Un chagrin d'amour ne dure que jusqu'au prochain amour [Xhemnys]

Il était tard ce soir là. Susan avait fini ses corvées vers minuit. Susan était la domestique chargée principalement du linge dans la journée mais elle était aussi une des "serveuses" personnelles de la famille royale le soir. Elle s'était donc levée avant l'aube pour distribuer le linge propre lavé la veille. Puis, refaisant le même trajet que précédemment elle ramassa le linge sale. Elle le déposa dans la pièce qui servait de lingerie, située sous l'aile des chevaliers du château. Elle reviendrait le laver après midi. Pour l'instant, elle alla prendre sa pause du matin en allant la passer avec son amie Maddy. Elles en profitèrent pour manger leur déjeuner. C'était le déjeuner habituel des domestiques : du pain, quelques légumes, parfois un peu de viande, un verre de lait et un fruit.

A la fin de leur quart d'heure de pause les deux jeunes femmes lavèrent le linge ensemble puis elles l'étendirent. Elles se séparèrent et Susan se rendit aux cuisines. On l'avertie que le repas du soir serait prêt dans une heure. Elle alla donc préparer la table avec les autres servantes. La nappe saumon pour ce soir, avec la porcelaine blanche et l'argenterie offerte par un certain souverain d'Enkidiev.

L'heure passée, la famille royale s'installa à table et Susan passa les trois heures qui suivirent à servir les deux entrées, le plat et les trois desserts et à débarrasser les assiettes salies par de la sauce. Ensuite, elle alla dans sa chambre et rangea son peu d'affaire avant de vêtir son unique tunique "mettable" en dehors de son travail. Elle sorti du château comme elle le faisait tous les soirs depuis une semaine. Aujourd'hui, sa destination serait : la montagne de Cristal.

Elle marcha et, comme à chaque fois qu'elle se retrouvait seule, les larmes coulèrent. Elles coulaient en écho à ce jour, cette matinée ou Keith l'avait trahie et était venu avec Niquelot. Ses taches ménagères de la matinée l'aidait à ne pas y penser, mais pas à oublier. Elle se rappelait le saule pleureur. Et cette baffe que Niquelot lui avait donnée. Elle avait besoin de respirer. Elle voulait savoir ce qu'elle allait faire de son avenir. Elle avait envisagé de retourner à Rubis. Mais elle aimait sa vie à Emeraude et elle y avait des amis.

L'air froid fouettait son visage et rendait les sillons où ses larmes étaient passées glacials. Elle comptait s'élever un peu dans la montagne, mais pas jusqu'au sommet. Elle était dans les arbres, lorsque, tout à coup, des bruits se firent entendre. Susan ne les entendit pas au début et elle n'y fit attention que lorsque des ombres se reflétèrent sur les arbres. Des ombres qui se reflètent grâce à la lune, qui était pleine ce soir là. Elle s'arrêta et tendit l’oreille.

Susan entendait des respirations. Trois, peut-être plus. Elle observa attentivement les silhouettes et vit qu’elles étaient armées de grandes lances. Elles l’encerclaient, elle était prise au piège. Cependant, Susan n’avait aucune richesse, rien à leur donner. Elle s’imagina des scènes horribles, qu’on abusait d’elle ou encore qu’elle serait faîte femme de barbares. Elle cria. Surement en désespoir de cause mais aussi pour prévenir quelqu’un. Elle avait toujours eu une voix aigue. Son cri porterait loin et quelqu’un l’entendrait bien.

La jeune femme en face de lui le regarda un instant avant de hocher la tête. Après un court instant, elle se mit à bouger. Xhemnys se dit que son aide ne serait pas de trop pour qu'elle monte plus haut dans la montagne comme elle avait apparemment l'intention de le faire, mais n'osa pas la lui proposer, ne sachant pas comment elle allait réagir. Elle s'arrêta en un lieu totalement éclairé par la lune et sans arbre. Lorsqu'elle se retourna et lui adressa la parole, ses beaux et profonds yeux bleus captèrent son regard :

- Ravie de vous rencontrer, Xhemnys, même si j’aurais préféré faire ça dans d’autres circonstances. Je m’appelle Susan, je suis domestique au château d’émeraude. Je vous remercie de m’avoir sauvé. Vous être très habile. Quelle arme utilisez-vous ?

