Les Chevaliers d'Émeraude
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


Forum RPG sur les Chevaliers d'Émeraude
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -45%
Four encastrable Hisense BI64213EPB à ...
Voir le deal
299.99 €

 

 Ashill, un héros des temps anciens

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Ashill
Prisonnier d'Émeraude
Ashill


Nombre de messages : 15
Age : 30
Localisation :
Points : 12
Date d'inscription : 26/08/2011

Feuille de personnage
Âge: Inconnu
Maitre/Écuyer: Le Panthéon, entre autres
Âme soeur: Aucune importance

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeVen 26 Aoû 2011 - 19:11

© Toute copie totale ou partielle est totalement interdite ©

Ashill, un héros des temps anciens 556931Sanstitre4


~ NOM ~
Ashill

~ ÂGE ~
Inconnu

~ RACE ~
Tanieth Maître-Magicien

~ ROYAUME NATAL ~
Irianeth

~ FONCTION ~
Ex-Chevalier d'Émeraude

~ LOGIS ~
Émeraude



Ashill, un héros des temps anciens 288577CopiedeSanstitre4


~ DESCRIPTION PHYSIQUE ~

Même étant mort, il ne faut pas se faire l’illusion d’un homme ayant de drôles de manières, c’est le revenant d’un antique guerrier après tout. Fils d’une immortelle et d’un tanieth, Ashill a acquis plus de traits caractéristiques maternelles en paraissant être totalement humain d’apparence, il conserve toutefois des attraits tanieths provenant de son père comme sa carapace noire à la place du dos ; solide comme le roc, cette carapace renferme ses ailes composées d’énormes nervures reliées entre elles par un voile noir assez fragile. Il est capable de déployer et replier ses ailes en faisant apparaître ou disparaître les nervures depuis l’entrouverture de sa carapace. Le revenant est un homme grand et élancé, dépassant de peu les 1m80. Malgré sa frêle carrure, il possède une force hors du commun grâce à son pouvoir, au point de pouvoir arracher à mains nues les membres d’une personne avec quelques efforts, il est également assez habile avec ses mains pour pouvoir apprendre rapidement l’utilisation d’un objet ou d’une arme. Évidemment, il possède une peau assez pâle presque grisée, son corps est totalement dépourvu de sang, ses organes internes ne fonctionnent plus, sa forme ne compte que sur le bon fonctionnement de ses muscles. A l’instar des tanieths d’antan, Ashill ne peut procréer, il est stérile. Il conserve également une insensibilité congénitale à la douleur qui l’empêche de ressentir la souffrance physique, ce qui explique entre autre sa grandiose adrénaline. On ne peut pas dire que son hybridation lui offre de bons avantages contrairement à beaucoup, sa carapace est assez lourde pour lui, ce qui fait qu’on le verra souvent se courber, il ne reste droit que si on le lui ordonne. Lorsqu’il se déplace, il évite de courber son dos, il marche plus ou moins droit, c’est seulement lorsqu’il est immobile qu’il laisse son fardeau l’accabler. Ce n’est pas vraiment un homme qui prend soin de son corps, il n’en voit aucune utilité étant donné sa mort et sa fonction actuelle, ce qui le rend plutôt pouilleux : sa peau est assez poussiéreuse, tout comme ses cheveux. Il n’empeste pas le mort vu qu’il n’est pas en stade de décomposition, il ne dégage aucune odeur corporelle en fait. Fidèle à sa neutralité, Ashill affiche toujours sur son visage un air blasé qui caractérise sa fatigue éternelle ainsi que sa mélancolie, il est extrêmement rare pour ne pas dire impossible qu’il montre ses sentiments, c’est pour ainsi dire assez dérangeant de le regarder. Malgré son âge très avancé dépassant largement le millier d’années, le revenant semble avoir retrouvé une apparence jeune, se situant entre la vingtaine et la trentaine. Ses cheveux d’habitude noirs charbon ont viré au gris acier variant parfois au blanc pur sous les rayons du soleil, ils sont mi-longs en lui arrivant au niveau des épaules ; certaines mèches rebelles viennent masquer son visage mais, dans le plus souvent des cas, il ne s’en plaindra pas en les laissant telles quelles. Quant à ses yeux, ils sont teintés d’un gris morne, il est futile d’essayer d’y discerner quelque chose puisqu’ils reflètent le vide total ; ses sourcils légèrement épais ne bougent presque pas, sauf en duel où cela peut lui arriver de les froncer lorsqu’il s’énerve ou qu’il encaisse mal. Vu qu’il a vécu de nombreuses batailles, il n’est pas étonnant de pouvoir relever plusieurs cicatrices de guerre sur son corps, que ce soit d’anciennes lésions ou des brûlures, des griffures ou des morsures, quelques bleus ou coupures, on peut dire que toute son histoire peut se lire d’un coup d’œil sur sa peau.

S’il ne prend point cas de figure de son corps, cela est d’autant plus vrai pour son look vestimentaire. Ashill n’est pas très regardant sur les vêtements, tant qu’il couvre ses parties génitales pour éviter qu’on le traite comme un délinquant, il n’ira pas chercher loin. Néanmoins, on peut noter qu’il ne porte pas souvent des vêtements trop protecteurs ou serrés, ses tenues se tournant presque toutes vers une souplesse et une liberté totale du corps, les armures complètes ne sont donc pas trop son style favoris, il ne crache pas par contre sur les quelques protections pratiques. On peut également relever qu’il semble apprécier les vêtements plutôt sombres qui collent parfaitement avec son ancienne vie de tanieth, il les retirera si ses alliés actuels n’apprécient pas l’Empire. Pour faire court, Ashill portera essentiellement les couleurs de sa patrie actuelle et les gardera jusqu’à la fin de son contrat. Il est donc plutôt rare de le voir changer de vêtements, il garde durant de longues semaines la même tenue si celle-ci est toujours utilisable, si elle ne part pas encore en lambeaux. Le revenant se fiche complètement de la propreté ou de la qualité de ce qu’il porte : tant que cela le couvre, il ne s’y opposera pas. Outre les vêtements, Ashill ne décore pas son corps comme une œuvre d’art : il ne porte donc aucun bijou ou accessoire qui peuvent nuire à ses mouvements, aucune marque ou tatouage quelconque sont visibles, il ne porte également aucun armement strict si sa patrie ne l’impose pas, il se dit qu’il peut obtenir une arme en allant la chercher chez l’ennemi tout en le laissant dans une situation désavantageuse. Il s’arrange comme il peut pour transporter tout ce dont il a besoin au minimum ou ce qu’on lui impose d’amener avec lui en toutes circonstances ; ça doit être pour cela qu’il lui arrive de ne rien porter aux pieds, il semble ne pas être trop porté vers le soin de ses orteils. Il trouve également n’importe quel objet lui permettant de masquer son visage qu’il déteste montrer au grand jour, que ce soit un casque, un masque, une écharpe ou une capuche, tout semble y passer pour rester anonyme, ce qui colle bien avec sa manière de passer d’un camp à l’autre sans remords, faisant tout pour se faire oublier et couper les ponts avec ses connaissances. Il existe aussi une chose qui peut aider à identifier facilement Ashill, c’est nul autre que sa chaîne au bras droit. Les maillons de cette chaîne en fer sont incrustés à moitié dans sa peau, s’enroulant autour de la totalité de son bras, partant d’abord du poignet en finissant enfin jusqu’à l’épaule. Le revenant ne la cache jamais, il arrache volontiers la manche droite d’un vêtement pour la montrer au grand jour ; il ne fait pas cela par fierté mais plus par question de pratique. Il fait plus ou moins la même chose avec ses ailes, faisant en sorte de pouvoir rapidement retirer son haut s’il a besoin de les utiliser, mais il faut quand même souligner qu’il s’en sert assez rarement. Même si on sait que cette chaîne reste un trophée de guerre datant de son ancienne vie, c’est un peu un souvenir nostalgique pour lui, il se refuse à la retirer, elle lui a bien collé à la peau durant tout ce temps ; elle lui rappelle également ses principes actuels qu’il continuera de préserver et d’accomplir tant qu’il pourra encore tenir sur ses jambes.



~ DESCRIPTION MENTALE ~

Étrange, c’est le mot qui décrit bien le bonhomme. Il est étranger à ce monde qui est le même qu’il a connu auparavant mais qu’il ne parvient plus à reconnaître à cause du décalage temporel et spatial. Le premier contact avec cet homme venu d’ailleurs est compliqué, lui-même ne saura aborder quelqu’un, il ne le fera même pas si cela n’a aucune utilité dans ses objectifs. Étant donné que c’est un ancien tanieth, il n’est pas étonnant de relever quelques habitudes de ce peuple barbare. Déjà, Ashill vit plus la nuit que le jour comme l’impose le mode de vie tanieth, même s’il a finit par s’habituer à la lumière du jour et que ses repos quotidiens sont devenus complètement désordonnés. C’est un être paresseux, qui ne dort que pour recharger ses forces ou tuer le temps en attendant qu’on le dérange ; il peut également retrouver ses forces par le biais de la purification ou de la faim, mais cela prend plus de temps que de se reposer, à noter que dormir pour lui ne signifie pas d’effacer sa fatigue, il ne dort que pour revigorer sa puissance magique qui est liée à sa forme actuelle. Tant qu’on parle de nourriture, il n’a pas besoin de se nourrir ni de boire vu qu’il est mort, il n’a pas de goûts alimentaires très diversifiés vu qu’il était plus porté vers la viande draconique du fait de l’esprit carnivore des tanieths. Son côté masochiste est né de ses pratiques religieuses pour l’empereur de son époque, le dieu Listmeth, il ne ressent plus la douleur mais il adore le contact du sang sur sa peau qui le réconforte et l’amène un peu plus vers la paix qu’il désire. Tel que le dialecte tanieth le commandait, Ashill devint un être obéissant comme tous ses pairs, afin de survivre comme le lui avait enseigné sa défunte mère. Au début, c’était un être totalement soumis, mais cette soumission s’est métamorphosée petit à petit en une force qui lui a fait dépasser ses limites et a entraîné son caractère froid et sûr de lui, il se comporte donc tel un tanieth, ne révélant jamais ses émotions à autrui. Ashill est quelqu’un de solitaire, il s’éloigne assez facilement des autres pour ne pas accorder de l’importance à ses relations, il se refuse à prendre une trop grosse place dans l’existence des gens. Dans le même style, ses goûts sexuels ne sont pas très stricts : il reste bisexuel, et peut autant jouer le rôle du dominant que du dominé selon les désirs de son partenaire, cependant il ne s’engagera qu’avec très peu de chance dans une relation sérieuse, cela signifierait pour lui de sacrifier toutes ses autres collaborations. De toute manière, l’amour est loin d’être une vocation du revenant, il est après tout misogyne, il traite toutes les femmes comme des moins que riens, c’est du moins le souvenir qu’il en a eu de sa précédente vie où les tanieths dévalorisaient l’égalité des sexes ; si on s’y attarde un peu plus profondément, on pourrait même dire qu’Ashill a peur des femmes qui se montrent aussi battantes que les hommes, c’est contre-nature pour lui, c’est pour cela qu’il se sent mieux en compagnie des mâles. Toujours dans la catégorie des défauts, il est un grand partisan du je-m’en-foutisme, non pas qu’il ne vous accordera pas une oreille attentive quand vous en avez besoin, mais il ne donnera aucun avis sur vos problèmes ou commentaires, cela est donc compliqué de maintenir une conversation avec lui, c’est loin d’être un grand bavard vu qu’il prime en priorité le silence ; il se fiche également de ses propres problèmes tant qu’ils ne favorisent pas sa mort ou nuisent à ses projets et missions, il restera donc inactif et encaissera volontiers s’il n’a rien à craindre. A cela, il faut bien évidemment y voir qu’il ne vaut mieux pas lui accorder une trop grosse confiance, il retourne rapidement sa veste si cela arrange ses autres employeurs ou son propre intérêt, il n’a aucun regret à vous trahir s’il en tire du bénéfice ; c’est d’ailleurs bien pour cela qu’il reste très attentif aux secrets et informations qu’on pourrait lui offrir, volontairement ou non, de cette manière il les utilisera au bon moment à son avantage, rien ne lui échappe grâce à son pouvoir, il différencie facilement le vrai du faux. Enfin, s’il faut citer le plus gros défaut d’Ashill, c’est son pessimisme extrême qui remporte la palme : il penchera du côté le plus noir des conséquences, ce n’est pas le genre de personne qu’il faut fréquenter si vous attendez de la compassion de sa part. Il est quelqu'un de très honnête qui ne cache pas le fond de ses pensées, il dira tout le temps ou presque la vérité, peu importe la gravité des conséquences que cela peut engendrer ; sa tendance à être honnête se montre souvent accablante et irritante pour dire. Par exemple, il pense très franchement que la résistance d’Enkidiev pour contrer l’invasion d’Irianeth est vouée à l’échec, c’est bien pour cela qu’il ne s’entend pas trop bien avec les enkievs, même s’il comprend parfaitement qu’ils n’ont pas le choix et qu’ils font preuve d’un courage remarquable.

Cette longue liste des points noirs terminée, il faut tout de même ne pas limiter Ashill à tout cela. Derrière chacun de ses défauts se cachent des raisons bien précises qui peuvent aider à le comprendre, tout en y ajoutant ses quelques qualités qu’il ne vaut mieux pas négliger pour apprécier sa compagnie. Malgré sa barrière de glace, le revenant reste un homme relativement triste et mélancolique qui refuse de faire partager sa souffrance aux autres, vivre une seconde vie ne lui plaît pas, tout ce qu’il veut c’est avoir la paix en atteignant les plaines de lumière qu’il aurait dû acquérir lors de sa première mort. C’est donc bien pour cela qu’il fait en sorte de rester solitaire, de cette manière il évite de blesser les autres. Sa grande docilité fait qu’il s’inquiète de votre cas et qu’il fera en sorte de vous satisfaire pour que vous vous sentiez bien si vous le lui demandez, et cela se fait dans la plupart des cas par des actes vu que ses mots peuvent paraître crus. Ashill est voué à être un excellent serviteur : il fait le travail bien et rapidement, il se peut même qu’il y ajoute quelques touches personnelles qui peuvent faire plaisir à ses employeurs. Il obéira tout le temps dans la mesure où cela lui paraît possible de l’accomplir, c’est-à-dire dans le sens où il sait qu’il arrivera à s’en sortir et que cela est faisable, tant que ce n’est pas contre son propre but et ceux de ses autres alliés évidemment. C’est sans conteste un homme qui n’a pas froid aux yeux, demandez-lui d’être en première ligne comme un suicidaire et il le fera s’il est sûr de sa réussite, son pessimisme ne l’empêche pas tout le temps de se lancer dans des actes insensés. D’ailleurs, même s’il est hésitant sur sa victoire, il ira jusqu’au bout pour faire en sorte de l’obtenir, la satisfaction n’en sera que plus grande. Ashill ne se nourrit que du bonheur de son entourage, c’est un grand chevalier blanc ; c’est après tout la mission qu’on lui a assigné : apporter la paix en Enkidiev, même s’il reste toujours sur sa position de tous les envoyer dans les plaines de lumière pour qu’ils obtiennent enfin la véritable paix. Il est également très protecteur envers ses alliés, il assistera sans relâche ceux qui en ont besoin et qui sont dans son camp ; par contre, l’inverse lui est très pénible, il déteste qu’on prenne soin de lui ou qu’on se soucie de son cas, soi-disant qu’un mort n’a personne sur qui compter. Ashill restera néanmoins très loyal envers ses alliés, c’est quelqu’un de très pieu envers le Panthéon vu que les dieux sont ses ultimes maîtres. Au plus profond de son être, il souhaite être libre tel un papillon qui est son animal préféré ; il pense qu’il ne pourra l’obtenir qu’en détruisant ses alliances, sauf qu’il ne le fera pas volontairement, il attend juste qu’un choix lui permette d’emprunter cette voix sans à montrer pertinemment qu’il le souhaitait réellement. Pour ainsi dire, on pourrait le qualifier de manipulateur, c’est d’autant un défaut qu’une qualité vu que cela peut toujours servir dans certaines circonstances. Oh oui, question d’utilité, Ashill se montre être un expert, il se qualifie lui-même d’objet ou d’arme disponible pour tous ceux qui ont besoin de lui, il ne s’opposera aucunement aux traitements qu’on peut lui infliger si cela peut satisfaire ses maîtres. Néanmoins, il peut se montrer attentif aux avertissements, et c’est là qu’il changera automatiquement de mode de fonctionnement ou de comportement ; il n’aime pas d’ailleurs qu’on le rappelle à l’ordre, cela peut signifier qu’il a mal agit et il fera en sorte de se racheter. D’où son aversion pour les orages qui lui rappellent l’avertissement des dieux sur son comportement, les fameux éclairs frappant à même le sol pour ramener de force les immortels rebelles. En revenant à son honnêteté sans égale, cela peut être considérer comme une qualité dans la mesure où il dénoncera un crime ou une bourde d'un tel, la vérité fait toujours du bien à entendre, presque toujours. Pour finir, Ashill possède certains hobbies qui peuvent aider à améliorer ses relations avec les autres : il aime bien par exemple les méditations pour réfléchir et se détendre, elles revalorisent également sa patience légendaire, les jeux sont aussi un divertissement qu’il ne rejette pas, que cela impliquent des cartes, des pions ou autres, enfin il possède un certain goût pour l’art de la peinture, c’est notamment les couleurs qui paraissent agréables pour ses yeux ternes, cela diffère fortement des ténèbres qu’il a enduré dans sa première vie et il ne faut pas assurer que cela lui déplaît, bien au contraire.




Ashill, un héros des temps anciens 394190CopiedeSanstitre41


~ POUVOIRS MAGIQUES ~

Omniscience ~ Sous-pouvoir semblable à la télépathie et la collectivité, se rapprochant toutefois plus de l’empathie. Ashill est relié symbiotiquement à tous les êtres peuplant le monde, même au monde entier en fait, comme des chaînes innombrables qui viennent se coller à lui, il peut donc capter et entendre toutes les conversations télépathiques dans le périmètre d’un royaume, ou par le biais d’une zone de sonde pouvant aller jusqu’à Irianeth, mêmes les plus privées, traversant aussi les barrières mentales sans grand mal. De plus, comme dit, ce pouvoir a des propriétés empathiques, il ressent les émotions que les gens autour de lui, ou se trouvant dans la zone qu'il sonde grâce au démon de Jérianeth, tentent de dissimuler et capte toutes les pensées les plus fortes, ou moyennement fortes. Ce pouvoir est dit "permanent", c’est-à-dire qu’il est sans cesse activé et qu’Ashill peut entendre toutes les conversations sans pouvoir les faire taire ; en gros, il n’obtiendra jamais le silence. L’inconvénient de ce don est que ce n’est pas de la télépathie à l’état pur, puisqu’Ashill ne peut pas envoyer de message : même s’il peut en recevoir, il est dans l’incapacité d’y répondre, se contentant donc de parler en face à face. On conjecture également qu’il comprend les langues des autres êtres (civilisées, animales, végétales) en captant leurs pensées les plus fortes lorsqu’ils communiquent à leur manière, ce qu’il fait qu’il comprend ce qu’on veut lui dire mais pas exactement ce qu’on lui a dit ; ce serait également grâce à ce même pouvoir qu’il sache se servir d’un objet inconnu pour lui, en absorbant les connaissances de l’utilisateur sur ce même objet, c’est ce qui lui sert à manier correctement les armes qu’il désarme par exemple.

Impact ~ Un don qui justifie sa force assez surhumaine. Ashill est définitivement plus un guerrier qu’un mage, toute son énergie magique est contenue dans ses muscles, il ne peut pas user de la magie pure à cause de cela. Néanmoins, il apprit à tirer parti de cette magie présente dans son corps pour l’utiliser au corps-à-corps : lors d’une action quelconque (par exemple, l’entrechoquement d’une lame adverse contre la sienne), il peut faire glisser son énergie dans son arme afin d’aggraver le choc, la puissance d’impact en devient plus forte, comme s’il donnait l’allure de frapper plusieurs fois en un seul coup, le contact en devient presque une explosion en soi. Il peut aussi faire glisser cette énergie dans son corps pour frapper plus fort avec son poing ou son pied par exemple ; et pour plus d’efficacité, il imprègne une partie de son énergie (par contact uniquement) dans l’objet ou la personne sur lequel/laquelle il veut agir afin d’abaisser sa résistance au choc, combiner cela à une augmentation de sa propre force grâce à son énergie et le résultat peut se montrer exceptionnel. Ashill est aussi capable d’obliger cette énergie interne à sortir de son corps, elle se manifeste sous forme d’une aura blanchâtre pouvant être manipulée sous la forme de rayons, sphères, vagues, etc… qui sont de types physiques : s'en prendre de plein fouet pourrait s'apparenter à une succession simultanée de coups de poings. Cela lui permet en quelque sorte de frapper à distance, il s’en sert notamment contre les sorciers pour rivaliser contre leur magie. Cependant, le revenant n’est pas du genre à rester à distance, il utilise surtout cette énergie extérieure pour dévier les énergies adverses de leur direction, donc Ashill peut d’un coup de bras renvoyer une attaque magique en relâchant une certaine quantité d’énergie au contact (par contre, les effets de l’attaque adverse ne seront pas totalement annulés, une boule de feu lui laissera quelques brûlures par exemple). La faiblesse de ce pouvoir est qu’elle agit comme un facteur de fatigue : plus il l’utilise, plus il perd d’énergie, et donc plus son corps fatigue sous les efforts.


~ STYLE COMBATTIF ~

Né pour cela, Ashill a été entraîné très jeune à l’art du combat et a su montrer ses compétences durant de nombreuses batailles. Et comme tout guerrier lambda, il possède son propre style combattif.
On le remarque dès le premier coup d’œil, son style est axé sur une défensive agressive, c’est-à-dire qu’il est d’abord complètement sur la défensive au début du combat et laisse plusieurs ouvertures disponibles à l’adversaire, puis lorsque ce dernier arrive à lui, il retourne sa propre attaque contre lui avec force. Son armement léger fait souvent croire qu’il est faible alors que c’est un vrai bourrin. Il maîtrise une technique de pugilat consistant à se battre à mains nues au corps-à-corps puis à user de son talent de désarmement après une esquive, un blocage et une possession de l’arme. Ashill peut désarmer son ennemi dans n’importe quelle situation, même s’il porte déjà une arme dans l’action vu qu’il est ambidextre, il se bat néanmoins plus avec sa main gauche ; il peut également porter n’importe quelle arme vu qu’il arrive à les maîtriser rapidement suite au premier toucher. Après qu’il ait réussi à désavantager son adversaire, c’est là qu’il fait exploser toute son ardeur de combattant : sa magie est faiblarde car toute son énergie est enrobée dans sa force physique, ce qui fait de lui un guerrier hors-pair pouvant repousser des attaques physiques ou magiques rien qu’avec sa force ; il n’est pas très rapide mais son agilité combinée avec son pouvoir d’impact peut faire des ravages pour pallier à cette faiblesse. En combat, il n’a aucun honneur, il reste déloyal, c’est bien pour cela qu’il tente de désarmer son adversaire ou de l’entraîner dans une situation épineuse, c’est la victoire à tout prix pour lui ; il respectera néanmoins les règles qu’on lui impose s’il y en a.
Le battre peut se montrer assez corsé, il aura tout de même du mal à rivaliser avec un magicien vu qu’il possède une résistance magique quasi-nulle, pour tout dire c’est la seule façon de lui faire mal : le bombarder de sorts divers. Outre cela, son insensibilité congénitale à la douleur lui offre une puissante adrénaline, il ne s’arrêtera jamais si on ne parvient pas à le couper dans son élan ou qu'il sature ses réserves magiques l'aidant à activer son corps. Il est mort après tout, il est inutile de faire du mal à un revenant à part en jouant avec son esprit. Les deux seules manières de le tuer semblent être de lui couper la tête ou de détruire complètement son corps, c’est pour cela qu’il fait attention à ces détails en plein duel.


~ TALENTS DIVERS ~

C’est bien beau de connaître milles et une façon d’éliminer un homme, c’est là tout l’art du vrai guerrier. Mais Ashill a su développé quelques autres dons qui l’éloignent de la guerre et lui octroie une autre facette de sa personnalité.
Tout d’abord en s’attardant sur ses loisirs, il est contre toute-attente un grand joueur. Il est notamment très habile avec des cartes, bien sûr cette habilité cache de la tricherie. Car oui, même s’il ne refuse pas à être entraîné dans une partie, il utilisera tous les moyens possibles pour rameuter la victoire à lui. Si on ne l’interdit pas de tricher à l’avance, il usera de son don d’omniscience pour obtenir des informations lui permettant de renverser la balance en sa faveur, il reste assez discret quand il utilise ce don. Évidemment, s’il ne triche pas, il reste joueur honorable et jouera dans les règles de l’art, et cela ne veut pas dire qu’il est mauvais dans cette pratique, il reste un joueur assez bon. Sinon, c’est un fervent pratiquant de la méditation, étant un être à la fois paresseux et patient, il n’est pas étonnant de le voir flemmarder dans un coin sans être nullement dérangé. En fait, c’est surtout son rôle d’informateur qui lui oblige à faire cela, Ashill reste calme et contrôlé lorsqu’il projette le démon de Jérianeth vers un tout autre lieu, la collecte d’informations est un talent qu’il se refuse à laisser tomber et c’est bien grâce à cela qu’il se montre aussi patient et attentif.
On peut également dire que la plupart de ses aptitudes proviennent de son fameux pouvoir de l’omniscience. C’est bien grâce à ce don magique qu’il possède un instinct inné de savoir utiliser un objet rien qu’au toucher, cela est expliqué par le fait qu’il arrive à absorber les connaissances de l’utilisateur directement sur l’objet, d’où sa maîtrise quasi-parfaite des armes qu’il arrive à voler à ses adversaires en plein affrontement. Son lien symbiotique avec le monde lui permet aussi de pouvoir comprendre tout ce qui se passe autour de lui, notamment les langages inconnus comme ceux des animaux ou des végétaux qu’il parvient à décrypter en s’immisçant dans leur esprit. Pour tout dire, Ashill tient bien son rôle d’informateur et c’est un peu pour cela qu’on n’hésite pas à aller à sa rencontre pour obtenir certaines informations, aussi bien utiles que croustillantes.




Ashill, un héros des temps anciens 883060CopiedeSanstitre42


Ashill, un héros des temps anciens 111029042841330294
" Une grande puissance ne peut tenir qu’avec des piliers de choix "

Mon ancienne existence transcende votre temps, je ne suis pas né sur ces terres que vous protégez, je ne suis pas né parmi votre communauté divisée, je ne suis pas né dans le même but que vous. Ma propre naissance devait signifier quelque chose d’important, un fragment du glorieux symbole. Je n’étais qu’un pion parmi tant d’autres sur l’échiquier mondial, je portais la couleur d’une nation faible et désunie à la base. Quand je prononce ce nom d’Irianeth, vous pensez tout de suite au puissant et barbare peuple des tanieths, à leur continent volcanique et hostile, à la légion d’êtres qui gouvernent ces terres au loin. Ma version des tanieths est fortement différente de la vôtre, et cela n’est aucunement dû au fait que j’ai vu le jour au sein de leur hiérarchie. Cette période remonte à une si lointaine époque que j’ai cessé de compter les secondes au bout d’un moment, cela n’est pas vraiment important pour moi étant donné que je suis déjà mort, mon véritable âge importe peu à présent : je suis là, et plus là-bas.

Des siècles ou peut-être même des millénaires avant, l’Empire d’Irianeth n’existait pas. Pour être plus précis, il n’avait pas encore pris totalement racine, mais il allait bientôt l’être. Ce continent se nommait déjà Irianeth et il était déjà peuplé des hommes-insectes qu’on nomme tanieths. Il existe différentes sortes de tanieths, les plus communs restent les scarabées, argentés ou noirs, qui bordent la côte et une partie des terres intérieurs ; en s’enfonçant un peu plus au loin, on peut également tomber sur les mantes religieuses géantes ainsi que sur les abeilles géantes, il en existe bien d’autres mais les moins rares sont ceux que je viens de citer. Contrairement à ce que vous pensez, les tanieths ne sont pas idiots, ils ne sont pas plus intelligents que vous : ils sont tous reliés par ce qu’on appelle "la collectivité", et cette même union est la source même de leur essence. Pour faire simple, un tanieth comme tant d’autre a une conscience propre, mais il se doit d’être guidé et dirigé par d’autres, c’est seulement là qu’il se montrera plus rusé et malin. Il faut tout de même l’avouer : au début, ils étaient loin d’égaler votre raisonnement, mais cela est également vrai pour toutes les races existantes. Le peuple tanieth venait tout juste de voir le jour, il évoluait lentement mais sûrement ; peu à peu leur réunion érigeait une société sommaire mais assez stable, c’est de là qu’est née la collectivité, leurs esprits étant reliés les uns aux autres afin de parfaire leur force unie. Malgré cela, on ne pouvait pas vraiment dire qu’ils formaient un peuple : il y avait trop de cultures différentes, trop de langages gestuels et verbaux, des coutumes qui se perdent entre chaque rocher, et bien d’autres facteurs qui nuisaient à leur communion. Ils se disaient tous tanieths, mais ne se comprenaient pas, pas encore du moins.

Pour que le peuple continue de perdurer à travers les âges, tous les membres de cette communauté avaient besoin d’un homme, d’un seul tanieth : Listmeth. Aujourd’hui, on le connaît comme étant le dieu des tanieths et le tout premier empereur d’Irianeth, tout cela est vrai, mais durant sa vie mortelle il était un homme comme tant d’autre, possédant toutefois une faculté qui le rendait très important aux yeux de tous. Listmeth était déjà l’un des plus imposants tanieths qui n’est jamais existé, paraissant puissant et intimidant rien qu’à la vue de sa géante silhouette, puis il était le seul tanieth à pouvoir se reproduire avec les femmes et donc à pouvoir concevoir des progénitures ; en outre, il était le père de tout le monde. Tous les autres tanieths étaient stériles et ne pouvaient pas apporter la vie, moi-même je l’étais malgré mon métabolisme différent. Au fil de sa vie, ce grand tanieth commençait à prendre conscience de son rôle parmi ce peuple qui était le sien, on faisait en sorte qu’il vive grassement et donc assez longtemps, on avait peur que sa mort provoque la fin de l’existence tanieth. En réalité, on avait tort de penser ainsi : son successeur nommé Amecareth, comme tous les autres empereurs qui suivront, sera en mesure lui-aussi de concevoir des tanieths. C’est en fin de vie qu’un empereur donne vie à un tanieth qui n’est pas stérile et qui devient donc l’héritier légitime et direct du trône. Ce n’est que bien plus tard, il n’y a à peine quelques siècles après que la deuxième invasion d’Enkidiev soit un échec, que tous les tanieths deviendront capables de se reproduire, devenant même compatibles avec d’autres races alors que les anciens empereurs devaient recourir à la magie noire pour espérer enfanter une non-tanieth. En tout cas, même si Listmeth était indispensable au peuple, il n’en restait pas moins un homme qui ne se plaçait pas au-dessus de tous pour le moment : tous les tanieths étaient égaux et cette égalité était vouée à rester intacte jusqu’au moment où Listmeth a commencé à nourrir des ambitions patriotiques ainsi qu’à utiliser son importance aux yeux du peuple pour se hisser au rang d’empereur et plus tard en tant que dieu.

C’est avec ce désir de gloire que l’Empire d’Irianeth est né. Listmeth s’était adressé à tous les tanieths en s’autoproclamant comme leur chef, aucune vague de révolte n’était concevable du fait que son existence était synonyme de vie pour tout le peuple. On pouvait tout de même sentir un certain mépris naissant à l’égard du soi-disant chef, du moins jusqu’à ce qu’il commence à faire part de son envie de créer un Empire uni, fort et conquérant. Il argumentait sur le fait que la population croissante commençait à devenir alarmante, que leur continent ne suffirait pas pour contenir tout le monde ; il ne restait donc qu’une seule solution : trouver de nouvelles terres. Sauf qu’ils savaient qu’ils allaient devoir faire face soit à des terres désertes et inhabitables, soit à des terres habitables mais peuplées, et donc qu’ils allaient devoir s’en emparer par la force. Avec un peu de chance, ils tomberaient sur des îles convenables et désertes, cependant il ne fallait pas rester trop optimiste lorsqu’on supporte la dure vie d’un tanieth. Les arguments et directives de Listmeth commençaient à devenir valables aux yeux du peuple, le personnage en lui-même se montrait charismatique et il utilisait habilement cette popularité pour faire naître cette nation qu’il baptisa "Empire d’Irianeth". On le nomma premier empereur des tanieths et père spirituel du peuple ; son rôle ne se cantonnait plus seulement à la croissance de la population mais aussi à diriger ce nouveau gouvernement complexe. Le système des castes vit le jour, on distinguait les ouvriers, les soldats, les concubines, les dignitaires, les érudits, et bien d’autres. Le progrès technologique commença à accélérer, au point que les plus fanatiques se liguèrent pour obliger les architectes à construire une ruche pour leur empereur, ainsi est apparu la forteresse et ses innombrables alvéoles. Listmeth se reposait sur ses lauriers, il avait de quoi être fier d’avoir fait passer un peuple misérable et pauvre à un peuple fort et uni. Il en profita même pour créer sa propre religion en obligeant les tanieths à faire des sacrifices en son nom et à les soumettre à des rites macabres où on pratiquait des rituels masochistes, à verser notre sang pour lui, faire part de notre dévouement jusqu’à la souffrance. Moi-même j’étais un pratiquant très fanatique, je me lacérais la peau pour Listmeth et n’hésitait pas à offrir en sacrifice d’autres tanieths, enfin je n’étais pas encore né pour être l’un des premiers membres du culte. A côté de cela, l’empereur montait une armée très nombreuse : les soldats sont entraînés très jeunes et apprennent le maniement des premières armes forgées qu’étaient les lances argentées, vinrent un peu plus tard les épées et les dagues, il était beaucoup trop tôt pour qu’on trouve des armes trop sophistiqués comme les arcs ou les sabres ; celui qui dirigeait cet amas de combattants s’appelait Cieth et était le plus fort des scarabées après l’Empereur dont il est un grand ami. A cette puissance militaire se rattachait aussi les pratiquants de la sorcellerie, les sorciers devinrent très populaires et craint par la population ; le responsable de ces êtres doués de magie se nommait Nekialeth, un tanieth possédant une sorcellerie presqu’aussi puissante que l’Empereur dont il est le plus proche conseiller. Cette armée était la pièce maîtresse de l’Empire, Listmeth voulait à la base l’utiliser afin de rallier les autres tanieths avec lui et de pouvoir facilement conquérir les autres terres. Il resta très patient sur la montée en puissance de son Empire, lui laissant de nombreuses années avant d’entreprendre la première marche vers la conquête mondiale. Concernant mon cas, je suis né peu après que l’Empire fut créé et que Listmeth était au pouvoir.

Ma naissance résulte d’une fâcheuse rencontre, je suis le croisement d’un être céleste avec un tanieth. Donc, en toute logique, mon père est bien évidemment l’empereur Listmeth ; quant à ma mère, c’était une immortelle qui se nommait Pandora. Au service de tous les dieux et plus particulièrement avec son père qui n’est nul autre que Parandar, elle était née sur les terres d’Enkidiev. C’était à une époque où le dieu des étoiles était en froid avec sa femme Claudissia, même si cette mise à distance fut bien courte, Parandar s’était rendu secrètement sur Enkidiev pour avoir une liaison avec une humaine dont il aura enfanté entre-temps. L’émérienne, dont l’identité reste inconnue, mettra au monde une maître-magicienne qu’elle nommera Pandora. La jeune fille eut une vie paisible jusqu’à sa mort où elle apprit enfin ses origines célestes, devenant donc une immortelle. Parandar savait qu’elle était sa fille, et cacha son identité à sa femme tout en lui informant qu’il était son véritable père et qu’elle se devait de garder le secret. La nouvelle immortelle, ayant été très pieuse durant sa vie mortelle, obéit aveuglement au maître du Panthéon, devenant l’une de ses servantes les plus loyales. Son immortalité provoqua des changements physiques remarquables chez elle : ses cheveux noirs comme le charbon étant devenus blancs comme neige, et ses yeux verts ont viré au blanc opalien. A part cela, elle conservait son allure humaine, sa peau presque livide et sa petite taille. Lorsqu’elle était dans le monde céleste, elle fut l’initiée de plusieurs dieux qui lui apprirent à contrôler ses nouveaux pouvoirs, à respecter les lois du Panthéon et bien évidemment à être en mesure de remplir son rôle correctement. Pandora vint rapidement au bout de ses enseignements, on lui assigna la charge d’être une éclaireuse du monde des mortels, afin de prévenir le Panthéon de tout changement majeur qui puisse s’avérer nuisible pour les créations de Parandar. C’est lors d’une de ses excursions qu’elle tomba sur le continent noir d’Irianeth, découvrant la puissance mondiale naissante qui menaçait de plonger le monde dans le chaos. Elle aurait pu avertir son maître de ce détail plutôt important à ses yeux, mais elle n’aura jamais eu l’occasion de quitter le continent à temps.

