuyard est un pauvre petit garçon qui devait devenir écuyer en même temps que ma génération, plus personne ne savait où il se trouvait sauf moi. "

signala l’écuyer d’une voix charnelle afin qu’elle finisse par fléchir, étrangement cette information piqua la curiosité de la justicière qui connaissait une personne répondant à cette description.

" Quel est son nom ? "

demanda la bleue en espérant au fond d’elle-même que c’était bien la personne à laquelle elle pensait.

" Euh… Les chevaliers disaient qu’il s’appelait "Virgil Korche", ou un truc dans le genre… "

tenta de se remémorer l’elfe en se grattant les cheveux, ce nom écorché fit arrêter le chevalier qui se retourna vers l’assassin.

" Vergil Skorge ? "

questionna-t-elle une nouvelle fois avec plus de certitude dans la voix.

" Oui, c’est cela ! "

déclara l’assassin avec un certain enthousiasme vu qu’il venait d’attirer l’attention de la jeune femme.

Cette dernière resta silencieuse pendant quelques secondes avant de prendre le bras de l’homme pour le traîner jusqu’au château. Tarion se laissa escorter de la sorte même s’il était à la limite de planer dans les airs vu qu’Archange marchait si vite et que sa réputation d’être la femme la plus forte de l’Ordre ne semblait vraiment pas exagérer : l’assassin sentait son bras se faire broyer par les doigts musclés du chevalier. Archange se mit à lui dire qu’elle connaissait ce jeune homme et qu’elle acceptait bien évidemment de le revoir afin de le ramener au château, sa soudaine disparition l’ayant préoccupé quelques temps même si elle n’était pas restée soucieuse trop longtemps avec la présence son nouveau apprenti. Leur rencontre date d’il y a sept ans environ, la sholienne venait à peine d’être admise dans l’Ordre d’Émeraude et ils n’étaient pas encore adoubés comme chevaliers de la première génération. Pourtant, on les avait envoyés en mission de reconnaissance afin de tester leurs compétences sur le terrain hors d’Émeraude. Cet exercice s’était plutôt mal passé vu qu’ils étaient tombés sur une patrouille tanieth et que l’un des hommes-insectes était sur le point de s’en prendre à un garçon à peine âgé de cinq ans. A la vue de cette agression injuste à ses yeux, Archange s’était mis à bouillir de rage et s’était ruée tête baissée sur ces ennemis pour sauver l’enfant, ce qu’elle réussit à faire en tuant à distance avec un couteau de lancer le tanieth qui allait assassiner le gosse ; avec la coordination des autres chevaliers, ils n’en firent qu’une bouchée des autres tanieths. Au cours de ce test, Archange avait eu l’occasion de faire part de sa force alors qu’elle venait à peine d’entrer dans l’Ordre, une bonne chose pour se faire remarquer dès ses débuts. Néanmoins, tout ce qui lui avait importé, c’était de sauver la vie du garçon qui répondait au nom de Vergil Skorge. Suite à cela, ils ramenèrent le jeune homme au château pour qu’il puisse étudier auprès des autres élèves étant donné qu’il était un dragon-blanc ayant des dons magiques pouvant servir à l’Ordre. Durant les prochaines années, elle eut quelques contacts avec Vergil, assez en tout cas pour se mettre en tête de l’appeler Skorge vu qu’il détestait son prénom. Ce n’est que récemment, à l’adoubement des chevaliers de la deuxième génération, qu’on retrouvera sa demeure détruite et que Vergil ne fut jamais retrouvé, même ses possessions ont disparu : la thèse de la fuite était la plus probable aux yeux de l’Ordre, mais les recherches n’aboutissaient à rien.

Aujourd’hui, Archange avait enfin l’occasion de prendre des nouvelles de ce jeune homme qu’elle aurait aimé voir être promu parmi les nouveaux écuyers. Cela ne voulait pas dire que cela l’enchantait d’accompagner Tarion, bien au contraire ; si elle pouvait s’en débarrasser, ce ne serait pas de refus. Malheureusement, c’est à lui qu’on avait inculqué la mission, alors elle se contentera de l’assister même si elle comptait bien prendre les commandes grâce à son rang supérieur à celui de l’assassin. Rentrant rapidement au château, elle ordonna à l’elfe de préparer leurs chevaux tandis qu’elle s’équipe de son armure et de ses armes. Tarion se rendit aux écuries pour réclamer leurs montures respectives qu’il se mit à seller avec grand mal vu qu’il avait à peine suivi ses cours d’équitation qu’il détestait au plus haut point. Archange rentra rapidement dans sa chambre et y trouva son écuyer qui flemmardait : elle lui laissa carte blanche pour tuer le temps lors de son absence à condition qu’il reste entre les limites du château ; le petit bleu qui lui servait d’apprenti s’écria de joie et sortit du château pour aller s’amuser. D’habitude, elle lui aurait commandé d’aller s’entraîner seul jusqu’à ce qu’elle revienne, mais Archange était de trop bonne humeur en ce moment grâce à la soudaine piste qu’ils avaient de Vergil. Elle enfila rapidement son armure par-dessus sa tunique sholienne, s’arma de son épée, sa dague et ses couteaux de lancer, puis se précipita vers la sortie jusqu’aux écuries. Elle se mit à hurler sur Tarion qui avait encore du mal avec les selles, Archange fut donc obligée de s’en occuper elle-même. Une fois finalement prêts, ils montèrent sur leurs chevaux et galopèrent vers la forêt d’Émeraude. Sur le chemin de cet amas de feuillages, la pluie commença à s’abattre sur le royaume, c’étaient bien leurs veines de n’avoir rien du tout à porter sur la tête pour se protéger le visage ; en fait, cela ne dérangeait pas vraiment Archange qui était habituée au froid et au liquide, seul Tarion s’en plaignit puisqu’il était plutôt enclin à recevoir du soleil et de la chaleur. Enfin, ils finirent par pénétrer dans la forêt, les arbres les protégeant un peu des gouttes, se mettant à laisser les chevaux trottiner entre les troncs. L’incompétence de l’assassin à dresser son cheval mit sur les nerfs la justicière qui usa de son don de parler aux animaux pour calmer le destrier plutôt rebelle envers son cavalier. Ce petit désagrément révolu, Archange demanda à Tarion de les guider vers la zone où ils étaient susceptibles de trouver l’enfant. Quand ils y arrivèrent, un bruit les fit arrêter, les mettant sur leur garde, l’elfe utilisa sa fine ouïe pour en retrouver la source.

" Là ! "

indiqua l’assassin en pointant une branche en hauteur où se trouvait l’enfant qu’il recherchait, Archange se mit à sourire en fronçant les sourcils à la vue du garçon qui avait matérialisé ses ailes de dragon.

" Skorge, ça fait un petit temps qu’on ne s’était pas vu, toujours à jouer le fier dragon ? "

se moqua-t-elle en descendant de son cheval, Tarion la suivant dans son mouvement, laissant les montures en retrait pour le moment tandis qu’ils s’approchaient un peu de l’arbre où se situait leur objectif.

Skorge ne peut pas s'en empêcher, il grimace fortement en essayant de se cacher dans les feuilles ornant la branche sur laquelle il est allongé, mais il sait déjà que c'est en pure perte... Les deux chevaux viennent de sortir de l'ombre et il sait qu'il est déjà repéré quand il voit le jeune homme, apparemment un Elfe, présent sur un grand cheval d'une couleur aussi dorée que les cheveux de son cavalier. Bronzé, ce qui est plutôt bizarre vu le climat, avec ses cheveux or tombant sur ses épaules et son visage enfantin aux fins sourcils et aux yeux ocres, d'ailleurs posés sur lui. Notant au passage la tenue légère colorée en verte de l'Elfe, notant ainsi le rang d'écuyer, il ne peut pas s'empêcher de se dire que ce dernier doit avoir froid, mais il y aussi autre chose... Il a presque l'impression d'entendre une voix lui hurler de ne pas faire confiance à cet homme, quoi qu'il fasse... Même si à priori, il est l'air plutôt gentil et même, fêtard, il y a quelque chose en lui d'étrange... Et son odorat de dragon lui apporte une étrange odeur qui lui arrache un frisson : métallique et cuivrée... Du... Sang ? Il n'a cependant pas le temps d'y penser d'avantage, son regard accroche une autre personne et là, il sursaute légèrement, manquant d'ailleurs de tomber de l'arbre : qu'est ce qu'elle... Fait ici ? Comment est ce qu'ils ont pu convaincre cette femme d'aller dans la forêt pour autre chose qu'un combat ?! De tous les chevaliers qu'il craint, cette femme est l'une des pires... Même si il en garde un très bon souvenir : Des cheveux bleus mi-longs coiffés en un chignon serré, des yeux couleur océan, le tout marquant un visage magnifique couleur de neige, cette jeune femme de grande taille à l'apparence voluptueuse et charmante, selon la plupart des hommes assez stupides pour tenter de la courtiser est une des femmes chevaliers les plus puissantes du royaume : Archange... Celle qu'il connait également le mieux, la guerrière, à présent vêtue de son armure verte le fixe d'un air moqueur, mais dans lequel brille une lueur indéfinissable l'appelle, criant tranquillement de sa voix toujours aussi douce et froide que dans ses souvenirs tandis qu'elle descend de son étalon blanc :

" Skorge, ça fait un petit temps qu’on ne s’était pas vu, toujours à jouer le fier dragon ? "

Grimaçant fortement, surtout en les voyant s'approcher, et en entendant cette provocation, Vergil arrache de nouveau ses pieds à l'arbre, sautant en arrière, l'eau continuant à tremper son corps d'une étreinte glaciale, mais pas désagréable tandis qu'il atterrit, le genou et la main gauche dans la boue tandis que son bras droite plante Perséphone au sol, fixant de son regard les deux personnes qui, il le sait, sont sûrement venues le ramener au château, inspirant profondément pour ne pas s’énerver, conscient que en réalité, la jeune femme ne pense pas un mot de ce qu'elle vient de dire. Après tout... Bien qu'elle aie autrefois faite partie du groupe de chevalier qui lui a sauvé la vie quand ses parents venaient de l'abandonner à son sort, elle ne l'a jamais jugé ou regardé de haut... Mais cette moquerie l'énerve tout de même légèrement et se sentant obligé d'y répondre, il relève tranquillement la tête, ses cheveux trempés collant à son front avant de répondre sur le même ton que la guerrière :

"En effet, Dame Archange... Ça faisait longtemps... Et en effet, je suis toujours un dragon... Et vous ? Toujours à cogner et envoyer chez le guérisseur le plus proche les pauvres bougres qui ne font que vous regarder ?"

En déposant son regard doré sur l’enfant, Tarion se convainquait personnellement qu’il aurait pu se charger seul de cette mission. Bon, il était cantonné au rang d’écuyer, et donc ses degrés de liberté étaient plus ou moins limités ; obligé d’être accompagné par un chevalier, l’elfe voyait en cela à la fois une laisse, une aubaine et une insulte. Une laisse parce qu’il ne pouvait pas s’acquitter de ses missions sans être constamment surveillé, remarque sa condition justifiait cela vu que les suspections à son égard continuaient de fuser partout. Une aubaine étant donné qu’il avait la chance de pouvoir essayer d’assassiner un chevalier à l’abri des regards, même si en ce moment ils n’étaient plus seuls et que le chevalier en question était loin d’être une cible facile à atteindre, mais bon il laissait le temps s’écouler, voir si une occasion allait se présenter à un moment ou à un autre. Et enfin une insulte puisque l’enfant en question paraissait relativement faible à ses yeux, il pourrait très bien le ligoter pour le ramener de force à la cité ; il s’était avisé de sa drôle d’arme en main, mais cela n’était pas un problème si important. Néanmoins, Tarion ayant les pensées défilant plus vite que la raison venait juste de remarquer les ailes dans son dos, c’était quelque chose d’assez révélateur, pas qu’un simple gamin cet enfant. Aussi, il possédait une certaine assurance qui ne le régressait pas au rang de l’enfance, il aurait pu faire un bon écuyer à vue d’œil, surtout s’il avait réussi à vivre seul dans ces bois durant tout ce temps. Heureusement que sa vision perçante venait d’infirmer ses pensées, il aurait paru vraiment bête sinon ; c’est mal de sous-estimer un adversaire après tout, même bête en fait. De toute manière, vu qu’il semblerait que sa compagne connaît ce jeune homme, alors il n’aura pratiquement rien à faire ; la diplomatie n’était pas sa tasse de thé non plus, ni à elle d’ailleurs, même si Archange possédait un pouvoir de persuasion plutôt efficace en passant par l’intimidation. Combien de criminels a-t-elle fait chanter pour obtenir son dû ? Et combien de fois n’a-t-elle jamais hésité à leur embrocher le ventre pour les faire parler ? Puis Tarion était un assassin, il jouait surtout le déguisement et le jeu d’acteur, or il n’avait jamais assassiné d’enfant, ce qu’il n’osera jamais faire d’ailleurs, et ne savait pas quel comportement adopter pour les faire balader. Sachant que la bleue aimait bien la compagnie enfantine, elle était beaucoup plus expérimentée de ce côté-là. Cela finit par payer d’ailleurs : sa seule présence suivie de sa petite provocation avait fait sortir le jeune homme de sa cachette, cette petite mise en scène ayant plutôt impressionné l’assassin au point qu’il se mit à siffler. Archange s’approcha de Vergil alors qu’il parlait, Tarion sur ses traces même s’il prenait ses distances pour rester sous un arbre, puis c’était à elle que revenait l’insigne honneur de convaincre l’écuyer déchu de rentrer au bercail. Suite à ses propos, le blond ne put s’empêcher de ricaner à cette remarque sur le comportement violent du chevalier face aux hommes. Il cessa toutefois de rire et fit l’air de rien lorsqu’Archange s’était tourné vers lui avant de refaire face à Skorge.

" Toujours, ils n’ont qu’à se contenter de regarder mon armure, et encore… Ces pauvres bougres, comme tu dis, devraient être plus discrets.

répliqua la bleue sur le même ton que tout à l’heure, puis reprenant cette fois sur un ton plus irrité de sa voix grave.

Et ne t’ai-je pas déjà dit de ne jamais m’appeler "Dame Archange" ? Je déteste qu’on me nomme comme ça, limites-toi à "Archange" tout simplement. "

exigea-t-elle en le regardant toujours sévèrement, son regard mêlé toutefois à de l’amusement à ce jeu de provocations.

Elle voulait toujours paraître familière, la formalité et la politesse étaient loin d’être des attributs qu’elle respectait et appréciait. Paradoxal pour une princesse déchue ? Peut-être bien, mais pas pour une guerrière ayant passé toute son enfance dans la rue et le froid. Aussi, elle semblait vraiment partager cette haine de se faire appeler par son véritable nom comme Vergil, son pseudonyme bien proche de son prénom d’enfance lui plaisait bien et elle ne voulait absolument pas qu’on ne respecte pas cette demande. D’ailleurs, peu de personne connaissait son véritable nom en fait, peut-être bien toute la première génération des chevaliers, mais les autres certainement pas… A moins qu’il y ait eu certaines fuites, même si cela l’importait peu en fait : le premier qui osera l’appeler Ange saura pertinemment ce qu’il l’attendra comme réaction. En parlant de nom, ces deux-là n’étaient pas les seuls à vouloir se nommer autrement qu’à l’habitude : Tarion faisait aussi parti de cette catégorie. Son véritable nom étant Derflam, il n’y avait que peu profité avant d’être recruté par le régent d’Opale pour se faire renommer Tarion, par affront envers sa mère qui l’avait abandonné dans la rue. Enfin, les relations de l’elfe avec ses parents étaient loin d’être un sujet intéressant, surtout qu’il y avait peu de chose à dire là-dessus. En réalité, ils ne ressemblaient peut-être aucunement, Archange et Tarion possédaient beaucoup de points communs, surtout concernant leur passé et les raisons qui les ont emmené dans l’Ordre d’Émeraude. Tous les deux une histoire d’abandon, de rejet, d’errance solitaire et de survie, une histoire de montée en puissance, de monter l’escalier de la gloire et la richesse avant de manquer une marche qui les font dégringoler vers le bas, devant passé par une tâche décisive sur leur avenir. On aura beau ne pas être d’accord, la justice et la rédemption avaient des liens plus ou moins directs. Eux deux le savaient, ils connaissaient la fausse version de l’histoire respective de l’autre, mais vu que ces versions possédaient de nombreuses similitudes avec la vraie, alors ils avaient un certain respect envers l’autre, sachant qu’ils n’avaient pas eu la vie facile… Enfin, ce "respect" se faisait très loin ressentir, à mettre sur le compte de leur personnalité fort différente.