- Tout le plaisir est pour moi, je vous assure. Et c'est bien normal, on ne laisse pas une demoiselle, jolie comme vous qui plus est, se faire attaquer par quelques bandits brutaux... Je nomme ces armes des katanas. Mais le plus important, ici, cela reste vous. Bien que je ne pense pas qu'ils aient eu le temps de faire quelque chose je préfère m'en assurer : allez-vous bien?

Il l'observa plus en détails, rien sur elle ne semblait indiquer ne serait-ce qu'une trace de violence. Avant qu'elle ne réponde, sa curiosité fit surface et il posa une seconde question :

- Je ne voudrais pas me montrer indiscret, mais, vous dites être une servante du château. Mais, le nuit aucun endroit extérieur n'est sûr, aussi, pourquoi êtes-vous venue sur cette montagne...?

Après cette question, ne sachant trop si il allait avoir une réponse, mal placé qu'il était pour demander ces choses, tourna son regard vers le bas de la montagne. Ses yeux s'arrêtèrent un instant sur l'endroit ou il dormait quelques minutes plus tôt, puis parcourant l'horizon et le paysage, profitant de la vue qui s'offrait à lui. La forêt et les champs étaient visible, la lune brillait dans le ciel accompagnée des étoiles au-dessus du château d'Émeraude. Il reposa son regard sur son interlocutrice, qui paraissait à présent fatiguée.

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La jeune femme en face du voyageur mis quelques secondes entre les paroles de Xhemnys et sa réponse, afin de déclarer :

-Mes mots regorgent de simplicité ? Ah... Je peux le prendre comme un compliment ou comme une critique, car je n’ai pas eu une très bonne éducation au niveau culturelle et au niveau du maniement de la langue... Mais, si vous dites que c’est rafraichissant... Cela doit être un compliment ! Je vous en remercie. Vous ne savez pas où vous êtes né ? Voilà qui est pour le moins étrange ! Pour ma part, je suis née au royaume de Rubis, dans une famille nombreuse. Je suis partie il y a quelques mois, laissant derrière moi mes trois petits frères et mes quatre petites sœurs qui sont âgés de 16 à 4 ans. Ma mère est morte en accouchant de la petite dernière, Sally. Et lorsqu’il s’est remarié, j’ai compris que ma place n’était plus à Rubis, autant j’ai décidé de suivre mon petit frère Farwelle, qui est devenu Ecuyer d’émeraude.

Le flot de paroles se tarit un instant, et Xhemnys se demanda ce qu'il se passait dans la tête de son interlocutrice lorsqu'elle sembla avoir une illumination avant de rougir et de reprendre en bafouillant :

-Oh ! Excusez-moi ! Je dois vous embêtez à vous raconter mon histoire ! Je me suis laissée emportée... Et, pour tout vous dire, j’apprécie votre compagnie et je préfèrerais que vous restiez, si cela ne vous dérange pas, bien sûr !

Le voyageur afficha un autre franc sourire, et repris la discussion à son tour :

-C'est un compliment, je vous assure. Non, bien sûr, ça ne me dérange pas. Et puis, votre compagnie est trop agréable pour que je puisse choisir de ne pas rester. Je ne peux pas vous laisser seule de toute façon vu ce qui vient de se passer, et si vous avez besoin en plus de quelqu'un à qui parler, même si je ne suis qu'un inconnu, je suis prêt à vous écouter si vous avez besoin de parler.