Sa présence fut découverte par le chef des sorciers, Nekialeth, qui affronta l’intruse avec ses pouvoirs magiques. Le combat fut horriblement éprouvant pour le sorcier qui n’avait jamais affronté d’immortelle, cette dernière aurait pu même gagner l’avantage pour prendre la fuite par la suite si l’empereur en personne n’était pas intervenu dans leur affrontement. Complètement cernée et affaiblie par la sorcellerie des deux tanieths, Pandora fut emprisonnée dans l’une des cellules du donjon souterrain. Les geôliers tentèrent milles fois de la torturer en vain avec tous les instruments de torture inimaginables, aucune de leurs méthodes fonctionnèrent vu qu’elle semblait complètement insensible aux douleurs physiques, normal pour une céleste. Nekialeth eut l’idée d’en venir à la sorcellerie : cela fonctionna à merveille, la douleur pour l’immortelle en était insupportable, mais jamais elle ne parla de la raison de sa venue, ni de sa véritable identité. Le chef des sorciers fut radicalement surpris devant la résistance de la femme, étant encore vivante malgré l’ampleur de la puissance magique qu’il lui infligeait. Malgré tout, même s’il y mettait beaucoup du sien pour satisfaire son maître, jamais Nekialeth n'arrivera à faire cracher le morceau à Pandora. Sauf lorsque les forces de l’immortelle commencèrent à s’atténuer à cause de sa trop longue présence sur le monde mortel : étant une immortelle, elle devait se nourrir de liquide divin pour recharger son énergie, son pendentif céleste en forme de papillon commençait à s’éteindre petit à petit. Elle supplia le sorcier de ne pas la nourrir avec des aliments mortels mais de l’offrir du liquide divin, dévoilant donc son identité de céleste. Nekialeth connaissait beaucoup de choses sur le Panthéon et ses habitants, et il savait pertinemment qu’il ne pourrait pas lui offrir ce fameux liquide vu qu’il est extrêmement rare d’en trouver en ce monde, encore moins sur Irianeth. Étant donné que l’immortelle paraissait très importante aux yeux de l’empereur, le sorcier se mit d’arrache-pied à confectionner une substance ayant les mêmes propriétés que le liquide divin. Suites à de moult essais où Pandora était son cobaye pour tester ses créations, Nekialeth arriva enfin à fabriquer un liquide divin de substitution, qui s’avéra toutefois très faible face au liquide habituel ; l’immortelle dû en boire une énorme quantité pour se recharger complètement. Devenant soudainement plus bavarde envers le sorcier à cause de la crainte de prolonger ses tourments, elle lui parla de sa fonction et de la raison de sa présence en Irianeth, le sorcier comprenant ses paroles en usant de la sorcellerie pour convertir son langage en celui des tanieths. Sans attendre une seule seconde, Nekialeth alla rapporter ces précieuses informations à Listmeth qui se trouvait dans la salle du trône à ce moment-là.

" Altesse, la prisonnière a enfin daigné se délier la langue pour nous… "

" Ah, parles donc, sorcier. "

" Votre prisonnière est une immortelle, ayant eu un parent mortel et un autre qui est un dieu. Elle se nomme Pandora, et sa mission serait de servir d’observatrice sur notre monde pour rapporter tout ce qu’elle a découvert à ses maîtres. "

" Je vois, nous avions bien fait de l’intercepter avant qu’elle révèle notre Empire à ces dieux, qui sait ce que ces êtres puissants auraient pu faire contre nous… "

" Sachant cela, devrions-nous éliminer la prisonnière, mon seigneur ? En associant nos puissances magiques, il sera aisé de… "

" Non, j’ai d’autres projets à son égard. Elle a du sang céleste, et un potentiel magique qui dépasse même tes capacités, nul doute qu’elle pourrait nous apporter une progéniture qui possédera une puissance écrasante en associant ma propre force et celle de cette femme. "

" Certainement, maître, mais elle reste une non-tanieth, il faudra que vous recourrez à la magie noire pour vous reproduire avec elle… "

" Je compte bien employer tous les moyens mis à ma disposition pour obtenir ce futur prodige, peut-être même que son sang hybride lui permettra d’être un successeur tout désigné s’il peut se reproduire avec les tanieths. "

" Et lorsque vous aurez eu l’enfant, que ferions-nous de l’immortelle ? "

" Nous la relâcherons. "

" Plaît-il, maître ?! Mais pourquoi faire une chose pareille ?! N’aviez-vous pas dit plus tôt qu’il serait drastique si ses dieux s’en prennent à notre nation ?! "

" Justement, notre Empire est peut-être encore jeune mais il est déjà au-dessus de nos espérances. Ce ne sont pas des êtres supérieurs qui nous feront fléchir, que cette immortelle remplisse son rôle en révélant que leur Panthéon est menacé par la gloire d’Irianeth ! "

" Votre Altesse, avec tous les respects que je vous dois, je ne pense pas que ce soit la meilleure attitude à prendre… "

" Silence, Nekialeth ! Rappelles-toi que je suis un futur dieu, s’il existe d’autres concurrents à notre ascension, qu’ils viennent directement en découdre avec nous. "

Suite à ces paroles, l’empereur se rendit directement vers les donjons pour aller rendre visite à sa nouvelle concubine. Le sorcier Nekialeth, tout comme moi d’ailleurs, pensait que l’orgueil prenait le pas sur la raison de son maître, même s’il savait que Listmeth restait très puissant, ils ne connaissaient pas l’étendue de la menace que pouvait représenter les dieux dont Pandora parlait. Au moins, le sorcier était rassuré quelque peu sur le fait qu’il était au courant que les dieux ne pouvaient agir directement sur le monde des mortels : s’ils voulaient contre-attaquer la menace de l’Empire, ils se devaient de faire appel aux autres êtres peuplant le monde, qui étaient, aux yeux des tanieths, inférieurs à eux. De toute manière, il aura fallu des siècles avant que l’Empire commence à avoir des difficultés dans ses conquêtes à cause des chevaliers d’Émeraude bénis par les dieux eux-mêmes ; ils adoraient beaucoup trop les terres d’Enkidiev pour laisser les enkievs se faire assujettir de la sorte. Enfin, cette période ne me concernera pas, j’ai bien été procréé la nuit-même où l’empereur s’était mis en tête d’obtenir ce prodige dont il rêvait. Faisant fi des avertissements de son conseiller, il rendit visite à Pandora. Listmeth tomba sous le charme de la femme qui, de son côté, était répugnée par le physique de l’empereur, elle ne lui trouvait d’attrayant que ses petits yeux mauves qui contrastaient fortement avec la totalité de sa carapace noire, ainsi qu’avec ses nombreux bijoux et habits luxueux. Usant lui aussi de la sorcellerie pour communiquer avec l’intruse, l’empereur se mit à tisser le premier contact avec l’immortelle enchaînée de la tête aux pieds par des maillons ensorcelés lui empêchant d’user de la magie pour s’échapper.

" Je suis l’empereur Listmeth d’Irianeth, futur dieu conquérant de ce monde. Tu te nommes donc Pandora, c’est cela ? "

" Oui… "

" Ne sois pas aussi attristée, tu sortiras bientôt de cette prison pour retourner auprès de tes maîtres. "

" J’ai un peu du mal à y croire. "

" Pourtant c’est la stricte vérité, je compte te laisser partir au bout de quelques mois. Mais avant cela… "

Listmeth leva son imposant bras droit pour faire appel à ses pouvoirs, refermant les barreaux de la cellule derrière lui grâce à sa télékinésie, puis fit face à la femme en commençant à se débarrasser de ses vêtements gênants, faisant comprendre définitivement à ma future mère de ses intentions malsaines, l’immortelle était trop apeurée par ce qui allait lui arriver pour tenter de défaire ses liens.

" Je souhaites que tu me rendes un service qui me tient à cœur. "


Dernière édition par Ashill le Dim 11 Déc 2011 - 18:21, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ashill
Prisonnier d'Émeraude
Ashill


Nombre de messages : 15
Age : 30
Localisation :
Points : 12
Date d'inscription : 26/08/2011

Feuille de personnage
Âge: Inconnu
Maitre/Écuyer: Le Panthéon, entre autres
Âme soeur: Aucune importance

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeVen 28 Oct 2011 - 23:06

Ashill, un héros des temps anciens 111029042337817631
" Mes différences m'ont forcé à dépasser ma propre nature "

Voilà toute l’histoire, mon père était l’homme le plus craint du monde et ma mère une femme ayant eu la malchance de tomber sur sa route. Listmeth attendait un prodige, se disant qu’avec un peu de chance j’allais hériter de ses grands pouvoirs vu que ma mère était une puissante magicienne, je serai comme un demi-dieu en quelque sorte. Évidemment, ce ne sera pas le cas, les souffrances de Pandora durant la grossesse auront été pratiquement inutiles à première vue. Neuf mois de calvaire infernales, tous les jours Nekialeth lui faisait boire cette mixture qu’il avait créé : cela nourrissait les appétits de la céleste, mais cela entraîna également quelques effets secondaires involontaires. D’abord ses yeux pâles ayant finis par devenir complètement noirs, elle sentait également un autre mal-être en parallèle avec la grossesse, comme si quelque chose la rongeait de l’intérieur. Cette implacable douleur empira de jour en jour, au fur et à mesure que le jour de ma naissance se rapprochait dangereusement. Outre le mal que cela lui causait, et cela même malgré son immortalité, la peur hantait toutes les heures de son existence : elle avait été violée par un être biologiquement différent d’un humain, que deviendrait l’enfant ? Serait-il un monstre à l’image de son père ou aussi pur que sa mère ? On peut dire que le résultait variait entre les deux, mais elle n’en aura eu la réponse que lorsque les premières contractions s’opéreront. D’ici là, elle restait cloîtrée dans cette cellule largement plus lugubre et oppressante que celle d’un immortel, toujours assise ou couchée sur le sol, enchaînée de la tête aux pieds, même pas une lueur solaire filtrait parmi les fissures étant donné que le peuple tanieth était nyctalope. Lors de ces quelques mois paraissant une éternité pour elle, elle dû se faire au mode de vie tanieth, étant souvent dérangée durant la nuit à cause des autres prisonniers quelque peu agités, la majorité n’étant que des tanieths dont les sorciers se servaient comme cobaye ; ce ne sera que bien plus tard que les geôles de la ruche accueilleront des races du monde entier du fait de l’expansion croissante de l’Empire sur les autres territoires. Pandora souhaitait à la fois quitter cet enfer, et à la fois ne pas en voir le bout : puisqu’après ma naissance, que deviendra-t-elle ? Restera-t-elle pour toujours ici comme amuse-gueule ? Ou sera-t-elle terrasser par la puissance écrasante des sorciers ? C’était déjà un exploit qu’elle ne soit pas torturée durant son séjour à Irianeth, même si elle mettait cela sur le compte de la grossesse qui ne se déroulerait pas comme prévue si elle n’avait pas une santé stable, malgré tout la terreur la tiraillait à chaque seconde…

Et cette peur atteignit son paroxysme lorsque vint enfin le jour de ma venue en ce monde, enfin la nuit plutôt. Irianeth était plongé dans l’obscurité la plus totale, ses habitants s’activaient comme un brouhaha insupportable, et c’est dans ce rassemblement de sifflements et de cliquetis que je suis né. Plusieurs femelles ont été conviées à assister à l’accouchement, Nekialeth était parmi eux pour user de sa sorcellerie s’il s’avérait que cet évènement se produise mal, Listmeth était de l’autre côté des barreaux, impatient de voir à quoi son prodige allait ressembler ; l’un de ses plus proches amis, et également chef des armées, nommé Cieth faisait aussi parti des témoins. On peut dire que l’accouchement s’était très bien passé, je suis bien né sous les yeux de mes parents et de mes futurs mentors, sauf que contrairement à ce que croyait Pandora : j’étais encore dans un œuf, à cause de mes caractéristiques tanieths. Voir cette "chose" sortir de son corps l’effraya au plus haut point, ce qui n’était évidemment pas le cas des tanieths autour d’elle qui savaient qu’ils pondaient des œufs comme tous les insectes. Cette étape d’un accouchement inhabituelle surmonté, l’immortelle haleta fortement, à la limite de l’évanouissement. C’est cependant des bruits de craquelures qui la retinrent à la réalité, la source de ces fissures provenait de mon œuf qui se brisait petit à petit sous les yeux effrayés des tanieths. Listmeth étant le plus paniqué de tous, c’était très mauvais signe qu’un œuf éclore aussi rapidement après l’accouchement. Tentant de maintenir le zygote en place, Nekialeth usa de nombreux arcanes pour permettre à la larve à l’intérieur de rester en vie, Pandora était plus ou moins soulagée que cet accident arrivait, comme cela son agresseur n’aura pas eu ce qu’il convoitait depuis des mois. Cependant, malgré les efforts du sorcier, l’œuf se détruisit de lui-même pour laisser finalement entre les griffes d’une des femelles un petit poupon : je suis né comme étant le tout premier hybride dont le sang était dilué avec celui d’une immortelle et d’un tanieth, le tout premier maître-magicien tanieth en somme. Contrairement à ce que tous pensait il y a à peine quelques minutes, j’étais bel et bien vivant, je n’avais plus besoin de cet œuf pour vivre, ma croissance dans le ventre de ma mère s’était achevée. Je ressemblais davantage à un céleste qu’à un tanieth, mes seuls héritages physiques de mon père étaient mon sang, ma carapace de coléoptère à la place du dos et des ailes qui pousseront quelques années plus tard. A part cela, j’avais tout d’un céleste : une peau plutôt pâle étant donné mon sang céleste, pas de griffes ou de crocs, quelques cheveux noirs étaient présents sur mon crâne, et on fera cas de figure de mes yeux gris quand je les ouvrirai pour la première fois. Finalement, ma mère devait avouée que son tout premier enfant paraissait beaucoup moins effrayant de ce à quoi elle s’attendait, si elle exceptait la carapace noire. Les tanieths, dont le sorcier, le chef d’armée et l’empereur, étaient littéralement abasourdis devant ce phénomène ; les femelles ne s’y connaissaient absolument pas en ce qui concernait les préliminaires après la naissance, dont le cordon ombilicale qui les laissait pantois, Pandora dû leur informer de tous ce qu’elles devaient faire, Nekialeth la traduisant pour elles. Listmeth était plutôt déçu de prime abord de mon apparence radicalement différente, même s’il ne s’attendait pas non plus à obtenir un tanieth de pure souche, c’est d’ailleurs en partant de ce fait que j’étais différent d’eux qu’il me nomma "Ashleth", qui signifie "autre" dans le dialecte tanieth.

Les trois hommes laissèrent les femelles s’occuper de l’immortelle, après que Nekialeth leur ait informé de m’emmener parmi les autres couvains lorsqu’elles se seront assuré de l’état de santé de la mère. Je grandis donc parmi une troupe de larves qui n’avaient encore aucune conscience, je restais assez capricieux selon les servantes des pouponnières, même si elles s’occupaient de moi avec autant de soin qu’une autre larve, étant donné que Listmeth plaçait beaucoup d’espoir en moi et que j’arrivais au moins à me familiariser à leur horloge interne, en m’habituant à la vie nocturne, ainsi qu’en acceptant la seule nourriture offerte pour les couvains : de la viande crue. Je ne grandis donc pas tout à fait comme un humain normal, ma croissance n’en était pas compromise pour autant. Depuis ma naissance, jamais ma mère n’aura vu mon visage, même si elle insistait pour savoir comment je portais et bien d’autres questions ; les tanieths ne comptaient pas l’informer de tout cela, elle était consciente que si je ne conformais pas aux attentes de l’empereur, elle en répondrait. Fort heureusement pour elle, Listmeth et Nekialeth gardèrent un œil attentif sur ma petite personne, s’assurant que je me portais bien en faisant fi de mes différences ; je grandis lentement mais sûrement. C’est lorsque j’ouvris les yeux pour la première fois sur le monde que l’empereur fut de plus en plus convaincu de mon importance pour le continent malgré mon étrangeté, mes pupilles argentées dardant d’un regard si vide mon paternel, mon absence d’expression était expliqué par le sang immortel qui coulait dans mes veines, même si j’étais théoriquement un maître-magicien. Le sorcier Nekialeth fut autorisé à m’examiner afin de constater que je possédais bel et bien quelques traces de magie à l’intérieur de mon corps, c’est d’ailleurs au bout de cet examen approfondi qu’il déclara même que je dépassais complètement leurs espérances : je possédais une puissance magique aussi prononcée que celle de l’empereur, un digne héritier en somme. Satisfait au plus haut point de cette nouvelle, Listmeth décida de relâcher finalement l’immortelle pour qu’elle prévienne ses supérieurs de la menace que représentait son Empire, son orgueil démesuré remporta sur les suggestions plus raisonnables du chef des sorciers. Afin d’assurer la réussite de la libération de l’immortelle, Nekialeth dû être accompagné de Cieth, ayant toute une escouade de soldats d’élites avec lui, et de quelques sorciers ; pour avoir failli être battu par cette femme, le sorcier préférait prendre ses précautions. Quand elle vit tout ce monde s’amonceler devant sa cage, Pandora crut aux pires scénarios possibles mais jamais à ce qu’on lui annonce une chose pareille.

" Sur ordre de l’Empereur Listmeth, vous êtes libre. Vous allez devoir retourner dans votre monde et prévenir vos dieux que l’Empire ne s’écroulera jamais sous leur juridiction, c’est l’unique condition qu’ait souhaité notre maître de votre part. "

" Je… Compris, mais… Et l’enfant ? Puis-je au moins le voir ? "

" Non, vous allez être libérée sur-le-champ, et allez devoir partir sans jamais revenir, c’est davantage un conseil qu’un ordre. "

" Comment l’avez-vous appelé, et que deviendra-t-il ? "

" Je peux juste vous informer que votre fils se nomme Ashleth, et que son avenir reste confidentiel. Sachez toutefois que sa place en Irianeth est un privilège accordé que très rarement à nos propres sujets, c’est la première fois que nous accueillons un étranger dans nos rangs. Vous devriez être honorée d’être la mère d’un garçon aussi glorifié par l’empereur lui-même, malgré que je conçoive que vous n’aviez pas eu un traitement de faveur en nos frontières, mais cela vous aviez dû le voir et le comprendre depuis ces quelques mois. "

" Je n’en sais que trop… Je désapprouve catégoriquement ce que votre maître m’a fait, néanmoins j’espère que cela aura été nécessaire au moins pour vos intérêts : qu’il survit en ce monde ; il n’a pas à être en tort de vos déceptions, qu’il ne devienne pas qu’un gâchis à vos yeux… "

" A cela, je ne répondrais qu’une chose : tout dépend d’Ashleth, et seulement de lui. "

Suite à ces quelques échanges, Cieth ordonna à ses sous-fifres de retirer les chaînes qui étaient restées pendant de nombreux mois aux poignets et aux chevilles de la prisonnière. Dès qu’elle fut libérée, aussi bien physiquement que magiquement, Pandora ne chercha aucunement à se rebeller, que y gagnerait-elle à part la fin de son existence, ou même un renouvellement du cauchemar qu’elle venait de vivre ? Elle était consciente qu’elle n’avait aucune chance face à une telle armada qui lui servait d’escorte, surtout dans un état aussi faible et misérable. Il lui tardait de rentrer en son monde pour boire de nouveau le liquide divin, le vrai cette fois. L’immortelle fut donc traînée étroitement jusqu’à une falaise donnant sur l’océan, puis on l’ordonna de disparaître ; elle obtempéra sans tarder, n’ayant apparemment pas tenté de s’en prendre à eux, les tanieths furent donc soulagés de sa coopération. L’immortelle, ayant appris à obéir aux directives des autres, s’était immédiatement précipitée dans le monde céleste où elle informa Parandar lui-même de l’existence de l’Empire tanieth ; Claudissia n’approuva aucunement qu’un tel danger menace le cadeau que son mari lui ait offert par amour, ce cadeau dont je parle étant bien évidemment notre monde et nous tous qui le peuplent. Le maître du Panthéon finit par céder à la majorité de faire quelque chose contre ce peuple tanieth, c’est là qu’il fit entrer en jeu l’immortel Danalieth, dont sa charge était d’endoctriner le peuple tanieth aux lois du Panthéon et les pacifier, comme le fera Abnar bien plus tard avec les peuples d’Enkidiev. Bien évidemment, comme nous le savons tous, jamais Danalieth se rendra sur Irianeth puisqu’il profitera de son séjour en notre monde pour atterrir à Osantalt où il rencontra son père biologique qui était un elfe, et y restera au point d’en oublier sa fonction. C’est ce refus de réaliser sa mission qui provoquera son bannissement du Panthéon ; enfin, l’histoire de Danalieth ne me concerne pas, il faut juste savoir que Pandora n’avait pas digéré qu’on ne faisait plus rien pour nuire à la croissance de l’empire tanieth, même si elle ne fera rien qui n’aura pas été souhaité par les dieux. Au final, Irianeth restera aussi forte qu’elle l’était, sans se préoccuper de la menace divine que l’empereur lui-même finira par oublier. Je grandis donc à l’écart de toute influence, ou presque, du Panthéon malgré mon ascendance divine.

Le début de ma vie a été pour ainsi dire complexe, je n’ai pas vraiment eu une enfance torturée ou malsaine pour un gamin, disons que peu importait mon ancienneté le scénario aurait toujours été le même. Je ne ressemblais aucunement à un tanieth, je n’avais pas de mandibules, de griffes ou d’épaisse carapace ; sauf ma carapace dorsale, mais comment pouvait-on en prendre compte alors que, de dos, on apercevait également mes cheveux noircis et mes jambes élancées ? Radicalement différent du peuple, ce dernier savait exactement comment me recevoir : avec des bagarres, des insultes, et j’en passe. J’étais l’être indigne aux yeux du peuple, quoi de plus normal pour être l’étranger numéro un du continent ? Je ne pouvais user de l’argument que j’étais le fils de Listmeth, étant donné que nous l’étions tous auparavant, et puis ce n’était pas parce que l’empereur plaçait en moi quelques espoirs que je devais être privilégié : d’une part parce que j’étais loin d’être le seul favoris du souverain, et encore moins le premier, et d’autre part parce que si je n’arrivais pas à survivre par mes propres moyens dans la société tanieth, cela voulait donc dire que je ne méritais pas d’en faire partie, et que les espérances de mes maîtres n’étaient que futilités. On ne pouvait pas dire que j’étais brisé psychologiquement : j’étais issu de la lignée de Parandar, du sang divin coulait dans mes veines, je n’avais que peu de sentiments à exprimer étant donné ma semi-nature d’être dénué d’émotions. Aussi, j’avais une sorte de maladie : une insensibilité congénitale à la douleur, c’est-à-dire que je ne ressens pas la douleur, j’ai beau la subir elle ne me fait pas mal ; mon corps souffre à la place de mon esprit qui y reste insensible. De plus, dès mon plus jeune âge, je savais qu’on attendait de moi à ce que j’obéisse, à ne pas être inutile à leurs yeux, justement pour faire valoir mon intérêt malgré mes différences. C’était mon ultime épreuve : devenir un tanieth à part entière, je peux d’ores et déjà vous dire que peu de personnes ont eu l’audace et même la chance d’y parvenir, puisqu’il n’y a pas plus insurmontable que de renier sa propre nature pour se rattacher à une autre, que cette dernière soit à la base ancrée en nous ou non. Ainsi donc, je devins un jeune bambin soumis, docile et à l’écoute de tout et de tous ; cela n’empêcha pas le fait que je retournai à la forteresse couvert de bleus ou de sang, mais je niais ces réactions justifiées du peuple, il m’arrivait même d’avoir failli rencontrer la mort, mais j’ai toujours su y échapper, je ne pouvais tout simplement pas accepter de quitter ce monde au risque de décevoir ceux qui croyaient en moi. Mon existence se résumait à cela : vivre pour satisfaire les autres, leurs mêmes satisfactions provoquant la mienne ; j’ai été, je suis, et je resterai l’objet du désir du monde, puisque j’étais fusionnement enchaîné en lui. Et cela est loin d’être une métaphore, c’était la réalité pure : comme tout être de ce monde, sujet ou objet, j’étais qu’un fragment qui ne souhaitait que se faire une place correcte, même si je restais pour la plupart du temps froid et distant, toujours dans mon coin à flemmarder ou à me distraire de toutes les manières possibles, mais ma paresse attendait surtout à ce qu’on me tire de mon sommeil pour entrer en scène. Quelques personnes m’ont plus ou moins obligés à me fondre dans la masse tanieth, à me surpasser dans mes engagements afin qu’on m’accepte. Ce fut une franche réussite quand j’avais dépassé mes seize ans, j’étais devenu en quelque sorte le prodige qu’on attendait même si les attentes n’ont pas été totalement satisfaites et que la plupart ont buté sur d’autres contentements ; je reste un artiste, je vous sers à ma manière en allant chercher au-delà de vos instructions et votre désir en restera satisfait, ce n’est qu’une marque personnelle si on peut dire. Je réalise cela autant avec vous qu’avec n’importe qui, j’ai fait la même chose avec les personnes qui ont régis ma vie d’antan ; si je devais citer le peu de noms possibles, je n’en prendrai que quatre.

Tout d’abord, ce fut le chef des sorciers Nekialeth qui prit une grande importance dans ma mémoire. Même si mon père biologique était l’empereur, je ne peux qu’avouer que le sorcier était comme un père de substitution pour moi. Le plus puissant jeteur de sorts du continent, il eut de nombreux apprentis qui sont devenus de grands sorciers par la suite. Faible physiquement, il est loin d’être un féroce coléoptère, seuls ses grands yeux rouges illuminés peuvent paraître intimidants, ainsi que sa rangée de puissantes dents toujours visible de l’extérieur. C’était un homme voué à faire partie de la main d’œuvre ouvrière, comme la plupart des tanieths les plus faiblards, sauf qu’un "accident" durant son enfance trahit la puissance magique qui sommeillant en lui, le peuple décidant d’en faire un sorcier. De toutes les générations précédentes des mages, on pouvait affirmer qu’il était l’un des grands ; sa carrière avançant, il eut l’honneur de devenir le conseiller de Listmeth quand celui-ci créa son Empire. Étant donné qu’auparavant le sorcier avait affirmé que de la magie coulait dans mes veines, et qu’elle serait plus écrasante que prévue, l’empereur convia à Nekialeth de s’occuper de moi durant toute mon enfance. Je pris quartier dans une alvéole se situant dans le même couloir que la sienne, dans la forteresse évidemment. J’eus le strict minimum de ce que je souhaitais, n’ayant jamais voulu avoir des possessions en plus pour me distraire, comme des jouets par exemple : je me contentais de ce qu’il se trouvait dans mon environnement, et en faisait ce que je voulais, ou dans la plupart des cas je me couchai sur mon lit composée de fourrures et de coussins pour m’endormir. Flemmard de prime abord, j’appris à impressionner mon maître-sorcier, Nekialeth me qualifiait d’élève appliqué, toujours à l’écoute et possédant une bonne mémoire. C’est à partir de mes quatre ans que je commençai à avoir des cours de sa part, les tous premiers étant surtout de la culture générale sur Irianeth et le monde, il m’enseigna également la langue tanieth que j’arrivais à parler étant donné que mon sang d’insecte ait opéré quelques modifications sur ma mâchoire intérieure, me permettant de réaliser des sifflements et des cliquetis aisément. Une autre découverte est qu’à l’image de mon père, je possédais des ailes de coléoptères sur ma carapace : composées d’énormes nervures reliées entre elles par un voile noir, je peux les replier et déplier en faisant sortir ces nervures depuis l’entrouverture de ma carapace, faisant tout le long de ma colonne vertébrale. Elles ne ressemblaient aucunement à celles de chauve-souris de mon paternel, mais c’était plutôt rare que des tanieth possèdent des ailes ; selon Nekialeth, elles seraient même très ressemblantes à celles de la race des hommes-papillons, en moins colorées évidemment. En tout cas, le fait que mes ailes aient poussées prouvent que mon stade imago s’était totalement achevée, ma naissance en ayant été la première étape ; malgré qu’il en était dénué, Nekialeth m’entraîna grâce à ses manuscrits à me servir de ces atouts aériens. Même si elles pouvaient s’avérer souvent très utiles, je n’en userai que très rarement durant ma vie, elles étaient vraiment fragiles et je ne souhaitais pas en faire un fardeau ; même si je leur ai trouvé une toute autre utilité bien plus tard.

Ce que Nekialeth avait compris durant mon enfance, c’est que j’avais besoin de protection, mais sans qu’il ait à intervenir. Je devais apprendre à me défendre par mes propres moyens, le sorcier était toujours déploré en m’apercevant revenir à la forteresse avec des blessures plus ou moins graves. Je ne me plaignais jamais, je les acceptais : à travers leurs coups et leurs menaces, j’entendais leurs souhaits, ce qu’ils auraient voulu que je sois. A cela, le sorcier ne pouvait pas comprendre, il ne pouvait que s’en rapprocher partiellement. Il décida d’enfin commencer à user de ma magie, un moyen comme un autre de faire valoir mes valeurs. Comme dit, la première chose qu’il avait remarqué était que mon potentiel magique était époustouflant, et c’était en partie faux : je ne pouvais tout simplement pas utiliser cette énergie à pleine puissance, puisqu’elle était gâchée dans ce qu’il appelait ma "liaison symbiotique avec le monde". Pour être un peu plus clair, c’était comme si toute ma magie recouvrait ma silhouette et qu’elle se divisait en d’innombrables lignes se rattachant à tout objet et sujet, dans le moindre périmètre, rien ne leur échappait, c’étaient des chaînes qui me liaient à tout et à tous, j’étais le centre de ce Tout qu’était le monde. Et c’est là que les inconvénients persistaient : cela me rendait très passif quand je ne faisais rien, mes siestes et nombreuses méditations en étaient la preuve, cette aura était un fardeau beaucoup trop lourd à supporter, sans compter ma carapace dorsale qui était déjà assez gênante ainsi puisqu’elle me donnait des problèmes de dos, m’obligeant souvent à me courber ; j’étais en tout temps fatigué en somme. De plus, vu qu’une grosse part de mon énergie est gaspillée dans ces liens, je n’ai en mon corps plus qu’une partie infime, même pas suffisante pour matérialiser une sphère d’énergie. Je pouvais en d’autres termes faire une croix sur la sorcellerie pure. Heureusement, grâce à l’assistance de Nekialeth, je réussi à trouver des avantages dans cet amas de complications : déjà, il avait remarqué qu’après mes entraînements, je m’endormais presque instantanément à cause de ma paresse, mais le plus surprenant est que cette sieste était courte et que mes forces étaient complètement rechargées après mon réveil. C’était un exploit pour lui, je devais être l’une des rares personnes à me remettre en forme aussi rapidement. Ensuite, je compris l'utilité des liens qui m'unissaient à tout en me connectant correctement avec l'un de ces liens, celui de Nekialeth et moi : en procédant ainsi, je réussis à capter toutes ses pensées et ses émotions actuels, rien ne m'échappait, j'avais accès à la totalité de sa tête. Avec ce don, je ressentis instantanément la haine de tout le peuple envers mon cas, je pouvais capter et espionner chaque conversation dans le continent, aussi bien volontairement qu'involontairement ; la collectivité nous liait tous mais ne nous permettait pas de tout savoir sur chaque individu, seul moi le pouvait apparemment. Ce pouvoir empathique me fut très utile, surtout pour l'Empire en fait, mais cela viendra plus tard ; au moins, les mensonges n'étaient plus un secret pour moi, je pouvais facilement discerner le vrai du faux. Enfin, après de nombreux examens, il comprit que mon énergie magique était contenue seulement dans mes muscles, tout le reste se retrouvant dans mon environnement, Nekialeth m’apprit grâce à cela à me servir d’un autre pouvoir, mais celui-ci s’apparente moins à de la sorcellerie, et ce n’est même pas avec lui ou grâce à lui que je l’ai découvert. Avec cet éventail de dons magiques à l’état brut, j’étais davantage un guerrier qu’un mage, ce qui décevait quelque peu le sorcier et l’empereur qui auraient préféré que je me rapproche de l’élite des sorciers du fait de mon sang de céleste. Néanmoins, jamais Nekialeth ne me blâma pour cela, il savait que je n’en étais pas la cause et que mon existence même n’était pas ma faute.

" Tu sais pourquoi je t’ai enseigné tout cela ? "

Je regardai mon maître, toujours avec cette mine aussi neutre, néanmoins intéressé par ces soudains propos. Je venais de terminer mes entraînements de sorcellerie, je n’avais plus rien à apprendre de sa part, je contrôlais parfaitement tous mes dons et ma culture générale sur notre nation était rassasiée. Malgré tout, il était vrai que la raison de m’avoir fait son apprenti personnel, moi, un étranger à ce monde, me tiraillait sans cesse. La première fois que je lui avais demandé cela, alors qu’il m’avait laissé la liberté de le questionner, il m’avait répondu que j’en saurais plus lorsque j’aurais satisfait ses espérances. Je l’ai fait, maintenant je vais obtenir ma récompense : une réponse.

" Ce n’est pas pour qu’on te protège que je t’ai appris la sorcellerie et que je t’ai offert toutes ces connaissances, c’est pour que tu puisses te protéger toi-même et que tu en fasses de même pour nous tous. Comprends-tu la nuance ? "

" La sorcellerie ne doit être utilisé que dans mon propre intérêt et dans celui des autres ? "

" C’est cela, notre magie est universelle. Ce lien qu’est la collectivité qui nous réunis tous renforce notre union, mais c’est également nos actes qui définissent notre fraternité. Si tu te protèges, ce n’est que par nécessité ; si tu protèges tes frères, c’est une preuve que tu es un tanieth. Nous ne t’avons pas protégé directement pour que tu apprennes cela ; maintenant que tu es en mesure de pouvoir persuader le peuple, montres-leur que tu es capable de prendre soin de toi-même et d’eux-mêmes. Si tu parviens à les convaincre que tu es l’un des leurs en leur offrant ton assistance, ils en feront de même pour toi. Souffres pour eux, et ils partageront ta douleur. "

" Compris, maître. "

" Tu es un prodige, Ashleth, ils ne le comprennent pas encore mais tes futurs agissements devront faire pencher la balance en ta faveur. Quoiqu’il arrive, tu es l’un des nôtres, tu es un tanieth, ne l’oublie jamais. "

Et c’est ce que j’ai fait, je n’ai jamais oublié que j’étais un tanieth, jamais je n’ai douté de ma propre nature. Ce n’était pas en sachant rivaliser contre eux que je pouvais me tailler une place, c’était en allant dans leurs intérêts, en leur assurant que j’étais un frère, en leur offrant mon aide et ma loyauté éternelle que je devins un membre permanent de la collectivité. Ma sorcellerie me permit de me faire respecter par de nombreuses personnes, il était déjà rare à l’époque d’avoir un être dénué de magie au sein de l’Empire, je devais être en quelque sorte un miracle. Cependant, ma véritable fonction dans l’Empire ne se cantonnait pas seulement à la magie, mon destin tout tracé ne me faisait mener que vers une seule carrière : l’armée.