Tandis qu’Archange était en train de converser avec Vergil, l’assassin étudiait visuellement cet enfant. C’était la cible de sa mission après tout, même s’il ne devait pas le tuer évidemment. Cependant, on lui avait bien appris qu’il fallait toujours réfléchir avant d’agir, et donc d’en apprendre plus avant d’entrer sur scène. Physiquement parlant, Skorge paraissait chétif et peu intimidant, et pourtant l’instinct elfique de Tarion l’alertait qu’il ne devait surtout pas sous-estimer ce gosse. Le charmeur en avait de quoi, les ailes du dragonneau le mettaient sur ses gardes même s’il savait qu’Archange contrôlait la situation pour le moment. Malgré le fait qu’il ait entendu parler des hommes-dragons blancs et qu’il en connaissait quelques-uns dans l’Ordre, Tarion avait visiblement la confirmation que ces êtres possédaient tous des cheveux blancs et des yeux bleus, c’était difficile de concevoir une variété si restreinte que cela : les différencier pouvait paraître difficile, mais pourtant on arrivait à les identifier malgré leur ressemblance physique. Ce qui était sûr, c’est que l’assassin se rappellera toujours de ce regard remplie de fierté, le genre de regard auquel il faut avoir du courage pour y faire face. Plus il y pensait, plus Tarion était un peu rassuré de ne pas être seul à réaliser cette mission, puis le jeune homme était armé d’une sorte de lance bien étrange, composée de lames opposés, étant donné la façon dont il la domptait, c’est qu’il devait la manier avec grâce. Très sincèrement, l’elfe ne souhaitait aucunement se frotter à un combattant maniant des armes qui lui étaient inconnus, encore moins un enfant et un dragon de surcroît… De toute façon, il y avait quelques chances qu’ils n’ont pas à se battre pour le ramener de force avec la présence d’Archange ; l’assassin était bien naïf de penser cela, même la bleue connaissait assez bien le déserteur pour savoir que cela n’allait pas être une partie de plaisir. Après tout, si elle était si confiante de sa réussite, pourquoi se serait-elle armée jusqu’aux dents ? Dans son élan positif, Tarion s’approcha un peu vers eux en restant assez en retrait d’Archange, arborant son sourire omniprésent malgré la pluie battante.

" Un dragon, hein ? Tout d’un coup, je suis content de t'avoir à mes côtés. "

assura l’elfe en regardant l’autre elfe aux cheveux bleus, cette dernière faisant mine d’ignorer son commentaire bien inutile pour le moment.

" Tu sais pourquoi nous sommes là, pas vrai ? "

demanda Archange en regardant le jeune dragon tout en posant ses mains sur ses hanches, d’une voix un peu plus douce que plus tôt, s’attendant à une réaction plutôt violente mais peut-être que la chance sera de leur côté, même si cette possibilité de coopération restait minime.

" Toujours, ils n’ont qu’à se contenter de regarder mon armure, et encore… Ces pauvres bougres, comme tu dis, devraient être plus discrets. Et ne t’ai-je pas déjà dit de ne jamais m’appeler "Dame Archange" ? Je déteste qu’on me nomme comme ça, limites-toi à "Archange" tout simplement. "

La première chose qui vient à l'idée de Vergil serait de secouer la tête, songeant que décidément, une chose change, et les autres restent les mêmes : il se souvient en effet de cette période où il était si heureux à l'idée de devenir un jour chevalier, ainsi que de ses rêves à l'époque : Devenir un jour le commandant direct d'un groupe de chevaliers à Emeraude : les chevaliers-dragons. Et au milieu de ce rêve, il y avait deux personnes : La femme qui se tient face à lui actuellement et qui correspondait réellement à ce qu'on pourrait attendre d'un chevalier, juste... Disons, plus "grossier" que les autres. Mais aussi, il y avait une seconde personne... Une personne qu'il VOULAIT avoir à ses côtés pour le jour où ses rêves se réaliseraient et qui, à cause d'un inconnu, ne le sera jamais... Ce qui a changé, c'est qu'à présent, il n'en a plus rien à faire d'être un jour chevalier ou même écuyer et que actuellement, seul son objectif compte... Mais c'est presque rassurant de voir qu'à côté de ça, rien n'a changé : Archange est toujours une femme gentille et douce avec les enfants, mais toujours aussi grossière, brutale, fière et provocatrice avec les hommes. Le royaume est toujours en guerre contre les hommes-insectes et bien sur, lui-même est toujours un enfant... Mais un enfant qui a maintenant des objectifs différents de ceux d'une femme qu'il considérait, et considère toujours comme une amie. Rapidement sortit de ses pensées par la voix du compagnon d'Archange, il fronce de nouveau le nez en sentant l'odeur de sang toujours aussi puissante malgré la pluie et se prépare à répondre à son ancienne amie, mais n'en a pas le temps, cette dernière reprenant sa phrase, lui indiquant à demi-mot qu'elle et l'inconnu sont là pour le ramener au château, ce qui lui arrache un soupir, ses ailes battant à présent derrière lui, sans pour autant le soulever du sol et il ferme les yeux un bref instant, avant de murmurer :

"Malheureusement oui... Vous voulez me ramener là-bas hein ? Je suis... Désolé, mais je ne peux pas... C'est trop... Tôt... Et si je rentre maintenant, je pourrais pas... Je pourrais pas faire ce que j'ai à faire : on ne me laissera pas faire et... Je ne peux pas laisser cette personne continuer..."

Rouvrant alors les yeux, Vergil sourit timidement à ses deux futurs adversaires, en effet sur qu'ils ne le laisseront pas partir en paix et, inspirant profondément pour se calmer, il se concentre sur la sensation de l'eau froide coulant à présent le long de son corps, faisant frétiller ses ailes un instant, puis empoigne Perséphone à côté de lui, la faisant tournoyer un bref instant avant de relever les yeux, reprenant doucement, bien que sentant son coeur se glacer légèrement à l'idée de ce qui va suivre : bien qu'il ne ressente rien au sujet de celui qui accompagne son ancienne amie, il n'a aucune envie de se battre... Surtout pas contre elle ! Mais il se doute qu'il n'aura pas le choix et continue à parler tranquillement, essayant d'éviter le combat :

"Archange... S'il vous plait... Faites demi-tour... Faites moi confiance : je reviendrait... Je ne sais pas quand, mais je reviendrai, promis... Je dois juste m'occuper de quelqu'un avant. Je ne veux pas me battre contre vous !

Se battre, ce n’était absolument pas ce qu’Archange souhaitait, même Tarion d’ailleurs. Eux deux étaient dégoûtés à l’idée de devoir affronter un enfant, certes assez âgé pour pouvoir se défendre plutôt bien. La bleue n’a jamais pris plaisir à se battre contre plus jeune que soit, sauf durant un entraînement, elle préférait toujours se mesurer à aussi fort ou plus fort qu’elle, là le plaisir du combat se faisait ressentir pour elle. Concernant le blond, disons que cet enfant serait son tout premier adversaire si jeune, et l’un des rares auquel il combattra en duel en face-à-face, ayant toujours perpétré ses meurtres dans l’ombre. De plus, même si ce n’était qu’un gosse pour le moment, il restait un écuyer et un homme-dragon blanc, il n’était donc pas n’importe quel adversaire. Néanmoins, ne pas sous-estimer la force combinée de deux adultes, dont l’une est un chevalier aguerrie depuis des années et l’autre un chevalier à en devenir ayant des antécédents d’assassin. Même si cela ne leur plaisaient pas, ils allaient devoir coopérer pour le bien de la tâche qu’on leur avait assigné, enfin qu’on avait assigné à l’écuyer et que le chevalier ait été obligée de suivre en quelque sorte, même si elle avait surtout accepté pour prendre des nouvelles du jeune fugitif. En fait, Archange n’était pas du tout animée par l’ambition de ramener Skorge au bercail, elle s’était déjà convaincue qu’il avait de bonnes raisons d’agir ainsi, du moins c’est ce qu’elle espérait. Eh bien à en voir son attitude, ce devait donc être vrai, il n’avait pas déserté par dépit mais par choix, les raisons restant pour le moment floues. Le chevalier ne montra pas tout de suite son aversion à suivre les ordres, étant déjà plutôt rebelle à son état, elle ne savait pas encore si l’autre écuyer irait cafter cette indiscipline à l’Ordre, pour s’en attirer les bonnes grâces par exemple… Elle ne savait pas s’il en serait capable, mais elle avait déjà ses doutes là-dessus.

En tout cas, comme elle s’y était attendue, et comme Tarion s’en doutait également, leur jeune déserteur ne comptait pas se laisser traîner de la sorte. Battant furieusement des ailes sans pour autant décoller, Skorge paraissait plus menaçant que jamais, le combat en devenait pratiquement inévitable. Il s’excusa sur le fait qu’il ne pouvait tout simplement pas les accompagner, qu’il avait quelque chose à faire dont l’Ordre l’en empêcherait. Tiens donc ? Cela rappela fortement quelque chose à Archange qui, elle aussi, avait une importante promesse à tenir et que son alignement avec les chevaliers l’empêchait en partie de s’en acquitter. Soudainement, elle devint plus compréhensive envers lui, se voyant reflétée en lui. Néanmoins, elle avait des devoirs, des principes, et c’était sa mission d’obéir à l’Ordre afin de recruter le plus d’effectifs possibles, Skorge étant l’un de ces heureux élus mais faisant également partie de ceux qu’on a recruté de force entre autre. Le sourire du jeune homme la fit un peu vaciller, Tarion lui restait assez impressionné devant sa maîtrise de sa lance, bien que jeune il était vraiment intimidant, sûrement à cause de son sang draconique. Malgré tout, sentant le combat arrivé, il se mit sur ses gardes, prêt à dégainer ses épées à n’importe quel moment. Ce qui n’était pas le cas d’Archange qui restait calme face à lui, écoutant ses propos suivants, lui suppliant de partir pour le laisser en paix avec son objectif. Un véritable crève-cœur celui-là… Elle se mit à soupirer, avant de le regarder droit dans les yeux.

" Je te fais confiance, je sais que tu promettras de revenir, et crois-moi que moi non plus je n’ai pas envie de me battre…

elle se retourna et se mit à s’éloigner.

Mais les ordres sont les ordres, Skorge. "

dit-elle sur un ton un peu plus fort tout en continuant de marcher sous la pluie.

Ne comprenant pas du tout sa soudaine conduite, Tarion regarda le chevalier se diriger vers les chevaux, comme si elle fuyait le combat ; ce qui n’était bien évidemment pas le cas. Archange s’était en fait approchée des chevaux pour leur demander, grâce à son don de communiquer avec les animaux, de s’éloigner de cet endroit, qu’ils rentrent au château le temps qu’ils s’occupent de cet énergumène. Les montures approuvèrent cette décision et se mirent à galoper jusqu’à la cité, laissant les deux combattants sans aucun moyen de fuir l’affrontement. Elle avait fait cela pour trois raisons : elle ne voulait pas que les chevaux soient blessés par leur faute, puis elle voulait s’assurer que l’assassin n’en profite pas pour se retirer et enfin pour montrer à l’ex-écuyer qu’elle se battrait jusqu’au bout pour accomplir son objectif. Revenant sur ses pas, et donc aux côtés de Tarion, Archange fixa de nouveau le jeune garçon, elle savait qu’il n’allait pas fuir et c’était le même cas de figure pour sa réciproque. Ce serait bien la première fois qu’ils se combattraient de la sorte, avec l’envie de vaincre présente dans leur âme et leurs coups, nul doute que ce sera passionnant et éprouvant surtout. Sans regret, Archange se permit d’ouvrir les hostilités tandis que Tarion l’accompagnait de près, quoiqu’il aurait préféré rester en retrait pour la laisser à elle seule le loisir de se charger de ce duel ; la connaissant, elle serait prête à le couper en deux s’il avait le malheur de se retrouver sur son chemin, et ça c’était loin d’être une mort qu’il aurait préféré subir…

" Si ton but est si important à tes yeux, alors je veux m’en assurer : bats-toi, Skorge, montres-moi ta détermination à t’acquitter de cette tâche. Je suis un obstacle pour toi, tu n’auras aucun regret à vouloir m’écarter de ton chemin, sinon c’est que tu es trop lâche pour prendre ton destin en main. Si tu me parviens à me convaincre, je te laisserai libre et j’attendrai ton retour ; dans le cas contraire, tu devras nous suivre, de gré ou de force.

déclara-t-elle avec une certaine fierté, elle avait bien hâte de voir s’il était aussi déterminé qu’il le prétendait, peut-être qu’elle en tirerait une leçon concernant sa mission à elle aussi ; elle finit par se tourner vers Tarion en lui donnant une tape sur l’épaule.

Et bien sûr, Tarion sera ton adversaire. "

rajouta-t-elle pour s’assurer que celui-là ne tente pas un coup fourré.

" Ô joie, je peux rayer l’option "fuir et aller siroter un coup loin d’ici tandis que la bleue mordra la poussière"… "

dit-il sarcastiquement sans cacher que cela le gênait vraiment de se battre.

" Ce n’est pas à toi qu’on t’a assigné cette mission ? Tu ne verras aucun inconvénient à utiliser tous les moyens mis à ta disposition pour la remplir…

elle s’approcha un peu plus de lui et se mit à forcer la pression de sa main sur son épaule.

Je me trompe ? "

lui demanda-t-elle sur un ton menaçant et rhétorique.

" Pas du tout, tu as tout à fait raison ! Mais tu vas quand même m’aider… hein ? "

lui supplia-t-il presque avec pitié, ne voulant vraiment pas être le seul responsable des blessures du gamin.

" Je ne rate jamais un combat ! "

répondit-elle, amusée, en dégainant son épée et s’éloignant un peu sur le côté de l’assassin qui se mit à dégainer ses épées jumelles ; les deux en garde, ils n’attendaient qu’à en découdre avec le dragon blanc afin de constater si ses mots n’étaient que du vent ou si une véritable ambition se dégageait de son aura.

Alors on y est... Il n'y a pas d'autres choix... Bien qu'intérieurement, il soit surpris que cette femme suive aveuglément les ordres, il se contente de soupirer, avant de planter Perséphone dans le sol, joignant ensuite ses deux mains avant de fermer les yeux un bref instant, son coeur semblant se glacer tandis qu'un visage lui apparaît : Une jeune fille aux oreilles pointues démontrant sa nature d'elfe, ayant à peu près son âge, ayant un magnifique visage pâle entouré de cheveux violets tombant en cascade sur ses épaules et de grands yeux verts le regardant tristement, un sourire presque malheureux apparaissant sur ses lèvres rosées. Souvenir horriblement douloureux auquel se rajoute ce moment... Ce moment où cette fille a été dévorée, à sa place par ses horribles flammes noires, sans qu'il ne puisse faire quoi que ce soit pour l'aider, puis cet homme, les observant de loin, caché par sa cape noire et son étrange casque d'os d'animaux. Contractant d'un coup ses mains au point que ses os craquent de manière sinistre dans la forêt alentours malgré la pluie battante, une colère brûlante commençant à couler dans ses veines, il entend vaguement Archange discuter avec son compagnon, mais ne cherche pas à comprendre ce qu'ils se disent, se contentant de prier intérieurement pour le repos de cette fille, avant de rouvrir légèrement les yeux, murmurant doucement, bien qu'il se doute que ses deux futurs adversaires l'entendent parfaitement :

Lamiel... Je suis... Désolé... Je vais devoir trahir ma promesse... J'avais juré de ne combattre que cet homme, mais j'ai... Pas le choix... Pardon... Mais si c'est le prix à payer pour retrouver ce monstre et lui arracher le coeur de mes propres mains pour... Pour ce qu'il t'a fait... Alors, qu'il en soit ainsi..."