Même s'il affichait un air sûr de lui, Xhemnys se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire, car il n'avait pas l'habitude qu'on lui parle beaucoup, ayant passée sa vie en solitaire. Il reprit en tentant de rattraper ce qu'il estimait ne pas avoir dit assez bien, en s'asseyant dans l'herbe près de la jeune femme :

-Enfin, je veux dire, je ne veux pas m'immiscer dans les affaires de quelqu'un d'autre ou dans quelque chose qui ne me regarde pas, mais je suis tout de même prêt à écouter si vous voulez en parler. Mais j'ai l'impression de m'enfoncer au fur et à mesure que mes paroles sortent de ma bouche, alors je crois que je vais me contenter d'écouter ce que vous allez dire...

Le voyageur aux cheveux bleus laissa un soupire lui échapper en se disant que vraiment, il n'était pas forcément très doué pour s'exprimer...

Le voyageur sourit à la jeune domestique, puis il prit la parole à son tour :



-C'est un compliment, je vous assure. Non, bien sûr, ça ne me dérange pas. Et puis, votre compagnie est trop agréable pour que je puisse choisir de ne pas rester. Je ne peux pas vous laisser seule de toute façon vu ce qui vient de se passer, et si vous avez besoin en plus de quelqu'un à qui parler, même si je ne suis qu'un inconnu, je suis prêt à vous écouter si vous avez besoin de parler.

Le jeune homme se tut un instant, comme s’il cherchait ses mots pour expliquer la chose différemment, en tout cas, c’est ce que Susan perçut et ce qui ressortit des paroles qu’il prononça quelques instants plus tard :

-Enfin, je veux dire, je ne veux pas m'immiscer dans les affaires de quelqu'un d'autre ou dans quelque chose qui ne me regarde pas, mais je suis tout de même prêt à écouter si vous voulez en parler. Mais j'ai l'impression de m'enfoncer au fur et à mesure que mes paroles sortent de ma bouche, alors je crois que je vais me contenter d'écouter ce que vous allez dire...


Cette fois-ci, Susan ne mit qu’un instant pour répondre. En quelques minutes passées avec le guerrier, Susan sut qu’elle pourrait lui faire confiance. Et après tout, que risquait-elle ? Elle n’avait confié à personne sa douleur et peut être que raconter sa souffrance à quelqu’un lui fera perdre de son ampleur. Elle avait du surmonter tant d’épreuves, les raconter la soulagerait surement.


« A vrai dire, moi aussi j’apprécie votre compagnie. Et peut-être que me confier à vous soulagera ma douleur. En fait, tout à commencer il y a... Hum, 11 ans ? Je suis née à Rubis, comme je vous l’ai dit, et un jour, le prince Keith est venu rendre visite aux enfants de mon village et a distribuer des pièces. J’en ai reçut une, et je suis tombée amoureuse de cet enfant. Lorsque l’on m’a appris qu’il était devenu élève d’émeraude, je me suis juré d’aller à émeraude un jour. Lorsque ma belle mère est arrivée, j’ai pensé que je n’avais plus ma place ici, et je suis partie à émeraude, pour retrouver mon amour de jeunesse et mon petit frère. »



A ce moment là, la jeune fille marqua une pause. Elle allait entrer dans la partie difficile. Elle essayera de ne pas pleurer. Elle respira un grand coup, puis entama tout le discours d’une traite :



« A mon arrivée à Emeraude, Keith s’était épris d’une espèce de fée, Niquelot. Elle le rejeta, et je pensais à ce moment là que j’avais mes chances. Récemment, durant l’adoubement des Chevaliers et Ecuyer, Niquelot l’embrassa. Ce jour là, j’ai décidé d’avouer mes véritables sentiments à Keith. Je lui ai envoyé une lettre, dans laquelle je lui demandais de nous retrouver sous un arbre. Lorsqu’à l’aube il est arrivé, il était accompagné de Niquelot, son « âme sœur », comme il le dit. S’en est suivie une scène, et je suis rentrée furieuse, contre Keith et contre Niquelot. C’était la dernière fois que je le voyais. Maintenant, il est mort. Il est mort fâché contre moi. Et je n’ai pas pu lui dire au revoir. »



Vers la fin de son récit, Susan commençait à avoir la voix qui tremblait, évoquant un passage de colère puis une tristesse sans fond. Sur les derniers mots, elle tomba à genoux dans l’herbe grasse et mis ses mains sur son visage pour pleurer. Les larmes coulaient, comme à chaque fois qu’elle pensait à son chevalier adoré. Tout autant que les larmes avaient coulé, ce soir là, comme tous les autres soirs depuis leur dispute. Des hoquets secouaient tout le corps de la jeune femme, qui en oublia presque le voyageur qui était près d’elle.

Un silence suivit la réponse du voyageur, qui fut coupé par les mots de la jeune femme :

-A vrai dire, moi aussi j’apprécie votre compagnie. Et peut-être que me confier à vous soulagera ma douleur. En fait, tout à commencer il y a... Hum, 11 ans ? Je suis née à Rubis, comme je vous l’ai dit, et un jour, le prince Keith est venu rendre visite aux enfants de mon village et a distribuer des pièces. J’en ai reçut une, et je suis tombée amoureuse de cet enfant. Lorsque l’on m’a appris qu’il était devenu élève d’émeraude, je me suis juré d’aller à émeraude un jour. Lorsque ma belle mère est arrivée, j’ai pensé que je n’avais plus ma place ici, et je suis partie à émeraude, pour retrouver mon amour de jeunesse et mon petit frère.

Nouveau silence. Xhemnys observa son interlocutrice prendre une grande inspiration, sans doute car ce qu'elle allait dire lui était difficile à prononcer :

-A mon arrivée à Emeraude, Keith s’était épris d’une espèce de fée, Niquelot. Elle le rejeta, et je pensais à ce moment là que j’avais mes chances. Récemment, durant l’adoubement des Chevaliers et Ecuyer, Niquelot l’embrassa. Ce jour là, j’ai décidé d’avouer mes véritables sentiments à Keith. Je lui ai envoyé une lettre, dans laquelle je lui demandais de nous retrouver sous un arbre. Lorsqu’à l’aube il est arrivé, il était accompagné de Niquelot, son « âme sœur », comme il le dit. S’en est suivie une scène, et je suis rentrée furieuse, contre Keith et contre Niquelot. C’était la dernière fois que je le voyais. Maintenant, il est mort. Il est mort fâché contre moi. Et je n’ai pas pu lui dire au revoir.

Elle n'avait pas terminé de parler que le timbre de sa voit se fit tremblant, pour exprimer une certaine rage suivie d'une tristesse qui la rendait comme inconsolable. Alors qu'il n'avait à aucun moment exprimé quelque chose de tout le petit discours de Susan, il la vit tomber à genoux dans l'herbe, abritant son visage en pleurs derrière ses mains. Ne sachant trop comment réagir, le jeune homme aux cheveux bleus s'agenouilla près d'elle et passa ses bras autour de ses épaules. Il se mit à la bercer doucement, lui qui n'était pas habitué à réconforter les gens. Il tenta de la rassurer par quelques paroles, espérant qu'elle les entendrait malgré sa tristesse :

- Je viens à peine de vous rencontrer et je ne connaissais pas ce prince, mais si il a mérité votre amour, je pense que c'était quelqu'un de bien. De la façon dont vous m'en parlez, sa seule erreur a été de tomber amoureux de cette fée... Quelqu'un comme lui regretterait de vous voir en cet état, depuis sa place dans les plaines de lumière... Mais je reste là comme quelqu'un auprès de qui pleurer si vous le voulez bien...

Ne s'attendant pas vraiment à une réponse, il continua de la bercer, alors qu'elle sanglotait, espérant tout de même qu'elle ne resterait pas plongée dans la tristesse...

[ Dsl, c'est court comme rajout... ]