A partir de mes dix ans, je fus intégré dans l’un des nombreux régiments de l’armée noire dirigée par le puissant et brave Cieth, un féroce scarabée argenté aux yeux rouges, réputé comme étant le guerrier le plus puissant du continent. J’étais parmi les jeunes tanieths qui n’attendaient que de se battre pour l’Empire, de faire partie des nombreuses campagnes de conquêtes prévues. Mon art militaire fut beaucoup plus poussé que celui de l’Ordre d’Émeraude, j’avais d’ailleurs un don inné pour assimiler rapidement mes leçons, tout comme la sorcellerie, ce qui me permit de m’attirer les bonnes grâces des hauts gradés. Cela se remarqua un peu plus lorsqu’on m’enseignait à maîtriser différentes armes : peu importe ce qu’on me donnait, j’apprenais rapidement à en faire usage comme si j’étais né avec ; lance, épée, dague, masse, hache, et j’en passe. Tant que ça tuait, je pouvais m’en servir à la perfection. Cieth se rendit vite compte que j’apprenais beaucoup trop rapidement par rapport aux autres apprentis, c’est d’ailleurs pour cela qu’il me fit subir un entraînement encore plus poussé où j’appris d’ailleurs que j’étais ambidextre, utiliser mon main gauche ou droite ne me posait aucun problème ; je n’avais plus le temps de souffler, j’enchaînais exercices sur exercices jusqu’à qu’on m’accorde une petite pause où je me contentais de faire une rapide sieste et manger une bouchée de viande, amplement suffisant pour retrouver mes forces. Néanmoins, je me sentis très proche de Cieth puisqu’il m’apprit personnellement à me servir d’un style particulier : le désarmement. Il m’initia donc à me montrer vulnérable aux yeux de l’adversaire en ne portant aucune arme sur moi, juste à serrer les poings en me mettant en garde face à lui ; puis accueillant le coup de l’adversaire en bloquant son bras, s’emparant de force de son arme et le repoussant violemment. Ainsi, désarmé, l’ennemi perdait son terrible avantage. Depuis ce jour, je me fiais à mes talents de combattant à mains nues, une dérivée du pugilat, ne dégainant que rarement mon arme, même si j’utilisais souvent d’une main l’arme que j’ai désarmé et de l’autre main mon arme à moi. Ce fut d’ailleurs au cours de mes entraînements que j’appris à exploiter mon insensibilité congénitale, peu importe les coups que je recevais mon adrénaline restait intact jusqu’à que mon corps ne peut plus supporter ce martyr. Contre toute attente, j’étais beaucoup plus prodigieux dans l’art militaire que dans la sorcellerie, la magie n’était qu’un soutien dans mes combats, je comptais beaucoup plus sur mes capacités physiques ; Nekialeth disait que c’était à cause de mon énergie magique contenue dans mes muscles que j’étais quelqu’un de très actif, ayant une excellente force physique et une endurance pratiquement infatigable. Cependant, je restais un guerrier comme tant d’autre, du moins jusqu’à que je découvre une autre facette de mes dons. C’était lors d’un entraînement comme tant d’autre, on organisait des duels en un contre un pour évaluer nos capacités entre nous, pour la première fois mon adversaire était un tanieth beaucoup plus costaud que moi, un grand baraqué dont la carapace semblait inébranlable. Cieth voulait voir, en quelque sorte, comment je pouvais me débrouiller face à plus expérimenté que moi, il nota rapidement que je ne me laissais pas influencer par l’intimidation, je me battais de la même manière comme je l’avais toujours fait. Malgré cela, mes nombreuses esquives et tentatives d’offensive ne suffirent pas, et quand j’essayais de le désarmer, mon opposant utilisait sa force brute pour maintenir son arme entre ses griffes et me repoussait violemment. Constatant que ce combat allait s’éterniser pour rien, le chef d’armée m’encouragea à y mettre plus d’ardeur, plus de force dans mes frappes, et c’est ce que je fis. Le résultat en fut plus ou moins inattendu, j’avais abattu ma lame sur la sienne et je sentais comme une force minime me quitter le poignet, l’entrechoquement des deux lames se résulta en une mini onde-de-choc qui repoussa mon adversaire de plusieurs pas en arrière. Il ne s’y était pas attendu, c’est comme si je possédais le triple de sa force : j’avais compris que j’avais inconsciemment rajouté de l’énergie magique de mes muscles dans le contact, ce qui fit augmenter la puissance d’impact de mon arme. Décidé à exploiter cela, je me mis à le refaire plusieurs fois et mon adversaire tomba rapidement à terre ; malheureusement, j’avais beau possédé une force supérieure grâce à ce don, mon corps se fatiguait plus vite. Bien évidemment, puisqu’il était question de magie, Nekialeth s’en mêla rapidement : il arriva à la même conclusion que moi, l’énergie dans mes muscles s’intensifiait à travers mes actes. Cieth me conseilla toutefois de ne pas trop en abuser, de l’utiliser seulement si cela est nécessaire, sinon je me fatiguais pour rien. Puisque je ne pouvais pas être un puissant sorcier à cause de mes pouvoirs minimes, on comptait énormément sur moi pour devenir un grand soldat, j’étais même le premier guerrier à pouvoir exploiter ma sorcellerie au combat, la majorité des fantassins n’en possédant pas.

Cieth savait que l’empereur espérait que je sois un prodige, et c’est pour cela qu’il m’épaula plus que tous les autres apprentis. Cet homme faisait partie des personnes les plus importantes durant ma vie tanieth, c’était bien grâce à lui que j’avais appris à éveiller mes capacités physiques, que je rattrapais mes lacunes en sorcellerie grâce à mes talents de guerrier. J’étais véritablement voué à faire partie de l’armée, à être parmi les premières lignes qui partiront à la future conquête du monde, au moins je serai utile aux yeux du peuple tanieth, les soldats tanieths étant énormément respectés aux yeux de la populace. Toutefois, en tant qu’apprenti, je cherchais surtout la reconnaissance de mon maître, qui n’était pas n’importe quel combattant, c’était un insigne honneur d’être éduqué par le plus fort des généraux de l’époque, Cieth était après tout un grand ami de l’empereur en personne, ce qui justifiait son influence et sa notoriété. Je le respectais pour sa force d’esprit, ses compétences qui ne nuisaient aucunement à son titre et sa réputation, mais surtout je lui vouais une allégeance éternelle pour sa pitié envers mon cas, même si cette pitié finit par être futile à mes yeux aujourd’hui. Quand il voulut passer un peu de temps avec moi, il ne cessait de répéter que je méritais mieux, que j’étais un être d’exception qui pourrait facilement gravir les échelons de la hiérarchie. D’habitude j’ignorerai de tels avis sur ma personne, mais à l’époque j’étais encore vivant, mes sentiments étaient un peu plus présents même si je ne les montrais pas ouvertement, et j’avais besoin de compter sur certaines personnes pour survivre au sein de ce monde où tout le monde me rejetait à cause de mon étrangeté. J’étais jeune, je ne pouvais refuser un peu d’aide, surtout avec l’insistance de Cieth, cette même insistance qui cachait en réalité ce qu’il attendait vraiment de moi. Certaines rumeurs fusaient à travers les couloirs de la forteresse concernant le chef de l’armée, même si je ne m’attendais pas vraiment à ce que ce soit vrai. Plus je passais de temps avec Cieth, plus je découvris ses véritables pensées grâce à mon lien symbiotique, et les rumeurs qui courraient devinrent réalités : Cieth était homosexuel. Ce n’était pas vraiment étonnant à l’époque, si j’écoutais toutes les pensées de mes camarades, je découvrais rapidement que la plupart d’entre eux l’étaient aussi, quoi de plus normal dans un monde d’hommes tel que l’armée, les femmes n’avaient pas des rôles de guerrier à l’époque, on en voyait rarement en compagnie d’un soldat. Ainsi, même si je m’en doutais déjà, Cieth finit par me proposer de devenir son amant, aucune relation sérieuse n’était prévue, c’était pour l’envie. Moi, je n’avais aucune orientation sexuelle stricte, je devenais un peu comme mes camarades aussi, plus attiré par la gente masculine que par les femmes que je n’apercevais que très peu et surtout que je les considérais comme des moins que rien, comme tous les tanieths. Alors cela finit par arriver, j’acceptai la proposition de Cieth, je le satisfaisais quand l’envie le prenait, notre relation resta toutefois plutôt secrète, il ne voulait pas que ça s’ébruite au risque qu’on croit que c’était une relation sérieuse ; je me taisais, je suivais ses pulsions et j’y trouvais son contentement qui me procurait un certain réconfort. Cieth finit toutefois par croire que je deviendrais un grand homme plus tard, que mon heure de gloire finirait par arriver, puisque j’étais un phénomène, que je le méritais amplement à ses yeux, son avis étant partagé par beaucoup d’autres au fur et à mesure que les années passent.

" Tu sais ce qu’on dit ? Les héros portent des barbes, c’est pour cela que Listmeth en a une. "

" Alors pourquoi vous n’en avez pas une, vous ? "

Cette remarque fit rire le grand guerrier, il était vrai qu’il n’en avait pas, ni même Nekialeth, alors que l’empereur en possédait une ; peut-être que le terme d’héros n’était réservé qu’à de grands élus dans ce monde.

" Peut-être est-ce parce que je ne suis pas voué à en être un ? Toi, par contre, ta pilosité d’héroïsme commence à prendre de l’ampleur ! "

J’avais, effectivement, un léger duvet en guise de moustache juste sous le nez, à peine perceptible pour le moment. Cieth se mit à me caresser mes cheveux, noirs et mi-longs, du bout de ses griffes, regardant l’horizon tandis que je regardais au même endroit.

" Généralement, on sait quand quelqu’un deviendra un héros, ses premiers actes justifient sa future gloire à venir. L’empereur lui-même dit que tu es un prodige, l’une des nombreuses pièces maîtresses de son Empire, crois-moi que tu ne resteras pas longtemps un sujet nocif aux yeux d’Irianeth si tu continues d’avancer avec cette même ardeur qui brûle en toi depuis ta naissance. "

Et je le crus, je n’eus point tort de le faire confiance sur ce point. Le terme d’héros pourrait paraître comme une chimère pour les réalistes, ce n’en était pas moins un idéal pour beaucoup d’entre nous, que certains ont eu la chance d’effleurer dont moi, et que d’autres pensent que je l’ai atteint. Devenir un héros était ma seule vocation si cela pouvait satisfaire la volonté de mes maîtres. Évidemment, devenir une figure emblématique d’un camp, c’est être le pire rival des autres factions, et mon sang divin continuait de me rattacher au Panthéon malgré l’inactivité des dieux concernant Irianeth.

A partir de mes cinq ans, je fis enfin la connaissance formelle d’une personne très importante pour mon existence : ma propre mère, l’immortelle Pandora. Même si cela peut paraître irresponsable et complètement dément de la part d’une femme aussi âgée qu’elle, Pandora me rendit visite en cachette, dans mon alvéole personnelle, alors que je n’étais qu’un gosse ne comprenant pas encore toutes ces notions qui régissaient le monde. Elle eut toutefois le bon sens de masquer son énergie magique, elle savait qu’il y a des sorciers dans les alentours après tout. Sa présence n’aura jamais été découverte, j’ai été le seul à le savoir. Je me souviens de cette familiarité que sa simple aura me procurait, elle me ressemblait tant que je ne voulais jamais qu’elle parte. A sa première apparition, elle s’était d’abord infiltrée dans la pièce sous la forme d’un papillon noire avant que ce dernier se pose sur un mur et se met à briller d’une vive lumière qui prit de l’ampleur et la fit apparaître sous sa véritable forme. Grande et élancée, Pandora semblait avoir la carrure d’une elfe, c’est un peu de cette manière que je découvris pourquoi j’avais une telle physionomie et une telle allure. Sa chevelure, contrairement à la mienne, était blanche, et ses yeux aussi noirs que le charbon, je n’avais pratiquement rien en commun avec elle si ce n’est que mon épiderme si blanchâtre. Elle possédait aussi cette neutralité au visage, jamais dévoilant un sourire ou un tic de colère, là était la magnificence des immortels, toujours à masquer leurs émotions qu’ils possèdent toujours contrairement à ce qu’ils font croire ; je n’ai jamais caché en avoir aussi, mais je les enfouie plus profondément au fond de mon être qu’eux. D’habitude, je restais de glace devant un tel phénomène d’apparition, mon maître-sorcier en usait beaucoup lorsque je l’attendais dans son alvéole, mais le fait que cette femme n’était pas tanieth et qu’elle me ressemblait beaucoup me captivaient, j’étais plus ou moins surpris et je ne savais pas comment réagir. Je n’avais point besoin d’être sur mes gardes, elle n’avait aucune hostilité envers moi, au contraire une certaine sympathie naissait en elle. Je la laissais donc s’approcher de moi, m’observer de ses yeux obscurs tandis que je restais immobile, attendant une quelconque réaction de sa part, un simple mot. Alors qu’elle était à quelques pas de moi, alors que j’admirais sa magnifique tunique qui brillait de mille feux ainsi que son collier en forme de papillon qui illuminait encore plus, Pandora finit par briser ce silence des retrouvailles d’une mère et de son fils.

" Alors c’est donc toi, Ashleth… "

J’hochai la tête pour affirmer ses dires, je ne lui demandais pas son identité étant donné qu’elle ne tarderait pas à l’offrir et que c’était son droit de me le révéler ou pas, l’anonymat reste une option envisageable. Ce qui était assez surprenant était le fait qu’elle sache communiquer dans le langage tanieth, malgré son apparence tout aussi différente que la mienne, j’étais donc en mesure de lui répondre dans l’unique langue que je connaissais. Elle se mit à croiser un bras autour de son ventre, l’autre bras se tenant droit le long de son buste, sa main massant légèrement son menton.

" Cela ne te gênes pas si je t’appelle Ashill ? Je ne veux pas dire, mais ton nom, Ashleth, est un peu ridicule… "

Je ne comprenais pas cette affirmation, c’était un nom tout à fait banal dans le dialecte tanieth, mais je me doutais qu’elle n’était pas tanieth, j’appris d’ailleurs plus tard de sa part que même ce nom d’Ashill voulait dire "autre" dans un langage enkiev très ancien, alors je lui disais qu’elle pouvait m’appeler comme elle le souhaite, ce qui la fit sourire étrangement.

" Je ne pense pas qu’on t’ait parlé de moi, c’est bien pour cela que j’ai tenté d’entrer en contact avec toi. Je me nomme Pandora, fille du dieu suprême Parandar, et je suis également ta mère. "

Cette révélation fut un choc, il était vrai que je savais que j’étais le fils de l’empereur Listmeth puisque nous l’étions tous, mais jamais on me parla de ma mère, la plupart des tanieths ne connaissaient pas leur côté maternelle. Néanmoins, étant donné mes différences physiques, je me disais que je devais avoir des gênes non-tanieth, je n’avais toutefois jamais demandé l’identité de ma mère, même si ce mystère restait entier dans ma tête. Sachant que j’étais encore un enfant, je me laissais facilement convaincre par ses dires, quoique je n’en aurais même pas douté si j’étais plus âgé, pouvant après tout discerner le vrai du faux dans les propos d’une personne.

" Ma mère ? "

" C’est moi, oui. Je suis… un peu en froid avec ton père, c’est pour cela que tu ne m’as jamais vu avant si on peut dire. Mais je t’en prie, ne parles de moi à personne, d’accord ? Cette rencontre et les prochaines resteront un secret entre nous deux. "

" D’accord. "

Elle était satisfaite de cette docilité, ce qui était naturel chez moi après tout, elle apprit rapidement à s’en rendre compte. Pandora me rendit visite de la sorte plusieurs fois par mois, au moins une fois par semaine ; elle me demandait ce que je faisais, ce que j’ai appris, ce que je compte faire, et bien d’autres choses. En échange, elle me parlait de son monde, le Panthéon, des dieux, leur hiérarchie, que j’avais une place parmi eux en tant que maître-magicien et futur immortel. Ce qu’elle voulait, c’est que je fasse parti des célestes, même si j’étais le fils de son violeur elle ne voulait pas que j’aide l’Empire, n’était-ce pas le but de tous de rallier les autres à leur cause, en pleine période d’avant-guerre ? Certes, du dégoût se reflétait dans son regard quand elle me fixait, mais elle arrivait à se persuader que ce n’était pas ma faute, que ma mort ne servirait à rien et que je serais plus utile comme serviteur du Panthéon, ce serait une façon de remercier son père de l’avoir épargner de son amour interdit, une paire de main de plus chez les dieux n’est jamais de refus. Ainsi donc, elle me répétait sans cesse qu’elle tentait de faire valoir ma cause auprès des dieux, qu’il me rejetait pour le moment à cause de mon sang tanieth, ils pensaient que j’avais pris trop racine parmi l’Empire ; ce qui était faux en quelque sorte, je prends racine dans les causes où l’on souhaite de moi, les autres auront bien du mal à me posséder. Pandora aurait bien voulu m’emmener de force chez eux, afin que je devienne directement immortel, mais si c’était peine perdu, alors ils n’hésiteraient pas à me détruire pour préserver la paix du Panthéon. Ce que m’a néanmoins apporté le plus Pandora, pour palier l’amour maternel dont je n’avais jamais souhaité ni eut besoin, c’était de me rappeler que pour survivre je devais obéir. Dans son cas, c’était surtout pour voir si j’avais un avenir malgré mon destin drastique, si un élément perturbateur viendrait me détourner de mes principes tanieths afin de me rallier définitivement aux dieux, cela n’arrivera que bien plus tard, et pas dans les tournures souhaitées. Grâce à elle, bien que j’aie appris à coopérer pour vivre, je pus comprendre que cela était une nécessité pour mon existence, ainsi je continuais d’obéir pour des personnes qui le souhaitaient au grand dam des autres qui n’attendaient qu’un moment ou à un autre que je me mets à dos leurs ennemis.

" Dans d’autres circonstances, tes maîtres n’auraient pas été les mêmes, mais tu n’as pas le choix : tu dois vivre, Ashill, obéis à tout prix ! "

" C’est ce que je fais depuis que j’ai posé les yeux sur ce monde dépravé. "

Ce pessimisme de ma part arracha un soupire à ma mère, j’avais à peine seize ans que j’étais déjà plutôt mature pour elle, cela la chagrinait un peu puisque je n’avais pas vraiment vécu l’enfance que je méritais selon elle ; mon sang céleste était souillé par la perfidie de mon sang tanieth.

" Ainsi va la vie, ce monde est instable mais le Panthéon n’ose pas l’admettre. J’ai bien remarqué que tu prêtais une énorme allégeance à Irianeth, j’arrive à te cerner un peu malgré le peu de temps que je passe avec toi et les rares fois où je peux t’observer depuis mon monde. Malgré tout, j’aimerai savoir : si tu meurs, te rallieras-tu à nous et te retourneras-tu contre tes semblables tanieths ? "

" Oui. "

Ma réponse était direct, honnête et clair, ce qui troubla ma mère qui ne s’attendait pas à une telle pensée de ma part, pourtant c’était la vérité, elle me demanda des explications que je lui fournis immédiatement.

" Si je meurs, je n’existerai plus pour Irianeth, ma loyauté redeviendra donc disponible pour n’importe qui. Si les dieux veulent que je les rejoigne, je le ferai. J’obéirais à toutes leurs directives, même si cela implique de nuire à mes anciens alliés auxquels je n’ai plus aucun compte à rendre. "

La mine de Pandora s’assombrit, elle ne s’attendait certainement pas à ce que je sois quelqu’un de cette trempe, du genre déloyale du jour au lendemain alors que je peux paraître complètement voué à ma cause pourtant. Mais il fallait savoir qu’il devait se passer quelque chose d’assez extraordinaire pour que je trahisse les miens, et ma mort ne serait-elle pas suffisante ? Non seulement ils m’auront oublié, mais en plus je ne pourrais plus rien faire pour eux, c’est ainsi. C’est alors que ma mère se mit à me prendre dans ses bras, je ne compris ce geste par le fait qu’elle en avait tout bonnement envie, ses visites se faisant de plus en plus rares ces temps-ci. Elle me caressa les cheveux, et je sentis quelques larmes glisser de ses joues avant de retomber sur mon épaule.

" Je ferais en sorte qu’on t’entende au Panthéon, tu es vraiment un être exceptionnel, ce serait dommage qu’on se souvienne de toi comme un… simple tanieth. "

Un simple tanieth, elle s’était largement fourvoyée. Certes, je n’étais qu’un tanieth comme tant d’autre au début, mais je finis par prendre une grande place parmi l’histoire d’Irianeth. Ce "simple" qu’elle prononçait n’était que pour justifier l’arrogance des célestes, leur supériorité par rapport aux êtres mortels, sûr qu’ils sont des êtres supérieurs par rapport à nous. Aussi, ce "tanieth" était une appellation péjorative pour elle, mais j’étais un pur tanieth aussi, mon apparence n’ayant été différente qu’à cause de mon sang divin, j’étais né comme ça, je mourrais comme ça, et je continuerai d’exister comme ça. Je suis tout bonnement un maître-magicien tanieth. Outre l’apparence, mon patriotisme tanieth commençait à devenir de plus en plus conséquent, j’étais beaucoup plus voué à l’Empire qu’au Panthéon dont mes seuls liens étaient ma mère et mon sang, et cela je le dois à l’empereur lui-même.

Malgré qu’il fût le paternel de tout le monde, Listmeth plaçait certains espoirs en moi, ne répétait-il pas à outrance que j’étais un prodige ? Cependant j’étais loin d’être le seul à qui il place des espoirs, il préférait ne pas vanter les mérites d’un tanieth plus qu’un autre, son Empire respectant l’équité à tout prix. De toute manière, on savait bien une chose : c’est que peu importe qui nous étions, il resterait le grand de la hiérarchie. Plus qu’un empereur futur conquérant, Listmeth se désignait tel un dieu, un culte se mit à naître pour lui. On devait lui faire offrande de notre propre sang ou alors de sacrifier un autre tanieth qui était souvent volontaire. Je m’adonnais surtout à la torture personnelle, c’est à cause de ce culte que je devins rapidement masochiste sur les bords, même si je ne ressentais rien à cause de mon insensibilité congénitale. En fait, ce que j’aimais, c’était déjà de satisfaire l’empereur en réalisant cette offrande, puis le sang noir coulant sur mon corps qui me procurait une certaine béatitude, c’était un peu curieux pour moi de voir le corps se reconstituer, le voir se battre pour me maintenir en vie. Ces séances-là étaient obligatoires aussi, j’étais forcé de les adorer, et j’ai bien évidemment continué de m’adonner au masochisme même après ma mort, même si je ne rends qu’assez rarement hommage au dieu Listmeth à présent. En tout cas, il ne sera déifié officiellement qu’à sa mort, ne restant pour l’instant qu’un mortel, mais un puissant mortel toutefois. Après tout, il restait l’empereur le plus respecté d’Irianeth même encore aujourd’hui, c’est bien grâce à lui que la nation impériale est née et puis il avait réussi à tirer parti de son importance au sein de la société tanieth, c’était habilement bien jouer de sa part. On ne pouvait que rendre gloire et fortune à un être aussi craint et grand que lui, sa carapace très épaisse et ses yeux mauves repoussant toute tentative de rébellion. C’était d’ailleurs rare qu’il convoque des tanieths dans sa forteresse, restant assez distant avec le peuple pour être très près du gouvernement. Il étudiait sommairement mes progrès afin de voir si ses espérances n’étaient pas faussées. Parfois il me demandait à le voir dans la salle du trône, pour discuter de mon intégration dans la société tanieth malgré mes différences, mais c’était généralement surtout pour que je réalise son culte envers lui. Listmeth craignait que je me détourne de mes principes tanieths à cause de mon étrangeté, c’est justement pour cela qu’il s’assurait de ma loyauté en me demandant tout simplement de faire couler mon sang, pour lui. De toute manière, ses amis Nekialeth et Cieth lui répétaient sans cesse qu’il n’y avait pas sujet plus dévoué que moi dans tout Irianeth, alors il ne doutait presque jamais de ma nature tanieth et de mon allégeance à l’Empire. D’ailleurs, il eut une idée assez loufoque une fois, mais un détail important gâchait cette ambition.

" N’es-tu pas stérile comme Nekialeth l’affirme ? "

" Si fait, empereur. "

" Quel dommage, tu aurais pu être un excellent héritier : discipliné, fort, fidèle… Malheureusement, je vais devoir attendre qu’un élu puisse jouir également de la capacité à enfanter, alors lui seul sera en mesure de me succéder au trône. "

Il était vrai que j’étais dans l’incapacité de féconder, j’étais né comme cela, certainement à cause de ma grosse part tanieth. Tous les tanieths, excepté l’empereur, ne pouvaient avoir des enfants après tout, cette incapacité n’aura été révolue que très récemment. De toute manière, je me voyais très mal à la tête de l’Empire, je n’avais pas les tripes d’un dirigeant et puis jamais le peuple n’aurait accepté un non-tanieth à sa tête, Listmeth était trop plongé dans ses pensées ce jour-là. Mais il voulait juste assurer sa future lignée, même si ce n’était pas par mon intermédiaire qu’il allait la trouver.

" L’ascension au trône ne t’intéresse point, n’est-ce pas Ashleth ? "

" Je ne m’intéresse qu’aux désirs de mes maîtres. "

" Tu ne peux malheureusement pas me satisfaire de ce côté-là du fait de ton infertilité… "

" Alors je me contenterais de vous servir dans bien d’autres domaines. "

" Je n’en doute pas. "

Depuis ces seize dernières années où j’ai vu le jour, l’empereur continuait de croire, que comme tous les autres tanieths, que j’allais le servir jusqu’au bout sans une seule fois le décevoir, et il avait bien raison de penser ainsi car cela était bien mon intention. Ma survie n’est nourrie que par son unique contentement et je ne comptais pas mettre ma vie en péril en le trahissant, je n’y gagnerais strictement rien. Ma place était en Irianeth tant que le Panthéon ne m’en aura pas arraché de force. Mes efforts n’auront pas été vains, cela faisait plusieurs jours que Listmeth ne cessait de contempler sa carte qui représentait un bien grand monde à soumettre sous la bannière d’Irianeth.

" Les conquêtes ne tarderont pas à être lancé, voyons voir ce dont l’Empire est capable… "

Moi-même j’étais bien curieux de constater de mes propres yeux si les éloges du continent noir n’étaient pas des futilités, si nous étions en mesure de nous emparer de ce monde qui nous revient par notre simple envie. Irianeth ne cessait d’hurler son désir de conquête, sa soif de sang se faisant de plus en plus alarmante ; pour tous ceux qui m’ont vu grandir et m’ont épaulé durant ma vie, j’allais brandir mon arme et mettre mes services à leur profit. Au milieu de la masse tanieth, je patientais en même temps qu’eux de pouvoir accomplir la véritable raison de mon existence : rassasier la soif de conquête d’Irianeth.


Dernière édition par Ashill le Dim 11 Déc 2011 - 18:18, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ashill
Prisonnier d'Émeraude
Ashill


Nombre de messages : 15
Age : 30
Localisation :
Points : 12
Date d'inscription : 26/08/2011

Feuille de personnage
Âge: Inconnu
Maitre/Écuyer: Le Panthéon, entre autres
Âme soeur: Aucune importance

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeDim 11 Déc 2011 - 17:19

Ashill, un héros des temps anciens 641528Imagechap3
" Mon parcours s’est résumé à marcher sur les cadavres pour subir leur malédiction éternelle "

" A partir d’aujourd’hui, vous faîte parti de l’unité légionnaire de l’armée d’Irianeth, félicitations à tous ! "

C’est sur ses mots que je devins le premier fantassin étranger d’Irianeth, un guerrier comme tant d’autre parmi cette masse noire qui régissait le glorieux Empire tanieth. C’est un peu ce même jour qu’on arriva à voir en moi qu’un tanieth, pas si banal que ça certes, mais un tanieth quand même. J’avais tout de même leur sang en moi, j’étais né sur leurs terres et j’allais me battre pour eux, ainsi les bagarres nocturnes et les insultes à mon égard ont cessé comme un vent passager. Ils ont tous vu ce dont j’étais capable, et qu’on comptait bien exploiter mes capacités pour les prochaines conquêtes, étant donné que les soldats-sorciers étaient plutôt rares, même le général Cieth n’avait aucun pouvoir magique, et le grand sorcier Nekialeth ne participait que peu aux batailles. J’étais quelque peu un privilégié même si je n’en demandais pas tant, je voulais juste accomplir la raison de mon existence : servir l’Empire jusqu’à ma mort. Ce qui les ravisait aussi de s’en prendre à moi, c’était ma carrure imposante : j’étais grand et élancé, quelques centimètres de plus que la moyenne, soit environ 1m80. Je devais avoir bien acquis les gênes du géant Listmeth, j’atteignais pratiquement la taille de Cieth également ; en outre, je dépassais la plupart des tanieths, même si je n’étais pas très musclé je restais grand et intimidant. Ainsi donc, mon nom était inscrit dans la longue liste des hommes qui allaient faire partie de l’Histoire, je ne cherchais pas la gloire, juste de quoi me fondre dans la masse. J’avais obtenu ma tenue de guerrier, une tunique noire sans manche, entrouverte au niveau du torse, un pantalon noire et des bottes de cuir, c’était relativement sobre mais suffisant pour moi. De plus, je reçus aussi mon arme : une flissa à la lame noire, soit une sorte d’épée sans garde, courte et fine, amplement correct pour un guerrier tel que moi vu que je ne gâchais pas mes efforts face à des adversaires normaux du fait de la légèreté de l’arme, et face à des ennemis plus costauds je n’avais qu’à user de mes pouvoirs d’impact, rien de bien sorcier. Restant toutefois un céleste physiquement, je recouvris mon visage d’un foulard noir se portant comme un turban nommé chèche, de mon nez jusqu’à mon cou, mon corps sera recouvert de nombreuses bandelettes de la même couleur à cause de l’accumulation des blessures au cours de mes combats ; masquer à moitié mon visage me permettait de me considérer davantage comme un tanieth qu’un céleste. Nekialeth avait compris mon intention en me couvrant le visage ainsi, alors il m’offrit comme cadeau une sorte de masque, représentant un visage tanieth totalement blanc avec quelques motifs noirs, une rangée de dents acérées semblable à celle du maître-sorcier et deux cavités étirées au niveau des yeux pour me permettre de voir. Au final, ce masque recouvrant mon visage me plût, je me sentais davantage tanieth, du coup je le portais en le reliant au chèche, plus rien ne pouvait être entrevu de ma tête hormis mes yeux et quelques cheveux rebelles s’échappant du turban, ce dernier ne servant plus qu’à masquer uniquement mes cheveux et mon cou. Malgré cette petite cachotterie, Cieth ne cessait de plaisanter sur le fait qu’il se rappelait bien de ma légère moustache juste sous le nez, assez visible du fait de sa noirceur semblable à celle de mes cheveux mi-longs. Ce patriotisme tanieth naissant en moi à part, je constatais que ma mère n’était plus revenu depuis quelques temps avant mon adoubement, certainement parce qu’elle ne voyait plus aucun espoir de me ramener sur le droit chemin selon elle ; elle eut bien raison puisque je n’hésitais pas une seconde à accompagner l’armée lors de la toute première campagne menée par l’empereur, ma véritable vie de tanieth ne faisant que commencer.

J’eus donc dix-sept ans lorsque l’armée se dirigea vers le reste du continent d’Irianeth pour négocier avec les tribus éloignées de la ruche de l’empereur. La côte rassemblait une grande majorité de la population tanieth, mais elle a été partiellement divisée au fil du temps en de petits clans qui s’éparpillèrent un peu partout sur les terres noires, c’était surtout une question d’identité et de place : les tanieths sont très nombreux, la croissance de la population est alarmante, c’est pour cela que le projet des campagnes militaires ont été lancé ; puis les tanieths qui s’étaient exilés sont différents des scarabées habituelles, c’étaient surtout des abeilles géantes et des mantes religieuses géantes. En envoyant l’armée sur leurs territoires, nous leur montrions que l’Empire était bel et bien né, et qu’il était aussi glorieux qu’on le prétendait à travers les diverses éloges fusant dans tout le continent. Nous étions bien là, nous étions impressionnants à leurs yeux. A chaque fois que nous faisions escale au sein d’un clan, les natifs nous admiraient longuement : notre nombre, notre grandeur, notre luxueux équipement d’antan les éblouissaient. Nous ne les intimidions pas, là n’était pas le but, c’étaient des gens comme nous après tout. Du coup, ils nous accueillaient à bras ouvert, les chefs de tribus signaient successivement les serments d’alliance, notre progression à travers le continent était monstrueuse. Au cours de cette campagne, nous n’avons même pas eu à nous battre, ils étaient tous pacifistes à notre égard. Il arrivait parfois que quelques bornés voulaient se mesurer à certains fantassins, ils retournaient rapidement dans leur coin suite à leur défaite écrasante. Dans mon cas, je n’avais livré aucun défi, je me contentais juste de suivre et de mettre en place les leçons qu’on nous a inculqués sur la survie à l’extérieur de notre territoire. Je sentais le poids de quelques regards curieux sur moi, je captais leurs pensées : "qui peut bien être cet homme ?", "pourquoi est-il masqué ?", "il ne ressemble pas à un tanieth", et bien d’autres variantes. Ils ne faisaient pas longuement cas de figure de mon étrangeté, tant que je portais les couleurs impériales j’étais protégé. Évidemment, cette balade de santé ne durera qu’à peine un an. L’Empire s’était très bien étendu, nous possédions de nouveaux effectifs grâce aux alliances, Listmeth était extrêmement confiant sur la réussite de ses plans. Toutefois, tout comme nous, il restait anxieux sur le premier contact avec une espèce différente. Nous avions de quoi à être intimidé par l’inconnu, mais lorsque nous étions sûr que leur nation était trop faible pour rivaliser avec l’armée tanieth, l’empereur ne tarda pas une seule seconde et lança la toute première véritable campagne : l’île des hommes-oiseaux.

A l’extrême Ouest du continent noir se trouvait un archipel regroupant plusieurs îles, la plupart étaient inhabités du fait des forêts denses, mais une en particulier avait retenu notre attention. Grâce aux espions, nous avions pu découvrir ce dont était notre ennemi : des humanoïdes croisés avec des volatiles, les hommes-oiseaux. Ils étaient pour la plupart grands, recouverts de plumes sur la totalité du corps et un long bec prolongeait leur visage. Nous n’étions pas très confiant à l’idée de combattre un adversaire dont nous ne connaissions que peu les capacités, même si nous étions plus ou moins rassuré d’apprendre qu’ils étaient en infériorité numérique. Ainsi donc, l’Empire lança directement une attaque de front : les bateaux noirs s’écrasèrent le long des plages et les troupes chargèrent en direction des grands arbres où étaient perchés les responsables de cette île. Je me trouvais parmi cette masse noire de scarabées qui s’engouffraient dans la forêt dense, passant entre les arbres sans cesser de courir, ma main gauche tenant fermement mon arme. Nous ne rencontrions pas d’ennemis pour l’instant, nous étions totalement dispersés mais suffisamment nombreux pour assurer notre domination sur le champ-de-bataille. La surprise et la peur se faisaient ressentir dans les rangs des ethnies, je sentis leur agitation, leur confusion, ils se préparaient à nous recevoir comme il se doit. Nous nous en contrefichions, nous avions confiance en notre puissance, le nombre faisait la force, puis notre avancée commençait à nous rassurer sur le plan stratégique de notre armée ; certes, on nous avait ordonné de charger, de tuer tous ceux qui osaient nous faire face, et de cesser le combat dès que le général en donnait l’ordre, au cas où l’ennemi décide de se soumettre. Après tout, c’était cela que nous recherchions : les asservir, faire en sorte qu’ils capitulent pour qu’ils se rallient à l’Empire. Les éradiquer ne posait aucun problème, nous convoitions juste leurs terres, mais que serait un Empire sans des peuples à dominer ? Il fallait que nous ayons une image de leader, de conquérant, le culte de Listmeth devait se rependre dans le monde entier ; c’est ce qu’ils voulaient, et donc ce que je voulais. Ils veulent juste que je souhaite ce qu’ils veulent, ainsi j’obéis et je participe pleinement à ce grandiose projet. Croiser le fer avec un peuple inconnu ne m’intimidait pas : peu importait l’ennemi, j’allais l’affronter jusqu’à ma mort, j’aurais au moins eu la satisfaction d’avoir accompli mon devoir jusqu’au bout, et ils seront satisfaits de mes efforts, voilà comment était organisé le but de ma vie. J’étais loin d’être le seul à me comporter ainsi, heureusement même, nous partagions tous ce sentiment de nous rendre utile à notre patrie ; combattre une autre patrie en faveur de la nôtre était tout bonnement justifiée par notre motivation, il n’y avait aucun honneur de guerrier hormis celui du patriotisme. Et cela, les hommes-oiseaux mirent du temps à le comprendre, ce temps gâché dans leur vaine riposte où nous vîmes les premiers attaquants nous charger. Derrière mon masque obscurcissant mon étrangeté, ma soif d’accomplir mon devoir se fit plus intense.