Arrachant alors Perséphone au sol et la plaçant face à lui en la tenant uniquement avec sa main gauche, tendue en avant, formant une ligne horizontale comme pour le séparer de ses deux adversaires, il regarde Archange dans les yeux, ignorant le compagnon de cette dernière, la pluie semblant d'un coup tomber de plus en plus fort et il soupire profondément, grimaçant ensuite avant d'annoncer doucement, conscient que quoi qu'il dise, le combat est inévitable :

"Je ne laisserai personne... Se mettre entre ce démon et moi ! Pas même vous Archange ! Depuis quand suivez-vous aveuglément les ordres ?! Pff... Peu importe... Mais une chose est sure : votre ami et vous allez regretter d'être venu ! Et surtout, de m'avoir défié ici ! Affronter un dragon de glace... Par ce temps... Je m'attendais à mieux, même... Même de votre part... Mais si vous donner une correction ici et maintenant peut vous permettre de vous rendre compte à quel point votre comportement est... Irres... Irresponsable, pourquoi pas... Ça... M'évitera peut être d'avoir... D'avoir à vous pleurer vous aussi un jour..."

La pleurer... La question est de savoir : est ce qu'il pourra supporter une deuxième perte ? Surtout Archange ! La jeune femme a énormément de défauts, ça, c'est irréfutable : colérique,brutale, agressive, têtue comme un troupeau de mules, irrespectueuse avec la plupart des gens et ayant, d'habitude, une sérieuse tendance à ignorer les ordres, mais si elle a une qualité, c'est d'avoir un bon coeur... Même si elle le cache plutôt bien. Après tout, combien de fois l'a-t'elle rassuré après une journée difficile ? Et à présent, n'essaye-t'elle pas de le protéger, de l'ordre ou juste, de son objectif ? Inspirant profondément, il commence à se concentrer, son aura commençant à gronder dans son corps, sortant légèrement sous la forme d'un petit halo blanc, son sang semblant se geler dans ses veines, alors que chacune de ses respirations commencent à prendre la forme de fumée blanche sortant de sa bouche, la température de la clairière semblant chuter violemment en quelques instants, un lointain bruit semblable à du verre brisé commençant à se faire entendre, la pluie commençant à passer autours de lui sans le toucher, détournée par son aura tandis qu'il fait tourner une dernière Perséphone avant de la faire passer d'un coup dans son dos, la tenant diagonalement, une pointe apparaissant maintenant derrière son épaule et l'autre, derrière sa cuisse, tandis qu'il pousse d'un coup un cri de guerre, battant fortement des ailes pour s'arracher du sol, fonçant d'un coup des un arbre sur lequel il se poser, prononçant ensuite clairement :

"J'espère pour vous que vous n'avez rien contre la grêle coupante ! Parce que croyez moi, vous allez être servis ! Prenez ça ! Les aiguilles de glace démoniaques !"

En enclenchant le combat, les deux protagonistes avaient signé leur alliance. Certes, tous les opposaient, ils n’avaient aucun plaisir à prendre part à un duel de concert, même s’il fallait dire que c’était courant dans l’Ordre de voir un chevalier et un écuyer travailler ensemble pour affronter l’adversité. Malgré tout, Tarion n’était pas l’écuyer d’Archange, les deux ne connaissaient que peu les compétences de l’autre, ils allaient devoir souvent changer de tactique au cours de ce combat, s’il s’avérait que leur stratégie actuelle ne se montrait pas assez fructueuse. Au moins, leurs styles de combat étant relativement différents, leur coopération risquait de se montrer utile par la polyvalence que leurs techniques procuraient. Déjà que leur adversaire n’était encore qu’un enfant, et eux des adultes, ils avaient une bonne avance pour le moment. De plus, Archange se sentait dans son élément grâce à son contrôle de la glace, ainsi que la forêt qui était un allié de poids pour elle du fait de son don de pouvoir rallier à elle la faune locale. Pour Tarion, c’était assez handicapant de se retrouver à se battre sous la pluie, l’élément contraire à son don naturelle, sans parler que cette même pluie peut ralentir ses mouvements acrobatiques ; en gros, il avait de quoi se plaindre, heureusement qu’il avait une alliée de poids à ses côtés. Pas de doute, ils feront des ravages, même si les éléments se déchaînaient contre eux, ils n’en avaient cure. Tous les deux possédaient quelques atouts dans leurs manches après tout, la surprise étant l’un des attraits qu’ils exploitaient le plus en réalité. Toute façon, ils n’avaient pas pour but d’éliminer leur adversaire mais juste de l’affaiblir suffisamment pour qu’il se pli à leurs exigences, et donc qu’il le suive sans broncher jusqu’au château, car tel était la mission de Tarion et qu’Archange espérait pouvoir faire en sorte de lui trouver une autre alternative pour faciliter les mystérieux projets du jeune homme. A n’en pas douter, ils se battaient dans le même but mais pas pour les mêmes raisons, cela sera-t-il suffisant ? Seule l’issue du combat le dira, et ils étaient loin d’en avoir vu le bout.

Ne faisant même pas attention au fait que leur jeune fugitif priait durant leur courte conversation de complices, ils se retournèrent simultanément vers la raison de leur venue en ces lieux. Apparemment, il avait l’air bien remonté contre eux, pas vraiment étonnant cela dit. Malgré tout, Archange avala de travers ce qui lui disait, Tarion se mettant à ricaner derrière elle, à la limite de faire un commentaire désobligeant à la bleue, même s’il se retint de faire cela vu qu’il tenait encore à rester en vie pour le moment. A croire qu’être un enfant est une réelle protection face à une barbare aussi virulente que la princesse déchue de Shola, s’il était plus âgé il se serait pris l’une de ses droites… Quoique, il allait bien en manger des droites au cours de ce combat, Archange se fichait complètement de le défigurer, de le faire saigner ou quoique ce soit d’autre ; tant qu’il était encore vivant, c’était amplement suffisant à ses yeux. L’assassin allait devoir s’adapter à cette méthode plutôt directe, ce mode opératoire n’étant pas l’un de ses plus privilégiés après tout. Enfin, il devait accorder un gros point au gamin qui avait raison sur le fait qu’affronter un adversaire dans son élément était une erreur de débutant. Mais pas pour Archange, peu importait le temps et l’adversaire, seule la victoire se profilait au loin et passera par tous les chemins pour s’en emparer de ses propres mains. Du moins, cette confiance démesurée commença à en prendre un sacré coup lorsque Skorge finit par prendre les choses au sérieux. Immunisée au froid, le chevalier ne ressentit pas l’affreuse baisse de température, sauf l’écuyer qui regretta tout d’un coup de ne pas s’être couvert un peu plus. Ils ressentirent tous les deux l’aura du dragon s’échappant par tous les pores de sa peau, offrant une protection contre la pluie environnante. Et si cela ne suffisait pas, leur jeune garnement se mit à décoller de la terre pour aller s’abriter plus loin tandis qu’il balançait l’une de ses terribles attaques. Cela aurait peut-être pu porter ses fruits s’il n’avait pas fait l’erreur d’annoncer sa technique avant de la lancer, ainsi Archange s’abrita rapidement sous un arbre avoisinant, Tarion sur ses talons. Elle était consciente que les aiguilles gelées allaient les avoir à travers les feuilles et les branches, c’est pour cela qu’elle se mit à geler toute la partie au-dessus d’eux pour créer un toit qui récupérait ces grêles mortelles. Malgré cet abri de fortune, ils ne pouvaient rester éternellement coincés ici, sachant bien que cela n’allait pas les protéger indéfiniment. Archange se mit à tenter de monter une contre-attaque tandis que Tarion se frotta furieusement les bras pour se réchauffer du mauvais temps.

" Ça caille à mort, nom d’un divin fessier ! "

ne se plaignit-il aucunement en silence.

" La ferme !

lui répondit-elle tout simplement avant de se tourner vers la position de leur adversaire, ne le voyant pas d’où elle était.

Je vais te botter les fesses, sale gamin, et tu verras qui aura eu la correction de sa vie ! "

le provoqua-t-elle avant de se plaquer complètement contre le tronc de l’arbre, la frénésie du combat ayant plus parler qu'autre chose.

Bon, ils étaient menacés de mort s’ils sortaient de leur cachette, Archange pouvait toujours fabriquer une sorte de plateforme de glace pour qu’ils ne se fassent pas embrocher, mais cela serait de l’énergie gaspillée, leur mission étant de mettre l’enfant hors-combat. Elle retint toutefois que les aiguilles s’écrasant par terre formaient une petite couche de glace non négligeable, cela pourrait lui être utile plus tard. Si le temps était à l’avantage pour un dragon blanc, cela l’était également pour une cryomancienne accomplie, et les dieux savent ô combien Archange maîtrisait parfaitement ce pouvoir, ayant passé la majeure partie de sa vie dans le royaume de glace, de surcroît dans la rue, ayant donc été toujours exposé à se fondre dans la neige, c’est bien de là qu’elle tenait son immunité face aux intempéries. Si seulement elle pouvait transformer son bras bleutée en quelque chose de plus… imposant, ce ne serait pas de refus contre cette pluie menaçante, même si elle pouvait bien faire la même chose sur Skorge, c’est-à-dire dévier la grêle en laissant échapper son énergie en une forme d’aura, mais dans ce cas-là Tarion ne serait pas protéger. Bien évidemment qu’elle n’en avait rien à faire de lui au final, mais cet homme possédait un avantage certain sur leur adversaire : l’élément qui détruit la glace, un pyromancien pouvait facilement combattre un élémentaliste de la glace. L’assassin étant l’un des leurs, en plus d’être extrêmement agile aussi bien sur terre que dans les airs, il était le combattant idéel pour affronter un duelliste tel que leur ennemi actuel. Même si la bleue était plus à l’aise dans la classique méthode du bourrin de base, elle ne pourrait atteindre Skorge et là était bien le problème : quelques coups suffiront à le mettre KO, mais est-ce qu’elle parviendra à l’atteindre ? Elle en doutait, du moins seule, mais si Tarion l’aidait à réduire la distance qui la séparait du dragonneau, alors la balance pencherait en leur faveur. Et le blond était bien l’unique personne présente à pouvoir chasser et suivre les moindres faits et gestes d’une créature ailée sans grand mal.

Décidée à fonctionner de cette manière-là, Archange se mit à communiquer par télépathie avec son homologue elfique, leur conversation étant d’autant plus rapide et intime du fait de leur lien racial. L’assassin se mit à étirer un sourire en sachant qu’il allait gêner un bien grand rôle dans cette affaire, et cela lui faisait vraiment très plaisir de constater à quel point elle pouvait se montrer généreuse en baston finalement. D’ailleurs, il fut bien surpris de découvrir une autre facette de la bleue : son esprit militaire. Archange possédait bien une expérience guerrière assez poussée, sept ans de carrière ne sont, certes, pas encore très glorifiant, mais c’est dans ces moments-là qu’elle justifiait son titre chevaleresque. L’Ordre ne semble pas recruter n’importe qui, et Tarion commençait à le comprendre. En raisonnant de cette manière-là, il devrait être honoré d’en faire partie alors, mais il ne le sera point, du fait de ses motivations, de ses raisons, lui-même savait qu’une vie plongée dans la guerre n’était pas faîte pour lui. Des petites missions dans ce genre-ci, pourquoi pas ? Pour le reste, il préférait passer son chemin, afin de s’assurer une certaine espérance de vie. Bref, ce n’était pas le moment de rechigner sur les motifs de son existence. Approuvant les décisions du chevalier, il n’hésita pas une seconde à les appliquer tel qu’elle le lui avait dit ; ils continueront au passage de garder contact par télépathie, même s’ils pouvaient se permettre de lâcher quelques propos péjoratifs pour l’autre quand l’envie leur chantait, ce qui était loin d’être qu’une option pour les deux en fait. Sans plus attendre, Tarion joignit ses deux mains pour former une boule de feu suffisamment concentrée pour embraser rapidement un arbre, ce qui était là son intention. Quand il fut fin prêt, il le signala à Archange d’un hochement de tête, cette dernière se mettant à dégager le chemin en direction de l’arbre où était perché leur petit vaurien. Restant à distance pour couvrir l’assassin, la bleue matérialisa une plateforme de givre suffisamment épaisse pour permettre à l’elfe de ne pas se faire embrocher par les pics de glace tandis que ce dernier courrait vers l’arbre de Skorge, ses flammes restant entre ses mains. Une fois à portée du tronc, il posa rapidement ses mains enflammées dessus, la puissance du feu était assez grande pour flamber rapidement l’arbre, ni le fait qu’il soit trempé, ni la chute constante des aiguilles n’arrêtaient les flammes dans leur ascension. A savoir s’il avait réussi à toucher son adversaire, Tarion préférant d’abord rester à l’écart dans une nouvelle cachette pour observer la réaction du jeune homme, Archange en faisant de même au loin. Les deux aux aguets, ils avaient démontré comme quoi leur coopération pouvait se montrer surprenante, le spectacle n’ayant pour autant que démarrer.

"Je vais te botter les fesses, sale gamin, et tu verras qui aura eu la correction de sa vie ! "

Une réponse qui ne manque pas de lui arracher un léger frisson : bien sur, il sait très bien qu'aller au corps à corps contre cette jeune femme serait certainement une grave erreur : elle est très forte, beaucoup plus que lui et tout comme lui, elle contrôle la glace, bien que contrairement à lui, son lien avec cet élément ne soit encore que partiel. Mais en plus, elle a un allié : un jeune homme dont il ne sait pratiquement rien, sauf qu'il pue le sang à plein nez, n'est encore qu'écuyer et... Dégage une étrange menace, bien qu'elle soit caché par autre chose. Soupirant légèrement, Skorge fait tourner de nouveau Perséphone face à lui avant de s'envoler à grande vitesse haut dans les airs, frissonnant quand il voir l'arbre sur lequel il était s'embraser d'un coup, puis se met à tournoyer à grande vitesse, libérant son aura autours de lui, la grêle commençant à partir dans tous les sens, puis il ferme les yeux un instant, "s'asseyant" en tailleurs sur l'air, ses ailes continuant à battre derrière lui tandis qu'il se demande quoi faire : Annoncer son attaque était une erreur de débutant... De plus, apparemment, l'elfe qui accompagne son ancienne protectrice est un pyromancien, bien que d'après ce qu'il a pu voir, ce dernier a encore du mal à contrôler ses pouvoirs correctement. Annulant alors la grêle, Skorge ferme ensuite les yeux, essayant de réfléchir à ce qu'il pourrait bien faire, plusieurs solutions lui venant en tête, mais aucune ne lui plaisant... Blesser Archange est une idée qui lui brûle le coeur horriblement et bien qu'il ne connaisse pas le compagnon de cette dernière, son but n'est pas d'affaiblir son royaume d'adoption... Fuir n'est pas non plus une bonne idée : non seulement cela le ferait passer pour un lâche, mais en plus, si il ne peut pas vaincre ces deux là, jamais il ne pourra accomplir son objectif ! Soupirant à nouveau, il commence à perdre de l'altitude, une idée lui venant en tête : intérieurement, il sait très bien que de toutes manières... Il ne vivra pas très longtemps... Si il rejoint Emeraude, cela rallongera sa durée de vie, mais cet homme continuera à courir et tuer... Si en revanche il continue sa poursuite : il pourra peut être tuer son ennemi... Mais il est sur qu'il ne survivra pas au combat ! La mort est effrayante... Elle lui fait horriblement peur même, mais il ne peut pas s'arrête, pas maintenant : si il s'arrête maintenant, ce sera trop tard... Du coup, continuant à perdre de l'altitude, il reste "assis" dans les airs, rouvrant les yeux pour regarder Archange et son compagnon un moment avant de murmurer doucement, malgré la peur qu'il ressent d'un coup lui dévorer la poitrine :

"Cette pluie... C'est bizarre... J'ai l'impression d'être... D'être couvert de sang en... En permanence... Mais quand il pleut... Je me sens si... Libre... Comme si le sang disparaissait... Mais dès que ça s'arrête, cette sensation revient... Encore pire qu'avant... Tant que cet homme ne sera pas mort, ça restera... Tout le temps..."