Tous comme nos adversaires, nous fûmes déstabilisés par le premier contact, aussi bien terrestre qu’aérien. Ils étaient des hommes-oiseaux après tout, il n’y avait aucun étonnement à les voir user des voies de l’air pour nous prendre en tenaille. Certains d’entre nous, pourvus d’ailes en tout genre, usèrent de leur capacité à voler pour affronter leur adversaire à la loyale ; dans mon cas, je gardais les pieds sur terre, étant conscient de la faible constitution de mes propres ailes. Je me débarrassai rapidement des assaillants se tenant sur ma route, je ne cessais de tenter de me rapprocher du cœur de leur population, notre objectif. Il serait évidemment plus rapide de s’y rendre par la voie aérienne, mais c’était une grave erreur qui coûta la vie à maints de nos soldats : les hommes-oiseaux étaient beaucoup plus habiles lorsqu’ils se déplaçaient dans les airs. En outre, notre avantage restait la terre ferme. Je n’eus pas grand mal à battre la plupart des ennemis, même si la majorité se montrait coriace, en particulier un homme-oiseau que n’importe quel autre guerrier aurait voulu contourner. C’était un représentant plus imposant de sa race, des yeux d’un rouge aussi vif que ceux de mon maître-sorcier, il était à la fois fort et rapide, il empilait les cadavres des envahisseurs avec une telle aisance qu’on aurait cru que c’était son quotidien. Contrairement à mes homologues, je n’hésitai pas à le provoquer en duel ; si je parvenais à le retenir assez longtemps, la plupart de mes camarades pourront passer sans problème. J’attaquai le guerrier en traître, il réussit à parer mon attaque, ses sens semblaient bien développés. Mon apparence parvint à lui titiller sa curiosité, j’étais différent des cadavres qui l’entouraient, cela suffisait à m’offrir une chance de l’affronter. Nous échangeâmes de nombreux coups, son arme étant plus imposante que la mienne, je me devais de miser un peu plus sur l’adresse. Le désarmer sembla néanmoins impossible, il tenait fermement son épée comme si elle faisait partie intégrante de son corps. Je tentai de le blesser à plusieurs reprises, pareil de son côté, nous n’arrivions jamais à entailler ne serait que légèrement notre opposant respectif. Notre duel dura assez longtemps, il n’y avait pratiquement personne aux alentours, nous étions épuisés, il ne fallut que peu pour nous faire poser un genou à terre. C’est là que nous entendions un ordre de nos généraux, nous ordonnant de cesser le combat et de les rejoindre au plus grand rassemblement des hommes-oiseaux. Nous nous fixions, un armistice venait d’être signalé, l’aube commençait à faire son apparition, montrant que nous nous étions battu plus longtemps qu’imaginé. Néanmoins, dévoués à notre patrie, nous obéissions sur-le-champ à nos supérieurs, rejoignant rapidement le point de rassemblement. Une fois arrivés sur place, une trêve était belle et bien installée, les deux camps se délimitant par le face à face des deux généraux. Le dirigeant des volatiles et Cieth communiquaient par le biais des sorciers, afin de renforcer la compréhension interraciale, nous n’avions par la même langue après tout. Du peu que j’en comprenais, les hommes-oiseaux refusaient catégoriquement une continuité du massacre, ils voulaient parvenir à un arrangement avec l’Empire, sans pour autant courber l’échine aussi facilement. Le général Cieth, ayant été désigné comme étant le responsable principal du projet des conquêtes, décida finalement de régler cela dans l’honneur : un duel en un contre un, chaque camp possédant son champion désigné ; si les tanieths gagnaient, les hommes-oiseaux se rallieront éternellement à l’Empire, dans le cas contraire l’Empire devait payer les dégâts et partir pour toujours. Les hommes-oiseaux n’hésitèrent pas une seule seconde à présenter leur champion : il se nommait Goriam, et c’était le guerrier que j’avais affronté plus tôt.

" Vous êtes sur nos terres, je souhaite choisir mon propre adversaire. "

Ce sont ces mots qu’il prononça en avançant vers mon supérieur, Cieth ne fut pas d’accord sur cette décision, il pourrait choisir un guerrier beaucoup plus faible que lui. Cependant, Goriam était un homme honorable, il me pointa du doigt en me désignant comme son unique adversaire, il fit l’éloge de ma performance de tout à l’heure, que j’étais l’une des rares personnes lui ayant demandé tant d’effort ; il fit d’ailleurs la remarque que nous n’étions aucunement blessé tous les deux, et donc les seuls aptes à nous battre sans handicap. Même si nous étions fatigués, notre esprit guerrier nous poussait à dépasser nos limites pour terminer notre combat. Je restai toutefois silencieux, laissant le jugement de Cieth trancher sur cette décision. A la surprise de tous, il se mit à rire et accepta de me laisser porter le fardeau de l’espoir tanieth ; beaucoup de soldats manifestèrent leur mécontentement, la plupart d’entre eux étaient plus forts que moi, cela ne faisait aucun doute. Mais le destin était ainsi, je m’avançai vers Goriam sans attendre, lui faisant face sans crainte.

" Ce sera un combat à mains nues, pas d’arme, pas de magie, ni de protections. S’il y a tricherie, tout le monde sera mis au courant sur-le-champ, et la victoire reviendra aux hommes-oiseaux. Acceptes-tu ce duel, jeune guerrier ? "

Je tournai la tête vers Cieth, qui me fit un signe d’approbation. Je commençai donc à retirer mon masque qui pouvait me servir de protection pour la tête, dévoilant mon véritable visage légèrement recouvert par mes bandelettes au champion, mes cheveux n’étant plus couvert par le chèche relié au masque. Celui-ci suivit mon mouvement en retirant ses armes et ses pièces d’équipement de son armure, j’en fis tout autant. Nous nous retrouvons seulement couverts de nos tuniques, je me mis d’ailleurs torse nu puisque j’avais l’intention d’offrir à mon adversaire ce qu’il désirait au plus profond de son être : un duel honorable. Et pour cela, j’avais besoin d’utiliser mes ailes, ainsi nous pourrions utiliser toutes nos capacités sans retenue. Ma carapace noire s’ouvrit légèrement au niveau de la colonne vertébrale et laissa échapper les nervures qui se relièrent par le voile noire. Ce spectacle amusa Goriam, il était à la fois impressionné et honoré, c’était tout ce dont j’avais besoin de savoir.

" Quel est ton nom, digne tanieth ? "

" Ashleth. "

Il hocha la tête, il comptait s’en souvenir, soit à travers la vie, soit à travers la mort. Nous nous placions au centre de la foule et attendions le signal de départ ; lorsqu’il fut lancé, nous nous propulsâmes à une vitesse fulgurante en altitude. Lorsque nous atteignîmes une hauteur respectable, nous nous lançâmes simultanément à l’assaut, frappant du poing celui de l’autre. Notre force physique était plutôt équitable malgré la carrure du volatile, ce combat allait certainement durer comme la dernière fois. Rapidement, nous commencions à noter les faiblesses de notre adversaire : contrairement à lui, mes bras n’étaient pas reliés à mes ailes, j’avais donc une mobilité un peu plus souple, par contre mes ailes étaient beaucoup plus fragiles que les siennes ; il avait juste à les entailler pour me faire perdre de l’altitude. Je restai toutefois sur mes gardes, bloquant chaque coup et répliquant avec la même ardeur, on n’arrêtait pas de changer de terrain mais jamais nous posions les pieds à terre. Un moment, après avoir longuement esquivé et bloqué, on finissait par ne plus qu’encaisser, nous étions trop à bout de force, notre célérité nous faisait défaut. Toutefois, aucun d’entre nous ne comptait laisser tout un peuple se faire injurier ; notre fardeau était bien lourd mais il ne nous fit pas écraser par terre. J’essayai tant bien que mal de mettre mes douleurs de côté afin de me concentrer sur le duel, et uniquement sur le duel. Il fallait tout de même nous rendre à l’évidence : l’issue du combat se rapprochait dangereusement, et devint inévitable quand Goriam réussit à lacérer une de mes ailes avec ses serres, et que je profitais de cette occasion pour le frapper violemment au bec. Avec une seule aile, je ne pouvais plus me mouvoir dans les airs, je tombai donc en continu tandis que mon opposant perdait lui aussi son équilibre, sonné par le coup que je lui avais balancé tantôt. Nous nous écrasâmes violemment au sol, après nous être pris quelques branches qui nous ont tout de même permis à limiter la casse. Me relevant difficilement, je ne faisais aucunement cas de figure de mon aile déchirée à moitié, j’avais un combat à finir. L’homme-oiseau utilisa un tronc pour se tenir de nouveau sur ses pattes, son bec étant cassé. Notre sang coulait à flot, cette énorme perte ne nous détourna pas de notre objectif, nous étions immondes, monstrueux, notre soif de victoire dépassait notre raisonnement. Sentant tous les deux la fin approcher, nous rassemblions nos dernières forces dans cet ultime face à face ; lorsque le moment propice se profila, nous chargions. Goriam avait décidé de tout miser sur un coup de serres alors que moi, je feintais de vouloir frapper avec mon poing, alors qu’en réalité, je contournais au dernier moment l’attaque du guerrier pour sauter en sa direction, lui retournant l’assaut avec un coup de pied retourné qui se logea sur son visage. Ma frappe le propulsa en direction d’une racine d’un énorme arbre, le choc du crâne contre le bois lui fit perdre la vie. J’avais gagné. Sans savourer une seule seconde de plus ma victoire, je me mis à porter le défunt champion pour l’emmener au rassemblement des deux camps ; plusieurs éclaireurs m’avaient rejoint pour constater avec frayeur ou enthousiasme ce que j’avais fait à l’homme-oiseau. Ce n’est que lorsque je déposais le corps de mon adversaire au sol, au centre du rassemblement, que je me délectai de la satisfaction de ma patrie, qui se manifesta par des cliquetis de joie, au grand dam du peuple des hommes-oiseaux qui pleura à chaudes larmes son ancien champion et capitula sous l’emprise de l’Empire tanieth.

Ceci fut mon premier grand combat, je l’avais bien vécu, je dus mettre des semaines à retrouver mon corps comme neuf, grâce au soutien de la magie et du repos bien mérité. Néanmoins, malgré ma paresse si prononcée, j’attendais avec impatience de redonner une nouvelle fois un flot de joie au peuple, comme je l’avais fait sur l’île des hommes-oiseaux ; il fallut que je patiente un an environ, suite à de nombreuses autres batailles et conquêtes. Dix-neuf années de ma vie s’écoulèrent depuis ma naissance, et je fis face à l’une des grosses phobies des tanieths : l’eau. Notre nouvelle conquête était le royaume sous-marin des hommes-requins. Celui qui avait découvert l’existence de ce lieu enfouie dans l’océan était l’un de nos nombreux sorciers, ils avaient repéré la présence d’êtres doués de raison. Suite à de nombreuses observations, ils se rendirent à l’évidence qu’un grand ennemi occupait les eaux abyssales, et que leur royaume se situait très profondément dans l’eau. La plupart des tanieths détestaient l’eau, le feu étant la phobie la plus forte, mais les sorciers pouvaient se permettre de faire abstraction de cette peur en usant de leurs dons magiques. Une escouade de sorciers avait donc créé une barrière protectrice riche en air pour pouvoir respirer sous l’eau et se rendre chez ces fameux hommes-requins, afin de les rallier à l’Empire. Malheureusement, ce fut un échec total : les sorciers n’atteignirent jamais le royaume abyssal, ils n’avaient pas pris en compte de la présence d’un puissant ennemi. L’un des seuls survivants informa l’empereur que leur royaume était protégé par un grand gardien, un homme-requin capable d’utiliser la sorcellerie afin de repousser tous les intrus hors de la mer grâce à l’eau, ou encore à les noyer tout simplement, pour les dévorer ensuite. Selon les sorciers, ce gardien était complètement fou, les hommes-requins devaient se servir de lui comme une bête dressée, n’ayant pour but que d’accomplir la tâche qu’on lui avait assigné. Si nous voulions nous emparer du royaume des mers, il fallait vaincre ce sorcier coûte que coûte. Pour cela, Listmeth convoqua ses plus puissants sorciers, notamment beaucoup de soldats-sorciers dont moi, il nous chargea d’éliminer cet homme-requin afin que nous atteignons ce royaume. Le responsable de cette conquête était le maître des sorciers en personne, Nekialeth. Ce serait également lui qui dissuaderait le peuple des hommes-requins à se rallier à l’Empire ; selon lui, vaincre le gardien suffirait amplement à leur faire changer d’avis, nous n’avions donc besoin que de la seule tête du sorcier des mers pour nous emparer de ce royaume, nous espérions tous que ce plan fonctionnerait comme il faut.

Confiants, nous nous préparions du mieux que nous le pouvions, aussi bien mentalement que physiquement. Il paraîtrait que ce sorcier était assez imposant, il nous fallait donc de la magie brute, j’avais de quoi faire avec mon pouvoir d’impact, les autres avaient leurs propres dons tout aussi utiles et encore plus puissants pour certains. Je n’étais encore qu’un novice après tout, même si ma victoire au duel des hommes-oiseaux me valut les éloges, je commençais à convaincre Irianeth que j’étais bien le prodige qu’il attendait, et cette campagne-ci en sera une nouvelle preuve. Une fois armés jusqu’aux dents, nous nous mettions en route jusqu’à la berge la plus proche du royaume convoité. Les sorciers préparèrent le sortilège nous permettant de voyager sous l’eau sans manquer d’air, tandis que nous, les soldats-sorciers, nous attendions enfin le moment venu. Une fois l’incantation terminée, une énorme masse d’oxygène se forma devant nous, elle avait l’apparence d’une géante bulle ; Nekialeth nous invita à y pénétrer, ce que nous faisions sans tarder, et nous pouvions en effet respirer à l’intérieur. Le maître des sorciers prit les commandes de la bulle et la fit avancer en même temps que nos pas, nous marchions sur le sable dans l’eau. Un moment, Nekialeth décida de faire léviter au-dessus du sol sous-marin, c’était comme si nous nagions, même si aucun d’entre nous savait accomplir un tel exploit. Puisque le voyage était assez long, je me mis à tenter de comprendre comment fonctionnait cette fameuse bulle : en fait, l’un des sorciers maintenait un filet de vent juste au-dessus de la bulle, ce filet s’étendant jusqu’à la surface où il récupère l’air afin de l’attirer jusqu’à nous. Nous n’étions jamais en manque tant que le sorcier n’était pas vidé de magie, et cette opération ne lui en demanda que très peu à notre plus grand soulagement ; de toute manière, au cas où il n’aurait plus rien en réserve, l’un des autres sorciers encore libre pourrait le remplacer ou alors l’un d’entre nous pourrait fournir une bonne quantité d’énergie au sorcier. Ceci dit, nous étions tranquilles pour l’instant, jusqu’au moment où nous apercevons au loin le royaume des hommes-requins, entouré par une bulle formant un dôme sur la totalité de ce lieu, nous n’aurions aucunement besoin de notre propre bulle d’air pour communiquer avec eux. Cependant, l’heure n’était pas aux négociations, car, comme nous l’attendions, notre ennemi juré commença à se manifester. En dégainant nos armes, c’était d’abord un hurlement se répercutant entre les rocheuses, puis un léger tremblement de terre, l’eau commençait à se mouvoir de plus en plus fortement autour de nous, jusqu’au moment où notre bulle se divisa en plusieurs parties, nous étions tous repoussé chacun dans notre direction par une force inconnue. Un nouvel hurlement éclata, j’amortis ma chute en déposant mes pieds sur la roche, je remarquai qu’il y avait toujours un filet d’air au-dessus de nos bulles, c’était Nekialeth qui se concentrait à toutes les maintenir pendant notre combat. Nous attendions que le fameux gardien se montre enfin, et on pouvait dire qu’il avait le sens du spectacle en apparaissant soudainement entre nous, imposant et monstrueusement puissant à première vue. Son hurlement était incompréhensible pour tous, sauf moi qui en discernai la majorité des mots.

" Personne ne s’approchera du royaume des requins ! Démens vous dévorera tous ! "

" Attaquez-le, tous ! Tuez-le par n’importe quel moyen ! "

L’ordre était clair, nous nous lancions tous à l’assaut sans tarder. Je poussai sur mes pieds pour me propulser en direction du grand requin bleu, aux yeux totalement blancs, on aurait dit qu’il était aveugle et qu’il ne comptait que sur les mouvements marins autour de lui pour repérer notre présence ; je pouvais confirmer que c’était le cas en m’infiltrant dans son esprit. Il était bel et bien fou, son esprit était complètement embrouillé, toujours à se répéter qu’il devait éliminer les intrus, puis physiquement aussi il le paraissait : sa longue langue pendait hors de ses dents de scie. C’était bien un monstre à nos yeux, un homme que ses semblables ont asservi pour s’assurer une protection, tout ça pour ses dons. Ce n’était pas pour autant qu’on allait compatir, notre but était bien de l’éliminer comme lui-même en avait l’intention. Alors que nous étions tous autour de lui, prêts à lui porter un coup fatal, il nous repoussa tous en même temps à l’aide d’un cyclone. J’essayai de reprendre mon équilibre sous l’eau, il avait apparemment la capacité de contrôler cet élément, ce qui le rendait terriblement avantagé ; au moins, il ne pouvait pas agir sur nos bulles magiques, sinon nous mourrions tous noyés ici. Il chargea à son tour, attaqua un par un les tanieths qui se dressaient sur son chemin. Il se débarrassa rapidement des soldats-sorciers vu qu’ils avaient besoin de s’approcher de lui, et alors soit ils se faisaient repousser puis tuer, soit Démens les attrapait violemment pour les dévorer vivant. Je faisais malheureusement parti de cette catégorie, je compris que je ne pourrais pas m’approcher pour le tuer au risque d’apporter ma propre mort. Il ne prêtait aucunement attention à moi pour le moment, j’attendais une occasion, une ouverture, n’importe quoi qui pourrait m’aider à l’éliminer. Les autres sorciers l’attiraient, il enrageait à chaque attaque encaissée ou chaque nouvelle échappatoire utilisée par ses ennemis, j’espérais donc que mes collègues arrivent à le maîtriser. Le problème étant que le gardien était dans son élément et que, même si cela prit beaucoup de temps, il parvint à tous les tuer. Il ne restait plus que Nekialeth et moi-même en retrait, Démens repéra rapidement la position de mon maître qui ne pouvait rien faire vu qu’il devrait sacrifier nos bulles s’il bougeait, et il n’avait pas encore l’intention de mourir ici. Je profitai de cette diversion pour me propulser en direction du sorcier qui chargeait le tanieth, le frappai au flanc, je rajoutai un peu d’énergie dans ma lame pour repousser violemment cet homme-requin. Cela porta ses fruits, je l’avais blessé et il s’obligea à reculer. Il me darda de ses horribles yeux vides, c’était une provocation et je sentis bien sa colère croissante. A mon plus grand malheur, il avait le pouvoir de se guérir, soignant donc la moindre blessure que je lui avais causée. Comprenant la dramatique situation dans laquelle je me trouvais, je me mis à fuir avant même qu’il termine son opération, je devais trouver rapidement une contre-attaque avant de rejoindre à mon tour mes frères d’arme dans son estomac.

Je sautai de roche en roche, utilisant assez souvent mon pouvoir d’impact pour me propulser encore plus loin, détruisant au passage derrière moi les rochers les plus insignifiants et fissurant les plus gros. Certes, j’arrivais à me tirer au dernier moment d’une mauvaise impasse grâce à cela, mais Démens arrivait toujours à me retrouver à cause de ces traces. Une seule erreur de ma part, et je pouvais faire définitivement mes adieux, le stress montait en moi, je savais qu’un moment ou à un autre il arriverait à m’attraper. C’était un homme-requin après tout, l’eau était aucunement une entrave pour lui, c’était même l’élément qui lui permettait de se déplacer le plus rapidement, de manière très fluide, puis c’était également son pouvoir le plus dévastateur. Si ce n’étaient ses dents que je tentais d’éviter, c’étaient également ses nombreux cyclones et vagues aqueuses qui m’obligeaient à ne jamais relâcher ma vigilance. Je parvenais à éviter ses dents de justesse, pour le reste je me débrouillai pour changer rapidement ma trajectoire ou alors j’essayais de dévier ces attaques grâce à mon pouvoir. Le gros problème, à part ma sorcellerie qui commençait à décliner de plus en plus, était le fait que je n’arrivais tout simplement pas à me concentrer sur une nouvelle solution, ma fuite était une préoccupation qui dépassait mes capacités. Je n’arrivais pas à trier correctement mes pensées, la peur de la mort ne m’effrayait pas plus que la peur de décevoir mes pairs à cause de mon attitude de lâche. Je savais aussi que Nekialeth ne tiendrait pas assez longtemps, nous allions mourir ici si nous ne parvenions pas à tuer ce gardien. Il fallait absolument que je cherche quelque chose, n’importe quoi qui puisse renverser la balance en ma faveur. Je finis par balayer mes craintes en ayant commencé par prendre l’habitude de coordonner mes mouvements de fuite, il était temps de réfléchir sans se préoccuper du reste. La seule manière de vaincre ce sorcier était de s’en débarrasser en un nombre de coups le plus faible possible, sans quoi Démens profitera d’une future trêve pour se soigner. Je savais aussi que mon don d’impact semblait le chatouiller assez pour que je puisse reprendre l’avantage pendant un court moment ; le problème restait toutefois la distance : si je m’approchais de lui, je ne pourrais lui porter qu’un unique coup avec de la chance, sinon il arrivera à me dévorer. Il fallait que je frappe à distance, mais je n’avais aucun pouvoir me permettant de réaliser un tel exploit, et je ne portais qu’une épée qui me serait inutile comme projectile. Je me mis à repenser soudainement à mon pouvoir d’impact : frapper avec nécessite que j’aille au contact, mais pour repousser des attaques magiques je laissais volontiers mon énergie sortir de mon bras afin de les dévier. C’est là que j’eus une ingénieuse idée : et si je combinais les deux effets à la fois ? Je devais obliger mon énergie à sortir de mon corps puis de la lancer contre Démens pour qu’elle le frappe de plein fouet, comme si je le frappais à distance. Avec cela, cette attaque serait un prolongement de mon bras, me permettant de continuer à combattre tout en gardant mes distances. C’était un pari risqué, il se pouvait que cela ne fonctionne pas comme prévu, mais là était ma seule option pour le moment.

Ainsi, je me mis à rengainer mon arme, je continuais de fuir tout en, cette fois, concentrant une grosse partie de ma magie restante dans mes bras ; il fallait que l’attaque soit assez imposante pour faire vaciller l’homme-requin. Obliger mon énergie à rester sur mes muscles tout en se manifestant à l’extérieur se montra compliquer, cela me prit pas mal de temps et je commençais vraiment à fatiguer. Je comprenais que tout dépendait de cet acte-là, soit j’allais rater et mourir, soit j’allais réussir et là je ne devais plus me poser de question : je foncerai et le tuerai une bonne fois pour toute. Démens semblait en avoir assez de cette futile poursuite, il ne se lassa pas malheureusement de vouloir déchiqueter ma chair tendre, j’étais à son goût apparemment. Sauf que j’avais bien l’intention de le manger à sa place, renverser les rôles de chasseur et proie allait être décisif et certainement surprenant pour lui, cette surprise sera mon unique chance. Enfin je vis mon énergie interne se dégager autour de mes bras, se manifestant sous la forme d’une aura noire ; l’euphorie s’empara de moi alors que je rassemblais le plus d’énergie à l’intérieur de cette aura, je cessais de la remplir lorsque je commençais à voir qu’elle deviendrait incontrôlable. Je me mis de suite à faire la même chose avec mes jambes puisque j’avais une idée d’enchaînement qui me permettrait d’être sûr d’éliminer mon adversaire. Quand mes membres inférieurs et supérieurs se mirent à être recouvert d’un épais voile noire, j’atterris au sol et me retournai rapidement vers Démens qui était toujours en train de charger en ma direction. Plaçant mes deux mains face à lui, je fis partir l’énergie de mes bras en sa direction, le gros rayon noircis le frappa en pleine tête, le projetant au loin. Il ne comprit pas immédiatement ce qui venait de se passer, il ne pensa même pas à essayer de contre-attaquer et je ne comptais pas moi-même lui en laisser l’occasion. Je poussai sur mes jambes pour me retrouver sur le pic rocheux le plus haut, puis en déposant la plante de mes pieds contre la roche, je me mis à gaspiller toute mon énergie dans mes jambes pour me catapulter en direction du sorcier, le récupérant donc en plein vol par la gorge que j’avais choppé entre mes deux mains. Coïncidence ou pas, cette action plus ou moins calculé nous propulsa en plein dans le royaume des hommes-requins : nous traversions le dôme de la bulle sans le briser vu qu’il se reconstitua instantanément derrière nous puis nous nous écrasâmes en plein sur le sol, au milieu des passants apeurés par le cratère s’étant soudainement formé entre eux. L’explosion provoqua une épaisse fumée qui fit sortir directement la tête démembré du gardien, le choc a fait exploser son corps en plusieurs parties, j’avais amortis la chute en ayant pris soin de placer son corps devant moi. Ainsi, je sortis à mon tour de la fumée, indemne, et plaça mon pied sur la tête du défunt sorcier. Tous les habitants marins manifestèrent leur peur et leur surprise de cette intrusion et de ce meurtre, la garnison tanieth arriva peu après mon arrivée dans le royaume, Nekialeth avait appelé les renforts pendant que je fuyais l’homme-requin apparemment. Très vite, le souverain de cette race des mers apparut, et constatant les dégâts tout en écoutant nos intentions, il avoua sans plus attendre leur défaite, les hommes-requins étaient à présent sous notre bannière impériale.

Une nouvelle fois, ma victoire fit des heureux : plusieurs versions de mon affrontement face au gardien fusèrent dans les tavernes, beaucoup disaient que c’était du fait que je n’étais pas tanieth qu’un combat sous-marin ne me faisait pas peur. C’était assez paradoxal puisque je craignais l’eau de mer et la pluie autant qu’eux, j’avais juste obéis aux ordres : tuer l’ennemi par n’importe quel moyen. D’ailleurs, ce moyen que j’avais emprunté me fit découvrir une nouvelle facette de mon pouvoir d’impact : cela n’était pas de la magie pure, mais créé des rayons, des sphères et que sais-je encore rien qu’avec ma propre énergie noire montrait que j’avais quelques atouts de sorcier dans ma manche. Ces attaques ne brûlaient pas, ni n’explosaient, aucun effet destructeur hormis frapper physiquement et violemment ma cible, dans le but de le déstabiliser ou l’assommer ; avec un peu plus d’énergie, cela pourrait même le transpercer, mais vu le gaspillage je préférais me retenir. Étourdir et casser les os de mon adversaire étaient déjà une tactique que j’usais énormément, mais si je pouvais en plus attaquer à distance tel un véritable soldat-sorcier, je pouvais ouvertement dire que j’étais assez polyvalent. Malgré tout, je me servais seulement de ce pouvoir qu’en extrême recours ou contre un autre magicien, cette opération me faisait gaspiller plus de mana que si j’allais au contact, en plus le résultat serait le même toute façon. En outre, je comprenais juste que mon pouvoir avait une portée plus grande que je le pensais, et cela ne changeait pas grand-chose dans mon style de combat. A quoi bon remanier toute ma tactique militaire pour un détail aussi minime ? Cieth était d’accord avec moi, je n’avais pas à me creuser autant la tête pour cela, je continuais donc de vivre ma vie de soldat comme à l’habitude. Je remarquai tout de même qu’une certaine estime s’était créée au sein des rangs, comme quoi il faut risquer sa peau de sang-froid pour obtenir le respect dans l’Empire. Néanmoins, je restais un fantassin comme tout le monde, je n’avais aucune supériorité à revendiquer et encore moins de l’infériorité à subir ; je faisais juste parti des heureux élus ayant accomplie un glorieux exploit au cours d’une ou plusieurs batailles. Beaucoup d’autres avaient réunie plus de gloire que moi, leurs noms étaient honorés dans l’armée, ils faisaient tout pour réunir le plus de victoire possible. Moi, je n’allais pas jusque-là étant donné que ce n’était pas ce dont on attendait de moi, je suivais juste les ordres et c’est par deux fois que ces ordres m’ont conduit à réaliser une belle performance. Enfin, pas seulement que deux fois : jamais deux sans trois comme on dit, une autre campagne m’avait marqué concernant ma troisième gloire, un peu plus subtile que les précédentes cette fois.

Deux ans après la campagne sous-marine, nous nous attaquions à une nouvelle terre fortement peuplée et dont le peuple était relativement faible face à nous : les rats géants. J’avais vingt et un an à cette époque, je faisais partie des régiments qui avaient pour objectif de massacrer les villages jusqu’à ce qu’ils décident enfin de signer leur abdication. Cependant, non seulement ils étaient tellement faibles qu’on aurait tôt fait de tous les tuer, mais en plus ils étaient vraiment stupides, leur quotient intellectuel laissait à désirer, ce devait être dans les gènes raciales certainement. Nous passions nos jours à aller de village en village, à éliminer tous les habitants jusqu’au dernier, emprisonnant quelques-uns d’entre eux qui nous paraissaient importants pour la suite des évènements. En leur faisant cracher le morceau, ils parlèrent rapidement : le plus gros de la population se trouvait en réalité sous terre, à l’intérieur d’une chaîne de montagne, sous le plus haut pic du territoire apparemment. Notre mission allait donc se dérouler en grande partie dans le sol, c’était cette fois-ci non un inconvénient mais bien un avantage grâce à notre vision nyctalope. Cieth ordonna donc d’avancer tout droit en direction des montagnes, tout en rasant les habitations se trouvant sur notre chemin. Malgré leur intelligence limitée, les rats géants étaient extrêmement nombreux, ils pourraient nous être utiles par leur supériorité numérique, nous pourrions également les dresser facilement ; c’est ce qu’en tout cas pensait la majorité de l’armée, je partageais plus ou moins leur avis, même si mon empathie me faisait bien comprendre qu’il allait être extrêmement difficile de les asservir. Je ne doutais pas par contre de la victoire de l’Empire sur ces êtres primitifs, tout le problème résidait sur la capitulation de ces rats géants : le dénouement le plus probable étant l’extinction totale de cette race à mes yeux, mais si l’Empire était confiant dans la réussite de cette campagne qui devrait se résulter sur l’esclavage de cet ennemi, je ne pouvais qu’aller dans leur sens. Ce qui était sûr, c’est que nous avancions lentement mais prudemment vers les montagnes, les massacres de village commençaient à devenir lassants, on espérait que notre entrée dans les souterrains changerait un peu cette routine ennuyante. Justement, nous allions avoir notre réponse au moment où nous arrivions devant l’une des nombreuses entrées des souterrains.

Étant donné que c’était l’endroit idéal pour une embuscade, le général Cieth resta sur ses gardes et ordonna à une patrouille d’aller vérifier les environs, nous restions donc à l’intérieur village à présent désertique. Je me mis à farfouiller un peu partout pour trouver un endroit convenable pour dormir le temps d’attendre le rapport de la patrouille… qui ne vint jamais en fait. A peine quelques minutes après leur départ, nous entendions les cliquetis d’agonie de nos confrères, ils ont été apparemment surpris durant leurs derniers instants, une seule conclusion sautait à l’évidence : un piège bien ficelée. Cieth devint fou de rage et mobilisa cette fois-ci des guerriers d’élite pour se débarrasser des assassins et de désarmer les pièges ; là encore nous attendions jusqu’au levée du soleil, ils ont également tous péris. Notre régiment ne savait plus quoi faire, mon maître lui-même n’avait aucune idée de la marche à suivre. Il finit par briser ce silence tendu en déclarant qu’ils allaient trouver une autre entrée en bouchant celle-là, et que ceci se déroulera le lendemain : nous avions mérité un bon repos. Ainsi, nous fuyons la lueur du soleil chacun à notre tour, j’étais de garde près de l’entrée de la grotte vu que je ne craignais pas le jour. Assoupis derrière mon masque, je restais néanmoins aux aguets du moindre bruit, attendant que nous repartions enfin guerroyer de nouveau. Ma vigilance ne me fit pas défaut au moment où les rats géants décidèrent de contre-attaquer : l’un d’entre eux sortit de la grotte, il était assez chétif contrairement à ses congénères, une épaisse fourrure marron, des yeux d’un vert luisant et une bandelette blanche pendait sur son long museau, masquant légèrement une grosse cicatrice de son visage. Il se déplaçait à pas de loup en direction de notre campement, il avait fait l’erreur de ne pas avoir pris compte de ma présence, peut-être à cause de mon apparence divergente de celle de mes frères. En tout cas, je n’allais pas laisser ce rat géant assassiner notre unité dans l’ombre : je dégainai rapidement ma flissa et me rua sur lui, il fit attention à moi au dernier moment, parant mon attaque à l’aide de ses deux dagues en main. Je continuai de frapper sa lame pour le faire céder, mais il finit par esquiver et à prendre la fuite à l’intérieur des souterrains. Sans réfléchir, je me ruai aussi à l’intérieur pour l’éliminer, c’était peut-être notre seule chance d’obtenir des informations auprès de ces assassins et de s’en servir pour contre-attaquer ce stratagème. En courant entre les galeries, l’arme en main, je me rendis vite compte qu’il sprintait plus vite que moi mais qu’il semblait faire exprès de ralentir afin que je continue à le poursuivre. Je savais qu’il me tendait un piège, je m’en contrefichais : j’allais l’avoir en déjouant tous ses petits jeux, c’était peut-être lui le responsable de la mort de nos frères. Je finis par atterrir dans une grande salle, le plafond était très haut, ce devait être le cœur d’une des montagnes. Je vis qu’il y avait de nombreuses cavités dans les murs, assez grosses pour laisser passer aisément au moins deux adultes. Celui que je poursuivais se mit à sortir de l’un de ces trous, atterrissant sur ses pattes postérieurs en me fixant avec un regard meurtrier.

" Imbécile de tanieth, tu as été si facile à traîner jusqu’ici… tu vas l’être tout autant à mourir ! "

A peine qu’il finit sa phrase qu’une vague de rats géants fit son apparition à ses côtés, ils étaient tous très agiles mais je savais qu’un seul coup les ferait périr. Malgré leur nombre important, je ne me laissai pas abuser par la peur, je ne saurais revenir sur mes pas sans me faire poignarder sournoisement ; plus qu’une seule option se profilait à mes yeux et non pas la moins suicidaire : tous les tuer. Me mettant en garde, j’attendis de pied ferme qu’ils viennent à moi ; ils se mirent d’abord à ricaner entre eux de mon courage démesuré, à peine trois m’encerclèrent pour me donner une bonne correction. Quelle ne fut leur surprise lorsque j’arrivais à esquiver toutes leurs attaques sans parer une seule fois, je leur coupai net la gorge à la suite lorsque l’occasion se présenta. Cette fois c’était une dizaine qui se rua sur moi, je frappai violemment du pied sur le sol en utilisant mon pouvoir d’impact, une mini secousse se manifesta pour leur faire perdre l’équilibre, j’en profitai pour les tuer un à un et termina le travail proprement en parant cette fois les attaques pour éviter de me blesser inutilement. Me tournant de nouveau vers ma proie, l’un de ses sbires prononça son nom en soulignant mes compétences : Svakün qu’il s’appelait, il avait l’air aussi étonné que ses frères de ma force. Il finit par pester de rage, ordonnant à tous les rats géants de m’attaquer. Là encore je ne me laissai pas faire, j’utilisai toutes les capacités mises à ma disposition pour les vaincre, je pris même parti de l’environnement pour m’en tirer. Ils étaient tous des assassins, ils ne firent pas le poids face à un soldat aguerri ; certains eurent l’audace de me poignarder dans le dos, ils relâchèrent rapidement leur garde lorsque leur lame percutait ma carapace renforcée, un moment d’inattention qui leur coûta la vie. D’autres réussirent à me toucher, mais vu que je ne ressentais pas la douleur, mes actions ne s’arrêtèrent jamais en cours de route. La seule manière de m’arrêter était de m’épuiser, et seul le temps et la perte de sang pouvaient faire la différence. Malheureusement pour eux, ils étaient si faciles à éliminer que cela ne me demanda que peu d’effort, et leurs armes fussent si ridiculement taillés que mes blessures aggravèrent très peu mes hémorragies. Au final, c’était surtout leur grand nombre qui me dépassait : à chaque mort, deux autres entraient en scène. Ce combat était vraiment long, je transpirais beaucoup lorsque je tuai le dernier rat géant, ne laissant plus que moi et Svakün dans cette salle empestant la mort.

" Im… po… ssible… "

Pourtant c’est bien ce qui s’était déroulé sous ses yeux, et je n’en avais pas encore fini. Je me mis à rengainer mon arme, serrant mes poings devant moi, le provoquant en duel de cette manière. L’assassin ne sembla pas être bien content de ce geste, il se sentit même insulté que je retire mon arme. Enfin, il restait un meurtrier de l’ombre, c’est bien pour ça qu’il se jeta sur moi sans hésitation, ses deux armes bien en main de son côté. Je bloquai ses avant-bras pour ne pas recevoir le coup fatal, mon but étant de lui arracher tout ce qui faisait de lui un combattant : ses dagues. J’étais un professionnel du désarmement après tout, il ne pourra plus rien faire contre moi sans ses petits joujoux. Je finis bien évidemment par lui retirer l’une de ses armes, nous étions à présent sur un pied d’égalité. Cependant, je ne lui laissai pas la chance d’avoir un combat équitable : à peine qu’il chargea de nouveau avec son unique poignard que je bloquai une nouvelle fois son corps et m’emparait enfin de son autre lame. Complètement déboussolé, le rat géant apeuré ne savait plus comment répliquer : je ne me fis pas attendre pour en finir une bonne fois pour toute, jetant ses deux lames en sa direction, elles se figèrent dans son abdomen. Il se mit à souffrir le martyr, ce n’était que partie remise pour ce qu’il avait fait subir à mes défunts compagnons qui revendiquaient sa mort avant qu’ils ne quittent ce monde. Je chargeai mon poing de mon énergie noire et lançai une sphère sur la paroi au plafond, provoquant un éboulement qui fit chuter les roches sur Svakün, je sortis rapidement pour éviter de mourir de ma propre attaque. D’ailleurs, alors que j’étais sur le chemin du retour, je me rendis compte que j’avais même créé un éboulement en chaîne : toutes les galeries furent bouchés par la roche, la population souterraine des rats géants était complètement cernée, ils se mirent à paniquer en comprenant ce qui leur arrivait, ils n’avaient même pas le matériel nécessaire pour dégager la roche. Grâce à mon pouvoir d’omniscience, je pouvais rapporter ces précieuses informations à mon supérieur, Cieth étant satisfait de mon travail ; il décida de laisser les rats géants agoniser durant une bonne semaine, épuisant leurs réserves alimentaires chaque jour, jusqu’au moment où l’armée se mit à déblayer le passage afin de trouver un peuple affaiblie, désespéré. L’un des chefs de clan s’approcha de nous, visiblement affamé, et assura qu’ils feraient tous ce que nous voulions si nous leur épargnions d’autres souffrances inutiles. Une nouvelle race était maintenant rattachée à notre Empire, ce dernier devenant de plus en plus fort chaque jour.

Par trois fois j’avais fait preuve de ma valeur, cela n’échappa aucunement au regard attentionné de l’empereur Listmeth en personne. Il savait que j’étais un prodige et je venais en quelque sorte d’affirmer ses dires en ayant mobilisé tous mes moyens pour accomplir la volonté de ma patrie, je faisais partie définitivement de cette élite de soldats dont les noms resteront gravés dans la mémoire de l’Empire, durant quelques siècles du moins, dans les fameux chapitres relatant la naissance de la nation. En rentrant à Irianeth, Cieth me fit savoir que l’empereur voulait me voir, je marchai d’un pas rapide vers la salle du trône, il ne fallait jamais faire attendre le grand souverain de notre pays. Je le vis en train de converser avec plusieurs autres soldats, c’étaient des hauts gradés pour la plupart ; j’attendis dans mon coin jusqu’au moment où les tanieths sortirent de la salle, accompagnés de plusieurs courtisanes que l’empereur leur laissait à leur disposition. Listmeth me fit signe d’approcher, j’obéis et m’inclinai à genoux à quelques pas devant lui, il me demanda de me relever, là encore j’obéis. Il se mit à contempler en silence mon masque que je portais sans cesse, c’était devenu signe distinctif de mon physique maintenant, même s’il voulait vraiment que je m’en débarrasse.

" Retires ce masque lorsque tu te trouves sur nos territoires, Ashleth, tu es devenu un tanieth de valeur depuis longtemps. "

" Compris, empereur. "

Je pris d’une main le masque blanc aux motifs noirs puis le retira, découvrant mon visage et ma chevelure ; d’apparence je n’étais pas tanieth, mais à leurs yeux je l’étais, depuis longtemps comme le soulignait mon père. Je me décidai à le porter seulement lorsque je pars à la guerre, au moins mes ennemis sauront que je faisais partie de mes frères ; mais sinon, en Irianeth ou sur n’importe quel territoire impérial, tout le monde me connaissait, tout le monde connait tout le monde dans la collectivité après tout.

" Tu t’es démarqué de façon étonnante ces dernières années, beaucoup de mes connaissances ne s’étaient pas attendu à un tel exploit. Je suis extrêmement satisfait de mes conquêtes, ainsi que de tous les soldats qui y ont participé et survécu, notamment ceux qui ont apporté un énorme soutien à notre Empire. Et comme tu dois déjà le savoir, je sais me montrer généreux avec de telles personnes. "

Il claqua entre ses griffes, quelques autres courtisanes firent leur apparition, elles se mirent à me tourner autour tandis que je les regardais une à une avant de fixer de nouveau mon supérieur. Il étira un sourire amusé, m’assurant que ces "servantes" seront toujours disponibles pour satisfaire mes désirs. Tout ce que je voulais, c’était contenter mes maîtres, et Listmeth en l’occurrence souhaitait que je profite pleinement de ma récompense, afin que je sois en pleine forme lors des prochaines batailles. Ainsi fait, je me mis à accompagner ces demoiselles ; ce privilège montrait que j’étais l’un des fils dont l’empereur en personne en était le plus fier, et ça, c’était mon ultime but, et bien évidemment que je n’en avais pas fini d’épater les hauts dirigeants impériaux. Ceci n’était que mes débuts de guerrier tanieth.


Dernière édition par Ashill le Sam 17 Déc 2011 - 14:44, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ashill
Prisonnier d'Émeraude
Ashill


Nombre de messages : 15
Age : 30
Localisation :
Points : 12
Date d'inscription : 26/08/2011

Feuille de personnage
Âge: Inconnu
Maitre/Écuyer: Le Panthéon, entre autres
Âme soeur: Aucune importance

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeSam 17 Déc 2011 - 14:42

Ashill, un héros des temps anciens 167311Imagechap4
" Les marques du passé restent gravées aussi bien sur l’âme que sur le corps, pour toujours "

Il n’y a pas à dire, comme n’importe quel guerrier, aussi bien anonyme que réputé, j’ai vécu de nombreux combats, et j’étais encore loin d’en avoir vu la fin. Après, cela dépend de la vision que nous avons d’un combat, chacun a son propre point de vue sur ce concept, universel ou personnel. Pour moi, je n’appelais aucunement cette conquête mondiale un véritable combat, malgré qu’elle en prenne bien l’apparence. Le vrai combat que je rêvais d’enfin vivre était un affrontement où les deux camps connaissaient, avant même la levée des armes, les intentions de l’autre, et non une bataille où nous attaquions par surprise notre ennemi afin de conserver un certain avantage, comme c’était tout le temps le cas avec les invasions impériales. Seulement, j’étais conscient que jamais l’Empire ne préviendra son arrivée, ses futures destinations, là était la stratégie après tout, et cela serait irrationnel de la part de Listmeth. Alors je me tournais vers un autre type de duel : celui où j’étais moi-même la victime. L’excitation du combattant ne s’éveillerait-elle pas à son paroxysme lorsqu’il se retrouve soudainement dans une situation épineuse ou improbable ? Ne serait-ce pas à ce moment précis qu’il mettrait toute sa détermination dans son arme ? Se battre pour survivre, sortir d’un destin qu’on n’a pas choisi ou prédestiné, voilà ma vision du combat. Je voulais me mettre à la place de nos esclaves, vivre moi-même leur peur, leur espoir, que je ressentais toujours lorsque je posais les pieds sur un territoire ennemi. Ils voulaient se rebeller, je le savais, mais ils n’osèrent jamais : ils avaient déjà vécu le vrai combat quand leur vie, leur famille et leur pays étaient mis en danger face à l’Empire. C’était quelque chose d’assez paradoxal : ce n’est pas que je voulais vivre leur actuelle condition, mais ils avaient connu le vrai combat et c’étaient eux qui portaient les chaînes de l’asservissement ; tandis que moi je vivais tranquillement, à mon rythme, profitant de mes éloges, de mes récompenses, rassasiant les envies des femmes-insectes, mangeant aussi bien goulûment que sainement, buvant avec modération ou jusqu’à en tourner l’œil, passant parfois une journée ou deux à flâner et dormir, à me distraire dans la solitude ou la compagnie, aller massacre un village ou un royaume, et revenir en sueur et en sang mais toujours debout. En étudiant cela, je me sentais indigne, je détestais qu’on s’occupe de moi de la sorte, je n’attendais rien en retour de mes actes, néanmoins on s’obstinait à me mettre dans le même sac que les élites possédant plus de privilèges qu’un tanieth quelconque. Évidemment que de nombreux évènements m’ont marqué, que je gardais quelques souvenirs des grandes batailles, mais aucune d’entre elles étaient vraiment à la hauteur de mes attentes. Je ne le réclamais pas haut et fort, ce n’était pas mon genre après tout, mais cela ne m’empêchait pas de l’envier au plus profond de mon être. Je l’attendais, patiemment, dans le silence, et il vint enfin à moi : mon vrai combat s’est déroulé lors d’une nouvelle campagne, sur l’île des midjins.

Ce moment venu, j’avais vingt-quatre ans, environ trois ans après qu’on m’ait fait entré dans l’élite de l’Empire. Comme le souhaitait mon empereur, je restais visage à découvert en Irianeth et sur les territoires conquis, seuls endroits où on pouvait entrevoir mes cheveux sombres devenus quasi-longs, m’arrivant juste en bas des omoplates, ainsi que mon bouc naissant ayant pris de l’envergure depuis la légère moustache de l’époque. Cieth aimait toujours plaisanter sur la fameuse barbe des héros, c’était un peu pour cela que je me rasais assez rarement, il faut dire qu’un soldat n’a pas besoin de prendre soin de son corps : il perdrait toute sa beauté acquise sur le champ-de-bataille, autant balayer ces heures de toilette inutiles pour faire place à l’entraînement qui se montrera bien plus fructueux. Enfin, il faut dire que de nombreux guerriers, notamment de l’élite, adorait posséder du charisme, l’empereur faisait de nombreux envieux et jaloux après tout. De mon côté, je restais naturel, du moins chez moi jusqu’au moment de partir à la guerre où je me renfermais derrière mon masque, et même si c’était des petites missions officielles telle que la campagne sur l’île des midjins. A la base, ce ne devait être qu’une simple formalité : les midjins avaient entendu parler de l’Empire et, craignant de se faire attaquer du jour au lendemain, ils décidèrent de pactiser à l’avance leur alliance. L’empereur Listmeth le reçut très bien et l’accepta pleinement, il avait envoyé plusieurs escadrons afin d’occuper le territoire, je faisais partie de l’une de ces équipes, dirigées par Cieth et Nekialeth en personne. Ce ne devait être qu’une balade à l’air libre, c’est ce que nous pensions avant qu’on ne voit le ciel relâcher des énormes boules de feu tandis que nous conversions avec l’un des dirigeants midjins. Beaucoup pensèrent que c’était un phénomène céleste, qui était magnifique de prime abord, mais les sorciers anticipèrent rapidement le danger imminent. Ces chutes de flammes qui pourraient s’apparenter à des météorites s’écrasèrent successivement sur la terre et dans la mer, certaines détruisirent des constructions, tuèrent les malheureux se trouvant sur leur passage ; la collectivité s’enflamma et nous nous mettions à nous disperser pour notre survie, la plupart pensait que ça n’allait pas durer très longtemps, d’autres se lancèrent dans des folklores de fin du monde ou encore que c’était l’attaque d’un ennemi très puissant. Ces derniers qui pensaient ainsi n’étaient pas bien loin de la vérité, puisque nous découvrions à la fin de ces chutes non seulement les cratères provoquer par celles-ci, mais en plus des créatures gigantesques en sortir ; ces créatures est ce que nous appelons aujourd’hui et depuis longtemps des dragons. Cet évènement-là fut nommé "la pluie des premiers dragons", les dragons étaient à la base des créatures divines qui ont été chassé du ciel par un inconnu, leur exil provoqua donc leur chute et leur colère. Certes, on disait qu’ils étaient pacifistes et végétariens au début, mais leur soudain changement de monde les déboussolèrent au point d’attaquer à vue, la peur de l’inconnu se manifestait en eux. Cette même peur résonnait comme un horrible hurlement dans ma tête, je n’entendais pratiquement rien à cause de la panique générale, je voyais ces dragons s’élever haut dans le ciel, se mettre à rugir et à combattre à l’aveuglette ; mêmes les dragons rouges qui sont à la base végétariens nous faisaient mordre la poussière, et les dragons blancs nous noyaient en nous emportant dans la mer, quant aux dragons noirs ils se montrèrent plus agressifs et meurtriers. Face enfin au véritable combat, je ne savais même pas comment réagir, je compris ce qu’était ce sentiment de faiblesse que mes anciens ennemis ressentaient, et je n’étais aucunement le seul. Irianeth affrontait pour la première fois un adversaire à sa taille.

*** Retraite ! Repliez-vous tous aux navires ! ***

On n’avait jamais eu besoin de me le dire deux fois, et encore moins dans cette situation. Je me mis à courir vers la mer pour monter sur le pont, mais je ralentissais toujours ma course lorsque j’entendais les cris de détresse de mes camarades, aussi bien tanieths que midjins. Je me retournais vers la source et constatais dans les trois quarts du temps qu’ils mourraient sous mes yeux, alors je reprenais ma fuite, quelques pas plus loin un nouveau cri. Je faisais partie des retardataires mais pas pour une raison forte différente des autres, l’appel à l’aide me figeait toujours, je me refusais à le refouler, je ne voulais pas les sacrifier en mon propre intérêt puisque ce n’étaient pas ce qu’ils voulaient de leur côté. Cependant, je réussis tout de même à sauver une personne, et contre toute attente elle n’était ni tanieth, ni midjin : c’était une petite fille, blessée, ressemblant étrangement à moi, à une race divine en gros. Cette apparence céleste m’avait choqué, c’était la deuxième fois que je rencontrais une personne me ressemblant, la première ayant été ma mère. Elle était tout mon opposé : des yeux d’un vert brillant et des cheveux blancs éclatants, et pourtant je ne pouvais m’empêcher de penser que je l’avais déjà vu quelque part. Instinctivement, en la regardant larmoyante et recroquevillée sur elle, je savais qu’elle voulait qu’on l’aide, et c’est lorsqu’elle leva ses gros yeux en ma direction qu’elle réclama intérieurement que j’intervienne. Décidé, je l’ai pris dans mes bras, elle était très légère vu qu’elle devait avoir à peine deux ans. Là je ne pouvais qu’ignorer les autres appels, celui-ci était prioritaire : je courus sans relâche, rejoignant les navires au plus vite. Plusieurs dragons tentèrent de me trancher de leurs puissantes griffes ou de me gober tout cru, j’arrivais à emprunter des passages trop étroits pour eux, gardant bien la petite contre moi qui tenait fermement ma tunique. J’aperçu enfin le barrage des sorciers qui balancèrent divers sorts pour retenir les dragons ou même les neutraliser si cela était possible. Je rejoignis mes supérieurs derrière la ligne, la jeune enfant ayant cessé de pleurer maintenant que j’avais arrêté de courir, elle ressentait un nouveau sentiment de sécurité. Cieth s’offusqua instantanément lorsqu’il vit ce que je portais, Nekialeth sembla rester bouche-bée en constatant la présence d’une nouvelle céleste dans les parages.

" Qu’est-ce que c’est que ça ?! "

" Une fille. "

" Mais où l’as-tu trouvé ?! "

" Dans les débris. "

D’habitude, l’un d’entre eux serait amusé de mes réponses si évidentes, mais Cieth restait surpris et en colère que j’ai sauvé la vie d’une inconnue plutôt que celle de l’un de mes frères d’arme ; il se serait convaincu si c’était un civil midjin, mais ce n’était pas le cas présent. Concernant Nekialeth, il était toujours aussi confus, cherchant une explication sur la provenance de cette fillette, elle était belle et bien céleste vu qu’il captait la même nature d’énergie que celle de Pandora ou même de la mienne. Comment était-elle arrivée ici ? Personne n’arriva à le justifier, puis là n’était pas encore notre priorité. Le maître-sorcier sembla retrouver ses instincts paternels en me demandant de lui donner la fille, ce que je fis sur-le-champ, elle était trop paralysée pour se préoccuper de son changement de porteur. Cieth finit par se ressaisir en nous ordonnant de monter sur le bateau ; nous n’avons même pas eu le temps de bouger le petit doigt que la totalité de nos navires se firent démolir sous nos yeux par des dragons. Nous reculions près du barrage des sorciers, regardant avec effroi notre unique sortie se faire détruire. L’espoir tanieth commença à se consumer dans la collectivité, les cris de détresse se répercutèrent jusqu’en Irianeth, même si nous savions que les renforts n’arriveraient jamais à nous atteindre avant qu’on se fasse tous tuer. C’est là que je me remis à penser au vrai combat, je pensais avoir enfin trouvé une occasion de m’y confronter : car si la fuite n’était plus envisageable, il ne manquait plus que l’option de combattre. Le chef de guerre tanieth se mit à soupirer, ne cachant nullement sa rage, il se retourna vers les dragons qui essayaient de nous atteindre, bloqués par notre barrage de sorcellerie. On constata que les midjins tentaient de maîtriser les bestioles à l’aide de chaînes et autres lassos très solides ; ils parvinrent à dresser les plus petits, mais concernant les plus gros c’était une tout autre affaire. Résolu, Cieth poussa un cri de guerre, pointant son arme en direction de nos chasseurs, il était plus que temps d’en découdre avec ces créatures si nous voulions survivre ; comme tout le monde, je n’avais pas encore l’intention de mourir ici.

" Abattez-moi ces saloperies, maintenant ! "

L’arme au poing, je fus l’un des premiers à charger en direction d’un des dragons. J’avais choisi l’un des adversaires les plus meurtriers : c’était un énorme dragon noir, mâle, donc un Lotakieth. Comme me l’avait raconté une fois ma mère, les dragons étaient à l’origine dorés lorsqu’ils vivaient parmi eux, ils n’étaient maintenant plus que l’ombre d’eux-mêmes, seuls moi-même et Nekialeth connaissaient assez le Panthéon pour identifier ces animaux comme des dragons. Le Lotakieth que je provoquais était différent des autres : il avait encore quelques écailles dorées, ce qui voulait dire qu’il possédait encore quelques bribes d’énergie divine, il devait donc être très fort. Et puis, il se faisait vieux, il était relativement plus intelligent que ses confrères, sa taille était suffisamment impressionnante pour dissuader le plus courageux des guerriers de lui faire face ; mais pas moi, c’était un ennemi à abattre, rien d’autre. Le dragon était plus statique que les autres, il restait immobile à regarder le combat se dérouler sous ses yeux, une pointe de lassitude envahissait son être, il devait être le plus attristé de toute la meute. Peu importait le sentiment de mon adversaire, je profitais de cet égarement pour l’attaquer par surprise, décidé à lui taillader les pattes pour commencer. Seulement, il ressentit ma présence avec son odorat, il décolla immédiatement sans avoir eu à tourner son regard vers moi ; j’ai dû m’arrêter en pleine course et reculer pour éviter de me faire balayer par le battement de ses ailes. Il fuyait la bataille, non par crainte mais par ennui, je refusais de laisser ce dragon se diriger vers l’une de nos colonies pour qu’il sème la pagaille ; j’avais des ordres après tout, aucune de ces créatures ne fuira cette île. Je me rendis compte que ce Lotakieth avait une très longue chaîne entourant son cou et, malgré la haute altitude qu’il empruntait, de nombreux maillons traînaient encore par terre, près de moi. Je m’emparai rapidement de cette chaîne avec ma main droite avant qu’elle ne s’envole avec son propriétaire, il fallait que j’oblige ce Lotakieth à se poser, alors je rengainai mon arme et enroulai les maillons autour de mon bras droit, mes mains serrant de toute leur force la chaîne. Bien sûr, ma force était limitée par rapport à celle du dragon, il ne fit aucunement déranger par mon intervention ; il continua donc son vol sans trouble tandis que je rassemblais toutes mes ressources afin de tirer de plus en plus fort sur la chaîne. Même si j’y mettais toute ma volonté, le dragon s’éloignait de plus en plus dans le ciel, les maillons se frottaient à ma peau, plus fort à chaque instant ; jamais je ne lâchais prise, je maintenais ma pression sur la chaîne même lorsqu’elle se mit à s’enfoncer dans mon corps : elle fut tellement étirée que les maillons s’incrustèrent dans mon bras, commençant à le broyer, ils n’étaient plus que visibles à moitié, une partie dans mes muscles, l’autre à l’extérieur de mon bras. Je n’aurai sûrement pas supporté la douleur si je pouvais la ressentir, c’est pour cela que je laissais cette chaîne enroulée autour de mon bras faire partie intégrante de lui, elle arriverait presque à atteindre l’os. Quand le Lotakieth fut suffisamment éloignée pour emporter la totalité de la chaîne avec lui, mes bottes glissèrent automatiquement sur la terre, je continuai de fournir des efforts incommensurables pour les garder sur terre, je transférai mon pouvoir d’impact dans les maillons pour la rendre plus manipulable. Ma magie fit cliqueter chacun des maillons jusqu’à ce qu’elle atteigne le dragon qui se mit immédiatement à faire demi-tour, revenant à moi. Je captai à la fois sa soudaine curiosité ainsi que son agacement, son atterrissage fit trembler la terre, je restai debout et de marbre devant ce colosse écailleux. Même si c’était un animal, quand il se mit à parler, je comprenais sa langue draconique grâce à mon pouvoir.

" Tu es plutôt téméraire, mortel, serait-ce folie ou courage ? "

Mon bras droit pissait le sang entre les maillons de fer, il était pratiquement inutilisable. Je n’avais plus qu’à dégainer ma flissa avec ma main gauche, j’étais ambidextre, ce n’était donc pas un point faible de devoir soutenir mon arme avec le bras gauche. Je pris une posture défensive, mon adversaire avait des armes impossibles à désarmer, je ne pouvais donc compter que sur mes propres capacités : le pied gauche en avant, la lame tenue à l’horizontal devant moi, mon bras droit pouvant servir à bloquer ou contourner une attaque en dernier recours. L’opinion qu’avait le Lotakieth de moi était définitive : il me trouvait complètement dément.

" Pauvre fou… Toi et tes semblables n’êtes voués qu’à vous entretuer ? C’est un monde bien triste, Claudissia doit être irresponsable ou cruelle, tout comme son tyran de mari. "

Je ne savais pas trop s’il fallait que je profite de ses paroles pour attaquer en premier, en vérité j’attendais surtout qu’il veuille bien prendre en compte ma provocation en duel. Néanmoins, qu’il offre son point de vue sur le monde céleste me permettait de comparer avec celui de ma mère, ses propos-ci étaient plutôt cassants. Cela confirmait tout de même que l’autre monde était lui aussi imparfait, que certains n’acceptaient pas la suprématie de Parandar. Au final, qu’on soit né ici ou là-bas, la différence était plus qu’insignifiante, nous finirions par nous y rendre un jour ou l’autre de toute manière, surtout moi à cause de mon sang céleste. D’ailleurs, le dragon finit par se rendre compte de ma part de divinité, sûrement grâce à ses sens aussi divins encore actifs.

" Tu es un maître-magicien, n’est-ce pas ? Tu empestes leur odeur infecte, je me demande bien pourquoi ils ne t’ont toujours pas récupéré, surtout en te laissant guerroyer au côté d’un peuple barbare… "

" Je suis tanieth. "

Cette insulte qu’il avait proclamée à la face de ma patrie ne pouvait qu’engendrer la colère vengeresse de mon peuple, c’est pour cela que je me mis à foncer en premier, prêt à lui entailler la chair. Pour seule réponse, je reçus un puissant coup de patte, un revers qui détruisit à moitié mon masque et me propulsa plus loin, ma chute se faisant couper en plein élan à cause de la chaîne qui n’avait plus de mou. Mon bras aurait pu y rester, mais il était intact, toujours rattaché à la fois à mon épaule et aux maillons ; mon masque ne recouvrait plus mon œil droit et une partie de mon front ainsi que de mes lèvres. Le Lotakieth s’éleva légèrement dans les airs pour me rejoindre à quelques pas, il ne manifesta toujours aucune agressivité envers moi ; pourtant, il avait bien compris ce que j’avais dit, sans doute avec notre connexion divine avec mon pouvoir et son sang divin encore présent. Je me relevai le plus rapidement possible, de nouveau en garde.

" Mes autres frères sont furieux d’avoir perdu à jamais leur immortalité, mais je n’en ai cure, je ne pouvais plus supporter cette éternelle existence. J’attendais que cette chaîne symbolisant ma servitude divine finisse par disparaitre. Que tu sois du Panthéon ou non, comment oses-tu retarder ma libération ? "

" Nous sommes tous les deux prisonniers. "

" … Je vois, toi non plus tu n’as aucun compte à rendre aux dieux, et pourtant l’un de nous deux doit mourir s’il veut être libéré de l’emprise de l’autre. Soit, nous combattrons pour notre liberté. Dis-moi ton nom, immortel à en devenir. "

" Ashleth. "

" Silný. Je me souviendrai de toi, Ashill, et j’espère qu’en retour tu feras la même chose, quoique soit ta destinée. "

" Je le ferai. "

J’allais autant me souvenir de ce combat que le nom de mon ennemi, qui était tout de même assez inattendu. J’affrontais pour la première fois l’un de ces représentants du Panthéon, une occasion de mesurer leur puissance, voir s’ils étaient à la hauteur de la réputation, même si ce dragon-là voyait son énergie divine décliner petit à petit. D’ailleurs, il n’aurait jamais pu comprendre mes mots s’il ne la possédait pas encore en lui, les autres dragons ne comprenaient pas nos paroles ; je fus assez étonné qu’il m’ait surnommé Ashill au lieu d’Ashleth, à croire que les deux noms veulent signifier la même chose mais pas dans la même langue. Enfin, qu’il se souvienne de mon véritable nom ou celui que ma propre mère m’ait donné, cela m’est égal, il allait juste se souvenir de moi comme un adversaire de son gabarit en terme de force. Bien sûr qu’il y avait une touche de folie à vouloir se frotter à un dragon, mais nous ne connaissions pas ces créatures auparavant, même si elles se montraient dévastatrices à ce moment-là. Tant que nous pouvions les tuer, il n’y avait aucune raison de les craindre ; certes, ce combat se montrera long et pénible, si Silný ne parvenait pas à m’engloutir rapidement, cela n’avait nullement de l’importance, la victoire serait mienne ou j’allais finir par être prisonnier des célestes à travers la mort, pour toujours. Les émotions du dragon était tellement instables que personne n’oserait tenter de vivre la même expérience que lui, et même ses confrères semblaient être de pauvres enfants égarés, ils étaient beaucoup plus déments que nous qui voulions les affronter malgré leur force écrasante. Tant que nous avions la supériorité numérique, et que nous coordonnions bien nos attaques via la collectivité, il n’y avait aucune peur à ressentir. Même si j’étais seul face au Lotakieth, tous les deux nous savions que nos propres alliés allaient intervenir pour nous prêter main-forte ; nous la refuserions tout bonnement. Je tuerai les dragons de Silný et ce dernier tuera les tanieths qui m’épauleraient. C’était notre combat, à nous, lié par la chaîne qui nous empêchait de fuir. Ainsi, dans son rugissement bestial et à mon premier mouvement agressif, nous chargions tous les deux, prêts à en finir avec notre Nemesis.

Il me laissa approcher en premier, je me doutais un peu qu’il allait opérer le même revers que tout à l’heure et je ne comptais pas me laisser une nouvelle fois berner par ce piège ; je me mis donc à glisser sur la terre tout en me penchant en avant pour éviter la patte, puis je repris ma course et enfonçai ma lame dans son autre patte antérieure. Cela ne fit que le chatouiller, je me repris un nouveau coup dont je limitais le choc par ma garde, ce qui me fit reculer de quelques mètres. Reprenant mes moyens, je le vis charger en ma direction, et je perdis quelques secondes ma concentration en apercevant la tête triangulaire d’un plus petit dragon m’attaquer sur la droite, je me penchai en arrière pour esquiver d’extrême justesse sa mâchoire, donnant un coup sec et vertical sur son long cou de serpent afin de le tuer. Silný finit par profiter de cette diversion afin de me donner un gros coup de tête, il n’avait pas de cornes mais de nombreuses épines ornaient son front et elles ont eu raison de mon corps qui se fit empaler puis élever au ciel. Si je recevais encore quelques attaques de ce type, nul doute que mon corps n’arriverait plus à suivre et me lâchera à jamais, seule mon adrénaline restait au même seuil. Dans les airs, je repris plus ou moins le contrôle en me servant de la chaîne ; le problème étant que ce Lotakieth possédait des ailes et qu’il n’hésita pas à s’en servir pour me repêcher en plein vol. J’abatis ma lame sur ses crocs, il continua de m’emporter tandis que je luttais pour ne pas me faire dévorer. Il entreprit une piquée en direction du sol pour m’écraser, je pris appui sur ses crocs pour me retrouver juste sur son museau et sautai vers son œil droit pour le lui crever. Malheureusement, il changea rapidement de direction et me laissa tomber, la chaîne ne fut pas assez courte pour me rattraper avant que je m’écrase sur le sol. Je n’arrivais pas à me relever avant que Silný pose ses deux antérieurs sur chacun de mes côtés, m’obligeant à rester allonger et à le regarder se préparer à me dévorer. Je n’aurais jamais eu le temps de placer ma lame juste devant moi pour ouvrir une échappatoire, Silný n’aura jamais eu le temps de m’avaler à cause des bombardements de lance qu’on lui infligea. A l’instar du dragon qui s’était infiltré dans notre duel, des tanieths me tirèrent de ce mauvais pas en criblant les côtes du Lotakieth de projectiles. Le dragon me laissa quelques secondes de répit en allant s’occuper de ses nouveaux opposants, je me levais et cherchais une nouvelle stratégie tandis que l’un des sorciers s’approcha de moi afin de soigner rapidement mes plaies du torse avant que l’hémorragie s’aggrave, je l’ignorais tout en réfléchissant. Je finis par trouver quelque chose d’utile avant même que les soins primaires soient terminés, je n’avais pas de temps à perdre avec ça.

Je me dirigeai rapidement vers le cadavre d’un dragon et lui arrachai la totalité de sa mâchoire après avoir rengainé mon arme, puis je séparai cette même mâchoire en deux en lui soustrayant les deux parties qui la constituaient : c’est-à-dire la maxillaire et la mandibule. Armé de ses deux rangées de dents, je me mis à attaquer sournoisement le Lotakieth en enfonçant la mâchoire supérieure dans sa patte postérieure gauche, il poussa un hurlement, et avant même qu’il puisse faire quoique ce soit d’autre je fis une roulade vers sa patte antérieure gauche et lui enfonçai la mâchoire inférieure, là où je lui avais tailladé la chair avec mon épée dès le début du combat. La douleur devenant insupportable pour lui, il se résolut à utiliser seulement ses ailes pour se déplacer, chaque pas entreprit par ses pattes le faisait souffrir ; c’était exactement ce que j’attendais. Maintenant qu’il était obligé de se battre dans les airs, je déployai mes ailes qui déchirèrent le haut de ma tunique et suivit Silný dans les airs. Étant plus petit que lui, je me déplaçais plus rapidement en vol que lui, c’est ainsi que je pris avantage de cette vitesse. Je me mis à tournoyer autour du dragon de telle façon à enrouler son cou de la totalité de la chaîne, elle était suffisamment longue pour que je renforce l’étreinte au moins cinq fois. Silný comprit rapidement ce que j’essayais de faire mais je ne lui laissais aucun répit pour s’en sortir ; mon tour de manège terminé, je me posai sur la chaîne enroulée autour de son cou et tirai de toutes mes forces afin de l’étrangler, avec mon pouvoir d’impact qui me permit de renforcer mes muscles, ce fut un jeu d’enfant. Le Lotakieth tenta de chercher son souffle et de me déloger de là, il n’y arriva pas, je renforçai de plus en plus l’étreinte afin de le faire suffoquer. Au final, il perdit tellement ses moyens qu’il se reposa lourdement sur le sol, m’obligeant également à retourner par terre. La chaîne imposant notre distance respective avait bien évidemment été raccourci par mon action, je n’étais plus qu’à une dizaine de pas de lui maintenant, et il était complètement étourdie par ma petite manœuvre ; c’était maintenant ou jamais d’en finir avec mon vrai combat. Les autres tanieths et midjins en étaient au même stade que moi, il fallait que j’en finisse en même temps qu’eux, la survie de notre régiment en dépendait, l’espoir de mes camarades envers moi en dépendait, ma propre liberté en dépendait.

Il était temps, en dégainant ma flissa je recouvris entièrement mon corps et mon épée de mon pouvoir d’impact, l’aura noire déformant légèrement ma silhouette ; j’allais dépenser toute ma magie restante dans cette attaque, il me fallait beaucoup de force pour pouvoir battre ce dragon après tout. Une fois préparé, je suivis la chaîne me dirigeant vers Silný tout en courant le plus rapidement possible avant qu’il puisse se sortir de là. Sentant sa dernière heure sur le point d’arriver, je ressentis la volonté du Lotakieth refaire surface, il se tint tant bien que mal sur ses pattes et se mit à ouvrir grandement sa gueule : une coulée de feu en sortit et me menaça de me carboniser sur-le-champ. Ce n’était pas pour autant cette attaque qui allait m’arrêter : je fis de nombreux mouvements devant moi avec mon arme, tout en courant, afin de repousser le plus de flammes grâce à mon pouvoir d’impact. Silný termina de recracher ses flammes, je me retrouvai à quelques pas de lui ; plusieurs parties de mon corps étaient cicatrisés de brûlures, la plupart de mes vêtements étaient partis en poussière ou encore en feu, mon masque avait littéralement fondue avec mon chèche, mon visage était complètement à découvert, encore intact, mes cheveux noirs se mirent à me brouiller légèrement la vue, même si mes yeux gris dardèrent toujours mon adversaire, enfin j’avais tellement consommé d’énergie dans cette protection que mon aura noircis ne recouvrit plus que mon épée et ma jambe droite, c’était amplement suffisant. Le dragon fut totalement apeuré par un tel exploit, je n’avais aucunement peur de me salir les mains et il en avait une énorme preuve devant lui. Avant qu’il puisse réagir, je lui donnai un gros coup de pied dans le menton, dépensant toute mon énergie contenue dans ma jambe, ce qui le propulsa au loin en arrière. L’heure du coup de grâce avait sonné : je pris d’une main la chaîne qui m’accompagna dans la chute du Lotakieth, ma main gauche levant mon épée en l’air. Je me fis emporter en l’air jusqu’à qu’il s’écrase par terre, la chaîne me fit venir jusqu’à son cou où elle était encore enroulée par plusieurs couches de maillons. Toute ma sorcellerie contenue dans ma lame alla se percuter contre le fer lorsque je frappai violemment les maillons, mon énergie se dispersant dans tout le corps du dragon qui se mit à trembler en échos avec le cliquetis de la chaîne. Cette opération fit arrêter temporairement son rythme cardiaque avant de reprendre rapidement, lui faisant cracher une énorme gerbe de sang, et les maillons enroulées autour de son cou lui ont apporté plusieurs sérieuses lésions. Suite à cette attaque, Silný ne pouvait plus rien faire, il agonisait lentement. Je sautai à terre et regardai son visage collée à moitié sur son sang.

" La mort… peut être aussi une issue, finalement… "

Peu importait sa destinée, Silný serait libre dans tous les cas. Moi, j’ai été obligé de le tuer si je voulais la gagner, la chaîne nous liant était maintenant un total fardeau. Je pus à présent la casser, d’abord au niveau de l’épaule pour retirer les maillons pendant derrière mon dos, ceux ne s’étant pas incrustés dans ma peau, puis enfin les maillons au niveau de ma main qui continuaient jusqu’au dragon. J’aurai pu retirer la totalité de la chaîne de mon bras, mais je voulais la conserver, comme un trophée en souvenir de combat mémorable, c’était nul autre que mon véritable duel après tout. Telle était également la volonté de Silný aussi, ne voulait-il pas que je me souvienne de lui sans me soucier de ma destinée ? Même s’il était mort, j’allais respecter cette parole, puisqu’il m’avait aussi offert ce que j’attendais. Et puis, ma parole restait bien éternelle, même encore aujourd’hui je me souvenais de ce dragon, et il devait y en avoir aussi quelques récits dans les archives d’Irianeth, puisque ce fut un moment marquant pour l’Empire. Non seulement tous les dragons ont été éliminé ou capturés, mais en plus la majorité des survivants ont été témoins de mon exploit. En me retournant, je les vis tous m’entourer, ébahis, surpris, émerveillés, beaucoup de sentiments de joie et de satisfaction fusèrent sur cette île, tous étant dirigés vers moi. Malgré ma lassitude croissante, je restais debout, quoique légèrement courbé sur le côté, à les fixer, à goûter à ces sentiments et pensées qu’ils laissèrent échapper. J’allais néanmoins bientôt lâché mon arme pour m’endormir contre la poitrail de ma victime, on m’en empêcha lorsque Cieth s’imposa dans cette foule, s’approchant de moi rapidement, prenant mon bras gauche soutenant ma lame et le levant devant tout le monde.