Un brusque accès de colère se déclenche d'un coup, le coeur de Skorge commençant à battre beaucoup plus vite que d'habitude tandis qu'il se met à grogner, son aura se déployant à nouveau sous le choc tandis qu'il se redresse d'un coup dans les airs, commençant à s'envoler lentement avant de murmurer, sa voix semblant rebondir dans la grêle qui recommence à tomber, concentrant totalement son aura autours de lui à chaque mot :

"Mère nature est ma reine... A ses ordres j'obéis...
La glace scelle le temps, Et pourtant, les dragons ne vivent qu'à travers lui.
Supporter la souffrance... Pour devenir... Des dieux...
Mais mortels, contrairement à eux...
Quand un dragonneau nait, son avenir est... Décidé...
Mais moi... J'ai vu la mort... La mort m'a protégé... Et m'a donné... Ma propre destinée...
Je suis... Mon propre maître... Nul ne me retirera mon objectif ! Personne ! Par l'éveil maximal !"

Alors qu'il crie les derniers mots, son aura semble d'un coup se concentrer dans sa poitrine, avant de brutalement exploser hors de lui, provoquant une souffrance abominable, des centaines d'aiguilles de glace semblant embrocher son corps de tous les côtés tandis que l'explosion se répand autours de lui, se résorbant ensuite, lui montrant un sol recouvert de gel et de stalactites sur environ vingt mètres, certains arbres étant complètement gelés, d'autres partiellement. Sa colère disparaissant, il sent d'un coup quelque chose d'horrible : comme un vide énorme et glacial, le sol semblant l'appeler et comprenant que ses ailes se préparent à disparaître, il se dépêche d'atterrir, grognant de douleur quand il s'effondre en frappant le sol glacé, les dernières traces de son sang de dragon disparaissant de son corps pour les prochains jours, Perséphone paraissant étrangement lourde entre ses mains, surement à cause du fait que ses muscles sont complètement endormis par son propre pouvoir, une question lui venant d'un coup en tête, malgré son état :

****L'éveil... Maximal ? Comment est ce que j'ai... Pu utiliser ça ? Surtout contre Archange ?! Je réservai ce coup à ce monstre, pas à un chevalier du royaume et surement pas à Archange !****

"Ar... Archange ? Le... Le Pervers ? Vous... Vous êtes là ?"

L'espace d'un instant, il sent son coeur battre encore plus fort, une vague de peur envahissant d'un coup son corps, alors qu'il s'efforce de reprendre sa respiration, juste à temps pour sentir une vague de douleur énorme qui achève de le plaquer au sol, sa vue se troublant légèrement, lui permettant cependant de voir une ombre bouger et, soupirant une deuxième fois, il essaye de se relever, sans succès, son corps étant complètement glacé, ce qui, en temps normal, le ferait rougir de honte : Vaincu par son propre pouvoir... Quelle humiliation !

****ça m'apprendra à... A utiliser une capacité de dragon adulte... Mon corps n'est pas... Assez résistant pour... Pour supporter ça !****

Cette attaque coopérative n’avait, malheureusement pour eux, pas fait mouche apparemment. Haut dans le ciel, leur jeune petit fugitif était en train de léviter tranquillement, n’ayant aucun dégât apparent, ni brûlure ou quoique ce soit d’autre qui indiquerait une grosse perte de fatigue. Archange se mit à grogner, elle aurait préféré qu’il y au moins un bon résultat, aussi minime soit-il. De son côté, Tarion resta calme en analysant la situation : le coup était raté mais leur adversaire avait changé de cachette, étant à présent parfaitement visible, mais toujours pas à portée. De plus, les deux adultes ne pouvaient se rejoindre à cause de la distance les séparant en prenant compte de la mortelle grêle qui les empêchait de sortir de leur cachette. Ce gamin leur donnait vraiment du fil à retordre, et pourtant il serait si utile à l’Ordre… Par contre, ils n’eurent pas trop le temps d’étudier plus en détail l’action étant donné que la rotation du jeune homme fit partir dans toutes les directions les présentes grêles. La vitesse de leur propulsion fut effrayante, Archange se plaqua rapidement contre le tronc, elle dû en encaisser quelques-unes dans les jambes ; Tarion, lui, réussit à passer rapidement à un autre arbre pour se cacher, il reçut toutefois une aiguille dans l’épaule, mais rien de grave. Skorge commença à devenir passif, ce qui donna une occasion aux deux adultes de traiter rapidement leurs blessures superficielles et de trouver une nouvelle alternative pour battre leur fugitif. Tarion ne possédait aucun sort de guérison, cela ne l’empêchait pas pour autant de retirer l’affreuse aiguille de glace de son épaule et de supporter l’hémorragie causée par celle-ci, elle avait au moins le mérite de ne pas avoir trop amoché ses muscles, même si son bras n’arriverait presque pas à tenir son arme correctement, enfin il n’avait pas besoin d’avoir ses épées en main pour le moment. Pour Archange, l’opération dura plus longtemps : elle arracha une à une et rapidement les aiguilles enfoncées dans ses jambes et passa sommairement sa paume sur les entailles pour les refermer définitivement, ainsi fait elle était de nouveau apte à continuer le combat. Ils ne remarquèrent qu’après leur petite pause que la grêle avait cessée, la pluie rebattant de nouveau la terre gelée.

D’ordinaire, ils profiteraient de cette occasion pour se rejoindre de nouveau, mais le fait qu’ils ne s’entendaient pas et que le comportement de leur adversaire devint curieux les retinrent de bouger de leur position. Assis en tailleur, Skorge continuait de battre des ailes sans bouger d’un millimètre, ayant les yeux fermés selon leur vision elfique. Les deux combattants attendaient tout simplement de voir ce qu’il préparait afin d’agir en conséquence, peut-être que ce n’était qu’un piège pour les obliger à attaquer, la prudence était de mise. C’est alors qu’une réaction fit son entrée, ne faisant toutefois que briser le silence vu que ce n’étaient que des murmures inaudibles pour les deux elfes malgré leur ouïe développée. Chacun pensait que ce devait être une incantation ou quelque chose dans le genre, mais cela ne fit que commencer : ils ressentirent tous les deux la colère grandissante du petit homme, puis la grêle qui reprenait de plus belle. Les deux adultes se remirent à l’abri tandis que Skorge psalmodiait des paroles qui parurent futiles à leurs yeux, néanmoins l’aura de leur adversaire devint de plus en plus menaçante, comme si une force surnaturelle faisait son apparition pour faire tourner la balance sur le dénouement de ce combat. Archange et Tarion s’attendaient à une nouvelle attaque sans hésitation, toutefois ils ne perçurent pas l’ampleur de la menace qui se profilait à eux, sauf la bleue qui ressentit un énorme danger se rapprochant d’eux grâce à son don de prédestiner les évènements. Sans savoir comment réagir, elle fit comme son homologue elfique : attendre ce qui allait se passer… Ils s’attendaient à tout sauf à ça.

Une explosion. Enorme et inévitable, c’était à peine croyable qu’un simple écuyer puisse produire une telle attaque ! Tout se gelait sur un périmètre de vingt mètres, et les deux guerriers étaient en plein dedans à leur grand dam. Née pour encaisser la souffrance sans poser un genou à terre, Archange n’hésita pas une seconde à contre-attaquer ce puissant assaut. Elle matérialisa une épaisse armure de glace sur l’intégralité de son corps, une autre fine couche de glace recouvrant sa peau à la manière de son bras bleuté. Posant les pieds en dehors de sa cachette, elle éleva les débris glacés des aiguilles tombées avant, formant une barrière la protégeant de front, la renforçant du mieux qu’elle le pouvait tout en prolongeant ce bouclier au-dessus d’elle pour ne pas avoir une mauvaise surprise venant en hauteur. Elle se rapprocha de son mur de glace et déposa les paumes de ses mains dessus, y gaspillant une grosse part de sa magie afin de supporter le brusque choc de l’attaque. Quand cela arriva, son cocon glacé se mit à reculer, elle rassembla toutes ses forces pour ne pas se faire écraser ou emporter par sa propre barrière ; cela porta ses fruits, elle réussit à conserver le bouclier et l’armure tout le long de la secousse, malgré le fait qu’elle ne puisse plus trop se mouvoir à cause de la glace s’étant solidifier durant l’opération. Archange mit tous ses efforts dans l’unique but de se libérer de la protection lui ayant probablement sauvé la vie. Pour Tarion, ayant plus l’habitude de fuir que de supporter les coups, il ne passa par quatre chemins pour éviter cette explosion. Il se tourna vers l’opposé du noyau de l’attaque et s’accroupit pour concentrer toutes son énergie dans ses pieds, enclenchant son pouvoir d’agilité pour fuir rapidement la glaciation en un seul bond en longueur. L’assassin prit même soin d’y ajouter une quantité modérée de flammes pour ne pas se faire handicaper par le gel environnant. Son saut le fit propulser assez loin, il lévitait juste au-dessus du sol pendant tout le long de sa fuite, il croisa les doigts que sa ligne droite ne l’emmène pas en plein dans un arbre ; fort heureusement, il ne s’était pas mangé un tronc, glissant longuement sur le sol pour cesser sa propulsion. Il avait réussi à éviter cet affreux sortilège, c’était une bonne performance selon lui. Se relevant péniblement, il épousseta ses vêtements pour en retirer la terre, se préparant à y retourner afin d’en constater les dégâts. L’elfe finit par retrouver l’endroit où se trouvait son alliée, gelée par tous les pores de la peau, elle finit par retirer toute la glace amoncelée sur elle et autour d’elle d’un seul coup, montrant ainsi qu’elle était saine et sauve.

" Oh, quel dommage ! Moi qui espérais faire du bouche-à-bouche avec la sulfureuse Archange. "

railla l’assassin avant qu’il se prenne une droite phénoménale dans le visage, mangeant la poussière de nouveau.

Ce simple commentaire avait fait comprendre à la femme qu’il n’avait rien, même si ses bottes et le début de son pantalon étaient légèrement brûlés, il avait utilisé sa pyromancie pour s’échapper après tout. Concernant Archange elle-même, il n’y avait aucune casse, elle avait réussi à se protéger totalement de l’attaque, pas étonnant de la part d’un chevalier de sa trempe. En se relevant, Tarion s’essuya les lèvres où un léger filet de sang y prenant naissance. Il était vrai qu’une occasion de s’emparer d’un baiser de la part de la glaciale Archange était pour ainsi dire impossible, surtout de la part d’un homme. Malgré tout, il aurait espéré qu’elle se fasse avoir par l’explosion, il aurait ainsi profité de son inconscience pour lui couper la tête et la ramener au régent, sa mission aurait finalement touché à son but. Malheureusement, ce n’était pas aujourd’hui qu’il allait s’en acquitter, et pas avec elle apparemment, c’était décidément une cible très difficile à atteindre. Enfin, il devait déjà être content d’être encore vivant, il faut dire que ce jeune fugitif leur faisait voir de toutes les couleurs. D’ailleurs, en parlant de Skorge, ils se demandaient tous les deux où il était passé, sa présence s’étant tout simplement évaporée, comme la pluie d’ailleurs qui avait cessé suite à l’explosion ; cela n’empêcha pas le ciel de paraître tout aussi gris pour autant. L’elfe bleue décida de partir immédiatement à sa recherche, il était impossible qu’il ait pu fuir après une telle attaque, il devait être KO ou très faible, quelque part. Peut-être bien près du centre de l’explosion, en suivant le givre du sol. Ils finirent bel et bien par le retrouver, au sol, complètement affaiblie par son geste. Archange s’accroupit vers lui pour l’examiner de plus près tandis que l’elfe blond se tenait derrière elle.

" Il bouge encore. "

constata le chevalier en le voyant respirer encore tout en faisant des efforts pour se relever.

" Lui aussi a raté son bouche-à-bouche. "

rajouta l’elfe en s’attendant à en recevoir une autre.

Ce fut bien le cas mais la femme fut tellement rapide qu’il n’eut pas le temps de voir venir son coup de genou en plein dans les bijoux de familles. Cloué au sol, l’elfe se plaignit par des gémissements et des injures que la jeune femme fit taire par des coups de pieds. Quand le blond daigna enfin souffrir en silence, Archange se tourna de nouveau vers l’ex-écuyer, se penchant une fois de plus vers lui. Il était blessé de toute part, comme s’il avait reçu plusieurs attaques simultanées par tous les côtés, cela ressemblait à des lésions causées par des aiguilles. On dirait bien que sa propre attaque l’avait trahi. De plus, l’intégralité de son corps était totalement gelée et il ne semblait pas avoir la force de pouvoir se débarrasser de cela. Toujours aussi compatissante envers les enfants, même pour les garnements, Archange déposa son bras sous le dos du jeune homme pour le soulever un peu et posa son autre main sur son corps pour le soigner, refermant toutes les blessures du pauvre gamin. Lorsque l’autre elfe tatoué se releva enfin, il tituba légèrement vers les deux cryomanciens. Voyant que la femme aux cheveux bleus s’hâta à faire reprendre des forces au petit, Tarion s’en mêla aussi : levant ses mains juste au-dessus d’eux, il concentra des flammes entre ses doigts, faisant fondre lentement mais sûrement la glace accolée sur Skorge. Archange leva les yeux vers l’assassin, appréciant intérieurement ce geste de sauvetage sans pour autant le montrer par le biais d’une expression faciale. Quand elle finit par soigner toutes les blessures, elle absorba rapidement la glace restante sur le corps de Skorge, terminant donc une bonne fois pour toute avec cette corvée. Se relevant, elle fit un signe à Tarion de s’éloigner, ce qu’il fit sans broncher, elle aussi d’ailleurs. Rassemblant quelques parcelles de magie qui lui restent, Archange se servit de la glace autour d’eux pour matérialiser une cage se refermant autour du fugitif, l’empêchant de prendre la fuite du fait qu’il ait repris de l’aplomb ; puis, il n’avait repris que de sa fatigue, et non de la magie qu’il avait énormément gaspillé dans ses attaques, il ne pourra donc pas détruire la cage avec son pouvoir. Se rapprochant des barreaux glacés, s’apprêtant à toute rébellion de la part du gamin, Archange croisa les bras et le fixa avec méchanceté, Tarion se tenant toujours en retrait.

" On a gagné, Skorge. Comme convenue, tu vas devoir nous suivre, de gré ou de force. Mais avant cela j’aimerais savoir : pourquoi t’es-tu enfui d’Émeraude ce jour-là ? Que cherches-tu à faire dans cette forêt ? En clair, quel est ton but actuel ?

tandis qu’elle posait ces interrogations revenant à la même réponse, elle fut frappé par quelques visions rassemblant les indices que le jeune homme lui avait laissé par les paroles tout à l’heure.

Qui est cet homme ? "

demanda-t-elle finalement, curieuse de savoir quel lien avait le jeune dragon avec ce sombre personnage, l’assassin à l’arrière se demandant ce que sa collègue voulait dire par là.

La douleur... C'est vraiment horrible... Mais quand en plus elle est couplée à cette horrible sensation de froid... Pour la première fois, Vergil se rend compte à quel point son élément est puissant... Et dangereux ! Grimaçant fortement, il essaye une dernière fois de se relever, mais son corps, complètement gelé et lardé par la grêle refuse de lui obéir, l'obligeant à rester étendu là, sur le cratère glacé qu'il a lui-même créé, grognant de douleur alors que son souffle commence à se raccourcir. Cependant, il n'a pas le temps d'y penser d'avantage : deux mains, l'une beaucoup plus chaude que l'autre se posent sur ses épaules et le retournent sur le dos, avant que la glace autours de son corps ne commence à se résorber, ses blessures se refermant rapidement, son champ de vision s'éclairant suffisamment pour lui permettre de voir le visage pâle orné par des yeux violets et des cheveux bleus... Un visage... Soupirant de soulagement en voyant que Archange n'a apparemment pas été blessée ou pire, tuée par son débordement de colère, il se contente de fermer les yeux, sentant vaguement une autre présence s'approcher, suivie de près par une forte chaleur aux alentours, les dernières bribes de froid disparaissant de son corps, les blessures dues à la grêle guérissant sous les doigts d'Archange, avant que cette dernière n'ordonne à la deuxième présence de s'éloigner, un brusque pic magique résonnant dans la zone et d'un coup, Vergil frisonne en sentant un mur glacial apparaître dans son dos, le plaçant de force en position assise, la voix de la guerrière résonnant ensuite près de lui :

" On a gagné, Skorge. Comme convenue, tu vas devoir nous suivre, de gré ou de force. Mais avant cela j’aimerais savoir : pourquoi t’es-tu enfui d’Émeraude ce jour-là ? Que cherches-tu à faire dans cette forêt ? En clair, quel est ton but actuel ?

Pour toute réponse, Vergil se contente de rire faiblement, bien que la douleur cuisante que cette simple action provoque à ses poumons encore sous le coup de son attaque l'interrompe rapidement. Comment expliquer ça ? Comment expliquer cette sensation ? Cette haine, tellement contre-nature à ce qu'il représente, cette soif de sang et surtout, cette sensation que Emeraude n'est qu'un obstacle à son objectif ? Jamais Archange ne comprendra ! Déjà que lui-même a du mal à correctement interpréter ce qu'il ressent. Cependant, rapidement, Arc pose une deuxième question et cette fois, il rouvre brutalement les yeux, grognant de colère malgré la douleur, le souvenir de cet homme lui revenant en tête... Toujours cette colère... Non : Cette HAINE que jamais les créatures de son espèce ne devraient ressentir ! Tout ramène à ce monstre... Tout... Grimaçant de colère et de douleur, il inspire aussi profondément qu'il le peut pour essayer de reprendre son calme avant de commencer doucement :

"Cet homme... Est celui par qui... Tout a commencé... C'est à cause de lui que j'en suis là... Que je suis partit... C'est ma cible... Mon objectif... Tout ce que j'ai en tête se résume à... A une chose : lui arracher... La tête de mes propres... Mains... Si je suis partit, c'était non seulement pour ça... Mais aussi parce que... J'avais peur... Archange... Est ce que vous avez seulement... Est ce que vous avez seulement une idée de... De l'abomination que je... Que je représente pour mon peuple ? Mes... Mon espèce ne devrait même pas... Même pas être capable de haïr ! Et... Et encore moins à ce point !"

Essayant de se lever pour s'approcher des barreaux de glace créés par la cryomancienne, Vergil n'arrive qu'à se redresser légèrement, ses muscles ne répondant plus à ses ordres, ce qui lui arrache un deuxième grognement de colère, bien qu'il s'efforce de se calmer, avant de poursuivre :

"J'ai failli vous... Vous tuer... Vous et votre compagnon... Vous êtes celle qui m'a amené à Emeraude... Celle qui m'a sauvé il y a sept ans... Celle qui m'a consolé et m'a aidé à avoir confiance envers mes capacités quand j'avais peur de... De rater ma formation... Vous êtes l'une des personnes que... Que j'aime le plus... Et j'ai failli vous tuer... En utilisant une technique INTERDITE de ma race juste parce que le seul fait de... De penser à ce monstre me met dans une rage folle ! Vous imaginez les dégâts que je peux faire ? Si je... Si je suis capable de vous attaquer par simple colère... Qu'est ce qui m'empêcherait de détruire le royaume stupidement juste parce que... Parce que je serai incapable de me contrôler ? C'est pour ça que je suis partit... Après que ce monstre aie... Tenté de me tuer, juste à temps pour tuer ma meilleure amie qui s'est jetée dans ces maudites flammes noires uniquement pour m'en écarter, La colère est devenue...Insupportable... J'entend encore le rire de ce monstre et les hurlements de Lamiel dès que je ferme les yeux... Je retrouvai cet homme et je le tuerai... Je l'anéantirai de mes mains... Même si c'est la dernière chose que... Que je dois faire. Et je ferais tout pour ça... Y compris me former aux arts interdits si il le faut. Son âme finira dans... Dans le ventre de Fen'Harel que Lamiel redoutait tant... Quant à son corps... Peut être qu'un... Qu'un Varterral aimerait un dessert...

Fen'harel... Le Loup Implacable... Et la race des Varterrals, Féroces gardiens elfiques... Des créatures dont Lamiel parlait si souvent avec une peur mêlée de respect... Le souvenir de son amie au rire si doux, aux cheveux noirs tombant avec grâce sur ses épaules et aux grands yeux bleus purs ne manque pas de lui provoquer une forte douleur dans le coeur et il serre les poings aussi fort qu'il le peut avant de frisonner, demandant de façon presque suppliante, quelques larmes coulant de ses yeux d'un coup, des sanglots commençant à résonner aux alentours :

"Qu'est ce qui... M'arrive ? ça fait... Si mal... Je ne me reconnait plus... Cet homme m'a transformé... J'ai toujours l'impression que j'ai le sang de Lamiel partout sur moi... Ça ne disparaît jamais ! Archange... S'il vous plait... J'ai... Peur ! Je continues à me perdre et je... Je ne sais plus quoi faire ! Je veux tuer ce monstre, quel qu'en soit le prix mais... En même temps... Tuer par vengeance est... C'est contre ce que je suis ! Pourquoi je suis... Comme ça ?

Tout devait partir de cet homme, Archange ne le connaissait même pas et sa silhouette hantait le pauvre dragonneau blanc. Ses visions, elle en a toujours été frappée au moment opportun, elle ne savait vraiment pas d’où elle tirait un tel pouvoir mais ce cadeau des dieux lui était très cher. A plusieurs reprises, sa don de lire l’avenir lui a permis de se tirer de sales situations, de sauver ses compagnons ou encore de contourner de dangereux évènements. Elle le contrôlait de mieux en mieux, auparavant elle ne pouvait l’utiliser volontairement qu’une fois par jour ; à présent, elle peut en faire appel lorsque la situation l’exige, s’il ne s’active pas involontairement. C’était une capacité qui lui était personnelle, personne ne pouvait y agir dessus. C’est bien pour cela que Tarion ne comprenait pas du tout de quoi parlait sa camarade, et étant donné que sa télépathie est encore à un niveau très bas, il ne peut pas deviner ce dont elle parle. De nature curieuse, il lui aurait bien demandé mais les réponses du jeune homme paraissaient beaucoup plus importantes à ses yeux, surtout à celles du chevalier en fait. Et il fallait dire qu’il avait déjà assez mal comme ça, elle était vraiment grossière cette femme, toujours à frapper là où ça fait mal, au bon moment et seulement si on prononce un petit mot qui lui déplaît. C’était la manière d’Archange de faire comprendre qu’elle n’était pas d’accord ou qu’il valait mieux se taire, elle est belle la diplomatie d’aujourd’hui. Enfin, ce devait être surtout pour ça qu’on l’ait recruté, pour sa force d’esprit et physique entre autre. De toute manière, elle semblait bien s’en ficher de sa présence, même si c’était sa mission à lui à la base. Cela ne dérangeait pas plus que ça qu’on lui pique son objectif, malgré le fait que cela pourrait lui être avantageux de se montrer utile auprès des chevaliers.

Finies les rêveries, l’assassin se concentra de nouveau sur sa mission. Il était en retrait par rapport au chevalier et le jeune écuyer était prisonnier dans une cage glacée. Le moment idéal pour frapper ? Non, finalement, elle restait encore sur ses gardes, puis Skorge voyait son champ d’action. Tarion décontracta ses muscles et s’approcha un peu d’eux, écoutant attentivement leur conversation. Archange avait été plutôt étonnée que sa simple question l’ait mis dans un tel état de haine, il semblait bouillir de rage. Donc, cet homme était un sujet tabou pour lui, la raison étant encore floue. Apparemment, c’était à cause de cet inconnu que le déserteur est parti et en ce moment il est dans son collimateur. Quand il est question de traque, l’assassin jubile et porte une plus grande attention à l’histoire. Il remballa tout de même rapidement son enthousiasme lorsque le jeune homme parla de démembrement et de peur de devenir un monstre ; non pas que cela le dégoûtait, bien au contraire, c’était juste très surprenant qu’un si petit être puisse connaître une telle haine, surtout venant de sa race qui était soi-disant pacifique. Du côté d’Archange, c’était également une surprise mêlée néanmoins à de la honte, elle se reconnaissait dans ces propos. Elle-même avait haïe très jeune le pire être de tous pour elle et a voué son existence à l’assassiner, toute sa vie de sholienne se résumait à cela. Elle était très mal placée pour consoler Skorge, et elle le savait, ce qui l’empêchait de réagir sur quoique ce soit. Cela devint un peu plus insupportable lorsqu’il se mit à avouer son regret de les avoir attaqué à ce point, à un niveau qui aurait pu les blesser gravement, voir les tuer comme il le soulignait. Tarion avait l’impression d’assister aux aveux d’un enfant à sa mère, Archange avait le chic d’être connue comme une jeune femme très proche des enfants, les chérissant et les protégeant comme s’ils étaient les siens. Une femme forte et crainte des adultes, rien de mieux comme protectrice dans l’Ordre, n’est-ce pas ? En tout cas, la situation de Skorge l’inquiétait beaucoup, autant elle que l’assassin en fait, même s’il s’en préoccupait pas plus qu’elle. Cet homme a tenté de le tuer et ce serait l’amie du gamin qui l’ait sauvé, en se sacrifiant à sa place. La bleue se rappelle de Lamiel, elle la voyait de temps en temps traîner avec le dragonneau blanc ; c’était une belle petite elfe, c’est rare d’en voir d’aussi charmante à Émeraude. C’était donc bien son corps que les chevaliers ont récupéré dans les flammes, quel gâchis… Enfin, c’était elle ou lui, quitte à choisir, autant prendre celui pour lequel elle a le plus d’affection. Ce fut tout de même un gros choc pour lui, au point d’être hanté jour et nuit par cet inconnu, vouloir sa mort plus que tout, même s’il devait passer par les sombres arts. Très franchement, Archange commençait à croire qu’il allait vivre le même parcours qu’elle, n’a-t-elle pas créé son bras polymorphique à partir de la sorcellerie ? N’a-t-elle pas été attirée par les arts interdits pour remplir ses objectifs ? Tout cela défila dans sa tête avant qu’on ne la ramène brusquement dans la réalité.

" Appétissant. "

commenta l’assassin concernant les envies meurtrières du jeune garçon, Archange se retourna directement vers lui mais l’habile elfe recula pour éviter la claque.

" Très drôle, c’est tout ce que peut dire un ancien meurtrier après tout. "

lâcha sèchement la justicière en croisant les bras, l’elfe blond se gratta les cheveux en étirant un sourire bête avant de se lancer sur un autre sujet pour se faire oublier de cette faute.

" Fen’Harel ? Varterral ? C’est du charabia elfique ? "

demanda l’assassin, n’ayant jamais connu ne serait-ce qu’un seul mot elfique de toute sa vie.

" J’en sais rien, t’as qu’à lui demander. "

répliqua la bleue, qui est dans le même cas que l’assassin concernant la culture elfique, même si sa nourrice lui a parlé de quelques petites choses concernant le royaume des elfes.

" On est de très mauvais elfes. "

rajouta l’homme, avec une pointe de honte pour une fois.

Ils finirent par cesser leurs lamentations lorsque le jeune Skorge commença à sangloter. Les larmes d’un enfant, le pire appât qu’on puisse dresser à Archange. Elle se retourna vivement vers la cage, écoutant de nouveau attentivement. C’était tout simplement atroce ce qui lui arrivait, un si jeune garçon ne devrait pas être exposé à de tels horreurs ! Certes, l’Ordre envoie ses écuyers à la guerre très jeune, mais là ça dépasse le fait de vivre un champ-de-bataille, il est détruit psychologiquement. Pour enfoncer le clou, il l’appelait à la rescousse, mais que faire ? Elle-même a besoin qu’on l’assiste dans cette situation, elle aussi a besoin qu’on la conseille sur son envie de justice pour ne pas citer au bas mot son envie de vengeance. Elle a peur d’attiser la colère du dragonneau et de le faire glisser sur une mauvaise pente, elle devrait plutôt l’aider à trouver une autre voie, mais dans ce cas-là elle se trahirait elle-même. C’était déjà bien assez compliqué lorsqu’elle a aidé un frère d’arme à assouvir sa vengeance, maintenant il continue de servir l’Ordre comme si de rien n’était. Serait-ce la même chose pour elle ou pour Skorge s’ils parviennent à accomplir leur ultime objectif ? C’en était trop. Archange dissipa la cage et posa ses genoux à terre pour recueillir le petit dragon dans ses bras, la serrant contre elle en lui tapotant la tête et caressant les cheveux à intervalle régulier. Ce geste était autant destiné à lui qu’à elle, un peu de réconfort dans ce monde de brutes.

" Allons, allons, fais-moi couler ces larmes puis reprends-toi. "

dit-elle entre d’autres phrases de réconfort, tentant d’apaiser l’âme du petit ; elle utilisa d’ailleurs une vague d’apaisement sur lui, le meilleur atout des chevaliers pour calmer les nerfs et les maux de l’âme.

Que faire ? C’était une question difficile. Archange comptait bien l’aider, quitte à faire croire que tout va bien pour elle, c’était mieux ainsi. Ne faudrait pas qu’elle l’emmène au côté obscur non plus ! Peut-être qu’il devait s’acquitter obligatoirement de cette mission, ce n’était pas une raison pour qu’il se fasse corrompre par ses pouvoirs ou qu’il sombre dans des méthodes dangereuses pour lui. Il ne fallait pas non plus qu’ils oublient leur mission : le ramener à tout prix à l’Ordre. Oui, c’était certainement son seul salut, là-bas il pourra devenir suffisamment fort pour affronter son ennemi, qu’il soit sorcier ou autre. Aussi, il était beaucoup trop jeune pour entreprendre une telle quête, il avait vraiment besoin de se perfectionner. Si un chevalier et un écuyer pouvaient le pousser à ses limites, alors un vil inconnu pratiquant la magie noire n’en fera qu’une bouchée. Et c’était loin d’être une mort enviable, surtout avec son objectif de base. Ce serait dommage qu’il se rate au dernier moment… C’était décidé, elle allait s’occuper de lui, il se sentira mieux avec un peu de bon entourage au lieu du faune sauvage et d’un lieu austère. Pour l’heure, elle préféra le laisser digérer toute sa tristesse, le laissant pleurer contre son épaule en attendant. Tarion y voyait la meilleure occasion pour lui couper la tête, les deux étaient occupés et perdus dans leurs pensées. Il fit un pas, main sur le fourreau puis finit par se raviser lorsqu’il les vit de nouveau se relever. Raté, mais l’assassin avait bien fait de traîner, sinon Archange aurait été prévenue par son pouvoir de prédestination ; le point positif étant que personne l’a vu faire ce geste, ni le chevalier, ni le fugitif. Se tenant droit, il se rapprocha du groupe et regarde la bleue ébouriffer les cheveux du plus jeune.

" Allez, ressaisis-toi. Tu es loin d’être le seul dragon blanc à avoir de telles ambitions. J’ai connu un chevalier de ta race qui avait une rage folle contre les tanieths, une vraie tornade ambulante sur le champ-de-bataille. Et crois-moi, c’est ce dont nous avons le plus besoin dans l’Ordre. Tout est une question de contrôle, Skorge. Si tu veux vaincre cet homme, tu dois devenir plus fort et seuls les chevaliers peuvent t’offrir le meilleur enseignement possible dans ce domaine. A ce moment-là, dès que tu seras adoubé chevalier, on ira retrouver ton fameux copain et on l’écrasera comme un vulgaire insecte !

dit-elle en écrasant ses poings l’un contre l’autre.

Enfin, c’est surtout toi qui l’écraseras, on t’aidera juste à le trouver. D’ici-là, tu retournes dans l’Ordre et je te prendrai comme écuyer. Comme ça, tu pourras toujours compter sur moi et il faut bien un cryomancien pour t’apprendre à utiliser correctement tes pouvoirs. "

assura-t-elle au jeune homme avant que Tarion se mette à toussoter.

" T’as pas déjà un écuyer ? "

argumenta l’assassin pour tenter d’éviter à l’Ordre d’avoir une nouvelle recrue, n’était-il pas un partisan d’Irianeth après tout ?

" Des chevaliers ont déjà eu deux écuyers à la fois, et j’ai le droit de réclamer le mien si ça me chante. Puis Reen aura de la compagnie maintenant, ça lui fera sûrement plaisir. Crois-moi, Skorge, tu seras beaucoup plus en sécurité au château qu’ici. Tout ce que t’as à faire, c’est de patienter et de te concentrer sur ton entraînement ; dis-toi que t’es loin d’être le seul à devoir faire preuve d’une telle patience…

elle parlait bien évidemment d’elle mais personne d’autre à part un des chevaliers connaissait son objectif réel, soupirant elle se retourna.

Réfléchis-y, je vais chercher les chevaux en attendant, gardes un œil sur lui, Tarion. "

ordonna-t-elle à l’assassin, s’éloignant de cet endroit pour aller chercher leurs montures ; pendant ce temps, le blond resta silencieux tout en surveillant le jeune fugitif pour qu’il ne tente pas de s’enfuir, avant de finalement briser le silence en s’accroupissant vers lui.

" Tu sais quoi ? Tout comme elle, je veux bien t’aider. Je te propose un marché : elle, elle t’entraîne, t’apprend ces trucs de chevaliers et tout ça, et de mon côté, je cherche des informations sur ta proie. Tu as juste à me donner le plus d’indications sur lui et je me mets tout de suite à sa recherche. Comme ça, si je trouve sa cachette, on n’ira pas chercher loin pour le traquer. Bien sûr, si je le trouve, je ne te dirai rien, pour pas que tu te lances tête baissée sans avoir terminé ton entraînement, tu imagines un peu la colère d’Archange, hein ? Mais au moins, je te le ferai savoir, je le surveillerai entre temps, et le moment venu ce sera ton moment de gloire. Bien sûr, ce sera gratuit, je me doute bien que tu n’as rien à m’offrir en échange. Disons que c’est en guise de bonté. Ça te convient, gamin ?

proposa l’assassin à Skorge, c’était un contrat gratuit mais il s’attendait à de futurs bénéfices, notamment une bonne partie de cache-cache au cours de ses recherches, c’était toujours un plaisir insatiable de traquer une proie inconnue ; reste à savoir s’il accepterait, ce qui n’était pas vraiment assuré, au pire il aura essayé de trouver un prétexte pour quitter temporairement les murs de la cité.

Ah, et au passage, c'est quoi Fen’Harel et Varterral ? "

il fallait bien évidemment s'attendre à ce qu'il pose cette question, la curiosité du double agent restait toujours très envahissante.

Une étrange chaleur... Douce, rassurante et si proche... C'est la première chose qu'il ressent quand deux bras, l'un étrangement plus froid que l'autre se referment autours de ses épaules. Bien qu'il sente encore cette douleur et ce froid glacial, son âme semblant se briser en milles morceaux, bien qu'il sente une étrange vague de douceur tenter de percer son coeur, comme dans l'espoir, malheureusement déçu de lui amener un minimum de réconfort. Se voir devenir une bête, manquer de tuer sa seule lumière restante par simple colère et surtout, aller à l'inverse de sa nature et trahir ses propres principes dans l'espoir de tuer une seule personne... Même si on peut difficilement parler d'une personne ! Tout ça ressemble tellement à une plaie horriblement douloureuse marquée à la fois dans sa chair et dans son âme que ça en devient particulièrement difficile à supporter, bien que la voix lointaine et étrangement douce de Archange résonne au dessus de lui, essayant de le consoler, lui permettant de ne pas sombrer entièrement. dans les ténèbres qui menacent de s'emparer de lui à tous moments. Mais d'un coup, un bref instant, il ressent quelque chose d'étrange... Comme une flèche de douleur transperçant son front, une étrange intention de meurtre dirigée non pas vers lui, mais vers Archange résonne d'un coup autours de lui, semblant particulièrement proche et il reste un instant pétrifié, n'arrivant pas à comprendre si ça vient de son propre esprit ou si ça vient d'autre part. Cependant, le contact des bras de la jeune femme se relâche d'un coup autours de lui et le relève doucement, la sensation disparaissant aussi vite qu'elle est apparue et malgré son état, Vergil se rend pour la première fois compte de la provenance de l'impression... A savoir l'Elfe blond à l'air pervers qui accompagne la guerrière ! Et si les larmes ne coulaient pas encore de ses yeux, aurait surement tenté de lui lancer un regard agressif dans l'espoir de lui faire oublier cet objectif. Il n'a cependant pas le temps d'y penser d'avantage, la main chaude de Archange venant ébouriffer ses cheveux, l'autre main lui enserrant une épaule et elle commence à lui parler de sa voix rassurante, lui expliquant, à sa grande surprise, qu'il n'est pas le seul dragon blanc à pouvoir ressentir de la haine et se laisser dévorer par elle, un chevalier, certainement de plusieurs années son aîné, donc, un homme fait et responsable "souffrant" du même problème. D'après elle, l'ordre peut l'aider... L'aider à contrôler cette douleur, contrôler cette haine qui menace chaque jour de l'engloutir un peu plus à chaque fois que la seule pensée de ce monstre apparaît dans sa tête. Elle lui indique même qu'elle pourrait le prendre comme écuyer, étant une cryomancienne comme lui ! L'espace d'un instant, il sent son coeur se réchauffer à cette idée, les larmes commençant à se tarir dans ses yeux, mais une question lui apparaît en tête... Question d'ailleurs rapidement posée par l'étrange blond dont il se rappelle d'un coup vaguement, étant presque sur de l'avoir déjà croisé à l'académie par le passé :

" T’as pas déjà un écuyer ? "

Une question simple... Mais qui résonne détestablement dans l'esprit de Vergil qui grimace légèrement, bien que la douleur encore présente au plus profond de son corps surpasse largement tout autre sentiment présent. Cependant, la question à son mérite, sachant qu'à sa connaissance, un chevalier n'a droit qu'à UN écuyer et bien qu'il aimerait vraiment étudier sous les ordres d'Archange, son dernier lien à la lumière, il ne veut pas pour autant priver quelqu'un d'autre qui en plus, pourrait devenir un excellent chevalier, des leçons de la puissante guerrière ! Cependant, la réponse tombe rapidement, Arc expliquant en effet que certains chevaliers ont pu avoir plusieurs écuyers à la fois. De plus, montrant sa fameuse volonté à enfreindre les règles, elle indique avec défiance qu'elle peut parfaitement demander un deuxième écuyer si ça la chante, ce qui, en de meilleurs temps, lui aurait certainement arraché un sourire... Ce sourire qui, des fois faisait rire Lamiel... Lamiel... Serrant fortement les poings au point de s'ouvrir les paumes, Vergil essaye désespérément de calmer les grognements de haine et de douleur qui résonnent d'un coup dans sa tête et son coeur, l'éveil maximal n'ayant apparemment pas suffit à sceller intégralement la bête qui sommeille en lui, le visage masqué du monstre en noir semblant apparaître d'un coup dans son champ de vision. Heureusement, Archange continue à parler et se concentrant de toutes ses forces sur la voix de sa seule lumière, il parvient de justesse à stopper les ténèbres qui commencent déjà à remonter lentement des confins de son âme, bien qu'il sente presque la "créature" hurler de rage en lui, des idées de supplices les plus abominables lui venant en tête, toutes dirigées vers ce démon qu'il veut tellement anéantir que ça en devient presque une maladie.

****Qu'est ce qu'il... M'a fait ? Pourquoi je suis... Comme ça ? Cette sensation...****

Respirant profondément et bénissant le fait que son attaque interdite aie totalement bloqué ses pouvoirs, sachant que dans son état, son aura aurait certainement commencé à geler encore plus les environs, Vergil s'apprête à essayer de demander à Archange comment elle compte convaincre l'ordre, mais avant qu'il n'aie le temps, la guerrière part chercher les chevaux qui ont certainement du s'abriter au loin, le laissant seul avec l'Elfe blond, lequel ne tarde pas à lui proposer son aide, ce qui, intérieurement, lui arrache un léger frisson, les souvenirs de l'une des citations préférées de Lamiel lui revenant en tête : "Si tu acceptes la proposition d'un démon, aussi douce, tentante et en apparence innocente soit-elle... Le prix à payer sera si élevé que même après ta mort, tu le regrettera encore...". L'elfe face à lui n'est certainement pas un démon... Mais il sait une chose : ce n'est pas un allié... La soif de sang qu'il a sentit un bref instant un peu plus tôt, ainsi que la puanteur de sang innocent émanant du corps, pourtant propre de son interlocuteur le prouve. Le jeune homme face à lui est un tueur... Un vrai... Et Archange est apparemment sa cible, bien que visiblement, l'assassin hésite à l'attaquer, sachant certainement qu'il n'a aucune chance de front. L'aide d'un tel homme, surement habitué à traquer serait utile, oui... Mais le prix à payer... Heureusement, Vergil n'a pas besoin de répondre à la proposition d'aide, sachant que rapidement, L'elfe, Tarion selon Archange, lui pose une question qu'il n'avait certainement pas vue arriver :

"Ah, et au passage, c'est quoi Fen’Harel et Varterral ? "

Il ne... Les connait pas ? Alors que Vergil s'apprête à ricaner faiblement, il se rend compte que l'assassin n'est peut être pas un elfe des bois comme l'était Lamiel et combattant la peine de coeur que ce souvenir lui déclenche, tout en se rendant compte que cela lui permet en plus d'éviter de "signer" un contrat avec le "démon", il ferme les yeux un instant avant de commencer, citant mot pour mot l'histoire que Lamiel lui racontait autrefois, alors qu'ils avaient tous les deux huit ans :

"Il y a mille ans... Deux camps de dieux se disputaient, déclenchant la guerre parmi les elfes... Les... Les dieux des nuages, vénérés par les Elfes des bois et les dieux déchus, appelés "grands Déperdus" se disputaient chaque jour, provoquant... Mort et désolation sur terre... Une situation qui... Qui déplaisait beaucoup à l'un des dieux Terrestres... Frère de sang des... Des dieux célestes, Fen'harel, le grand loup implacable était le... Le seul dieu à pouvoir se déplacer comme il le voulait dans les deux camps. Rusé, vicieux et malicieux... Il était toléré parmi les célestes qui le considérait comme un frère de sang, et bienvenu parmi les grands déperdus qui... Qui eux, le voyait comme un des leurs à cause de son... De son comportement. Cette situation lui donna alors... L'idée de les trahir... Tous... Il parvint en effet à convaincre les dieux célestes de se barricader dans leur royaume et fit de même aux grands déperdus, les... Leur promettant de mener le camp adverse dans une embuscade. Aucun risque pour aucun camp... Et victoire assurée... Autant dire que... Que dans leur arrogance, les deux camp obéirent sans discuter... Et Fen'harel, avec un sourire malsain dévoilant ses crocs ferma les... Les portails entre les trois mondes, bannissant ainsi les deux camps de la terre en les emprisonnant à jamais dans leurs royaumes, les rendant ainsi... Imperméables aux prières de leurs peuples. La guerre sur terre s'arrêta, Les Elfes des bois et Les elfes noirs partant... Chacun de leur côté. Quant à Fen'harel, il... Il S'exila dans "l'après"... La forêt des rêves... Où il commença à pourchasser ceux qui, comme lui, commettaient des crimes de... De trahison... Ou pêchaient d'une manière ou d'une autre... Être tenté, puis capturé par le loup implacable est une mort instantanée... L'âme du rêveur est... Est arrachée à son corps qui n'est plus qu'une coquille sans vie... Et elle est dévorée par le grand loup... Sans espoir de retour... Les assassins sont généralement ses... Ses premières victimes... D'après Lamiel..."

Vergil grimace légèrement en prononçant ces derniers mots, ses côtes brûlant sauvagement, encore sous le coup de son atterrissage forcé. Il ne sait pas vraiment pourquoi il a jugé utile de préciser le sujet des assassins, Fen'harel n'étant censé attaquer que ceux croyant à lui, mais d'un côté... Si ça peut éloigner cet homme d'Archange suffisamment longtemps pour découvrir ses motifs, ça peut être intéressant. Finissant de reprendre son souffle, il baisse la tête, fermant de nouveau les yeux avant de commencer à parler de son autre légende préférée : les Varterrals.

"A la fin de la guerre... Les deux camps Elfiques avaient énormément de trésors et de... De secrets à protéger... Ils avaient besoin de... De gardiens... Puissants... Féroces et... Impassibles... Utilisant alors les... Les esprits de la nature et... Leur artisanat ainsi que de la sorcellerie, ils créèrent alors, à partir de simples araignées un groupe de féroces gardiens d'argent... Hauts de quinze mètres, avec cinq pattes pointues et des crocs plus tranchants encore que... Que ceux de dragons. Les varterrals furent ainsi créés dans l'espoir de protéger tous les secrets des... Des civilisations qui les... Les mirent au monde... Mais sans... Sans raison apparente, ils se sont retournés contre leurs créateurs, les massacrant... En ne laissant qu'une poignée de survivants... Les secrets furent alors... A jamais enterrés sous leur regard vigilant, les Elfes ne pouvant les récupérer... Un Varterral se nourrit de... De n'importe quoi... Pierres, bijoux, magie... Mais aussi chair vivante. Cette race est aussi pratiquement immortelle... Tant qu'il lui reste une chose à garder... Même si il ne s'agit que d'une stupide... Pièce d'or... Le Varterral se réveillera de n'importe quelle blessure... Qu'il soit mis en pièces, décapité... Qu'on lui aie arraché le coeur ou même pulvérisé... Il se régénérera en quelques jours... Et reviendra... Plus puissant et... Impitoyable que jamais..."

Tombant alors assis et ramenant ses jambes contre sa poitrine, les encerclant ensuite de ses bras pour se réchauffer, malheureusement en pure perte, Vergil pose sa tête sur ses genoux, rouvrant les yeux pour les plonger dans ceux de son "Geôlier", souriant très légèrement avant de reprendre, se concentrant sur cette idée alors que la fatigue commence à alourdir ses paupières.

"Lamiel était... Une sang mêlée Elfe des bois et elfe noire... Jamais compris comment c'était possible d'ailleurs... En tous cas... Elle aimait beaucoup ces histoires... Quand on était petits... Elle me les racontait pendant des heures... Vous savez... J'ai même... Gardé ses livres... Et son arme... Elle faisait vraiment... Honneur à ses ancêtres... Jamais... Jamais vu quelqu'un... Utiliser une... Une arbalète comme ça... "Chasse-dragon"... C'était le nom qu'elle lui avait donnée... Cachés dans... Ma caverne... Sous le lac... Il y a une entré au Nord d'ici dans... La forêt : on dirait une gueule de... De loup grande ouverte et l'intérieur est... Un vrai labyrinthe... Personne pourra les trouver... Sauf moi..."

Sentant sa tête commencer à tourner, un léger tintement retentissant à ses oreilles, Vergil grimace légèrement, son champ de vision s'obscurcissant lourdement, un froid glacial passant autours de lui, comme un véritable courant d'air, le faisant légèrement grogner, un dernière chose lui échappant avant que les ténèbres ne prennent d'un coup le dessus, son corps devenant étrangement lourd et sans force, le plongeant finalement dans l'inconscience :

"J'ai si... Froid..."

N’étant pas très friand des histoires longues, voire des histoires tout court en fait, Tarion n’aurait même pas posé la question si le gosse n’était pas parti dans un long récit. Enfin, il voulait toujours savoir ce que c’étaient ces choses dont il parlait, il restait un être curieux avant tout. Récolter le maximum d’informations sur un peu tout et n’importe, c’était en quelque sorte son job habituel. Certes, connaître les légendes folkloriques de créatures imaginaires n’était en rien une source d’informations bien utile, mais bon, il faut bien faire avec les moyens du bord pour en apprendre de tous les jours. L’assassin offrit donc son attention à Skorge, le fait qu’il ne cesse de se couper plusieurs fois en milieu de phrases n’arrangeait en rien la situation, ce qui avait d’ailleurs pour don d’agacer le blond ces hésitations enfantins. Lui pardonnant tout de même cette facette de son caractère, il se concentra sur les mots, c’était toujours une excellente initiative pour faire passer le temps, juste de quoi patienter jusqu’à l’arrivée d’Archange avec les montures, ce qui ne saurait prendre bien longtemps grâce à son don de communiquer avec les animaux. Pour la légende de Fen’Harel, ce serait une histoire datant d’un millénaire, opposant deux races d’elfes vu que leurs propres dieux se disputaient entre eux. Il était question des elfes des bois et des elfes noirs, Tarion pensa instinctivement aux hybrides dans le dernier cas, mais peut-être que cela n’avait aucun rapport ; enfin, après tout, ce n’était qu’une histoire. En plein milieu de cette bataille se trouvait un dieu terrestre, nul autre que Fen’Harel, qui aurait eu les bonnes grâces des deux camps et se servirait de cet avantage pour les enfermer définitivement dans leurs mondes respectifs, la guerre cessant en même temps que cet acte rusé. Puis ce dieu serait retourné dans une autre dimension pour chasser sans fin ceux qui ont commis des pêchés et autres atrocités. Tarion se mit à sourire lorsque Skorge lui annonça que c’étaient surtout les assassins les victimes de son courroux, les histoires étaient vraiment à dormir debout, encore un récit sermonnant les jeunes de devenir de méchants hommes. Le blond tatoué n’était pas assez pieux pour croire en des légendes impliquant les dieux, cela lui arrivait parfois de prier pour le dieu de la chasse Capéré, vénéré par les opaliens, mais c’est juste pour reprendre une vieille habitude de son ami qui adorait tenté Capéré lorsqu’il opérait une diversion. Ce n’était pas un elfe, mais lui-même n’avait jamais entendu parler de Fen’Harel, raison de plus pour ne pas à y prêter tant d’importance

Ensuite vint la fameuse légende des Varterrals, qui cette fois-ci impliquait bien des créatures et non des dieux. Ce serait justement après l’intervention du loup implacable que ces créatures ont été créées par les elfes, encore. Ces gigantesques monstres seraient des gardiens, protégeant de leur propre vie des trésors d’importance variante, que ce soit une vulgaire breloque ou le budget quotidien d’un roi. Malheureusement, ces mêmes bêtes se rebellèrent contre leurs créateurs, empêchant ces derniers de reprendre ce qui leur revenait de droit. Le souci étant, aussi, qu’un Varterral est d’une certaine manière immortel, il renaît de ses cendres tel le phénix tant que son trésor est encore là ; ce qui rend le monstre assez intimidant, pour dire. Malgré tout, cela restait une légende comme tant d’autres, il n’y a pas de telles créatures sur Enkidiev, ni nulle part ailleurs certainement, ce ne sont que de vieilles histoires racontés aux enfants pour les obliger à se coucher, voilà tout. Ainsi était le point de vue de Tarion, il trouvait ces récits trop folkloriques mais au moins sa curiosité aura été satisfaite. Regardant le jeune fugitif s’assoir par terre, ce dernier lui adressa aussi un regard, un fin sourire se dessinant sur ses lèvres. Il se mit à parler de Lamiel, sa défunte amie. Elle raffolait de ces histoires apparemment, les racontant pendant de nombreuses heures à Skorge. Ce dernier aurait gardé des possessions de son amie, dont des livres et une arbalète. L’elfe blond n’avait jamais eu affaire à une telle arme, mais, vu le portrait qu’on lui en donnait, il restait admiratif devant le potentiel de cet engin. Une sorte d’arc possédant les progrès techniques actuels, un chef d’œuvre pour un elfe des cités. N’en ayant néanmoins jamais testé, il n’a jamais pu s’en faire un véritable avis. Elle se trouverait dans la cachette du dragonneau blanc, l’entrée en forme de tête de loup se situant au Nord d’ici et dont l’intérieur serait un vrai labyrinthe pour les touristes. Tarion y vit une certaine once de défi là-dedans, mais ce n’était pas le moment de jouer. Se relevant, il se mit à tourner le dos en soupirant.

" Les jeunes enfants et leurs contes sacrés, tout une histoire.

commenta pour toute chose l’assassin sans se laisser influencer par de tels sornettes ; se rappelant soudainement de sa proposition, il semblerait qu’il n’ait pas eu sa réponse.

Au fait, tu n’as aucun avis sur…

ne terminant pas sa phrase en se retournant, il se rendit compte que le jeune homme tomba une fois de plus dans les pommes ; se ruant vers lui, il essaya de le réveiller sans succès.

Hé, gamin, ne me te fais pas remarquer que c’est assez inconfortable de dormir ici. "

c’est alors qu’Archange les rejoignit finalement suite à quelques minutes d’absence.

" Qu’est-ce qui se passe ici ? "

demanda la bleue en revenant sur les lieux en compagnie des chevaux sains et saufs.

Constatant l’état de Skorge, elle l’examina et fut soulagée de découvrir qu’il était juste inconscient. Ceci étant dit, cela risquait de faciliter leur escorte jusqu’à Émeraude même s’ils étaient déjà assurés que l’ex-écuyer ait capitulé. Le déposant sur son cheval, Archange monta à son tour, avant d’attendre que l’autre assassin daigne parvenir à chevaucher son compagnon à quatre pattes. Lorsqu’enfin l’écuyer plus âgé que les autres réussit à monter sur son cheval, ils prirent la route du retour en direction de la cité d’Émeraude. En arrivant au château, la bleue ne se fit pas attendre plus longtemps afin de rameuter la majorité des effectifs des domestiques pour s’occuper du pauvre gosse. Libérant une chambre pour lui, les servantes se mirent à traiter l’état de Skorge sous le regard inquisiteur d’Archange. D’habitude, cette dernière s’occuperait elle-même de lui, mais elle avait quand même des devoirs de chevalier et attendre que celui-ci se réveille n’en faisait pas parti pour le moment. D’ailleurs, elle profitera de son inconscience pour toucher deux mots à sa cheffe afin qu’elle accepte de reprendre Vergil dans les rangs, ceci étant déjà assuré vu que c’était un peu leur mission de ramener le déserteur parmi eux, et ensuite afin qu’elle puisse le prendre sous son aile en même temps que son premier écuyer déjà présent. Des chevaliers ont déjà eu plusieurs écuyers sous leur protection, elle ne voyait pas pourquoi on lui refuserait un tel geste. Surtout qu’elle était le chevalier en meilleurs termes avec l’enfant et surtout l’une des rares pouvant le contrôler correctement. Argumentant donc telle une princesse devant des politiciens, ce dont elle est un peu même si elle a été déchue de son titre d’héritière, l’elfe bleue remercia sa cheffe lorsqu’elle obtint ce dont elle désirait. C’était donc décidé : Skorge allait redevenir un écuyer de l’Ordre d’Émeraude et sera sous la tutelle du chevalier Archange. Plutôt satisfaite de ce choix, elle alla de nouveau rejoindre Skorge dans ses appartements afin de lui annoncer la nouvelle dès qu’il se réveillera. Cependant, une question lui trotta dans la tête : mais où était passé Tarion ?

A quelques kilomètres du château, le fameux assassin chevauchait de nouveau son destrier. Il était resté à Émeraude juste le temps de panser correctement ses blessures, puis il était reparti aussi sec sans demander son reste. On n’avait même pas eu le temps de le féliciter pour sa mission. En réalité, il se dirigeait vers la fameuse caverne du dragonneau blanc. Pour faire court, Tarion était intéressé par ce lieu se trouvant sous le lac. Non pas qu’il comptait piller l’intégralité de cette cachette, loin de là son idée, il n’était pas un voleur ; son but était juste de voir par lui-même si c’était vraiment un labyrinthe puis de ramener les livres et l’arbalète que le fugitif parlait. Cela lui épargnera un aller-retour inutile, même s’il devra certainement y refaire un tour pour ramener tout le reste, l’elfe ne pouvait pas tout transporter d’un coup non plus. Arrivant enfin devant la terrible entrée, il admira quelques secondes la forme de la gueule du loup puis pénétra à l’intérieur. Enclenchant son pouvoir de feu en guise de torche, Tarion se rendit bien compte qu’il avait affaire à une série de galeries partant dans tous les sens. Néanmoins, minutieux sur tous les détails, il se mit à ratisser le sol pour y trouver les traces de pas du jeune homme, ce qui lui facilita drôlement la tâche pour retrouver son chemin, même s’il tomba plusieurs fois dans un cul-de-sac, qu’il soit tourner en rond ou qu’il tombe sur quelques pièges bien trop enfantins pour demander beaucoup de ressources au désarmement. Il faut tout de même rappeler que l’assassin était un expert des pièges, c’était rarissime qu’il se fasse avoir par ces engins mécaniques. Alors s’ils avaient été conçus par un jeune adolescent, c’était juste impossible qu’il soit berné ; et ce fut bien le cas, il trouva enfin la bonne pièce sans une égratignure. Ramassant tous les livres qui lui passaient sous les mains, notamment ceux traitant des légendes dont Skorge parlait, il prit au passage l’arbalète qu’il examina près d’une minute avant de rebrousser chemin. Une fois de nouveau pieds à Émeraude, Tarion transporta tout son butin jusqu’à la chambre où le jeune écuyer dormait encore, Archange s’y trouvant également, veillant sur lui le temps de son sommeil.

" Ah, te voilà, toi. Où t’étais passé ? Et c’est quoi tout ça ? "

questionna la bleue en regardant l’elfe tatoué lutter contre le poids de ce stock pour se déplacer sans tout faire tomber.

" Ses affaires ! Je suis allé les chercher… le temps qu’il dort…

les déposant péniblement sur la table de nuit à côté du lit, reprenant son souffle après tant d’efforts, la princesse sholienne le regarda avec un air surpris, elle ne s’attendait pas à un tel geste de sa part.

T’as vu ça ?! "

dit-il en pointant l’arbalète sur la pile de livres, reprenant donc son humeur joyeuse.

" … C’est… une arbalète… ? "

répondit-elle en ne sachant pas où son acolyte voulait en venir en désignant cette arme que l’elfe aux nerfs faciles avait plus ou moins l’habitude de rencontrer.

" Une arbalète ! Elle est magnifique, non ? "

renchérit-il en continuant d’admirer le fameux bijou, sans pour autant le toucher pour le moment.

" Si tu le dis…

répliqua-t-elle sans s’intéresser à ce point à cette arme conçue pour l’affrontement à distance ; c’est là qu’elle ressentit que le jeune fugitif bougeait, ce qui voulait dire qu’il n’allait pas tarder à reprendre conscience.

Fais moins de bruits, il se réveille. "

lui sermonna-t-elle avant de regarder son nouvel écuyer revenir à lui, le meurtrier dirigeant son regard vers lui aussi.

Vergil grimace légèrement, Perséphone serrée dans sa main droite tandis qu'il marche lentement, sentant vaguement l'herbe humide sous ses pieds nus, se dirigeant vers le halo de lumière qui apparait quelques mètres face à lui, d'autres choses apparaissant peu à peu à ses sens, à commencer par une odeur humide qu'il reconnait vaguement comme celle d'un marais, ainsi que plusieurs autres choses... Le vent qui vient lui fouetter le visage porte une odeur de brûlé particulièrement puissante qui lui arrache une deuxième grimace, bien qu'il se force à continuer d'avancer, incapable de résister à l'étrange appel que la lumière semble lui envoyer, la forêt défilant autours de lui. Cette lumière... Si douce... Si rassurante... Les ténèbres autours de lui semblent d'un coup beaucoup plus lointaines au fur et à mesure des secondes tandis qu'il continue à s'approcher de cette lumière, voulant la toucher à n'importe quel prix, peu importe quand ou comment, tant qu'il peut la toucher... Il y est presque, sa main gauche commençant à s'avancer légèrement, son coeur se réchauffant alors que la lumière n'est plus qu'à une dizaine de centimètres quand, d'un coup...

"Plus tu essayes de vivre en pleine lumière... Et plus tes ténèbres grandissent !"

Sursautant brutalement alors que cette voix retentit, il sent d'un coup un étrange frisson et se retourne lentement, son instinct lui signalant que quelque chose a changé derrière lui, sa main se contractant douloureusement autours de la hampe de Perséphone et là... Ses yeux accrochent la dernière chose qu'il s'attendait à voir...

****C'est... Impossible !****

Projetée derrière lui par la lumière, son ombre s'arrache en effet lentement du sol et se relève, avant de prendre une forme bien plus humaine que d'habitude, le pétrifiant sur place : Certes, il s'agit bel et bien d'une version de lui mais... La chose qui le regarde à présent avec de grands yeux rouges flamboyants n'est certainement pas lui ! Il s'agit d'un enfant de son âge lui ressemblant comme deux goûtes d'eau, mais avec quelques sérieuses différences comme un teint de peau cadavérique, des cheveux noirs et surtout, ces yeux rouges flamboyants de haine et de folie ! Pire encore, l'arme que la créature tient ressemble à une version corrompue de Perséphone, noire au lieu d'être rouge et semblant presque infectée par une horrible maladie ! Frissonnant à cette vue, Vergil ne cherche même pas à comprendre et se met rapidement en position de combat, laissant ses ailes sortir d'un coup de son dos dans un craquement sec, mais recule à nouveau en grimaçant d'horreur quand la chose fait exactement la même chose, mais... La forme hybride de la créature est bien plus démoniaque que la sienne, étant complètement noire et chauve ! Il n'a pas le temps d'y penser d'avantage cependant... Son clone se prépare à l'attaquer et se rue sur lui à grande vitesse, le prenant de court, bien qu'il se reprenne rapidement et se rue à son tour en direction du démon, prêt à lui montrer qu'il n'est pas une cible facile. Cependant, avant même que les deux armes se touchent, un hurlement strident retentit autours de lui et la lumière explose, une voix forte retentissant parlant d'une arbalète et il se redresse d'un bond, hurlant de terreur et de souffrance en se rendant compte que la lance de son clone s'est plantée dans sa poitrine, juste à temps pour disparaître, remplacée par... Un... Drap blanc ?

"Un... Drap ?"

Grimaçant de douleur en sentant les os de son corps protester à cause de son mouvement trop rapide, il porte sa main à son visage, juste à temps pour s'immobiliser en voyant la peau nue de son bras lui apparaître horriblement noire et griffue, avant de reprendre sa couleur pâle habituelle, une vois glaciale ressemblant suspicieusement à la sienne retentissant dans son esprit, lui murmurant un "Je serais toujours là... Et je te détruirais !" qui lui arrache un frisson de terreur et de dégoût... Rapidement remplacé par une peur vive quand un visage blond rieur recouvert d'un tatouage tribal se place entre son bras et son regard, lui faisant faire un tel bond qu'il se retrouve plaqué contre le mur derrière lui, sentant le contact glacial sur sa peau dénuée ce qui lui arrache un léger tremblement alors que ce qu'il s'est passé plus tôt lui revient en tête : l'ordre l'a retrouvé... Et lui a envoyé Archange et cet elfe étrange pour le ramener. Il les affrontés et a perdu en se laissant aller à sa haine, avant que de perdre connaissance après que Archange lui aie promis de l'entraîner et que cet elfe lui aie proposé de l'aider à retrouver ce démon qui lui a pris... Lamiel... Soupirant profondément, il ramène ses genoux contre sa poitrine et les entoure de ses bras, relevant ensuite le regard pour croiser celui d'Archange et de son partenaire, essayant courageusement de sourire, bien que le cauchemar horrible reste vivace dans son esprit

****C'est à ça que je ressemble ? Un... Dragon noir ?****

"Archange ? Je... Je suis... où ?"

Question stupide... A peine l'a-t'il posée que plusieurs souvenirs lui reviennent en tête : Cette pièce... Ce lit blanc, les murs de pierres nues, le parquet si tiède sur lequel il a posé les pieds plusieurs fois il y a sept ans et le plafond boisé, ainsi que la décoration... Il s'agit d'une chambre de taille moyenne dégageant une odeur très reconnaissable de potions et autres onguents soignants , ayant trois fenêtres situées respectivement à gauche du lit et sur le mur opposé à ce dernier. Alors qu'il tourne le regard sur sa droite, il sursaute légèrement en se rendant compte que les livres et l'arbalète de Lamiel sont posés sur la commode en chêne à côté de son lit, ce qui lui arrache une légère grimace, sur et certain que l'elfe dont il ne connait toujours pas le nom y est pour quelque chose, bien qu'il lui en soit reconnaissant : ça lui évite d'avoir à le faire lui-même. Cependant, ce qui lui arrache un sourire d'un coup, c'est la position et surtout, la tête que fait sa peut être maîtresse d'arme... La manière dont elle se tient au pied du lit en le contemplant et... le regard qu'elle a... Et surtout, la manière dont lui-même se tient... Cette sensation qui entoure d'un coup sa poitrine et lui donne une légère envie de rire, bien que le son en question ne franchisse pas ses lèvres... Sentant cette impression de déjà vue l'envahir, il ferme les yeux avant de prononcer plus ou moins calmement , bien qu'il ne puisse s'empêcher de trouver la situation presque ridicule :

"Pourquoi j'ai l'impression que ma vie s'est arrêtée et... A repris dès le départ d'un coup ? Ah, oui, c'est vrai... La situation ne vous... Rappelle rien ? Il y a sept ans, la toute première fois qu'on s'est rencontrés... Je me suis réveillé dans ce lit, complètement terrorisé si mes souvenirs sont bons et à part la présence de...Votre supérieur et du guérisseur, tout était EXACTEMENT comme aujourd'hui. Vous vous teniez au pied de mon lit à attendre que je me réveille, exactement dans la même position et en plus, vous faisiez exactement la même tête... Il ne manque plus que les taches de sang sur votre armure et le fait que j'ai Sept ans de plus pour... Pour que j'ai vraiment l'impression d'avoir remonté le temps... Dites moi Archange... S'il vous plait... Est ce que... L'ordre m'en veut pour ce que j'ai fait ? Vous m'en voulez pour ce que j'ai fait ?"

Une simple question... Mais une question si importante pour lui... Archange est sa dernière lumière... La seule chose qui l'empêche de se perdre, en plus d'être la seule personne à pouvoir le contenir si il devait de nouveau se laisser aller à la colère. Le contenir oui... En tous cas sans avoir à le tuer ou le mutiler... Car il y a surement des gens aussi puissants qu'elle dans l'ordre, mais ayant surement moins de pitié... C'est pour ça qu'il veut savoir... Savoir si cette folie a détournée sa seule lumière de lui... Essayant alors de rester calme et surtout, de ne pas se laisser aller à la peur à l'idée d'avoir perdue sa dernière amie restante, il tourne son regard vers l'elfe blond, essayant de nouveau de comprendre ce qui peut bien pousser ce dernier à vouloir faire du mal à la jeune femme, avant de finalement renoncer et lui demander plus ou moins froidement, essayant d'ignorer l'épuisement qui grogne encore dans son corps entier :

"Je... C'est vous que je dois remercier pour avoir ramener les livres et l'arbalète de Lamiel non ? Je suis désolé mais... Je sais toujours pas comment vous vous appelez..."

Dire qu’elle s’inquiétait depuis tout à l’heure, enfin il daigne se réveiller ! Bon, Archange ne devait pas non plus trop lui en demander vu l’enfer qu’il a dû vivre dans cette forêt, livré à lui-même contre les innombrables dangers qui le guettaient. Néanmoins, il restait un écuyer de l’Ordre, toutes ces épreuves n’ont pas dû le marquer à vie. Ce qui devait lui avoir fait quand même un choc, c’était d’avoir affronté un chevalier et un écuyer, et d’avoir perdu, après avoir gaspillé toutes ses forces dans une ultime attaque. Un peu plus, et ils auraient pu être grièvement blessés, à quoi s’attendait-il en faisant une chose pareille ? Parfois, la bleue ne le comprenait vraiment pas, ce n’était pas un gosse comme les autres, il était vraiment différent ; et ce devait être pour cette raison qu’elle voulait se sentir proche de lui, afin de le connaître sur le bout des doigts et de l’aider à surmonter ces différences contre les autres. Archange était bien friande de la compagnie des enfants, mais, quand ceux-ci se montraient être plus uniques que les autres, c’était encore mieux pour elle. C’est bien pour cela qu’elle s’était arrangée afin qu’il devienne son écuyer, elle voulait définitivement garder un œil sur lui, pour l’aider.

Pour le moment, il fallait mieux s’assurer qu’il aille bien. Les deux adultes le regardaient se tirer de son sommeil, en sursaut. La bleue détestait le voir comme ça, il semblait vraiment effrayé, son sommeil semblait ne pas lui avoir apporté beaucoup de réconfort. Au lieu de tenter de le rassurer, elle préféra le laisser prendre ses repères et retrouver ses marques ; en même temps, l’assassin suivit ce mouvement, vu qu’elle le connaissait mieux que lui il préféra rester en arrière pour l’instant. Cela mit un peu de temps, mais Skorge arriva finalement à noter la présence des deux adultes, demandant même à Archange ce qu’était l’endroit. La femme-chevalier comprit rapidement qu’il n’avait toujours pas remarqué que cette chambre était celle où il avait été emmené quand les chevaliers l’avaient récupéré il y a des années. Elle lui pardonna cette ignorance vu qu’il était visiblement encore déboussolé, se contentant plutôt de répondre sommairement à cette question.

" À Émeraude, au château. Calmes-toi, tu es en sécurité ici. "

elle n’aurait pas prononcé cette dernière phrase si le jeune dragon n’était pas encore effrayé, mais il arrivait à reprendre le contrôle de ses sens, c’était déjà un début.

Après quoi, continuant de tracer ses repères, le jeune écuyer finit par remarquer les livres et l’arbalète déposée sur la table de nuit ; un léger sursaut qui n’échappa pas aux elfes fit arracher un sourire à Tarion, très fier d’avoir sorti son coup de poker ainsi, au moins cela a eu de l’effet. La suite des évènements fut un peu gênante pour Archange, Skorge lui lançait un drôle de regard, comme s’il cherchait à comprendre quelque chose qui venait de lui échapper. Elle défia son regard, restant bien droite et implacable face à cet examen visuel, elle attendait surtout de savoir ce qui lui passait par la tête en ce moment-même. C’était surtout ce sourire qui se dessina soudainement sur ses lèvres qui lui fit arquer un sourcil, il devait avoir eu une pensée amusante, mais quoi donc ? La jeune femme avait très franchement la paresse de le sonder suffisamment longtemps pour tirer quelques images de sa petite tête, préférant le laisser s’exprimer librement.

Quelle ne fut sa surprise lorsqu’il releva habilement que cette situation était plutôt nostalgique. C’était il y a sept ans, Naryu était effectivement avec elle, en compagnie d’un guérisseur, la bleue n’avait même pas daigné nettoyer son armure tellement elle était préoccupée par la santé du gamin. Et la position qu’elle avait pris était aussi la même, assise ainsi sur un tabouret, les mains sur les genoux, à le regarder indéfiniment dans l’espoir de le voir se réveiller un moment ou à un autre. Elle fut d’ailleurs bien heureuse de le savoir sain et sauf, là c’était exactement pareil, comme il disait. C’était amusant dans un sens, Archange comprenait qu’elle méritait bien sa réputation de maman-poule, même si les enfants de l’Ordre n’étaient pas les siens, ils restaient sa famille, et un jour ils deviendront ses frères. Il était donc normal qu’elle s’inquiète autant pour lui.

La différence par rapport aux évènements d’il y a quelques années fut que Skorge posa une question assez personnelle. Qu’il s’inquiète de sa relation vis-à-vis de l’Ordre était une chose mais qu’il réitère la même demande en plaçant cette fois Archange à la place des chevaliers était une toute autre histoire. En réalité, l’elfe à moitié humaine se sentait parfaitement capable de parler au nom de l’Ordre, là n’était pas le problème. Ce qui la gênait un peu, c’est qu’elle doit avouer ses propres sentiments concernant les bêtises du jeune homme. Elle n’était pas du genre à aimer gronder les jeunes insolents, mais quand elle doit le faire, elle le fait. Concernant les chevaliers, ils ne semblaient n’avoir rien à reprocher au jeune fugitif, mais pour Archange était tout autre chose : bien sûr qu’elle lui en voulait, il avait tenté il y a peu d’essayer de la tuer, elle n’allait pas l’oublier de si tôt. Après, qu’elle lui en veuille à vie, elle ne s’en sentait pas capable, elle pardonnait assez facilement les erreurs des gosses. Bon, c’est sûr que c’était plutôt grave ce qu’il avait tenté de faire, mais ils étaient tous vivants et en un seul morceau, tout le monde est content. Bien décidée à lui faire comprendre qu’elle ne voulait plus que ce genre d’incident se reproduise, elle se mit à croiser les bras et placer une jambe sur l’autre, les yeux fermés mais une humeur sévère s’afficha sur son visage.

" L’Ordre te pardonne, il t’accepte de nouveau dans les rangs mais ils espèrent que tu n’ai pas à recommencer.

rouvrant les yeux et fronçant les sourcils, enfin la bleue parût plus menaçante qu’auparavant.

Pour ce qui est de mon cas, ne crois pas que tu vas t’en tirer en si bons comptes : t’as quand même essayé de m’en faire baver, à mon tour de te faire payer cela. J’ai convaincu l’Ordre de te prendre sous mon aile, tu vas être mon écuyer durant les cinq prochaines années jusqu’à ton adoubement : je vais te faire suer comme tu n’as jamais sué auparavant, tu vas en faire des pompes, c’est moi qui te le dis ! Voilà ta punition…

soupirant de lassitude, elle ferma quelques secondes les yeux avant de se reprendre, déposant sa main gantée sur la chevelure immaculée de son nouvel écuyer.

Bien sûr que je ne t’en veux pas, je serai incapable de te détester tant que tu auras cette charmante bouille… "

étirant un léger sourire, elle avait pris une voix plus douce, caractérisant son côté plus passionnelle de son amour pour les gamins.

" Point faible détecté. "

face à cette scène émouvante, Tarion n’a pas pu s’empêcher de faire rapidement son fanfaron ; paradoxalement, Archange ne le réprimanda pas pour ça, pour l’instant.

Ceci étant clarifié et classé, Skorge en vint à un autre sujet plus détendu et où l’elfe blond pût enfin s’exprimer librement. Non pas qu’il était déçu de ne pas avoir un bien grand rôle dans cette histoire, mais il avait quand même participé au retour du jeune écuyer. D’ailleurs, bien qu’il soit revenu au château pour s’assurer de l’escorte du fugitif jusqu’à Émeraude, il n’était pas passé voir les chevaliers pour obtenir sa récompense ou des félicitations. Ces mondanités ne l’intéressaient pas vraiment en réalité, c’est juste qu’il avait fait son boulot comme on le lui avait exigé et que l’avoir accompli dans les temps permettrait d’améliorer ses relations avec l’Ordre et donc de pouvoir se rapprocher un de ces chevaliers afin de lui asséner le coup de poignard dans le dos. Vraiment, cette mission fut une aubaine pour lui, et heureusement qu’Archange avait accepté de l’assister, il n’aurait certainement pas réussi sans son aide.

Enfin, outre cela, il s’était également lancé le défi de se rapprocher un peu plus du gamin, histoire d’avoir un bon angle de mort sur Archange au cas où. Cela pouvait être une bonne tactique de se lier d’amitié avec les élèves des chevaliers, afin que ces mêmes apprentis ne se rendent pas compte des machiavéliques plans de l’assassin. Mais bon, ce serait également une perte de temps et il n’avait pas que ça à faire. En fait, Tarion a ramené ces livres et cette arbalète juste pour prouver qu’un labyrinthe ne le faisait pas peur, loin de là. Et puis, il voulait voir de ses propres yeux à quoi ressemblait l’antre de Skorge, ainsi que l’allure de cette arme de jet, choses faîtes. Maintenant, il semblerait que le jeune homme-dragon doit des remerciements au blond, et que ce dernier doit vraisemblablement rappeler son nom. Cela ne sembla pas le gêner vu qu’il se mit à réaliser une révérence digne d’un noble, cette politesse restera une habitude gravée à vie dans les manières de l’opalien.

" C’est bien moi que tu dois remercier, mais je t’en prie, c’était un moindre mal. A part ça, je me nomme Tarion, futur Tarion d’Émeraude j’espère, ce fut un plaisir de faire ta connaissance.

il n’ironisa qu’à moitié, il fallait bien qu’il conserve certaines facettes de sa personnalité, même dans l’armée ; se redressant fièrement, il lança un vif regard à la bleue, histoire de la provoquer une nouvelle fois.

Content d’être l’écuyer d’Archange, sinon ? "

cette interrogation sembla offusquer le chevalier qui ne tarda pas à le faire comprendre.

" T’insinues quoi, là ? "

demanda alors l’elfe aux cheveux bleus sur un ton assez dur, fronçant les sourcils en fusillant du regard son congénère elfique.

" J’insinue juste qu’il aura du mal, beaucoup de mal. "

répondit-il très franchement, toujours ce sourire aux lèvres pour faire paraître son honnêteté masquant ses viles intentions.

" Oh que oui, il en aura, beaucoup. "

suivit-elle en lançant cette fois un regard à Skorge, maintenant qu’il était son écuyer, il était vrai qu’il aura de quoi se plaindre et n’aura aucun répit ; un sourire moqueur aux lèvres, Archange comptait bien endurcir sévèrement le dragon blanc afin qu’il devienne le futur grand chevalier qui fera sa fierté.

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