" Ça, c’est le Numéro Un, un héros ! "

A leur tour, ils levèrent tous leurs armes ou leurs griffes, honorant mon nom en le répétant en chœur. On me glorifiait à un niveau que j’aurais jamais espérer atteindre, mais voir qu’on pouvait m’accorder une totale confiance me rendit heureux, je venais en quelque sorte d’atteindre mon ultime objectif : trouver ma place dans l’Empire. Depuis ce jour, je n’attendais plus rien d’autre de ma vie, je voulais juste la prolonger en continuant de satisfaire mes pairs et que ces derniers continuent d’attendre mes prochains actes. J’étais bien entendu encore jeune, j’avais encore des tas de choses à vivre, il suffisait juste que je me trouve un nouveau rêve, même si cela n’arrivera pas finalement, le reste de ma vie ne servira qu’à obéir à l’Empire jusqu’à ma mort. Pour l’heure, coincés sur cette île perdue au milieu de l’océan, les survivants décidèrent de fêter cette victoire en attendant la venue des renforts, ce fut mon jour de gloire. Les midjins se joignirent bien évidemment à nous, c’étaient nos alliés après tout et nous leur avions sauvé la peau en coopérant contre cette attaque de dragons. Ils semblaient avoir un don inné pour les apprivoiser, nos captures se montrant étrangement dociles. Nul doute que l’Empire comptait bien profiter de cette trouvaille pour l’utiliser à plein potentiel, ainsi naitront les seccyeth, les tanieths ayant été entraîné par les midjins pour chevaucher les dragons ; je ne faisais pas parti des leurs, personnellement. Quant aux autres dragons qui ont fui, je ressentais leur calme revenue, ils avaient repris leur caractère d’origine et s’étaient adaptés à leur nouveau monde. Concernant les dragons morts, nous les mangions puisqu’ils semblaient comestibles, tout en profitant également de la cuisine midjin qui n’était pas suffisante pour nos estomacs beaucoup plus gros que ceux de ces petits êtres jaunes. Une fois le repas terminé et la fête ne faisant que continuer, mes supérieurs s’approchèrent de moi, Nekialeth portant toujours dans ses bras la petite fille que j’avais sauvé. Elle s’extasia en me voyant et quitta rapidement les bras du sorcier pour se retrouver dans les miens, Cieth se mit à exploser de rire. Le maître-sorcier fit reprendre le sérieux de la situation en m’offrant une bonne nouvelle : le général et lui-même ont décidé de plaider en ma faveur à l’empereur pour que je puisse profiter d’une montée en grade, afin que je devienne lieutenant de mon unité. Ils voulaient juste savoir si cela m’intéressait ; bien sûr que j’avais accepté, s’ils voulaient m’offrir une promotion, c’était bien mon devoir de satisfaire les attentes. Approuvant ma décision, ils me demandèrent ensuite ce que je comptais faire de cette fillette. A cela, je répondis que je préférais attendre de rentrer à Irianeth pour me décider.

Le lendemain, les renforts finirent par débarquer, emportant avec eux toute notre unité et les midjins dresseurs de dragons, quelques tanieths sont restés sur place pour continuer d’occuper le territoire et nettoyer les dégâts causés par la pluie des premiers dragons. Grâce à la collectivité, mon histoire fut éparpillée dans tout l’Empire, je fus reçus en héros, ils clamèrent mon nom et mon titre héroïque. Comme à mon habitude, je restais de glace à cette furieuse hystérie, me contentant de me donner en public en levant mon poing ou mon arme lorsqu’ils l’attendaient de ma part. Je ne comptais pas laisser ce nouveau titre me monter à la tête contrairement aux autres membres de l’élite, l’orgueil étant nullement une part de ma personnalité, et il ne le deviendra jamais. Cette campagne sur l’île des midjins fit parti de l’une des plus populaires dans l’histoire d’Irianeth, elle fut longuement raconté aux générations ; ce fut surtout l’entrée des dragons et de leurs cavaliers dans l’armée qui fit sensation. Nous gardions surtout les dragons noirs qui étaient plus adaptés au combat selon nous ; les dragons blancs étant aquatiques, nous ne pouvions les chevaucher en craignant l’eau, puis les dragons rouges étaient beaucoup trop pacifiques pour servir à la guerre. Listmeth se laissa lui-même tenter d’apprendre à monter un puissant dragon, tout comme la plupart de l’élite hors de l’unité des seccyeths, savoir les dresser était devenu un signe distinctif de force, qui n’était bien sûr pas à la portée de tout le monde. A la demande générale de mes supérieurs, l’empereur décida de me promouvoir au titre de lieutenant, cela m’accorda que quelques privilèges, tel qu’être un peu plus indépendant des entraînements militaires, ou d’être affranchie de quelques tâches consacrées aux fantassins de bas-étage. Depuis ce combat, l’Empire me fit totalement confiance, je n’avais plus aucune représailles à attendre de sa part ; j’étais un tanieth à leurs yeux, pour toujours, même si cela ne m’empêcha pas de vouloir masquer mon visage en sortant des limites impériales, optant cette fois pour des bandelettes cachant le bas de mon visage et un masque en forme de crâne écrasé de dragon. Toutefois, avant de pouvoir profiter d’un repos bien mérité et de me remettre de mes blessures, je devais demander l’avis de l’empereur sur l’intégration d’une étrangère céleste dans le continent. Je lui présentai donc la petite fille qui resta blottie dans mes bras, visiblement apeurée par la stature du père des tanieths et plutôt rassurée d’être près de moi, qui lui ressemblait davantage qu’à mes confrères. Au départ, Listmeth semblait peu enclin à accepter, il était plutôt déçu que j’aie décidé de sauver cette enfant au lieu d’un de mes frères en danger ; mais finalement, en prenant compte qu’elle était une céleste tout comme moi, une maître-magicienne pour être plus précis, il se mit en tête de lui faire subir le même parcours que moi, tel un second prodige. Si moi-même j’avais réussi à sortir vivant et grandis dans ce monde hostile pour mon espèce, pourquoi n’y parviendrait-elle pas ? Ainsi était son raisonnement, j’eus donc enfin ma réponse.

" Tu l’as sauvé en dépit de raison valable, à toi d’en assumer les conséquences en faisant ce que tu veux d’elle… "

A croire qu’il ne voulait pas m’avouer ses futurs projets concernant cette enfant, même s’il savait que je pouvais parfaitement déchiffrer ses intentions, plus que n’importe quel tanieth en était capable. Malgré qu’elle était une céleste, cette fillette était complètement abandonnée dans un monde qu’elle ne pouvait pas encore comprendre, tout comme moi je l’étais à l’époque. Je décidai donc de m’occuper d’elle, tel un grand frère ou un père, la nommant Krysalith. Elle semblait ravie de sa nouvelle condition, tant que j’étais à ses côtés elle était contente, c’est tout ce dont j’avais besoin d’obtenir de sa part. C’était aussi également une occasion d’apprendre pour moi à peser le pour ou le contre des ordres, vu que j’avais en effet sauvé cette céleste sans autorisation, au grand dam d’un de mes autres frères défunts là-bas. Néanmoins, j’avais réussi à tirer une révélation de cette campagne. Silný m’avait fait prendre conscience de mon avenir : je ne voulais pas me rendre au Panthéon pour servir ces puissantes divinités, sinon je finirai comme lui. Un jour ou l’autre, cette partie de mon existence finira par me rattraper, sans que je puisse parvenir à la contourner.

~~~


Ashill, un héros des temps anciens 345610Imagechap5
" Autant profiter pleinement de son évasion, avant d'être anéanti par la fatalité "

C’était fait, j’étais devenu une légende pour Irianeth. Ma notoriété ne passait même pas inaperçu avant mon acte héroïque, mais c’était une mauvaise réputation : je portais bien mon nom de "autre", je restais un étranger nuisible, une tare pour le continent et son peuple, Listmeth devait être fou d’avoir fait d’un inconnu, tel que moi, un tanieth comme tant d’autre. Pourtant, c’était bel et bien sa volonté de m’aider à monter en puissance, de montrer que mon sang céleste pourrait servir notre Empire. Il ne fut nullement le seul à m’assister : les deux hommes les plus puissants hormis l’empereur furent à mes côtés, j’eus droit aux cours les plus poussées de la sorcellerie grâce au maître des sorciers Nekialeth, puis aux entraînements les plus intensifs de la guerre avec le général de l’armée Cieth. Enfin je pris conscience de mon obligation d’être docile à leurs yeux pour survivre, comme me l’avait enseigné ma mère immortelle Pandora. Le soutien conjugué de ces quatre personnes ont forgé ce que j’étais devenu, mon adoubement dans l’armée me permit de mettre en pratique mes convictions. Ce fut un test long qui porta néanmoins ses fruits, me transportant dans les lieux les plus improbables, affrontant des ennemis plus étranges les uns que les autres, supporter des conditions pouvant trépasser de nombreuses personnes, me plaçant devant des possibilités infinies où les choix pouvaient aussi bien être cornéliens qu’évidents. Pour finir par affronter la réalité même et à la transcender par le fer de ma lame et la force de mon esprit. Toujours debout face à ce maudit spectacle, je ne menaçais jamais de fléchir, je resterais digne jusqu’à mon dernier souffle, là était mon but. En réponse à ce courage, on me fit lever le bras armé et on cria mon nom en hommage ; en l’espace de quelques années, même pas une dizaine, j’étais passé du pouilleux fantassin soi-disant futur prodige à un héros nommé le Numéro Un, sans compter les nombreux autres surnoms qu’on m’attribua comme "le Héros Masqué" ou encore "le Pourfendeur Divin". Certes, on m’avait jugé ainsi sur ma victoire contre un grand dragon, que j’avais non seulement vaincu tout seul mais en plus provoqué le duel moi-même, mais on ajoutait aussi à cet exploit mes autres actes qui ont permis d’aliéner trois peuples sur les dizaines que l’Empire possédait à présent. Quand on m’aperçoit dans les ruelles, on ne me frappe plus, on me sourit, on signale ma présence, on me félicite, je vivais encore de leurs louanges. Je restais fidèle à mon image, à mon glorieux parcours que les tanieths raffolaient de se remémorer ou de raconter. Ashleth, trente sept ans, cheveux noirs longs, barbe de trois jours, yeux gris, maître-magicien tanieth, lieutenant de l’unité légionnaire de l’armée et héros d’Irianeth. Telles étaient les caractéristiques qu’on m’attribuait en prononçant ce nom, même treize ans après.

Malgré tout, je ne fus point le seul à avoir vécu le même chemin. A l’instar de son sauveur, c’est-à-dire moi, et durant ces dernières années, Krysalith fut initiée aux mêmes enseignements que son prédécesseur. Elle apprit des arcanes que je ne pouvais moi-même pas utilisé à cause de ma maîtrise de la sorcellerie limitée, elle deviendrait une sorcière prodigieuse, qui avait aussi la capacité de parler le tanieth malgré son sang pur de maître-magicienne ; elle se montra toutefois beaucoup plus faible en ce qui concerne l’armement et les techniques combattives, il fallait bien lui révéler une faiblesse. Cela ne voulait pas dire qu’elle ne parvenait pas à se servir d’une arme, mais elle devait se montrer plus brillante sur l’utilisation de sa magie lorsqu’elle se battait. Beaucoup savait qu’elle allait finir par être comme moi, qu’elle était sur la bonne voie ; même, ce devait être le fait que je m’occupe d’elle qui lui permit de progresser plus rapidement que moi. Lorsqu’elle eut ses quinze ans, elle faisait déjà parti du corps de notre armée, une guerrière ayant été adoubée dans mon unité, je fis d’elle ma propre apprentie. Il ne lui manquera plus que quelques années avant de devenir aussi réputée que son père adoptif. Même si elle convainquait son nouveau peuple qu’elle pourrait être à mon image, Krysalith était mon parfait opposé. D’abord physiquement parlant, ses cheveux n’étaient pas plus longs que les miens, ils étaient plus soyeux et plus blancs aussi, soulignant son sang de pur céleste ; on ne connaissait pas encore la technique de créer des hybrides grâce au sang tanieth autrefois, elle ne fut donc jamais reliée à la collectivité. Aussi, ses yeux verts brillaient de milles feux tandis que les miens restaient ternes et vides, sa peau était un peu plus blanche que la mienne, elle était plus petite par rapport à moi qui faisait parti des grandes pointures. Ce qui était également curieux, c’est que son corps se développait plus vite que le mien : à quinze ans, elle en paraissait une vingtaine ; Nekialeth conjecturait que ce devait être son sang de maître-magicienne qui entraînait ce phénomène, d’ailleurs il se demandait toujours comme un être de pure souche s’était retrouvée seule sur un archipel aussi lointain. C’était évident qu’il s’en méfie, il n’était pas le seul en fait : la majorité des tanieths n’acceptaient pas qu’une femelle, même si elle n’était pas des leurs, fasse parti de l’armée ; ce fut d’ailleurs à cause de cette exception qu’elle se montra ne pas être une grande perte pour la croissance de la population, elle ne devint donc pas une concubine contrairement aux autres femmes, même si elle prenait exemple sur elles et qu’elle mettait cela en pratique sur moi. Krysalith couchait en effet avec moi, elle avait développé une énorme admiration envers mon cas, elle n’acceptait pas de se vendre aux autres tanieths à cause de leurs apparences, je fus toujours là pour les empêcher de s’en prendre elle et je lui avais quand même sauvé la vie lors de la pluie des premiers dragons. Ainsi, elle devint ma servante personnelle, elle n’acceptait pas que je profite des autres femelles alors je lui réservais une place dans ma couche rien que pour elle. Cela rendit bien évidemment Cieth très jaloux, Krysalith souhaitait rester sa seule et unique amante ; donc, l’arrivée de la maître-magicienne dans ma vie, et notamment lorsqu’elle se sentit en âge de se livrer aux plaisirs sexuelles, mit fin à ma relation avec le général. Ce ne devait être que pour l’envie, mais mon maître-guerrier en resta assez marqué même si notre liaison avait fini par ne plus être un secret depuis bien longtemps, contrairement à mon amante qui faisait cela par amour. A l’image des quatre personnes ayant régi ma vie, Krysalith s’inquiéta énormément de moi, elle voulait me rendre la pareille pour toujours ; telle était son caractère plus ou moins proche du mien : attentionnée et obéissante, mais aussi douce et plutôt joyeuse.

" Pourquoi ne pas être heureux en souriant, tout simplement ? "

" Je n’ai pas besoin de sourire pour montrer que je suis heureux. "

" Je ne t’ai jamais vu sourire volontairement, tu pourrais faire un effort. Pourquoi retiens-tu à ce point tes sentiments ? "

" Puisque c’est un monde bien triste. "

C’étaient les mêmes propos que Silný mais j’en avais déjà une légère idée avant qu’il apparaisse à moi. Je ne me voyais pas du tout sourire à un monde où ses habitants ne sont voués qu’à s’entretuer, je ne pourrais le faire que lorsque l’unification mondial sera achevée : à savoir, lorsque l’Empire aura terminé de conquérir tous les territoires. D’une certaine façon, je savais que je ne serais certainement plus là lorsque ce moment viendra, mais tant que je pouvais y participer, à ce projet d’apporter la collectivité partout où nous sommes, alors je n’avais aucune raison de ne pas être heureux, je ne pourrais montrer ce bonheur que lorsque le moment s’en montrera propice. Mais cela, Krysalith ne pouvait le comprendre, elle était beaucoup trop jeune malgré son apparence mûre. Je me mis à la pousser légèrement, de telle manière à la faire coucher sur le lit à côté et non plus sur mon torse comme elle avait l’habitude de le faire, même si j’aimais plutôt bien la chaleur de sa peau contre la mienne. Me levant, je commençai à me rhabiller, tandis qu’elle restait silencieuse, songeuse sur mes paroles. Je me mis à briser ce silence en lui rappelant notre mission d’aujourd’hui.

" Préparons-nous à partir pour Jérianeth. "

L’Empire aurait récemment localisé la position d’un continent semblant désert à première vue mais il existait bien des autochtones assez étranges : nous les surnommions les démons de Jérianeth, des êtres totalement liquides avec qui nous ne pouvions pas communiquer, ils ne semblaient pas non plus hostiles et ne réagissaient aucunement à notre présence. Les éclaireurs rapportèrent ces informations à l’empereur Listmeth, ce dernier nous chargea de conquérir ce territoire et d’étudier ces mystérieuses créatures magiques. Ce fut mon unité qui fut choisie pour cette mission, je pris notamment avec moi Nekialeth et Cieth, le sorcier devait nous concocter un objet nous permettant de rapporter l’un de ces démons sur Irianeth et le général serait là pour s’assurer que cette terre était bien libre. Ce fut moi-même qui pris les commandes de la campagne, il était bien question de mon unité malgré la présence des deux grands maîtres. Une fois donc que le maître-sorcier annonça qu’il était fin prêt, j’enfilai mes bandelettes noires du cou jusqu’au nez, ainsi que mon masque draconique, et ordonnai notre départ. Notre trajet maritime ne prit que quelques jours, et le continent était bel et bien désert, je ne ressentais aucune présence hostile hormis les démons qui restaient statiques et calmes. Nekialeth m’offrit le privilège d’utiliser le talisman qu’il avait fabriqué sur l’un de ces démons, m’expliquant rapidement son utilisation fort simple qui consistait seulement à plonger l’amulette dans le démon tout en le gardant bien en main. Alors que je m’apprêtai à commencer l’opération, Krysalith et Cieth en profitèrent pour se quereller, une nouvelle fois, sur notre triangle amoureux pas si stable qu’il ne l’était. Comme à mon habitude, je les ignorais tant qu’ils se chamaillaient verbalement, Nekialeth essaya de les calmer pour ne pas déranger les autres soldats qui nous accompagnaient. Sans prendre compte du grabuge qui se tenait derrière moi, je m’accroupis devant la flaque visqueuse et la contemplai, le démon se mit à transmettre de drôles d’images à peine perceptible pour le moment, elles étaient relativement floues. Je ne comprenais pas trop ce que voulait me dire ce démon, j’essayais d’interpréter ces images avant de l’absorber avec le talisman. Néanmoins, je n’aurai jamais eu le temps de m’occuper de ce démon, car une présence ennemie commença à se manifester devant nous.

Cette intervention fit taire la dispute opposant mon amante et mon supérieure, une sorte de feu follet jaunâtre était soudainement apparue au loin, à quelques pas de notre rassemblement. Tout en me retournant et en me levant, je fixais cette boule magique, comme tout le monde. Personne ne parvenait à expliquer ce que cela signifiait, sauf Krysalith et moi-même lorsque le feu follet se divisa en plusieurs autres, nous ressentions tous les deux une énergie familière : la nôtre. Nous eûmes notre confirmation quand les sphères magiques firent apparaître des immortels, tous habillés d’une longue tunique blanche. Et parmi cette escouade d’intrus se trouvait ma mère, Pandora ; elle semblait même en être la meneuse vu qu’elle se tenait au centre de cette ligne de célestes, s’avançant légèrement vers nous. Cela faisait maintenant vingt ans que je ne l’avais plus revu, et pourtant elle n’avait pas changé d’un pouce, contrairement à moi. Elle eut du mal à me reconnaître au premier abord, mais elle identifia rapidement mon énergie céleste, ainsi que celle de Krysalith. Instinctivement, cette dernière s’accrocha à moi, nous faisions cela lorsque le danger était imminent, de telle façon à rester côte à côte dans toutes les situations ; ma force combinée à sa magie nous rendait assez polyvalent. Certes, les immortels ne voulaient pas encore nous attaquer, mais ils se préparaient à cette possibilité, et nous-mêmes les tanieths, nous savions que nous allions devoir lever les armes. Après notre tour respectif, ce fut à Nekialeth de reconnaître l’immortelle qu’il avait affronté auparavant, et nourrie à l’aide d’une mixture synthétique ; puis Cieth comprit que c’était la prisonnière qu’il avait exilé une fois que j’étais né. Ces deux hommes lui avaient tonné de ne pas revenir, mais il semblerait qu’elle ait fait fi de leurs menaces, puis elle avait déjà trahie sa parole en me rendant visite plusieurs fois lorsque je n’étais encore qu’un gosse, mais cela personne d’autre que moi le savait. L’apparition des immortels à nous devait signifier quelque chose d’important, je me doutais déjà de leurs intentions, le passé avait fini par me rattraper sans que je puisse l’anticiper.

" Ashill, Krysalis, il est temps de rentrer au bercail. "

" Ashill ? Krysalis ? De qui est-ce qu’elle parle ? "

" De nous. "

Pandora avait prononcé nos noms célestes de telle façon à ce que nous l’interprétions en tanieth, elle savait que c’était la seule manière de se faire comprendre. Je pouvais comprendre qu’elle m’appelle Ashill, par contre je ne savais pas pourquoi elle nommait Krysalith sous le nom Krysalis, son nom en céleste. Ils n’étaient donc pas venue simplement pour moi, mais pour nous deux. Ce ne devait pas être étonnant finalement, elle aussi était une maître-magicienne et ils ne comptaient pas nous laisser continuer d’offrir une puissance divine à l’Empire le plus sanguinaire et cruelle du monde, selon eux.

" Pandora, cela fait très longtemps… Que voulez-vous ? Vos mois d’isolement et de souffrance n’ont-ils pas suffis à vous éloigner de nous ? "

" Je ne m’adresserai qu’aux maîtres-magiciens. "

Cette simple phrase finit par faire taire les tanieths, à cause de la célèbre puissance des immortels ; même Nekialeth avait eu du mal à rivaliser avec une seule immortelle, alors avec toute une équipe ce serait encore pire. Ma mère se tourna vers nous deux, Pandora en avait fini de me cajoler, elle voulait absolument que je prenne mes véritables responsabilités en paraissant catégorique, et elle voulait par la même occasion emporter mon amante avec moi, son destin étant lui aussi tout tracé pour le Panthéon.

" Votre place n’est pas en ce monde, vous devez devenir des immortels et cesser de rendre des comptes à l’Empire d’Irianeth. Vos véritables maîtres sont les dieux du Panthéon. Krysalis, peu importe ta réponse, tu deviendras l’une des nôtres. Par contre, pour toi Ashill, Parandar acceptera cette requête seulement si tu décides de nous rejoindre de ton plein gré, il omettra de cette façon le fait que tu sois tanieth. Réfléchissez-y tous les deux, vous méritez mieux que de vivre au sein d’un peuple barbare qui ne mérite que l’éradication. "

" Mon cœur appartient à ce peuple soi-disant barbare ! "

" Vous connaissez déjà ma réponse. "

Nos frères, soulagés de notre décision, chargèrent en direction des immortels, prêts à les châtier une bonne fois pour toute de notre monde. Avant que je puisse dégainer mon arme, tout comme Krysalith, les immortels lancèrent une attaque combinée vers nous, un énorme rayon blanchâtre nous menaça de mort. Je poussai Krysalith sur le coté pour qu’elle ne prenne pas l’attaque de plein fouet, et je la reçus pleinement ; contrairement à des attaques physiques, ce sort me fit mal, je ressentis pour la première fois la douleur. Je compris que la résistance magique était ma plus grande faiblesse. Le rayon m’avait frappé si fort que je tombai en arrière, me noyant dans le démon de Jérianeth. Il était drôlement profond et je ne savais pas nagé, ce qui me fit couler petit à petit vers le fond. Cependant, je semblais avoir la capacité de respirer à l’intérieur, ce n’était pas de l’eau à l’état pur après tout. Cela n’empêcha pas le fait que je ne pouvais remonter à la surface, je n’eus d’ailleurs pas l’intention de me débattre vu que le démon me transmit, cette fois, des images beaucoup plus clairs : je vis ce qui se passait hors du démon, je voyais mon unité affronter les immortels et ces derniers les écrasaient avec une horrible facilité, puis je vis ce qui se passait sur Irianeth en ce moment-même, Listmeth étant en train de converser avec ses conseillers, d’autres images de paysages inconnues me parvinrent, je vis les jours et les nuits passées à une vitesse fulgurante, une silhouette me ressemblant apparut, des cheveux plus courts, portant une armure serties d’émeraude, une chaîne dorée autour du cou, et enfin une autre silhouette perchée en haut du colline, toujours la mienne, habillée cette fois-ci d’une cape blanche pouvant s’apparenter à la tunique des immortels, mon double se mit à sauter dans le vide, la chaîne le retenant à un palais dorée se brisa lors de sa chute. Ces nombreuses visions se terminèrent tout d’un coup, le démon de Jérianeth se mit à pousser un cri strident qui me boucha les oreilles ; en regardant sur mon torse, je compris que le talisman s’y était collé et commençait à absorber le démon. Lors de l’opération, mon corps remonta petit à petit à la surface, le démon lâchait son agonie de moins en moins fort, le talisman fut tellement croulé par le poids du démon qu’il commençait à s’enfoncer à l’intérieur de mon corps, refermant directement la plaie en coupant le cordon que formait le collier avec la pierre lorsque le démon fut totalement absorbée. En étant au bord de l’ancienne flaque, complètement trempé par les quelques parcelles du démon qui restaient, je me relevai difficilement, je sentis le démon continuer de vivre en moi, se répandant dans l’intégralité de mon être. Je n’avais néanmoins pas le temps d’évaluer les conséquences, j’avais des immortels à éliminer pour prolonger ma liberté.

En analysant la situation, j’aperçu avec effroi que de nombreux tanieths sont morts, quelques uns continuaient de combattre, notamment Nekialeth et Cieth. Je cherchais du coin de l’œil Krysalith ou Pandora, je les vis toutes les deux à quelques mètres, mon amante ayant un genou à terre, ma mère se préparant à lui offrir le coup de grâce. Sans attendre une seule seconde de plus, je ressentis l’appel de détresse de Krysalith et me rua vers elle pour la sauver, sprintant le plus rapidement possible. Je niais complètement mes autres camarades durant ma course, cela ne m’empêcha pas de les voir tomber un par un au combat, même mon maître-sorcier fut tué par le fil d’une lame magique et mon maître-guerrier succomba au bombardement de sphères magiques qu’on lui infligeait. J’évitais de trébucher sur les cadavres, encaissant et repoussant toutes les attaques qu’on me balança, ne perdant pas plus de temps à éliminer mes agresseurs, je ne cessai jamais ma course. Les balafres se multiplièrent sur mon corps, ce dernier allait bientôt s’écrouler une fois pour toute mais mes jambes refusèrent d’arrêter leurs mouvements : ma propre vie et celle de mon amante en dépendait, je ne pouvais pas la décevoir en contournant son appel ou échouer l’objectif qu’elle m’offrait. Si je ne pouvais plus sauver mes camarades ni mes maîtres, alors je devais au moins sauver l’une des personnes qui m’étaient le plus cher dans cette vie. Cela se passait si vite, mais tout était au ralenti autour de moi, toutes mes pensées étaient focalisées sur mon but ; même si je me rendis compte à mon grand désarroi que j’avais perdu mon épée en me noyant dans le démon, et que mon masque commençait à se décaler sur ma gauche, ne cachant plus les trois quarts de mon visage, le chèche s’étant déchiré également. Malgré tous mes efforts, je finis par perdre : Pandora trancha Krysalith avec son épée blanche et cette dernière disparut dans un faisceau lumineux, je ne ressentis plus sa présence, elle avait complètement disparue, morte. Cet échec me fit trébucher par terre, je roulai plusieurs fois avant de m’arrêter juste aux pieds de ma mère. Me relevant rapidement sur un genou, les autres immortels m’entourèrent, me menaçant de leurs épées immaculées, j’étais le dernier survivant et leur prochaine victime. Je regardai les yeux noircis de Pandora, un air semi-sévère et semi-attristé ornait son visage ; tout ce qu’elle voulait, c’était de me ramener à la maison et ma réaction était toujours la même.

" Ashill… Rends-toi. "

Elle commença à lever son arme, j’eus un réflexe de reculer mais les autres lames m’intimidèrent d’en faire plus ; j’étais complètement cerné et, même si j’étais en forme pour me battre, je ne ferais pas long feu face à toute une escouade d’immortels. Mon destin était totalement scellé.

" Tu ne peux pas fuir, tu le sais bien. Quoiqu’il arrive, l’heure de ta mort a sonné. Tu m’avais assuré auparavant que si tu mourrais, tu t’allierais à nous ; rends-toi digne, Ashill, acceptes l’alliance de ta véritable famille, s’il te plaît. "

Elle m’ordonnait quelque chose que je ne pouvais qu’accepter, Parandar m’accepterait dans les rangs que si je me rendais volontairement. C’était l’ultime souhait de ma mère : me ramener dans le droit chemin, selon elle. Je pensais qu’il fallait mieux trahir Irianeth à l’abri des témoins tanieths plutôt que me rebeller dans un vain patriotisme ; et puis, non seulement je serais aux côtés de ma mère, mais en plus Krysalith serait là. Mon avenir me dirigeait tout droit vers le Panthéon apparemment, je devais juste l’accepter pour obtenir une mort honorable. Si tel était la volonté de Parandar, des dieux et de tous les immortels, alors soit, je mourrais en maître-magicien et non en tanieth. Déposant à plat mon genou à terre, je retirai mon masque et l’accrochai au niveau de ma ceinture ; baissant la tête, je clamai mon verdict.

" Je me rends, maîtres. "

Soupirant de satisfaction, Pandora m’accorda un sourire que je ne pouvais pas voir mais deviner par mon pouvoir. Elle leva l’épée en l’air, la pointe en direction de ma nuque et l’abattit en travers de ma gorge. Mon corps fut envahi par une énergie bienfaitrice et je tombai à terre, raide mort.
Revenir en haut Aller en bas
Ashill
Prisonnier d'Émeraude
Ashill


Nombre de messages : 15
Age : 30
Localisation :
Points : 12
Date d'inscription : 26/08/2011

Feuille de personnage
Âge: Inconnu
Maitre/Écuyer: Le Panthéon, entre autres
Âme soeur: Aucune importance

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeLun 19 Déc 2011 - 11:25

Ashill, un héros des temps anciens 128122Imagechap6
" Au bout de la mort, on peut y trouver la fin de tout ou une seconde chance "

J’étais mort pour le monde des mortels, mais pas pour le monde des immortels. Au contraire, cette nuit-là fut ma naissance dans ce nouveau monde, que je redoutais au plus profond de mon être. En un unique instant, j’avais tout perdu : mon nom, mon titre, ma patrie, mon honneur ; je me sentis bien vide lorsque mon esprit quitta mon corps pour se retrouver dans un lieu immaculé, plus lumineux que ce dont j’avais vu lors de ma vie. Tout avait l’air si différent, je sentais que j’allais avoir beaucoup de mal à m’habituer à ce brusque changement, mais là devait être le principe de la mort. Enfin, comme dit, ce devait être une renaissance, c’est pour cela que je me sentais plus léger que jamais, comme si je m’étais libéré d’un énorme poids que j’avais traîné durant le temps de ma vie mortelle. Même si je ne reverrais plus mes anciennes connaissances, il y aura toujours ma mère et mon amante, ainsi que mon grand-père d’ailleurs qui était nul autre que Parandar ; c’était en quelque sorte un retour à la maison. Me tenant au milieu de ce territoire inconnu, je me rendis compte que je n’avais plus mes blessures, que mes cheveux étaient à la même taille que lorsque j’avais affronté le Lotakieth, mes pieds étaient nus, je portais les mêmes vêtements que j’avais reçus lors de mon adoubement dans l’armée tanieth, toujours la chaîne incrustée dans mon bras droit et mon masque draconique se tenait sur le côté gauche de ma tête, cachant mon œil, comme il s’y était placé tandis que je courrais sauver Krysalith. Je n’avais plus mon arme par contre, ce qui devait être normal dans le monde des morts. Enfin quelqu’un apparu à mes côtés pour me guider dans le Panthéon, c’était Pandora, mon amante n’était pas à ses côtés mais elle m’assura qu’elle était en lieu sûr. Elle me réexpliqua rapidement ce qu’elle comptait faire de moi : elle allait plaider en ma faveur aux dieux pour que je puisse rejoindre les rangs des immortels, le fait que je sois de la lignée de Parandar et que j’ai accepté de me sacrifier pourront faire pencher la balance, mais ma mère resta assez sceptique sur le sujet. J’avais toujours du sang tanieth qui coulait en moi, et cela n’aidait aucunement à faire de moi un immortel étant donné la mauvaise réputation du peuple au Panthéon. Pour ma sécurité, elle préférait ne pas me montrer aux dieux tant qu’ils n’auront pas assuré que je pourrais les rejoindre, ils seraient capables de m’exécuter sur-le-champ selon elle. Pandora m’escorta dans un lieu très éloigné du palais, les alentours en devenaient même plutôt lugubres ; puis elle me fit entrer dans une sorte de grotte où une légère lumière bleutée s’y échappait, au fond de cette grotte se trouvait une cellule ressemblant fortement à celles des immortels que j’avais pu apercevoir plutôt. A l’intérieur, c’était le néant, vide. Elle me disait que les âmes des morts ne restaient pas bien longtemps actives tant qu’elles n’ont pas été guidées dans les plaines des lumières, et je n’étais pas encore immortel pour jouir d’une vie éternelle. Ainsi, cette chambre conservera mon état actuel pour l’éternité, jusqu’à que quelqu’un daigne rouvrir la porte, qui ne peut être déverrouillée que de l’extérieur ; enfin, cette cellule empêchait autrui de retrouver ma présence, c’était donc un isolement permanent.

" Je reviendrai très vite, restes tranquille en attendant. "

Elle me parlait comme si je n’étais encore qu’un gosse, ce qui devait être un peu le cas vu que je venais à peine de commencer ma nouvelle vie. Pandora m’enlaça et me caressa les cheveux comme elle le faisait à Irianeth, lorsque je n’étais encore qu’un apprenti. Elle ferma la cellule, je ne pouvais en effet pas sortir ici, la pièce était éclairée par une légère lumière bleutée s’échappant des murs, comme à l’extérieur. Je me sentais étrangement bien à l’intérieur, je devais être baigné d’une énergie bienfaitrice qui ne satura jamais. En attendant le verdict final, je m’assis au centre de la pièce par terre. Étrangement, le démon de Jérianeth était toujours dans mon esprit, il me permit d’ailleurs d’étendre mon empathie jusqu’au palais qui était normalement trop éloigné pour que je puisse capter les pensées des personnes s’y trouvant. Je compris que ce démon avait, en quelque sorte, augmenté la portée de mon omniscience, ce qui se montrait fort utile, je ne me privais pas d’assister personnellement au jugement des dieux concernant mon cas et celui de Krysalith. En rassemblant les pensées que je captais, et que les célestes ne semblaient pas s’en rendre compte, je pus m’imaginer la totalité de la scène. Pandora était en train d’expliquer notre situation aux dieux, plus particulièrement à Parandar qui lui tendit une oreille attentive, mon amante était aux côtés de ma mère, légèrement stressée par la future décision de ces puissantes divinités. J’appris d’ailleurs en même temps qu’elle quelque chose que nous ignorions : Krysalith et moi-même étions des frangins, tous les deux les enfants de Pandora. Pour seule réaction, elle ressentit un certain dégoût à cause de tous ce que nous avions fait ensemble, moi je restais assez neutre sur la question vu que nous n’étions même pas au courant, je n’avais donc rien à me reprocher. Enfin, là n’était pas la question, Pandora venait de terminer son petit discours, l’heure était de savoir si les dieux nous écouteront. Ils débâtèrent entre eux par télépathie, j’appris avant ma famille qu’ils ne voulaient pas de moi au Panthéon. Parandar fit savoir qu’ils étaient d’accord pour accepter Krysalith étant donné son sang purement céleste, mais mon propre sang tanieth posait problème, aussi du fait que j’avais refusé en premier lieu lorsqu’on m’avait demandé de les rejoindre, ils pensaient qu’on m’avait surtout forcé la main et que cela était loin d’être une preuve de loyauté. C’est là que ma sœur cachée demanda ce que cela voulait dire s’ils refusaient : le dieu des étoiles répondit sèchement que cela signifiait mon exécution, purement et simplement. Pandora s’y opposa catégoriquement, tout comme Krysalith, s’ils ne voulaient pas de moi comme immortel, autant m’envoyer dans les plaines de lumière. Les dieux s’y opposèrent encore plus, c’était déjà un exploit qu’ils acceptent ma sœur alors qu’elle avait travaillé pour l’Empire d’Irianeth auparavant, et c’était impossible pour eux que j’expie mes crimes de guerre en obtenant l’immortalité, je ne la méritais pas. Ma destruction était inévitable pour eux. On leur demanda de m’amener ici-même pour m’exécuter, Pandora resta muette, elle refusait de me livrer aux dieux. A ce silence, ils obligèrent Krysalith à révéler ma position, elle assura dans son dialecte tanieth qu’elle n’en savait rien du tout, ils comprirent rapidement qu’elle disait la vérité après avoir décodé son langage. Par contre, lorsqu’il était question de faire parler ma mère, ils n’obtinrent jamais l’information, même s’ils savaient qu’elle en connaissait l’emplacement. Parandar en arriva aux extrêmes : soit elle avouait où j’étais, soit il la détruirait. L’immortelle finit par choisir de se sacrifier pour moi, le dieu du Panthéon ne se fit pas attendre. Pandora n’existant plus, il ordonna de faire Krysalith une immortelle à son service et mobilisa tous les autres à ma recherche ; ils ne parviendront jamais à retrouver ma cachette, ils pensaient que ma mère avait fait la grossière erreur de me laisser dans un endroit où mon énergie se désagrégerait et entraînerait ma perte. Pourtant, j’existais toujours, loin d’eux.

Depuis la fin de l’existence de la femme m’ayant mis au monde, je fus abandonné dans l’isolement total. Emprisonné à l’intérieur de cette pièce, je ne pouvais plus sortir et le démon de Jérianeth s’était abandonné au repos éternel, m’empêchant donc de savoir ce qui se passait à l’extérieur. J’étais livré à moi-même, durant des centaines d’années, des milliers peut-être, j’avais cessé de compter après deux nuits. Puisque j’étais seul dans mon tout petit monde, je focalisai mes pensées sur moi-même et m’abandonnai, tout comme le démon, au repos éternel, en position assise, les jambes croisées, dos courbé, durant tout ce temps. Je m’interrogeai sur ce que je voulais, moi. Si je parvenais à trouver une issue, ou qu’on vienne enfin me faire sortir, il fallait bien que j’ai un objectif. Je me posais donc beaucoup de questions : qu’est-ce que je recherchais ? La vengeance ? Je pourrais me rebeller contre le Panthéon pour le meurtre de ma mère, pour nous avoir obligé à nous vendre comme immortels sans nous laisser le choix, la tyrannie divine pouvait se montrer accablante et insupportable pour beaucoup. La justice ? L’Empire d’Irianeth avait commis de nombreuses atrocités, j’étais aux premières loges pour y assister et y participer, mais ce n’était pas aussi pire qu’être les témoins directs de ce morbide spectacle, de posséder assez de puissance pour sauver le monde des mortels et de ne jamais intervenir au final. La rédemption ? Si j’avais accepté de les rejoindre dignement, c’était bien parce que je comptais me racheter à leurs yeux, de les servir pour l’éternité, cependant ils refusaient de m’accorder cet honneur, j’étais trop impur à cause de mes sombres origines pour eux. La liberté ? J’avais ressentis l’espace d’un instant la souffrance des immortels d’être rattachés à cette chaîne incassable qui les reliait aux dieux, ils étaient leurs esclaves, certains voulaient détruire leur existence afin de vivre comme les mortels et obtenir la paix un jour ou l’autre. Cette même paix ne semblait se trouver que dans les fameuses plaines de lumière, je les entendais, même isolé ici je pouvais ressentir cette pureté tournée autour de ma cellule. Cette grotte devait se trouver de telle façon à être près des plaines de lumière, pour me permettre de ne pas être vidé d’énergie. C’était en quelque sorte pénible d’être aussi près du lieu qui m’offrirait enfin le repos que j’attendais ; si je ne pouvais servir les dieux, ce devrait être ma destination finale, tout comme les autres morts l’aient obtenu. Je commençais à me dire que chercher la paix dans le monde des mortels n’étaient finalement qu’une perte de temps, que cette vie n’était qu’éphémère et inutile, les dieux se fichaient bien de leurs créations tant qu’ils ne les rejoignaient pas à travers la mort. De toute façon, la paix n’était qu’une vaine illusion sur le monde des mortels, les nations fuseraient quoiqu’il arrive ; même si l’Empire d’Irianeth parvenait à conquérir le monde, même s’il finirait par être détruit pour cesser la guerre, les coutumes et les traditions perdureront, des peuples finiront par se former et à se rebeller, la guerre serait relancée. L’unification totale était peine perdue. Ainsi, mon rêve de détruire le monde des mortels, et toutes les souffrances qu’il engendrait, fut né, s’ils sont incapables de vivre en paix, autant leur épargner des souffrances inutiles en les envoyant directement à la paix éternelle : c’est-à-dire aux plaines de lumière. Je ne sais plus quand cette idée m’est venue en tête, mais je me souviens avoir dormi très longtemps jusqu’au moment où la lumière extérieure finit par me faire cligner les yeux.

" Tu étais donc bien là… "

Malgré tout ce temps passé, je reconnaitrais cette voix entre mille : c’était Krysalith. Je fus aveuglé par la lumière quelques secondes avant de pouvoir enfin la voir correctement, elle n’avait pas changé du tout depuis le temps, à part qu’elle était légèrement plus grande, sa nouvelle tenue d’immortelle et le pendentif lumineux qu’elle portait au cou, représentant une aile de dragon. Elle s’approcha de moi, je tentai de me lever mais je basculai sur le côté, je venais après tout de me réveiller d’un long sommeil ; Krysalith me rattrapa avant que je m’écrase au sol.

" Doucement, ne te forces pas trop. "

Je fis ce qu’elle me disait, je restais immobile pendant une bonne minute puis retentais de me lever sur mes jambes. Je me rendis compte que mes muscles avaient ramollis depuis le temps, mes cheveux s’étaient également grisés, ma barbe avait totalement disparue, mon corps entier était poussiéreux, tout comme mes vêtements. Le démon de Jérianeth en moi sommeillait toujours, il m’empêchait entre autre de pouvoir m’immiscer dans l’esprit d’autrui pour le moment. Je regardais ma demi-sœur tandis qu’elle époussetait sommairement mes habits.

" Krysalith ? "

" C’est Krysalis maintenant, et pour toi ce sera Ashill, comme l’avait souhaité notre mère. "

Elle m’avait répondu avec une telle froideur que je ne la reconnaissais presque pas, c’était toutefois bien elle sans aucun doute. Il s’était juste passé beaucoup de temps, elle-même risquerait de ne pas me reconnaître. Je comprenais que ma mort impliquait ma nouvelle identité sous le nom d’Ashill, elle aussi avec son nom de Krysalis, c’était une manière comme tant d’autre de couper les ponts une bonne fois pour toute avec Irianeth. Lorsqu’elle eut fini de me rendre propre rapidement et qu’elle s’était assurée que je n’allais pas retomber dans les pommes, elle me fixa longuement et finit par briser ce silence pesant en étirant un sourire amusé, un petit rire s’échappant de ses lèvres.

" Alors quoi ? Tu n’as rien à me dire depuis le temps ? "

" Si. "

" Eh bien je t’écoute, vas-y. "

" Depuis combien de temps je suis là-dedans ? "

" Très longtemps, Ashill, très longtemps… Cela se compte en milliers pour dire. "

" Comment m’as-tu retrouvé ? "

" Mère avait laissé des notes sur cet endroit dans sa cellule, que j’ai occupé lorsque Parandar avait décidé de faire de moi une immortelle. Au moins, comme elle s’en assurait, tu es toujours en un seul morceau malgré le temps. D’ailleurs, tu es au courant concernant notre lien ? "

" Oui, nous sommes liés par le sang. "

" Tu as pu donc écouter ce qui s’était passé lors de la mort de mère grâce à ton don ? "

" J’ai pu assister au jugement des dieux mais j’ignore tout le reste. "

" Bien, ce n’est pas très important. Tout ce que tu as à savoir, c’est que le Panthéon était persuadé que tu n’existais plus. Lorsque j’ai découvert que mère avait fait en sorte que tu puisses continuer de vivre, j’ai décidé de garder ta survie secrète et d’attendre le bon moment pour valoriser ton potentiel ; ce moment semble être arrivé. "

Avant de poursuivre les explications, Krysalis m’invita à prendre une bonne bouffée d’air hors de cette pièce que j’ai côtoyé depuis bien trop longtemps. Je la suivis en dehors de la grotte et vit que rien n’avait changé depuis mes derniers souvenirs, le palais n’était toujours pas visible au loin. Elle m’offrit un flacon contenant un liquide divin, ce qui permet aux immortels de recharger leur énergie ; cela n’aurait pas autant d’effet sur moi mais elle m’assurait que cela me ferait le plus grand bien. Je bus donc tout le contenue du récipient et le rendit à ma sœur, me sentant en meilleure forme.

" Notre mère souhaitait juste servir son père jusqu’au bout, mais elle ne pouvait accepter qu’on se montre injuste envers nous à cause de nos différences. C’est pour cela qu’elle m’avait jeté dans le monde des mortels, afin que je vive à tes côtés le temps qu’elle se charge de nous préparer un avenir meilleur. Il semblerait qu’elle ait échoué à moitié sa mission, elle ne s’attendait pas à ce que notre propre grand-père se montre si antipathique envers ton cas. Aujourd’hui, il est temps d’honorer sa mémoire. Mère voulait que nous soyons au service des dieux ou que nous vivions comme bon nous semble si c’était contre nos convictions. Personnellement, j’ai trouvé ma place ici, j’ai vu et infligé trop de cruauté lorsque nous étions à Irianeth, j’ai pu me racheter auprès du Panthéon, il est temps que tu en fasses de même. "

" Que dois-je faire ? "

" Accepter la requête de Parandar : rejoindre les chevaliers d’Émeraude dans le monde des mortels et les aider à détruire l’Empire d’Irianeth. "

" En quoi travailler pour les meurtriers de notre mère honorera sa mémoire ? "

" Tu devrais être fier qu’on t’offre un tel privilège, soit de te garder en vie et non de t’exécuter. C’est ce que mère aurait voulu. "

" Mère n’était plus du côté du Panthéon avant sa mort. "

" Elle était seulement déboussolée, tu crois qu’elle préférerait qu’on continue de guerroyer aux côtés de ses anciens tortionnaires plutôt que d’éradiquer ce peuple qui nous a enseigné tous les vices les plus sanguinaires ? "

Sur ce coup-là, elle marquait un point : quitte à choisir, Pandora pencherait plus à nous offrir à ses meurtriers les dieux plutôt qu’à favoriser la conquête mondiale engendrée par ceux qui l’ont torturé auparavant. Krysalis se mit à soupirer, elle m’aurait cru plus compréhensible mais je la décevais à cause de mes nouvelles convictions que je continuais de masquer, sauf qu’elle pensait que j’étais encore loyal à Irianeth alors que c’était loin d’être le cas, depuis bien longtemps.

" On n’a plus aucun compte à rendre à l’Empire, et tu le sais très bien. Notre honneur de tanieth s’est envolé en même temps que notre mort, ton patriotisme n’a plus lieu d’être à présent. Ressens-tu la paix que les morts jouissent en ce moment dans les plaines de lumière ? Nous devrions aider les mortels à en profiter avant leur propre mort. "

" Non. "

" Non ? Comment ça ? "

" Je ne ressens pas la paix des morts. "

" Oh, je crois comprendre… "

Ma demi-sœur s’approcha de moi et déposa sa main sur mon torse avant d’y enfoncer ses ongles, je ne ressentis rien grâce à mon insensibilité congénitale, puis j’étais mort toute façon. Elle extrayait le talisman contenant le démon de Jérianeth, sauf qu’en le retirant il semblait s’être brisé et le démon était resté en moi. Cet acte entraîna son brusque réveil, me permettant à présent de ressentir les pensées des morts autour de moi, je captai en effet leur paix. Refermant magiquement ma plaie, elle contempla le talisman vide.

" Il semblerait qu’il s’est attaché à toi, ce n’est pas comme si tu allais t’en plaindre, n’est-ce pas ? Enfin bref. Ashill, ne souhaites-tu pas comme moi la paix dans le monde ? C’était le rêve de mère et de la majorité du Panthéon. A moins que tu te sois forgé un autre but depuis ton isolement ? "

Je ne pouvais tout simplement pas lui avoué mes rêves de destruction, puisque la personne qui voulait que j’entreprenne ce but, c’est-à-dire moi-même, ne voulait pas que cela s’ébruite, je voulais garder tout cela pour moi, on finirait par m’en empêcher, je le prédisais. Ainsi, en guise de réponse, je lui offris un avant-goût de mon objectif, ce qui était loin d’être un mensonge.

" Tout ce que je veux, c’est obtenir ma propre paix. "

" Tu veux aller aux plaines de lumière ? C’est certainement faisable, mais un marché reste un marché, tu vas devoir payer ta dette en te rendant utile si tu veux avoir ta récompense. Allons en discuter avec Parandar, mais avant cela… "

Krysalis s’approcha de moi, un peu trop près même. Elle déposa ses mains sur ma carapace dorsale et rapprocha ses lèvres des miennes, m’embrassant un petit moment, je ne ressentais plus la chaleur que cela me procurait auparavant, certainement à cause du fait que j’étais mort. Cependant, elle semblait faire cela pour me taquiner à cause de notre relation familiale, et également pour déposer un sort de scellement sur ma chaîne. Dès qu’elle recula, la chaîne autour de mon bras droit s’illumina et elle se prolongea au niveau de mon poignet pour enchaîner mes deux mains l’une contre l’autre, m’empêchant de les mouvoir correctement.

" Crois-moi, ils seront plus à l’aise s’ils te voient comme ça. "

Je compris que ce n’était qu’une question de sécurité, j’étais un criminel pour le moment, autant me traiter comme n’importe quel prisonnier. J’acceptai donc ce traitement sans rechigner et suivis Krysalis jusqu’au palais des dieux. Le trajet pour m’y rendre était resté le même, à croire que cet endroit restait insensible aux ravages du temps, contrairement au monde des mortels qui ne cesse de changer. Y retrouver mes repères se montrerait corsé, mais j’allais devoir retourner dans le bas-monde apparemment, pour me battre contre des personnes à qui j’avais prêté auparavant et pour des personnes que j’aurais dû éliminer de sang-froid si l’Empire nous avait transporté jusqu’à leurs territoires. Enfin, à l’époque, je ne savais rien des chevaliers d’Émeraude, je ne savais pas non plus ce qu’était leur royaume, leur continent, si l’ancien Empire avait déjà conquis leur territoire, et bien d’autres informations qui restaient flous pour moi. Avant de commencer ma mission, j’allais avoir de nombreuses heures à passer sur l’Histoire du monde, juste de quoi comprendre ce qui s’était passé et être dans la capacité de m’y habituer. Néanmoins, pour l’heure, il fallait que les dieux m’offrent cette possibilité d’accepter cette mission pour avoir la chance d’obtenir mon ultime récompense : les plaines de lumière. Si Krysalis m’avait demandé d’accepter la requête de Parandar, cela voulait dire que les dieux avaient déjà conclus cet accord et qu’il ne manquait plus que mon avis pour trancher sur cette décision. J’eus en effet cette confirmation en me rapprochant de plus en plus du palais des dieux, ressentant leur impatience sur mon arrivée et sur la réponse que j’allais leur apporter. J’ignorais pourquoi on avait choisi moi personnellement pour entreprendre une telle mission, je ne savais rien de mes futurs collaborateurs qui se présentaient sous le titre de "chevaliers d’Émeraude", j’imaginais que ce devait être Krysalis qui avait proposé cette solution. Mon avenir était en quelque sorte assuré, en fait je n’avais pas trop le choix vu que si je refusais, ils me détruiraient ; autant tenter d’avoir la paix éternelle plutôt que l’inexistence éternelle, au moins je n’aurai pas à servir pour toujours le Panthéon si je parvenais à remplir ma part du contrat, de quoi assurer ma liberté contrairement aux autres immortels. En mettant les pieds au sein du palais, je ressentis la puissance écrasante de l’union de ces dieux, et quand je pus les voir en entrant dans la salle du trône, ils étaient porteur d’une phénoménal beauté, ils avaient tout pour eux, c’était totalement compréhensible que beaucoup en étaient envieux. Ils me regardèrent tous avec une certaine méfiance, sauf Parandar qui semblait assez content de me rencontrer. M’arrêtant au milieu de la pièce circulaire lorsque Krysalis me l’ordonna, je regardais les trois divinités qui étaient les maîtres du Panthéon, assis sur leurs trônes respectifs alignés devant moi, tandis que les autres dieux étaient éparpillés un peu partout dans la pièce.

" Ah, voilà enfin le fameux Ashill que Pandora m’avait parlé… Tu fais moins tanieth que ce que j’imaginais. "

" Il a toujours sa carapace dorsale… et sa langue tanieth. "

" Cela risque de poser problème avec ses futurs alliés. Offres-lui le langage enkiev et voyons s’il s’y habitue. "

Krysalis se tourna vers moi et déposa sa main juste sur ma gorge, elle m’insuffla des connaissances dont je ne m’étais jamais douté de l’existence auparavant, je connaissais à présent tous les mots du langage enkiev, un peuple dont j’ignorais tout pour le moment. Il était toutefois vrai que cette langue me serait utile si je voulais me faire comprendre d’eux.

" Dis quelque chose en enkiev, Ashill. "

" Les cellules des immortels sont inconfortables. "

Quelques dieux ne purent s’empêcher d’échapper un petit rire, même Krysalis se laissa aller à l’euphorie, Parandar étirant un sourire amusé. Ma sœur tapota mon épaule gauche en tentant de retenir ses larmes.

" Mon frère, elles ne sont pas aussi vides que celle que tu as côtoyé, il y a un lit et des meubles par exemple. "

" Il est vrai que tu as passé beaucoup de temps là-dedans, cela a dû être long et pénible pour l’âme d’un mort. Qu’as-tu fais à l’intérieur en attendant ? "

" J’ai dormi. "

" C’est tout ? "

" C’est tout. "

Comme tout à l’heure, je ne voulais pas avouer mes desseins, puis dormir impliquait de penser des choses alors je ne mentais pas totalement. Plusieurs dieux furent étonnés de ma légendaire patience, ainsi que ma paresse prolongée. Enfin, nous n’étions pas réunis ici pour discuter de ma personne, il fallait en venir au fait et Parandar ne se fit pas attendre.

" Krysalis, aviez-vous trouvé un arrangement tous les deux ? "

" Oui, maître. Ashill devra se battre aux côtés d’Enkidiev pendant la guerre actuelle ; s’il ne meurt pas au cours de cette guerre, c’est qu’il nous aura bien servi et donc il pourra obtenir ce dont il souhaite. Dans le cas contraire, s’il ne parvient pas à survivre lors des multiples batailles, il deviendra un immortel à votre service pour l’éternité. "

" Un immortel ? Dans les deux cas, il est gagnant. C’est loin d’être un marché équitable. "

" Bien au contraire, majesté, ce qu’il veut obtenir s’il sert Émeraude jusqu’à la fin, c’est une place dans les plaines de lumière. Il fera tout pour l’obtenir, souvenez-vous de ce qu’il a fait pour l’Empire d’Irianeth auparavant. Ce serait du gâchis de perdre un potentiel serviteur, surtout que ce serait un châtiment adéquate de l’empêcher d’obtenir la paix éternelle en faisait de lui un immortel, il se sentirait prisonnier à jamais. Au pire, même s’il devient un immortel et qu’il se montre incontrôlable, vous aurez toujours la possibilité de le détruire. "

Le souverain du Panthéon se mit à y réfléchir, de mon côté je pensais que ce serait une bonne chose que j’apporte la paix en suivant le noble but des chevaliers ; de cette manière, non seulement je favoriserai mon entrée dans les plaines mais en plus je pourrais en profiter pour détruire les deux camps, éliminer le plus de personnes possibles pour les rendre libres et les amener aux plaines de lumière. Cette guerre qu’ils subissaient devait être déjà un calvaire, c’était totalement louable pour moi de les aider aussi bien en les sauvant qu’en les tuant. En même temps, je prolongerai le rêve de mère et de Krysalis qui consiste à apporter la paix mondiale, et la volonté du Panthéon ne sera pas bafoué. Ma réponse devint évidente, je ne voulais pas être immortel comme le soulignait Krysalis, autant servir les dieux du coup. Il ne manquait plus qu’à savoir si ce marché leur convenait aussi.

" Très bien, nous allons courir le risque. Il nous manque la confirmation d’Ashill. "

" Si telle est la volonté du Panthéon, je me battrai contre l’Empire jusqu’à la fin. "

" Parfait, tu suivras une réincarnation, cela implique que tu ne seras pas mortel comme les autres. En effet, si tu es mortel, tu risques peut-être de ne jamais voir le bout de cette guerre si elle se montre très longue, ce serait dommage que tu meurs de vieillesse alors que les affrontements perdurent encore, dans ce cas de figure, nous n’aurions pas eu une preuve de ta loyauté éternelle. Tu seras donc plus ou moins immortel, Krysalis t’expliquera tout cela plus tard. Qu’on lui retire ses chaînes. "

Krysalis se rapprocha une fois de plus de moi et cassa les maillons qui liaient mes mains, sans pour autant s’en prendre à la chaîne incrustée dans mon bras droit qui restait intacte mais qui ne s’illuminait plus comme durant le prolongement du scellement. Je me sentais en quelque sorte libre de ne pas avoir à fuir le courroux du Panthéon, mais j’allais devoir servir leur volonté dans le bas-monde ; ma véritable liberté ne sera obtenue que lorsque la guerre se terminera et que je serai encore debout pour en voir le dénouement.

" Une dernière chose, Ashill. A Émeraude, tu seras considéré comme notre agent, ta personne est un cadeau que j’offre aux chevaliers pour leur montrer qu’ils ont tout notre soutien. Tu seras à la fois sous notre autorité et sous la leur, respectes-la autant que possible. Krysalis surveillera ton cas, elle sera ton guide ; si elle nous informe que tu as bafoué leurs principes à des fins favorisant l’avancée d’Irianeth, ta seconde mort sera imminente. Ne l’oublie pas. "

Je devais faire en sorte de garder mes propres objectifs secrets, sinon les dieux entraîneront eux-mêmes ma mort, ou alors ce serait les chevaliers d’Émeraude qui m’exécutent pour ma traîtrise ; et je ne devais pas non plus relâcher ma garde, sinon ce serait un simple tanieth qui entraînerait ma perte. Il n’y avait pas de quoi être étonné qu’ils se méfient encore de moi malgré ma parole donnée, ils attendaient en quelque sorte des preuves de ma loyauté. A cela, je commençai par leur apporter un petit avant-goût qui pourrait les satisfaire. Retirant le masque draconique déposée sur le côté gauche de mon visage, je le jetai à terre et le brisai en l’écrasant avec mon pied, m’inclinant en suite en guise de respect.

" Je ne vous décevrai pas, maîtres. "

En détruisant la légende d’Ashleth, je me métamorphosai en Ashill, le dévoué serviteur du Panthéon. Tous ces dieux, je me remémorais leurs noms et leur louais hommage par des prières ou des actes. J’allais détruire l’Empire d’Irianeth de mes propres mains, au nom de ma nouvelle patrie.

~~~


Ashill, un héros des temps anciens 952713Imagechap7
" On m’a arraché les ailes pour ne pas avoir à fuir mais à subir "

Ashill, âge inconnu, cheveux gris mi-longs, yeux gris, maître-magicien tanieth, chevalier d’Émeraude et serviteur du Panthéon. Ma renaissance signait cette nouvelle identité. Bien sûr, je pouvais toujours me vanter d’avoir été un héros d’Irianeth, les récits que j’avais vécus auparavant pourraient toujours servir à mes nouveaux alliés, même si j’en doutais un peu vu que nos deux époques étaient fortement éloignées apparemment. J’étais tout de même légèrement effrayé de devoir faire face à l’inconnu, de rencontrer des personnes que je ne connaissais pas, de me battre pour eux comme si leur foyer était également le mien. Ma destinée restait assez incertaine, je ne savais même pas si mes futurs alliés allaient m’accorder leur confiance, m’accepter parmi eux alors que j’avais travaillé pour leurs ennemis il fut un temps. Faire couler le sang des tanieths ne me répugnait pas par contre, j’étais mort pour eux, mais peut-être que les chevaliers y verraient une preuve de ma fragile loyauté, je pourrais paraître à leurs yeux quelqu’un qui retourne facilement sa veste, même si j’étais un envoyé des dieux. C’était déjà bien que le Panthéon finisse par m’accepter dans leurs rangs, mais si ceux qu’ils veulent aider ne souhaitent pas ma présence, comment suis-je censé effacer ma dette ? Il fallait que je me prépare à toute éventualité, ma mission consistait à survivre tout le long de la guerre et d’avoir favorisé la victoire d’Émeraude. Faire parti de leur corps chevaleresque n’était qu’une aide supplémentaire, je pouvais toujours intervenir sans avoir besoin de me dire être l’un des leur. Enfin, cela restait toujours plus facile d’avoir accès à leurs prochaines actions si je faisais équipe avec eux et les dieux verront que je continuais d’apporter leur volonté en Enkidiev. En même temps, j’étais censé être un cadeau pour les chevaliers d’Émeraude, j’allais bien remplir mon rôle en respectant leurs objectifs ; j’étais un peu la projection de l’image des dieux sur leurs terres, si je me montrais hostile envers eux, ils croiront que leurs maîtres divins étaient loin de les soutenir, ce qui était nullement le cas. Pour une fois que les dieux daignaient assurer la survie d’une de ses créations, autant en profiter, car ils n’ont même pas levé le petit doigt pour les autres peuples que l’Empire avait aliéner dans le temps, même la pluie des premiers dragons était plus une aubaine pour Irianeth de chevaucher ses imposantes créatures plutôt que se faire détruire totalement par elles. Je ne savais pas trop si c’était du favoritisme de la part des dieux, ces enkievs devaient être importants pour eux s’ils voulaient absolument qu’il détruise une nation aussi puissante que celle des tanieths. Quoiqu’il en soit, cela n’allait pas changer mon propre but : j’allais obtenir mon entrée dans les plaines des lumières tout en y expédiant le plus de monde possible, en prenant bien soin de masquer cette intention sous les codes chevaleresques de mes alliés.

Ma réincarnation fut un brusque changement de condition : j’étais passé d’une sereine tranquillité au milieu d’un endroit lumineux et vaste à une étroite prison de terre. Mon corps a été enfoui sous la terre de Jérianeth, je levai mon bras pour rejoindre la surface, ma main dépassant l’entassement de terre. Après de nombreux efforts, je parvins à rejoindre l’air libre, recrachant la terre que mon corps avait avalé. Ces terres étaient effectivement le continent de Jérianeth qui n’avait pas changé depuis le temps, toujours aussi sombres avec leurs statiques démons. En me retournant, je me rendis compte qu’on avait opéré un enterrement ici : juste derrière le trou que j’avais formé en sortant se trouvait mon épée, la lame plantée dans le sol, le pommeau soutenant mon ancien masque. Autour de moi se trouvait également d’autres tombes, celles de mes maîtres et des soldats nous ayant accompagné cette nuit-là. Il n’y avait pas celle de Krysalis, je me souviens que son corps avait disparu en même temps que sa mort. Je ne comprenais cependant pas comment mon corps a pu être conservé, je n’aurais dû retrouver que des ossements. J’eus ma réponse lorsque ma sœur apparut, plaisantant que le fait que j’avais fier allure pour un mort. Elle m’expliqua que ma réincarnation avait reconstitué le corps que j’avais lorsque j’étais au Panthéon ; elle disait vrai vu que j’avais toujours les cheveux gris, les mêmes vêtements, la même apparence que tout à l’heure en somme, en plus rajeunie toutefois, j’avais l’air d’avoir retrouvé ma vingtaine d’année. Par contre, je ressentais certains changements que Krysalis continua de développer. Déjà, mon corps était inactif, c’est-à-dire que mon cœur ne battait pas, je ne respirais pas, j’étais à l’état de demi-cadavéreux, puis je n'avais plus de sang du tout dans mon corps, seulement ma magie. Même mon énergie magique avait vieillie par le temps : lorsque j’utilisais mon pouvoir d’impact, ce n’était plus de l’énergie noire mais blanche, cela ne changeait pas son efficacité pour autant, mes pouvoirs restaient inchangés. Ils m’avaient purifié jusqu’au bout à croire ; tout ce que je gardais de tanieth maintenant, c’était ma carapace, mes ailes, mon langage et mon ancienne vie. Vu que j’étais mort, je n’avais plus aucun besoin : je ne connaissais plus la faim, la soif, la sommeil, l’envie, les pulsions. En bref, mon corps était totalement dépourvu de toute faiblesse, je ne pourrais plus me noyer, je ne ressentirais plus aucune douleur comme avant, la torture n’était plus une option pour me faire fléchir ; à part les attaques magiques qui étaient toujours ma plus grande faiblesse. Néanmoins, Krysalis souligna que même si je n'avais plus de sang faisant battre mon cœur, ce qui pourrait rimer avec une certaine immortalité, je pouvais être tué de deux façons différentes : soit en me faisant couper la tête ou soit en me faisant détruire complètement mon corps. En clair, je ne pouvais mourir que de ces deux manières-là, ce qui me semblait être assez facile à éviter si je restais vigilant. Je notais d’ailleurs que si je ne respirais pas, cela voudrait dire que mon rythme cardiaque n’influerait plus sur mon adrénaline, et qu’elle en serait même illimitée ; la fatigue n’était plus un facteur qui me nuirait au combat, je serais toujours en forme à travers mes actes, et cela était un terrible avantage. Plus que motivé, j’étais prêt à faire valoir ma force auprès de mes alliés, je m’approchai de mon antique épée afin de l’utiliser dans le futur, sauf que Krysalis m’assura que je n’avais pas besoin de ça pour le moment, que je comprendrai tout lorsque nous serons sur place. D’ailleurs, avant de partir, elle décida de couper légèrement mes cheveux, soi-disant que cela me donnerait un air plus guerrier : mes cheveux n’arrivèrent plus qu’au niveau de ma nuque tandis que mes mèches coupées s’envolèrent au loin, je me sentis vraiment renaître.

L’immortelle m’escorta donc jusqu’à ce royaume nommé Émeraude, elle nous téléporta tout d’abord sur le continent nommé Enkidiev. Tout en me demandant d’accélérer le pas vu qu’elle ne pouvait pas rester longtemps dans le monde des mortels, je me mis à examiner mon nouvel environnement. Ce qui fut frappant en passant du continent de Jérianeth à celui d’Enkidiev, c’était la lumière et les couleurs : je fus aveuglé directement par la lumière du soleil, d’habitude je dormais lors d’un temps pareil, comme tous les tanieths. Enfin, je pense avoir dormi assez longtemps depuis, je n’avais plus besoin de m’occuper de cela, cependant je devais m’habituer autant que possible aux rayons solaires. Ensuite, je fus plutôt émerveillé par la verdure qu’offrait ce continent : la nature s’épanouissait partout, c’était un étrange spectacle. Sur Irianeth, il n’y avait que de la lave et de la roche, je n’eus que de rares occasions de pouvoir admirer des plantes, alors qu’ici c’en était envahi, un stupéfiant changement de paysage. Si j’avais la notion de la température, je me serais rendu compte qu’il faisait moins chaud ici que sur le continent noir. Je fus encore plus étonné de voir que les habitants vivaient le jour, activement, ils avaient des activités qui m’étaient inconnus comme l’agriculture ou l’élevage ; la faune était aussi différente, il n’y avait plus les fameux dragons que les tanieths raffolaient de dresser pour prouver leur force. Ce qui était encore plus surprenant, c’était l’apparence de ces enkievs : il me ressemblait en tout point, tout comme les immortels et les dieux ; ma sœur m’expliqua que notre mère était née sur ces terres, d’où notre ressemblance avec les enkievs, c’étaient plus précisément des humains. D’une certaine manière, c’était plutôt une bonne chose que j’ai hérité d’une part d’enkiev, cela justifierait un peu plus ma loyauté envers les chevaliers. C’était vraiment un tout autre monde pour moi, et je n’étais pas encore au bout de mes surprises. Krysalis semblait être amusée de me voir aussi curieux et perdu, elle-même trouvait que c’était une réaction normale. Tout ce que je voulais, c’était de trouver une place dans ce monde que je ne reconnaissais plus et que je mette en marche le pourquoi de mon retour. Nous finissions par atterrir au royaume d’Émeraude, là encore je fus assez étonné de la grosse activité présente entre les murs de cette cité. Autant les ouvriers à Irianeth étaient aussi actifs, autant ils ne s’attardaient pas à des tâches aussi différentes : des gens hurlaient derrière leurs étales pour vendre leurs produits, certains s’enfermaient dans leurs boutiques tout en augmentant leurs stocks grâce à leurs talents d’artisanat, je voyais des gardes patrouillés librement dans les rues, la bonne humeur primait en ce royaume, j’avais presque du mal à croire qu’ils étaient en période de guerre ; ils devraient être effrayés qu’un Empire aussi puissant que celui d’Irianeth menace leurs terres, alors pourquoi leurs pensées ne se focalisaient aucunement sur ça ? Je ne comprenais pas leur entraide mutuelle, ils n’étaient pas liés comme les tanieths par une collectivité empathique, c’était vraiment un drôle de peuple. Un autre détail qui divergeait fortement du peuple tanieth : c’étaient les femmes. Elles travaillaient à l’instar des hommes, elles n’étaient pas enfermées pour servir de concubines et pourtant elles paraissaient heureuses de remplir des tâches attribuées d’habitude à des hommes ; c’était sûr que j’étais complètement déboussolé, j’allais avoir des heures et des heures à rattraper ce mode de vie. Je ne pouvais pas trop en tirer des informations depuis leurs têtes vu qu’ils pensaient plutôt à nous juger, ils avaient sous leurs yeux une céleste après tout, accompagné d’un jeune homme aux airs de pouilleux, ils ne reconnaissaient pas mes vêtements ; c’étaient d’anciennes couleurs d’Irianeth après tout, sinon ils se seraient éloignés à ma vue. Nous finissions par arriver dans une grande cour où plusieurs soldats s’entraînaient en compagnie d’un maître d’arme, c’étaient les fameux chevaliers dont on m’avait parlé, ils n’avaient pas encore leurs armures mais ils portaient les couleurs de ce royaume. Ils cessèrent leur entraînement et se tournèrent vers nous, ils furent d’abord alertés par la clarté que laissait transparaître la silhouette de Krysalis, puis ils me virent apparaître à ses côtés, plus sombre qu’elle comme son ombre. Ils avaient affaire avec le jour et la nuit, et notre présence ici était de justifier mon apport de ténèbres parmi eux.

" Futurs chevaliers d’Émeraude, je suis l’immortelle Krysalis, au service du dieu du Panthéon, Parandar. Nous nous excusons de devoir vous interrompre dans vos progrès, mais au vu des circonstances actuelles causées par la nouvelle invasion, les dieux ont décidé de vous faire présent d’une aide précieuse, un gage de gratitude prouvant notre soutien. "

Ma sœur m’invita à avancer, je le fis sans crainte et me retrouvai un peu plus en avant qu’elle. Ils me regardèrent tous, mon apparence étant intrigante pour les uns, mon énergie intérieure drôlement vide pour d’autres. En même temps qu’ils me dévisageaient, je compris qu’ils accueillaient parmi les chevaliers diverses races vu qu’ils ne se ressemblaient aucunement. Le plus étonnant encore était la présence des femmes dans l’armée, c’était un premier contact assez déconcertant, autant pour moi que pour eux.

" Je vous présente Ashill, c’est un maître-magicien tanieth. Je suis consciente que votre devoir est d’éliminer les membres de son peuple, mais celui-ci est dévoué au Panthéon de par son lignage céleste. Son aide pourra vous être utile : c’est un antique guerrier, il possède quelques dons magiques et ses connaissances sur Irianeth ne sont pas négligeables. Le Panthéon vous le remet entièrement, vous pouvez faire tout ce que vous voulez de lui, en retour il obéira à toutes vos directives. Si un jour il trahie votre serment, vous pourrez lui infliger la sentence adéquate comme bon vous semble. Jusque là, il acceptera de servir au sein de votre Ordre ; si c’est impossible pour vous d’accepter un tanieth parmi les chevaliers, offrez-lui une autre alternative pour vous assister. Vous vous rendrez vite compte qu’on peut facilement lui faire confiance, je parle en connaissance de cause. "

Sur ce, l’immortelle dût se retirer. Elle fit ses adieux aux chevaliers puis à moi-même en m’enlaçant fraternellement. Dès qu’elle eut disparu, je me tournai vers les chevaliers à en devenir : le fait que je sois un tanieth les répugnait, la plupart était contre cette idée même s’ils n’osèrent la manifester en ma présence. Malgré tout, les plus sages comprirent que si c’étaient les dieux qui m’envoyaient, c’est que je ne devais pas être un cadeau empoisonné, en plus il était vrai que j’avais quelques informations à offrir à l’Ordre concernant Irianeth, même si je me doutais que l’envahisseur avait fini par changer de tactique depuis un bout. Restant immobile en subissant les jugements des soldats, j’attendais le verdict final qui arriva lorsque le maître d’arme invita une des femmes à m’approcher. Elle était plus petite que moi, même s’il fallait avouer que j’étais une grande perche déjà, des cheveux rosés et des yeux d’un bleu azuré, on ne trouvait pas de telle femme parmi Irianeth et j’étais toujours surpris de les voir porter des armes. Elle sembla se forcer à me tendre la main, je ressentais, comme dans tous ses autres camarades, sa haine pour les tanieths.

" Je te souhaite la bienvenue dans l’Ordre d’Émeraude, Ashill. "

Je la remerciai en allant lui serrer la main, mais au lieu qu’elle empoigne la paume de ma main, elle fit cela à mon poignet, malgré les maillons s’y incrustant. Elle m’expliqua que c’était ainsi qu’on saluait les chevaliers dans l’Ordre, ce geste allait devenir mon quotidien. Alors qu’elle recula légèrement après cette salutation, quelques autres chevaliers osèrent s’approcher un peu à leur tour.

" Si tu as des questions avant qu’on reprenne l’entraînement, n’hésites pas. "

" Depuis quand on accepte les femmes dans l’armée ? "

A ce moment-là, j’aurai reçu l’équivalent d’une dizaine de bastonnade si je n’avais pas posé cette question avec mon ton si blasé et honnête. C’était une interrogation sérieuse pour moi, comme toujours, mais les femmes le prirent comme une insulte, certaines allaient même me remettre en place si leurs autres camarades ne les avaient pas retenus. On me répondit au final que l’égalité des femmes était devenue monnaie courante depuis la précédente invasion, depuis qu’on acceptait des femmes dans l’Ordre d’Émeraude. Lorsqu’on me répliqua que je venais vraiment d’un autre monde, je rajoutai que je venais également d’une autre époque ; et à cela, ils devinrent ébahis, et cet étonnement se mua en curiosité que je me mis immédiatement à assouvir. Mon intégration parmi les chevaliers se fit sans grand mal, le roi d'Émeraude ne s'opposa pas à mon recrutement heureusement, le fait que je sois un tanieth étant né à une époque très reculée abaissait la colère qu’on aurait pu me porter si j’étais un tanieth de ce temps-là, ils furent surtout surpris d’apprendre que j’étais un mort-vivant, ce qui me valut de nombreux surnoms comme "le revenant". Certains d’entre eux me demandaient de raconter quelques récits de mon ancienne vie, je leur obéis en racontant la légende d’Ashleth, qui n’était nul autre que moi. En retour, ils m’expliquèrent ce qui s’était passé depuis cette époque : tout aurait commencé alors que Listmeth n’était plus l’empereur, mais un certain Amecareth, et ce dernier aurait également conquis de nombreux territoires, sauf celui d’Enkidiev. Par deux fois il avait tenté de s’emparer du continent et à chaque fois l’Ordre d’Émeraude le repoussa, la dernière invasion datait de plus de huit siècles. Le fait d’apprendre que la nation que je respectais le plus avant pour sa puissance se fasse humilier deux fois de suite était assez détourant, mais là était bien une vérité que je me devais d’accepter. Néanmoins, cette fois-ci, c’était un tout autre empereur qui dirigeait et il avait réussi à aliéner plusieurs royaumes alors que l’Ordre n’était même pas prêt ; en guise d’avis, je restais relativement pessimiste pour Enkidiev, j’assurais que l’Empire allait sûrement gagner vu son écrasant avantage, ce qui me valut d’être assez rebelle envers mes camarades, je restais encore légèrement pro-tanieth dans l’âme après tout, même si ce patriotisme finira bien par être effacé au fil des années. J’étais en fait surtout antipathique avec les femmes, je restais misogyne à cause de mon comportement de tanieth, sauf qu’elles avaient un fort caractère vu leurs talents de guerrière, j’eus plus de craintes qu’autre chose en fait. Du côté de notre quotidien, les entraînements étaient relativement différents de ceux d’Irianeth : ils étaient déjà moins poussés, il fallait toutefois que mon corps reprenne sa force d’antan. Je connaissais la plupart des passes d’arme qu’on me montrait, mais j’en appris d’autre, notamment le maniement de l’arc et des flèches qui n’existaient pas à mon époque, l’équitation aussi fut une leçon que je devais maîtriser en me familiarisant avec cet animal inconnu pour moi. Question de conditions physiques, je faisais parti du top des plus forts de l’Ordre, c’était surtout en grande partie grâce à mon pouvoir d’impact et à mes connaissances guerrières d’antan. A part cela, je vécus quelques moments assez joyeux, c’était après tout une fraternité bien soudée, à l’instar de la collectivité tanieth, ce devait être cette force d’union qui leur permettait de combattre sur un pied d’égalité leurs ennemis. Les coutumes et traditions d’Enkidiev me restaient encore inconnus et je n’hésitais pas à me renseigner pour ne pas perdre mes repères, j’eus d’ailleurs quelques attraits pour l’art, notamment la peinture, que je trouvais agréable à regarder rien que pour les couleurs, cela me changeait des teintes ternes de mon ancienne vie. On me fit goûter des plats que je n’avais point besoin de digérer pour vivre vu que j’étais mort, mais je pouvais manger pour le plaisir ou pour revigorer mes forces, même si je restais assez conquis par la viande de dragon, les vieilles habitudes ont la vie dure. On essaya également de me rendre saoul pour m’obliger à sourire ou à rire, sauf que l’alcool n’avait aucun effet sur moi, ce qui les déçut fortement. Par contre, ils gagnèrent leur lot de plaisir en m’obligeant pour la première fois à me purifier dans les bains : étant tanieth, je détestais naturellement l’eau, et ce fut assez compliqué pour moi de me baigner là-dedans, même si je n’avais plus rien à craindre de l’eau. Comme la nourriture, la purification me permettait de retrouver mes forces, mais je privilégiais surtout le sommeil : dormir rechargeait rapidement mon énergie, il n’était pas étonnant de me voir flemmarder après une mission ou un entraînement. Le fait que nous soyons tous différents m’attribua un rôle dont je me doutais vu que je l’avais emprunté dans mon ancienne vie : dès que nous serons adoubés chevaliers, je serais l’informateur de l’Ordre, je récolterais des informations depuis Irianeth grâce au démon de Jérianeth afin d’anticiper une future attaque. Il fallait bien que mon pouvoir serve à quelque chose, alors j’acceptais ; surtout que, contrairement aux autres chevaliers, je me cantonnais à mes deux uniques dons, déjà que je ne pouvais pas me servir de la sorcellerie, il semblait que c’était également inutile pour la magie blanche. Ce n’était pas pour autant que j’étais plus faible qu’eux, nous étions tous aussi forts les uns que les autres, j’avais mes forces et mes faiblesses, ils avaient les leurs, c’était ainsi. La preuve en étant que le jour de notre adoubement, je récitais le serment des chevaliers comme tous mes frères et sœurs d’arme.

" Je prends l’engagement de suivre avec honnêteté les règles du code de chevalerie, et de travailler avec toute l’ardeur et le courage dont un Chevalier doit faire preuve, à servir la paix et la justice sur tout le continent et même sur les pays non encore découverts. Je m’engage aussi à maîtriser ma colère, ma peur et ma hâte en toutes circonstances et à faire appel aux dieux lorsque je dois prendre des décisions ou aider mon prochain. "

A présent, nous faisions tous parti de l’Ordre d’Émeraude, nous reçûmes nos cuirasses serties d’émeraudes et nos magnifiques épées. Par rapport au vieil équipement tanieth dont j’avais de vagues souvenirs, c’était de la qualité pure, puis ils avaient une bonne avancée technologique depuis le temps, ce qui était parfaitement normal, l’Empire aussi a dû se dépasser de ce côté-là. On avait arrangé ma propre armure pour qu’elle ne me gêne pas au niveau du bras droit, j’avais toujours porté la chaîne après tout. A peine quelques temps suivant notre entrée dans l’Ordre chevaleresque, on nous envoya en mission, on me conseilla de porter un casque vu que je devais protéger au maximum ma tête, la partie qui allait entraîner ma perte si je n’y faisais pas attention. Je m’équipai donc d’un casque masquant la totalité de ma tête et de mon cou, cette fois ce n’était pas pour cacher ma honte raciale mais pour assurer ma survie. Je rejoignis mon groupe et entrepris la tâche qu’on nous avait assigné, avant de rallier Zénor pour vivre notre première bataille, après qu’on nous ait informé de la présence de navires sur les berges de ce royaume côtier. Contrairement à tous les autres chevaliers, c’était loin d’être mon premier combat, mais c’est la première fois que j’allais devoir pourfendre la carapace d’un tanieth, c’était le moment propice pour prouver ma loyauté à l’Ordre. Écoutant attentivement le discours de notre cheffe puis ses consignes, nous attendîmes l’arrivée de notre ennemi commun : leurs navires étaient différents de ceux de mes souvenirs, le peuple en lui-même n’avait pas changé mais leurs équipements étaient plus sophistiqués. Même si nous étions en compagnie de l’armée zénoroise, ils étaient beaucoup plus nombreux que nous ; apparemment, c’était le même cas lors des précédentes invasions, alors autant en avoir le cœur net sur place. Dès qu’on nous ordonna de charger, tous lancèrent leurs rayons incendiaires ou serpents électrifiés tandis que je balançais de mon côté une vague d’impact qui repoussa quelques soldats. Entraînant au galop ma monture, je tranchais les têtes sans regret, ils étaient mes ennemis à présent, ils avaient finis par m’oublier. Le combat à cheval n’étant pas trop ma spécialité, je sautai à terre et ordonnai à ma monture d’aller se réfugier. Fidèle à moi-même, je provoquai en duel quelques tanieths en rengainant mon arme, je les désarmai et retournai leurs armes contre eux, ils étaient totalement déboussolés d’avoir affaire à un guerrier aussi aguerri, j’en profitai pour m’en débarrasser rapidement. Pour les dragons, là encore je ne me laissais pas intimider, je fus l’un des suicidaires osant se mesurer à ces créatures écailleuses, encaissant quelques sales coups qui ne nuisaient aucunement à mon adrénaline. Ils furent tellement nombreux que je ne fus même pas étonné de voir mon casque partir en morceaux, j’étais bientôt visage à découvert mais je ne reculais pas pour autant ; sauf quand il s’agissait des dragons où je jouais sur la carte de la ruse pour me faire passer pour un tanieth en faisait résonner des cliquetis dans ma tête, évidemment ce stratagème fut rapidement renversé. Un moment, je me retrouvai à combattre au milieu du village, j’entendis alors l’appel à l’aide d’un enfant qui voulait qu’on sauve sa mère, qui avait déjà rendu son dernier souffle en fait. Pour seule réponse, je ne me retournai pas vers lui, au loin un groupement de zénorois avait besoin qu’on les assiste ; pour moi, le dilemme fut évident : c’était le garçon ou une poignée de zénorois qui disparaissait. Finissant par l’ignorer, je vis qu’il forma une tornade enflammée, je ne pouvais plus le rejoindre maintenant. Décidé, je m’éloignai en allant continuer de guerroyer. Des heures interminables pour beaucoup passèrent, je restais aussi actif qu’au début mais mes ressources magiques étaient devenues nulles et j’essayai tant bien que mal de supporter les lésions éparpillés sur mon corps qui m'empêchait d'user correctement mes muscles. Puis je sentis l’arrivée de l’empereur-même que notre cheffe provoqua en duel, elle se fit battre et capturée. Désespérés, les chevaliers ordonnèrent finalement la retraite ; je passai sur le même chemin que le pauvre garçon m’ayant appelé à l’aide, je vis son corps écroulé par terre mais encore en vie. Je restais là à le regarder, ne sachant pas si je devais l’emporter avec moi, ce fut finalement un rappel à l’ordre d’un de mes camarades et l’arrivée imminente des tanieths à mes trousses qui m’obligèrent à laisser l’enfant aux griffes de l’Empire, tout comme le royaume entier de Zénor qui fut définitivement conquis par Irianeth.

Ce fut une défaite écrasante, l’Ordre entier ne se remettait pas de l’abdication de Zénor et du kidnapping de sa cheffe. Mon pessimisme concernant notre échec ne faisait que croître à chaque instant, l’Empire était encore plus puissant que dans mes souvenirs et l’empereur actuel devait être aussi fort que son ancêtre. Depuis ce jour, les chevaliers s’activèrent ardemment à trouver un moyen de ramener leur cheffe, je me refugiai dans la chapelle pour être au silence et pouvoir projeter mon omniscience jusqu’en Irianeth : je pus donc rassurer à chaque instant mes frères et sœurs d’arme qu’elle était toujours en vie, juste prisonnière. Personne ne savait ce que l’Empire comptait faire d’elle en la gardant en vie, et cela leur importait peu en fait puisqu’ils comptaient la libérer coût que coût. Je finis par apprendre la vérité en surprenant la discussion de l’empereur et de la prisonnière, le pacte qu’ils avaient scellé, leurs pensées étaient complètement focalisées sur cette alliance. Je devins moins enthousiaste à l’idée de la sauver, néanmoins je gardais cette information pour moi : s’il y avait un traître parmi nous, mon but de détruire l’Empire en même temps que l’Ordre sera favorisé, et puis ce détail me serait peut-être utile pour plus tard. De toute manière, personne ne pensa une seule seconde à cette possibilité de trahison, je n’eus donc aucun moment à signaler cette vérité. Lorsque l’Empire avait fini par tisser le piège adressé aux chevaliers, ces derniers mordirent à l’hameçon en se rendant sur l’île des hommes-lézards, je ne faisais pas parti de l’expédition. J’attendis leur retour en même temps que tout le monde, et contrairement à l’engouement que la réapparition de la cheffe de l’Ordre provoqua dans l’âme de mes camarades, je restais méfiant dans l’ombre, ayant la confirmation qu’elle travaillait bel et bien pour ceux contre qui nous nous battons. Si la responsable même de cette équipe trahissait sa parole, les autres pourraient bientôt finir par suivre, ce n’était qu’une question de temps. Je commençais à prendre conscience que cette fraternité qui nous unissait ne faisait que se fragiliser au cours du temps, tout cela finira par disparaître pour moi lors du massacre d’Argent.
Revenir en haut Aller en bas
Ashill
Prisonnier d'Émeraude
Ashill


Nombre de messages : 15
Age : 30
Localisation :
Points : 12
Date d'inscription : 26/08/2011

Feuille de personnage
Âge: Inconnu
Maitre/Écuyer: Le Panthéon, entre autres
Âme soeur: Aucune importance

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeMar 20 Déc 2011 - 19:40

Ashill, un héros des temps anciens 255541Imagechap8
" Il n’y a ni paix, ni guerre, ni compromis "

Le temps passait, cinq ans pour être précis, je ne comptais plus depuis ma mort, on me disait juste depuis combien de temps je suis ici. J’étais toujours dans l’Ordre d’Émeraude, je m’étais toujours battu contre Irianeth pour honorer mon serment. Dans l’ombre, je complotais toujours afin de permettre au monde entier d’être expédié dans les plaines de lumière. Le fait qu’on ait fait de moi un immortel sans avoir à être obligé de retourner au Panthéon était un terrible avantage, j’étais devenu un monstre, même les dieux ne savaient pas que j’apportais ma touche personnelle dans leur volonté. Bien sûr que mon ancienne réputation d’héros m’a valut d’être connu comme quelqu’un d’obéissant, ne négligeant aucun détail, faisant extrêmement plaisir à mes employeurs. J’étais encore comme ça en fait, mais ils ne s’étaient pas douté de ma mutation dans la cellule d’immortel, ils ne voulaient pas savoir ce que moi je voulais. On ne m’avait même pas demandé mon avis sur ma mission d’apporter mon aide à l’Ordre, on m’avait juste menacé de le faire au risque de devoir recevoir le châtiment que je redoutais le plus. J’étais accablé, tout cela me fatiguait, je faisais en sorte de ne pas montrer ma peine aux autres chevaliers, je m’éloignais toujours d’eux en prétextant qu’un mort n’avait plus de sentiment ; c’était en partie vrai, mais j’haïssais encore plus le fait qu’on tente de me comprendre. Personne peut comprendre ce que je veux, moi seul ait décidé de cet objectif, personne avait le droit d’intervenir là-dedans puisque je ne le voulais pas. Ce monde n’était plus le mien, ces personnes ne devraient pas me connaître en personne, je ne devrais pas influer sur le cours des évènements de cette époque dont je ne faisais pas parti. Je pensais avoir reçu ma punition avant même d’avoir échoué, je ne comprenais toujours pas pourquoi les dieux risquaient de décevoir leurs créations en envoyant un être tel que moi, un criminel pour eux. Je ne savais plus trop où me tourner, je savais que je devais survivre jusqu’à la fin de la guerre pour atterrir enfin aux plaines de lumière, mais je ne savais pas encore si les dieux allaient bien tenir leur part du marché. J’avais déjà coupé les ponts avec Irianeth depuis ma mort, j’étais toujours rattaché à Émeraude et au Panthéon, ils étaient une plaie pour mon rêve. Ce n’est pas comme si la compagnie des chevaliers d’Émeraude me déplaisait, bien au contraire : en les regardant, je les voyais livrer leur véritable combat, ils me remémoraient ce sentiment de courage que j’avais affronté une fois. C’est aussi un peu grâce à eux que j’ai pu m’intégrer correctement à ma nouvelle vie, eux au moins n’avait aucun rattachement avec le Panthéon. Émeraude était en quelque sorte mon refuge, celui qui me protégeait des chaînes du Panthéon. Du moins, cette protection n’aura pas duré plus d’une dizaine d’année ; face à un dilemme où je n’avais pas eu le choix, j’ai dû trahir mes frères et sœurs d’arme pour maintenir l’espoir qu’ils apportaient à Enkidiev.

Cet évènement se déroula peu de temps après l’adoubement des nouveaux chevaliers et de l’attribution des nouveaux écuyers. Comme la dernière fois, on ne m’assigna pas d’apprenti, ce n’est pas comme si cela me gênait en fait. Grâce aux entraînements chevaleresques, j’ai pu retrouver ma force d’antan, j’ai perfectionné un peu plus mes pouvoirs et j’ai appris de nombreuses choses également. Même à travers la mort, je continuais de progresser, c’était assez stupéfiant. Depuis ces cinq dernières années, je n’eus aucun contact avec le Panthéon : ni ma sœur, ni un quelconque immortel ou dieu vint me déranger dans mon quotidien, ce qui voulait peut-être dire que je faisais bien mon boulot à leurs yeux. J’avais entendu parler que les dieux chassaient les immortels rebelles par l’intermédiaire d’un orage, des éclairs frappant à même le sol ; pour le moment, je n’en avais pas encore vu, mais j’étais conscient que cela ne saurait tarder. Écouter ce récit fit tout de même naître en moi une certaine appréhension envers les orages, même si ces derniers ne frappaient pas le sol. On pouvait bien rire de moi en entendant que c’était une peur aussi futile de ma part, mais je finirais bien par affronter ces éclairs un jour ou l’autre, autant apprendre à les craindre le plus tôt possible afin de pouvoir les faire face sans faillir. Enfin, cette journée là ne comportait pas d’éclairs ni de pluie, c’était une journée pratiquement banale. L’Ordre d’Émeraude avait été mis au courant de la capture du prince Garett de Fal, plusieurs chevaliers et écuyers ont été dépêchés à Diamant afin de le ramener au bercail ; les autres restèrent à Émeraude, en attendant de leurs nouvelles. Bien entendu, je faisais parti des derniers, j’étais resté à patrouiller près du pont-levis, la carapace collée au mur et les bras croisés. Je suivais mentalement la progression de mes camarades à Diamant grâce à mon pouvoir, je me fis un moment interrompre par un insecte volant : c’était un papillon, il battait des ailes juste devant moi. Le regarder me rappelait le collier lumineux que portait ma mère, c’était un peu à cause de cela que le papillon devint mon animal favoris : libre et beau à la fois, je ne possédais aucune de ses qualités et cela me rendait envieux. Il finit par s’éloigner définitivement lorsque deux personnes vinrent se joindre à moi, je saluai à la manière des chevaliers mon frère d’arme Keith puis je fis un signe de tête à la magicienne Niobé.

" Tu te joins à nous ? Niobé doit aller chercher des ingrédients médicinaux dans un village à la frontière d’Argent. "

" Je ramène les chevaux. "

" Merci, Ashill. "

Je ne refusais pas d’aider, cela me ferait également passer le temps. Bon, je n’avais aucune notion du temps aussi : que je dorme ou parte en mission, le temps s’écoulerait de la même manière pour moi, puis les deux activités paraitraient aussi divertissantes l’une que l’autre. On avait juste quémandé mon aide, je me rendrais toujours plus utile en passant à l’action plutôt que flemmarder. C’était tout moi : paresser dans mon coin en attendant qu’on veuille de moi, et surtout que je faisais bien mon travail et qu’un chevalier est souvent croulé sous les tâches, j’avais donc pas souvent le temps de profiter de la tranquillité, comme la plupart du monde. Me hâtant à enfiler la selle à nos chevaux, je ramenais ma monture et celle de Keith au pont-levis, le chevalier invita la magicienne à prendre place avec lui, il restait fidèle à son image de charmeur après tout. La magicienne aussi restait telle qu’elle l’était : son manque de confiance envers autrui restait intact, et elle le cachait bien sauf à moi qui pouvais ressentir parfaitement ses sentiments. Au moins, nous étions des chevaliers d’Émeraude, elle n’avait rien à craindre de nous, sauf de moi quelque part. A part cela, nous nous rendîmes tranquillement à notre destination, le temps ne pressait personne, encore moins moi. C’était un petit village, simple et calme, quelques étables et villageois agréables. Ils nous accueillirent joyeusement, rien que de pouvoir admirer au moins une fois nos armures d’émeraudes les contentait, je me forçais à bomber le torse malgré mes problèmes de dos causées par ma carapace. Laissant nos montures entre de bonnes mains, nous escortâmes la magicienne jusqu’à la boutique où elle devait recevoir les sacoches contenant les herbes médicinales, le revendeur étant un fournisseur actif d’Émeraude. En ce moment, il avait quelques problèmes financiers, d’où des problèmes de livraison, cela ne gênait pas trop la magicienne d’aller chercher les remèdes sur place mais il fallait bien que quelqu’un l’accompagne, surtout en des temps aussi troublés. Une fois qu’elle eut fini de prendre tout ce dont elle avait besoin, nous l’aidâmes à tout porter jusqu’aux chevaux et à les charger. Ceci fait, ils se préparèrent à repartir mais je restais immobile, un bruit inaudible pour eux me parvint jusqu’aux oreilles. Lorsqu’ils me demandèrent ce que je faisais, je me retournai vers la rivière Mardall qui découlait près du village d’où les cliquetis résonnaient.

" On a de la compagnie. "

Des tanieths attaquaient le village, ils avaient remontés la rivière depuis Zénor grâce à une bulle protectrice les ayant à la fois rendu invisibles et insensibles à l’eau. Quand ils posèrent leurs pattes griffues sur le sol, ils redevinrent visibles et les sifflements redoublèrent d’ardeur. Dégainant mon arme en même temps que mon frère, je m’emparai de mon casque pendouillant à la selle de mon cheval et l’enfilai ; je préférais être prudent, même pour un escadron aussi petit. Ils étaient vraiment peu nombreux eux, peut-être assez pour raser un village tel que celui-ci mais pour se mesurer à deux chevaliers et une magicienne, ils auraient besoin de gros renfort. Sans craintes, nous nous lançâmes tête la première dans le combat, ils ne s’attendaient pas à trouver des chevaliers ici, ils mirent beaucoup de temps à comprendre à qui ils avaient affaire, et pendant ce temps on avait déjà éliminé la moitié de ces intrus. On incita les civils à se réfugier dans leurs maisons, les tanieths les poursuivaient, je me jetais au secours de ceux qui en avaient besoin, arrachant rapidement le bras ou la tête des envahisseurs ayant osé souiller la demeure des villageois. Tandis que je mutilais les tanieths vivants, Keith les faisait léviter en l’air avant de les cramer avec ses flammes, Niobé les effrayait en ramenant l’eau de la rivière à eux tout en prenant soin de nous assister s’il le fallait. Un moment, un tanieth me porta un gros coup au visage, il détruisit même la partie haute et gauche de mon casque ; après l’avoir éliminé, je jetai mon casque inutilisable. S’il faut que je repaye une protection après chaque mission, autant apprendre à m’en passer. Outre cela, ce combat était horriblement facile, aucune victime fut notée, juste quelques blessés sommairement, j’avais l’impression d’oublier quelque chose, un détail qui me chiffonnait grandement. Je finis par comprendre ce qui me titillait lorsque nous achevions le dernier tanieth : malgré sa mort, nous ressentions toujours une autre présence, beaucoup plus puissante, je me rappelais alors du bouclier qui avait aidé les tanieths à traverser la rivière, ce ne pouvait être que l’œuvre de la sorcellerie et aucun de ces tanieths l’avait usé au cours de l’affrontement. Malheureusement, c’était déjà trop tard : un glyphe violacé apparut à nos pieds et une barrière de la même couleur nous entoura, puis une sorcière apparut juste en face de nous. Elle se mit à ricaner que son incantation était enfin terminée grâce à la diversion de ses sbires. C’était un piège, nous étions tombés directement dans la gueule du loup. La sorcière nous expliqua que ce sort-là liait notre vie à elle, en outre si elle était blessée, nous le serions aussi, et si elle se faisait tuée, nous mourrions avec elle. Pire encore, la barrière qui nous entourait nous empêchait de sortir, et elle comptait l’étendre jusqu’à Émeraude avant de se sacrifier pour libérer ce royaume au nom de l’empereur.

" Par Rogantia, elle nous a bien eu cette catin ! "

" Du calme, il doit bien y avoir une solution… "

Pour moi, il n’y avait plus qu’une seule solution : la tuer. Nous étions seulement trois à être prisonniers de son emprise, si elle commençait à étendre son pouvoir, ce village se fera à son tour engloutir dans son piège puis le royaume entier finira par se faire avoir. Cette sorcière n’avait pas froid aux yeux, elle n’hésitera pas à s’ôter la vie pour favoriser l’avancée de la conquête tanieth. On devait la tuer le plus rapidement possible avant que des innocents soient emportés dans la vague, c’était le rôle des chevaliers de protéger le peuple par tous les moyens, quelle qu’en soit le prix. Je ressentis le désespoir de mes alliés, ils ne savaient tout simplement quoi faire ; moi par contre, je savais parfaitement ce que j’avais à faire. Notre ennemie ignorait un détail important : son sort ne pouvait pas m’affecter vu que j’étais un mort-vivant. Si elle mourrait, je ne mourrais pas, par contre les autres, si. Mon intention fut forgée, et je m’apprêtais à me lancer lorsqu’elle se tourna de dos et qu’elle commençait à se concentrer pour étendre sa barrière. Niobé se tourna immédiatement en ma direction, elle avait découvert ce que j’allais faire.

" Ashill, non ! "

Je rejetai son refus en tenant fermement mon arme puis en sprintant vers la sorcière, c’étaient eux ou tout le royaume d’Émeraude, autant sacrifier deux de mes camarades plutôt que laisser un génocide complet s’opérer. Keith comprit peu après ce que je m’apprêtais à faire et s’y opposa évidemment à son tour.

" Ashill ! "

Aucun d’eux ne voulait mourir, et aucun émérien non plus voulait mourir, alors le choix était évident. Sans aucune hésitation, je portais une estocade dans l’abdomen de la sorcière, son sortilège s’estompa aussitôt et fit la même blessure au chevalier et à la magicienne, et bien évidemment à moi-même, qui ne fut qu'une blessure superficielle vu qu'elle ne m'arrêterait pas dans mon acte. La tanieth tourna la tête vers moi, complètement surprise que j’ai tenté un acte aussi suicidaire, elle ne comprenait pas comment cela avait pu se produire.

" Dommage pour toi, je suis déjà mort. "

Sans lui donner le temps d’y réfléchir, je tournai ma lame à l’intérieur de son corps et donna un coup sec en diagonal pour la retirer, elle tomba à terre et se vida de son sang, je lui portai le coup de grâce en lui offrant un autre trou béant au-dessus de sa première lésion, elle finit par rendre son dernier souffle. Niobé et Keith avaient vécu le même sort, j’avais pris soin au moins d’en finir rapidement ; heureusement pour moi, avoir de tels blessures sur mon corps ne me tueraient pas, j'ai fait au moins en sorte de ne pas en perdre mes organes internes. L’épée d’Émeraude avait à la fois rendu justice en ce lieu et également trahie le serment pour lequel elle a été forgé ; j’étais triste, mais cette tristesse ne m’avait pas empêché d’en arriver à de telles extrémités, jamais elle m’empêchera d’être fier d’avoir accompli mon devoir. Même si j’avais rempli ma mission de protéger le royaume, je sentais déjà la sentence s’approcher de moi : tous témoins de ma ignoble traîtrise, ils me jetèrent des pierres, me traitant de tous les noms, la garde d’Argent fut rapidement prévenue. A leur arrivée, je ne m’opposai pas à leurs directives, je me rendais sur-le-champ, cela ne ferait qu’aggraver ma situation toute façon. On me traîna d’abord dans le royaume d’Argent où je passai quelques heures à attendre ce qu’on comptait faire de moi ; finalement, les argentais décidèrent de laisser la justice émérienne traiter de mon cas, j’appartenais à l’Ordre d’Émeraude après tout. On m’escorta à l’intérieur d’une charrette étroitement surveillée par des gardes argentais, je restais docile, j’avais passé mon temps à analyser ce qui s’était passé à Diamant pendant mon absence, et j’appris quelques tuyaux qui me seraient utiles pour ma situation actuelle. A leur retour, les chevaliers d’Émeraude apprirent la macabre nouvelle en présentant les deux corps sans vie de mes victimes, ils furent mis peu après que le coupable était sur le point d’arriver. Ils savaient déjà que c’était moi, ils avaient été mis au courant que c’était l’un d’entre nous qui avait fait cela et la description physique ramenait à moi. A mon arrivée, les gardes émériens prirent la relève et m’escortèrent jusqu’au château où mes frères et sœurs d’arme me reçurent avec des réactions plus ou moins partagés, même si elles tournaient toutes vers la désapprobation, ceux qui étaient les plus proches des victimes souhaitèrent même ma mort ; la peine que j’allais encourir était le sujet le plus abordé entre eux. Notre cheffe finit par faire tomber le silence, elle me demanda de la suivre en privé pour parler de cet accident. Je ne me fis pas attendre et nous discutâmes dans son bureau, j’avais toujours les chaînes aux poignets et aux chevilles que les argentais m’ont enfilé, j’avais à peine de quoi mouvoir mes bras et mes jambes correctement, puis on avait confisqué mon épée mais pas mon armure. Naryu me regarda en fronçant les sourcils, elle non plus n’était pas satisfaite de mon crime.

" Pour tout dire, je ne suis même pas étonnée que ce soit toi le responsable… Dis-moi ce qui t’es passé par le crâne, bon sang. "

" J’ai juste fait mon devoir : elle menaçait de détruire le royaume d’Émeraude, j’ai pris la décision la plus juste. "

" Peut-être, Ashill, peut-être… Malgré tout, tu vas devoir en répondre avec la justice. Argent ne laissera pas passer ce crime sans compensation, on ne va pas t’exécuter mais tu vas croupir beaucoup de temps derrière les barreaux. Soit environ une vingtaine d’année. "

C’était beaucoup trop, je n’étais pas contre l’idée de satisfaire la justice en passant quelques années dans une cellule, mais autant de temps paraîtrait être une ruse pour le Panthéon : ils croiront que j’assure ma survie en restant prisonnier. Puis je devais sortir le plus rapidement possible de prison afin de n’avoir plus aucun compte à rendre avec l’Ordre, les chevaliers ne m’accepteront plus après ce que j’avais fait, c’était certain ; déjà que certains d’entre eux espéraient que je sois exécuté à la potence, il ne fallait pas être aussi optimiste à vouloir réintégrer la famille. Néanmoins, il fallait que je négocie la durée de cette peine et, heureusement pour moi, j’avais quelques atouts dans ma manche.

" Je voudrais passer seulement cinq années là-dedans. "

" C’est beaucoup trop peu pour un double meurtre ! "

" Dix ans alors. "

" Je ne peux pas faire ça, c’est déjà un exploit qu’on ne te coupera pas la tête, pour tous les services que tu as rendu à l’Ordre. Alors, accepte ton châtiment dignement. "

" Arrange-toi pour abaisser la peine ou tout Enkidiev saura que tu travailles pour Irianeth. Ils me croiront et tu le sais. "

La cheffe des chevaliers me regarda d’abord abasourdie, avant de baisser piteusement la tête en se mordant les lèvres, se faisant une raison sur le fait qu’on ne pouvait rien me cacher, surtout que je l’utilisais habilement tel un vil manipulateur. Le fait qu’elle donne des informations à l’empereur Nemesis n’était déjà plus un secret pour moi depuis de nombreuses années.

" Ils sauront aussi quel lien tu partages avec le fils de l’empereur. "

" Suffit ! "

Je me tus, je pensais avoir assez enfoncé le couteau dans la plaie comme ça. Naryu resta silencieuse un moment, à se remettre les idées en place, elle savait bien que je n’hésiterai pas une seconde à le crier sur tous les toits si ça m’arrangeait. La faire chanter finit par porter ses fruits : elle capitula en m’assurant qu’elle ferait son possible tant que je gardais tout cela pour moi, nous avions au moins en commun notre légère aversion pour l’Ordre. Les gardes reprirent ma laisse et me traînèrent dans une cellule du poste de garde, le lendemain j’appris que j’allais encourir dix ans de prison, une peine minimale de cinq ans fut imposée si mon comportement était jugé exemplaire ; et cela n’impliquait pas seulement le fait que je sois parfaitement docile, j’allais continuer de jouer mon rôle d’informateur en espionnant les pensées et conversations d’Irianeth. Pour cela, j’aurai le droit à une ou deux promenades par jour où on m’emmènera dehors et on m’obligera à projeter le démon de Jérianeth jusqu’au continent noir durant l’espace d’une heure. Si je rapportais suffisamment d’informations au cours des cinq premières années, on me relâchera, sinon je terminerai les cinq dernières. N’ayant pas trop le choix de toute manière, j’acceptai cette sentence sans aucune opposition. On m’emmena dans la tour IV où toutes les crapules d’Émeraude étaient réunies, on me fit enfiler la tunique de prisonnier et on scella mes pouvoirs. Ma cellule se trouvait au tout dernier étage, réservé spécialement pour les pires criminels du royaume. Je faisais donc parti des six actuels taulards du dernier étage, après moi on comptait Drake le zoophile, Jégath le pédophile, Gwyden la sadique, Arguro le pyromane et enfin Freïhr le nécrophile. Ils m’accueillirent chacun avec un petit rire bien à eux, soulignant fortement leurs crimes d’antan, nous étions tous les six séparés par des murs et des barreaux mais proches par notre infamie. J’étais un chevalier déchu et ils le savaient, je devais me préparer à côtoyer ces cinq criminels pendant beaucoup de temps. Me tournant vers la fente qui me servait de fenêtre, je vis au loin un orage se former, l’avertissement des dieux sur ma décadence se manifesta par de puissants éclairs inratables. Maintenant, je suis libre de l’Ordre. Je n’avais plus qu’à fuir le Panthéon et j’aurai enfin obtenu ma liberté totale, tout n’était qu’une question de temps.

~~~


Ashill, un héros des temps anciens 266367Imagechap9
" Je ne suis pas un héros, c’est pour cela qu’aujourd’hui je suis fatigué "

" Je suis revenu d’entre les morts contre ma volonté, ce destin je le prédisais même lors de mon sommeil. En réponse anticipée, j’ai décidé de m’ordonner mon propre but : libérer le bas-monde du joug du haut-monde. La paix en ces terres est inutile, on ne peut l’obtenir qu’en atteignant les plaines de lumière. Pour cela, je vous pourfendrai tous par le fer ; amis ou ennemis, vous serez enfin libres et vous me remercierez à travers la mort. J’emporterai le plus de personnes possible dans mon envol, et quand je vous rejoindrai à mon tour nous pourrons enfin assurer que nous avons acquis notre liberté. "

Ashill, un héros des temps anciens 291242IconeAshill2
© Toute copie totale ou partielle est totalement interdite ©
Revenir en haut Aller en bas
Selenge
Cheffe de l'armée noire
Selenge


Nombre de messages : 245
Age : 33
Points : 329
Date d'inscription : 05/09/2009

Feuille de personnage
Âge: 30 ans
Maitre/Écuyer:
Âme soeur: Il n'y a qu'un homme digne de ma chair.

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeMer 28 Déc 2011 - 17:14

Wow. Des heures et des heures de bonne lecture!
Accepté pour moi, rien à redire! Very Happy
Revenir en haut Aller en bas
Jory
Chef de la Garde d'Émeraude
Jory


Nombre de messages : 711
Age : 30
Points : 541
Date d'inscription : 30/08/2008

Feuille de personnage
Âge:
Maitre/Écuyer: //
Âme soeur: //

Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitimeMer 28 Déc 2011 - 18:02

Ashill, un héros des temps anciens Tumblr_lmptzr15E91qb5ddf

plein de fautes, mais dans l'ensemble c'bon
de justesse, mh. Bon, par contre j'ai pas fin,i de lire l'histoire, je capte pas tout 8D

J'te pré-valide, j'm'occupe de finir de la lire et je te dirais si y'a quelque chose qui m'explose à la face.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Ashill, un héros des temps anciens Empty
MessageSujet: Re: Ashill, un héros des temps anciens   Ashill, un héros des temps anciens Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Ashill, un héros des temps anciens
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Liens d'Ashill
» Saut dans le temps.
» MaUvAis TeMps ---[PV Exan]

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Chevaliers d'Émeraude :: Présentation :: Présentation de votre personnage :: Présentations acceptées :: Autres-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser