Les Chevaliers d'Émeraude
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 Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice

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Archange
Chevalier d'Émeraude
Archange


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Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice Empty
MessageSujet: Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice   Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice Icon_minitimeVen 12 Fév 2010 - 13:08

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Nom: Archange d'Émeraude
Âge: 20 ans
Race: Elfe croisée avec du sang humain
Royaume Natal: Shola
Fonction: Chevalier d'Émeraude / Princesse de Shola
Logis: Émeraude

Description physique: Archange a vécu la majeure partie de sa vie à Shola, un royaume si glaciale que ses habitants en ont hérité cette personnalité rude et méfiante. Outre le caractère, Archange en est devenue pâle comme la neige, la faisant paraître comme un fantôme. Elle n’est pas très musclée pour un chevalier, on peut même dire que sa force est plutôt faiblarde ; malgré tout, son caractère colérique lui permet souvent d’atteindre une énergie remarquable. Elle est plutôt grande pour une fille à peine sortie de la fleur de l’âge, elle donne l’allure d’une femme de cour. Ses formes sont plutôt avantageuses, on peut dire qu’elle a tout d’une princesse, physiquement en tout cas. Malgré son appartenance au peuple elfique, les oreilles de la jeune femme se rapproche plus des humains que des elfes : certes ils sont pointus mais légèrement. Ses cheveux bleus sont mi-longs, elle arrange d’ailleurs un chignon sur le côté droit du crâne où elle y accroche une fleur qui a son importance pour elle. On ne sait pas vraiment d’où elle tire cette chevelure bleutée, ses parents humains et elfes sont pourtant brun pour l’un, blonde pour l’autre. Certains en tire la conclusion que c’est du fait qu’elle est hybride (elfe/humaine), ou alors elle le tire de ses ancêtres. En tout cas, ses yeux sont aussi bleus que ses cheveux. Là encore, les ressemblances divergent car son père a les yeux gris et sa mère verts. Archange est tout de même fière de son apparence : ce bleu omniprésent la fait rappeler ses origines sholiennes et ses raisons de combattre l’Empire d’Irianeth. Elle accentue cette nuance en se maquillant les paupières et les ongles de la même couleur. Elle évite les lèvres, sinon on la prendrait pour une fanatique et elle ne veut pas non plus paraître comme une bouffonne de la cour. Son allure fait merveilleusement transparaître ce qu’elle est réellement : une princesse rebelle et tenace.

Du fait qu’elle est plus un soldat qu’une princesse, Archange ne se couvre pas de ces vêtements luxueux de haute hiérarchie. Comme tous ses frères et sœurs d’arme, elle porte l’armure verte en cuir des chevaliers d’Émeraude, scintillante de milles feux avec ses émeraudes, ainsi que les bottes avec des talons (ne vous y fiez pas, elle se bat très bien avec des talons), la ceinture avec le fourreau intégré pour l’épée et un plus petit pour sa dague fétiche, et la cape qu’elle ne porte pas souvent à vrai dire. Quand elle ne part pas en mission, elle recouvre son armure d’une longue tunique bleue, signifiant son appartenance à Shola. Étant toute fois très exigeante sur le code vestimentaire, elle ne porte aucun gantelet, préférant laisser ses mains à l’air libre afin de mieux maîtriser la magie et de mieux tenir son arme. Malgré son rattachement à Émeraude, Archange est très fière de son pays natal : elle ne rechigne pas son allégeance aux chevaliers, mais elle ne peut s’empêcher de montrer qu’elle pense se battre avant tout pour son royaume. De ce fait, en mission, elle n’hésite pas à rajouter des éléments vestimentaires de Shola sur elle, notamment deux manches bleus très amples rattachés par une lanière autour du cou, qu’elle ajoute donc par-dessus son armure. Elle utilise ces manches pour cacher ses couteaux de lancers à l’intérieur et ainsi prendre par surprise ses adversaires. C’est l’unique élément bleu sholien dont elle porte à l’extérieur d’Émeraude : elle a beau être une sholienne dans le sang, elle comprend qu’elle doit se montrer sous les bannières d’Émeraude avant tout. Beaucoup de ses frères et sœurs d’arme sont aussi fiers de leurs pays mais ils savent qu’ils appartiennent à Émeraude maintenant, donc elle suit. Outre les vêtements, Archange est raffiné en bijoux : comme une princesse née avec une cuillère d’argent dans la bouche, elle adore ces petits accessoires brillants et resplendissants. Pour la plupart, ce sont des bagues en diamant ou en or, un pendentif avec un flocon et un piercing sur le menton qui contient un poison très mortelle dont elle a le secret. Bien évidemment, elle retire tout cela quand elle part au combat, sauf son pendentif qui appartenait à sa mère. Au final, on distinct deux tenues d’Archange : à Émeraude, une magicienne portant une longue tunique bleue et des bijoux, la faisant apparaître comme une femme fatale ; partout ailleurs, un soldat avec son armure, sans breloques et enfilant ces manches qui cachent ses terribles couteaux de lancer. Alors qu’on croirait qu’Archange n’est qu’une femme fragile, faisant partit d’un Ordre des guerriers seulement grâce à ses capacités magiques, on se rend compte qu’on se trompe sur toute la ligne : la justicière est sans aucun doute la femme la plus féroce physiquement de l’Ordre, se rapprochant à un fil de ses frères aux pectoraux d’acier.

Description mentale : Archange, ce n’est pas le genre de femme qui est limitée au corps. Au contraire, ce qui forge cette justicière telle qu’on la connaît, c’est bel et bien son caractère plus ou moins paradoxal à sa fonction de chevalier. Elle possède de nombreux défauts et elle ne s’en cache pas. On peut déjà souligner son manque de respect flagrant : elle ne s’incline que devant ceux qui le méritent selon elle. Non pas qu’elle utilise son titre de princesse pour se montrer arrogante, en fait elle n’aime pas perdre du temps en mondanités avec des personnes fragiles et inutiles en ce bas monde. Comme par exemple les rois, beaucoup d’entre eux ne sont pas des guerriers, ce sont surtout des monarques assis sur leur fauteuil confortable et qui passe leur temps à dépenser leur argent en futilités. On lui reproche souvent son insolence, mais elle n’y peut rien : elle a vécu la majeure partie de sa vie dans la rue, jamais on lui a enseigné les vertus de la courtoisie. Ensuite, Archange est très avare : elle attache une importance capitale à l’argent, pas étonnant de la part d’une mendiante. Ce n’est pas vraiment ce goût pour l’or qui la rend si grippe-sou, c’est le fait qu’elle n’hésite pas à racketter les criminels qu’elle a capturé pour leur laisser la vie sauve. En effet, avec eux, tout est une question d’argent : une fois pris la main dans le sac, elle lui prend tout ; s’il refuse, elle le tue de sang-froid. Cet argent, elle le garde pour elle mais si elle croise quelqu’un en difficulté (mendiant ou marchand endetté), elle sait se montrer compréhensive et compatissante ; et donc elle donne aux pauvres. L’ayant été de nombreuses années, elle peut les comprendre. La justicière est cruelle, aucun doute la dessus, en tout cas envers les criminels et les tanieths. Elle vénère la justice à un tel point qu’elle en a nourrit une obsession : elle tuera ou fera croupir en cellule tous les meurtriers, assassins, contrebandiers, etc… Tous ceux qui empochent de l’argent sur la souffrance des autres n’auront jamais la clémence d’Archange, sauf s’ils tentent de se racheter. Ne croyez pas qu’il suffirait de la corrompre si vous êtes le pire brigand du monde, elle agit souvent avant de réfléchir. C’est une femme qui va de l’avant sans hésitation, oubliant les risques pour elle ou pour les autres, et empruntant parfois même le moyen le moins glorieux. Archange est têtue, très active, c’est une femme d’action et qui déteste l’attente : pour accomplir un objectif, elle utilisera tous les moyens mis à sa disposition, tous sans exception. Il est parfois nécessaire de faire des sacrifices pour apporter un monde de paix. La bleue est aussi très provocatrice, elle n’hésite pas à se moquer de quelqu’un sur n’importe lequel de ses aspects (parole, physique, acte…), surtout lors d’un combat : selon elle, la meilleure façon de déstabiliser l’adversaire est justement de l’injurier sans cesse. Et respectivement, si on la provoque, elle n’hésite pas à tenir tête pour montrer qu’elle n’hésitera pas à aller jusqu’au bout ; même si c’est souvent elle qui met le feu au poudre. Ce qu’on peut dire sur ses relations avec les autres, c’est qu’elles sont plutôt fragiles. Elle éprouve un grand respect pour ses frères et sœurs d’arme, ils sont tous des fervents de la justice comme elle et donc elle n’hésitera pas à sacrifier sa propre vie pour les sauver. Les enfants sont aussi les seuls personnes qu’elle apprécie à vue, elle a beaucoup aidé de pauvres bambins abandonnés à Shola, voilà pourquoi son amour pour les jeunes est plus fort que tout. Elle se méfie en particulier des hommes, elle a vécu assez de temps avec eux pour les mépriser à souhait ; les femmes un peu moins, elle a d’ailleurs nourrit une certaine attirance pour elles. En clair, elle se voit mal partager sa vie avec un homme, mais plus avec une personne comme elle, c’est une homosexuelle en gros. Elle ne déteste pas tous les hommes tout de même, elle aime bien ses frères d’arme mais cela ne l’empêche de s’en méfier pour autant. Quoiqu’il en soit, avoir un enfant ne la gênerait pas vu qu’elle les adore, mais en temps de guerre c’est difficile, voir impossible pour une combattante comme Archange. Se lier d’amitié avec la jeune elfe est clairement pas facile, il faut savoir prouver sa valeur pour elle, sa place dans ce monde et approuver son soutien pour une paix éternelle. On peut tout de même vivement parler d’art avec elle, car oui elle est attirée par l’art dans toutes ses formes : tableaux, architectures, statues, etc… D’ailleurs, elle a confectionné plusieurs statuettes de glace qu’elle a précieusement solidifié afin qu’elles ne fondent pas au moindre rayon de soleil. Se voir offrir un présent de glace de la part d’Archange, c’est obtenir sa confiance pour toujours. Sous ses airs de délinquante sans foi ni loi, Archange est en réalité une dur-à-cuir qui aime son monde et qui aspire à le libérer de toutes ses souffrances. La guerre est son pire ennemie, la paix est son alliée de toujours.

Pouvoirs:
- Télépathie
- Guérison
- Rayon incendiaire
- Communication avec les animaux
- Contrôle sur la glace
- Prédestination

Particularité: Elle ne diffère pas trop des autres chevaliers, ce qu’elle à d’unique est juste son maquillage sombre, son bijou d’argent sur le menton et sa fleur sur la tête.

Cheval: Un étalon à la crinière blanche et aux yeux légèrement bleus.

Équipement: L’équipement de base des chevaliers : armure verte, épée,… Sauf qu’elle ne porte tout ça qu’en dehors d’Émeraude : entre les murailles, elle porte une longue tunique bleutée qui recouvre son armure. En armement, elle se contente d’une épée, d’une dague, dont la lame est légèrement bleutée, qu'elle garde spécialement pour les cibles qui méritent son attention et de quelques couteaux de lancers, toutes forgés dans le fer ; ainsi que quelques fioles de poisons. Au combat, elle à l’habitude de geler la lame de ses armes pour les rendre plus résistantes et si le besoin s’en fait, elle recouvre son armure d’un revêtement de glace, léger tout de même pour pas la rendre encombrante. Étant en harmonie avec la nature, elle gèle aussi les oiseaux qu’elle appelle pour transformer ses ailes en de redoutables lames, sans pour autant que les animaux gèlent sur place, du coup cette transformation ne dure que quelques secondes. Elle ne tient ses aptitudes à l’épée que lors de ses entraînements pour devenir chevalier, Archange est surtout axée vers les pouvoirs magiques.


Histoire:
L'avenir n'est plus ce qu'il était

Mon nom est Kasdan, capitaine de la garde de Shola. Je suis le fils du Roi de Shola, ce qui fait donc de moi l’héritier du trône. Mon père n’a jamais déclaré avoir d’autres enfants vacants à l’héritage, alors on me considère comme l’héritier illégitime. Je suis tout de même loin d’être un simple prince, je suis un guerrier avant tout. On m’a nommé capitaine de la garde à mes seize ans, depuis que j’ai gagné des joutes pour obtenir ce poste. Cela fait maintenant huit ans que je suis le capitaine. Mon père admirait me voir diriger mes hommes d’une main de fer, il disait que j’avais fier allure avec cette armure qu’il m’avait offerte, la sienne. Moi, j’en éprouvais un profond dégoût à chaque fois que j’enfilais ces bottes, à chaque fois que je resserrais les courroies de ma cuirasse, à chaque fois que j’enfilais cette cape arborant les couleurs de Shola. Détrompez-vous, je ne déteste point ce royaume qui m’a vu naître, bien au contraire je l’aime comme si c’était mon propre enfant. Cette haine en moi est nourrit par l’odeur pestilentielle que renferme cette uniforme, celle de mon père. Car oui, je déteste mon père.

La raison de ma haine envers cet homme est assez complexe. Disons que cette même raison est l’union de plusieurs, dont ces dernières sont bien séparés dans le temps. Je sais que la vie est rude à Shola, qu’il faut savoir se serrer les coudes tout en se méfiant de son voisin, mais tout le monde sera d’accord avec moi sur ce point : mon père est un tyran. Shola a traversé de nombreux malheurs dont les dernières invasions tanieths il y a de cela environ huit siècles, mais je crois que c’est la première fois que nous avons à notre tête un homme si malsain, si calculateur… Le peuple voyait en lui un bon monarque, qui s’occupait bien de ses sujets comme ses propres enfants. Mais à quel prix ? Il avait beau être vieux maintenant, il est toujours le même homme depuis que j’ai découvert sa véritable facette.

Tout a commencé alors que je n’étais qu’un enfant, je devais avoir huit ans ou dix ans. A l’époque, j’étais quelqu’un d’importun, je ne me tenais jamais tranquille, toujours à faire des bêtises, à déranger les servantes ou mes tuteurs, à tout faire pour accéder à l’armurerie royale. J’étais certes turbulent à l’époque, mais totalement lucide. J’avais décidé un jour de suivre mon père la nuit pour dormir avec lui, je l’aimais bien à l’époque puisque je ne connaissais pas ma mère. Lorsque je réussis à quitter ma chambre et à passer les gardes sans me faire repérer, je vis mon père, l’air grave sur le visage, déambuler dans les couloirs. Je me demandais ce qu’il faisait debout à une heure pareille. Il entra dans une pièce qui semblait être le garde-manger. Il tira sur une chandelle et un mur se mit à bouger, laissant apparaître un escalier qui menait au sous-sol. Je me disais que ce devait être une salle pleine de trésors que mon père renfermait par précaution. Je le suivis discrètement en descendant dans les escaliers ; et c’est avec horreur que je compris ce que se tramait dans les sous-sols du château : c’était une salle de torture. Des cages, des outils, des chaînes, du sang, des prisonniers, des plaintes, des cris. Cette nuit-là, j’étais horrifié devant un tel spectacle. Je sortis en courant, pleurant toutes les larmes de mon corps sous mon lit. C’est bien plus tard, et en en rassemblant mon courage, que je me rendis moi-même dans cette salle pour comprendre que mon père ne faisait pas que torturer des criminels : il gardait en ce sombre lieu les servants qui lui désobéissaient, les conseillers qui ne lui étaient d’aucune utilité. Le pire, c’est que mon père y nourrissait un malin plaisir. Comment un homme de cette envergure pouvait-il exister ? Les années suivantes, je faisais tout pour rester loin de mon père, craignant qu’il me fasse subir ces innombrables tortures pour avoir découvert la vérité. Lorsque j’eus quinze ans, je me sentis assez grand pour tenter de savoir si mon père trempait dans d’autres affaires de cette trempe. J’appris en le suivant de près, et de la part de garde avec qui je sympathisais, qu’il était plongé jusqu’au coup dans une affaire de corruption qui toucherait nos voisins elfes, notamment de la contrebande. Il y avait aussi une affaire de chantage auprès de marchands opaliens et diamantois. Pire encore, j’avalai de travers ce que les servantes me révélaient sur ma mère, qui endura le courroux du Roi ; elle fut obligée de me mettre au monde pour s’ôter la vie définitivement. Je ne comprends pas pourquoi d’ailleurs il m’a gardé en vie ce jour-là, il aurait été bien capable de se débarrasser d’un bébé… Vraiment, consigner toutes les fautes que cet homme a pu causer est trop dangereux pour moi, et je me demande aussi si j’aurais la place de tout écrire dans les moindres détails.

Au fil des années, j’appris un nouveau délit de sa part. Et étant lui-même monarque de Shola, pas étonnant que ces histoires soient mises au silence pour le peuple. Il me fallut attendre mes seize ans pour comprendre qu’il faisait toutes ces atrocités pour que les sholiens vivent une existence paisible et heureuse, qu’ils retrouvent leur gloire d’antan. Je ne pouvais laisser mon peuple se nourrir involontairement de la souffrance d’autrui, je devais devenir le Roi le plus vite possible. Mais comment renverser un tyran qui possède le soutien d’une armée et de ses sujets ? Pour moi, il n’y avait qu’une seule initiative : me faire aimer auprès du peuple. Et c’est ainsi que je m’emparai du poste de capitaine, et mes huit années de fonction m’ont permises de me faire reconnaître, de graver mon nom dans l’esprit du peuple. Cette étape était achevée pour moi, je devais maintenant procéder à m’emparer de la couronne… Pour cela, je vais devoir avancer la mort de mon père. Je n’ai pas le choix, je dois le faire pour Shola.


[…]

Il y eut un imprévu. Je comptais empoisonner mon père ce soir, un meurtre classique chez les familles royales. Cependant, j’ai rencontré quelqu’un… Elle s’appelle Siliën, c’est une elfe. Elle est servante au château depuis une semaine environ. Elle a rallongé l’espérance de vie de mon père pour quelques jours, involontairement en fait.

Ce matin, je rendis visite au marché noir pour me procurer du poison qui agit lentement mais sûrement. Je comptais l’utiliser ce soir, et partir en patrouille pendant un mois afin de laisser le poison le dévorer à petit feu et aussi pour me former un alibi parfait. Personne ne me suspecterait, étant donné que je serais en patrouille dans les plaines enneigées. Une fois le poison acheté, j’attendis que les servantes se mettent à préparer le repas pour empoisonner le met préféré de mon père. Cependant, lorsque je rentrai dans la pièce, je fus immédiatement attiré par Siliën. Je n’avais jamais rencontré d’elfe de toute mon existence et j’avais toujours admiré les récits à leur sujet. Ces créatures sylvestres étaient, pour moi, supérieurs aux humains : leur communion avec la nature était tout à leur honneur. Et c’est en rencontrant cette elfe que j’appris qu’une rumeur était vraie à leur sujet : les elfes étaient de charmantes créatures. Ses oreilles pointues ne me gênaient aucunement, c’était surtout cette voix mélodieuse qui me fit oublier mon objectif. C’était comme un chant pour moi…

D’un seul coup, j’oubliais tout ce que je comptais entreprendre et me hâta à faire plus ample connaissance avec cette elfe. Étant donné que je n’ai jamais tenté de charmer des femmes dès mon plus jeune âge, mes piètres méthodes d’approche fit sourire Siliën et rire les autres servantes autour de moi. En mon honneur de capitaine, je décidai de quitter les lieux avant de me ridiculiser davantage. Je pris soin de prévenir Siliën que je serais ravi de m’entretenir plus longtemps avec elle le lendemain. C’est alors qu’elle se mit à rougir…

Suis-je amoureux ? Est-ce que cette apparition va mettre mon plan en déroute ? Il était trop tôt pour en juger, je devais attendre demain, voir ce qu’il en découle…


[…]

J’ai longuement discuté avec Siliën aujourd’hui. En fait, j’ai passé la majeure partie de la journée avec elle, sauf lors des repas où je devais me retirer. Je laissai mon second s’occuper de mes hommes tandis que je suivais Siliën partout dans le château. Heureusement pour moi, elle ne se plaignit pas de mon omniprésence à ses côtés. Bien au contraire, elle semblait triste lorsque je devais me retirer… Ce spectacle amusait les servantes et les gardes ; seul mon père ne semblait pas voir cette relation d’un bon œil.

Lorsque je suis loin d’elle, je me sens plus lourd, comme si on m’obligeait à porter des boulets sur les épaules. Il faut que je la revoie à chaque fois, je ne peux pas la laisser seul. Parfois je craignais qu’un autre admirateur s’empare de son cœur. Il n’en est pas question, je dois lui déclarer ma flamme. Certainement pas maintenant, mais un jour il faudra que je me décide.


[…]

C’est fait : j’ai expliqué mes sentiments à son égard et elle me retourna la même confidence. Ce soir-là, nous avons oublié notre travail, les règles, le monde entier. Nous nous sommes précipiter dans mes appartements que nous avons fermé à double tour et nous avons fait l’amour.

Tandis que j’écris ces mots, elle dort paisiblement dans mon lit. Elle est si belle… Je viens de me rendre compte que j’ai complètement oublié mon devoir d’éliminer mon père. Maintenant que j’aime Siliën, nous devons nous marier… Et je dois demander mon accord à père. Je sais qu’il refusera, il m’a un jour reproché d’avoir abandonné mes hommes pour passer plus de temps avec mon amante. Il m’a même menacé de l’expulser chez les elfes si je continuais ces amourettes. Je crains le pire, et s’il comptait l’éliminer plutôt ? Je ne peux pas le tuer en de telles circonstances, tout le château connaît la relation que j’entretiens avec Siliën. Si mon père devait mourir d’empoisonnement, je serais le premier suspect, ils croiront que je l’aurais empoisonné pour préserver mon amour.

Je ne sais plus quoi faire… Que mon père meurt ou pas, je perdrais à jamais Siliën. Il est trop tard pour rendre notre relation secrète. Il faut que je trouve un moyen de me sortir de cette situation avant qu’il ne soit trop tard…


[…]

Mon père a congédié Siliën de son poste, elle n’est plus servante au château et on l’a sommé de rentrer chez elle au royaume des elfes. Heureusement, nous avions anticipé cette décision en achetant dans le secret une maison pas très modeste mais suffisante pour une soi-disant veuve. Siliën vit donc à l’écart du château et je lui rends visite chaque soir. Mon père ne se doute de rien et c’est mieux ainsi.

Nous arrivons à vivre heureux malgré cette distance qui nous sépare le jour.


[…]

Siliën m’a annoncé une bonne nouvelle : je vais être papa ! J’ai engagé des servantes du château pour s’occuper d’elle pendant sa grossesse, elles m’ont promis qu’elles ne diront rien au roi. Si ma femme leur fait confiance alors moi aussi. Je songe quand même à notre avenir, comment vais-je pouvoir éliminer mon père avec une femme et un enfant dans les bras ? Dois-je choisir entre sauver ma famille ou mon royaume ?

Plus les jours passent, plus je me sens écraser par les décisions à prendre… Je ne peux pas supporter tout ce stress. Pourvu que l’arrivée de mon enfant ne nous cause aucun problème.




Le bébé va bientôt naître… Je ne sais pas si je dois me réjouir ou m’angoisser. Siliën comprend mes craintes, les elfes possèdent des liens très étroits avec autrui. De ce fait, il n’est pas difficile pour elle de connaître le fond de mes pensées. Toutefois, ce qu’elle ne sait pas, c’est que je compte éliminer mon père. Elle-même ne sait pas de quoi ce monstre est capable, les servantes ne lui ont rien dit à ce propos… Peut-être pour éviter de briser notre relation ? C’est vrai que depuis ce jour-là, je ne voyais plus les servantes du même œil. Elles m’ont été d’un précieux secours.

Plus j’y pense, plus je me dis qu’il vaudrait mieux tout lui révéler… Mais pas avant que notre enfant nous rejoindre dans ce monde cruel.


[…]

J’ai reçu une curieuse visite aujourd’hui. Je pense avoir obtenu le meilleur allié contre mon père : un frère caché.

Son nom est Solki, il est le rejeton de mon père et d’une servante ordinaire qui a étrangement trouvé la mort quelques jours après sa naissance. Il a été abandonné dans la rue, seul dans la neige… Son récit m’a beaucoup touché. Il a longuement pensé à se venger, mais il savait qu’il ne pourrait jamais y arriver seul. C’est ainsi qu’il est venue me voir. Je fus surpris qu’il connaisse mes intentions. Je lui demandais comment il l’a apprit. Il m’a sourit et assura qu’il m’a espionné depuis quelques temps. Il est même entré par effraction plusieurs fois chez moi sans que je m’en rende compte. C’est quelqu’un de très discret, qui vend des informations au marché noir, une affaire juteuse selon lui. Je lui ai demandé si quelqu’un lui avait acheté des renseignements sur moi, il secoua négativement la tête. Je ne savais pas si je devais le croire sur le coup, peut-être que son employeur lui a demandé de me faire chanter… Ou peut-être suis-je trop parano. Quoiqu’il en soit, on se ressemble. Il avait retiré sa sombre cagoule pour prouver que nous étions de la même lignée ; et en effet, nous avions les mêmes yeux d’un gris perçant, et nos cheveux sont aussi noirs que le charbon. J’étais tout de même plus imposant que lui, il avait l’air d’un faiblard à vu d’œil mais, s’il savait se tapir dans l’ombre pour attaquer ses proies, il n’avait certainement pas besoin de muscles en acier.

Après les présentations, nous en venions aux négociations. Solki me propose son aide pour faire tomber mon père, je l’accepte naturellement. Je lui demande toutefois de ne pas l’éliminer dans son sommeil. Plus les jours passent, plus cette homme me paraît ignoble et pervers : il ne mérite pas une mort dans l’ombre, il doit périr devant le peuple entier. Pour cela, je dois prouver tous ses méfaits et les révéler au grand jour. Solki m’assure qu’il peut s’en charger, ce sera facile étant donné sa position au sein du marché noir. Quant à mon cas, je dois convoquer mes hommes les plus loyaux, essayé de leur faire cracher le morceau. Ce plan nous plaisait : Solki réunissait les preuves et moi les témoins. Pour notre propre sécurité, il préfère que nous prenions contact qu’une fois par semaine et à des endroits différents. Notre collaboration ne doit pas être découverte, sinon notre plan tomberait à l’eau.

Solki n’hésita pas à me toucher un mot concernant la récompense. Avant que je puisse lui proposer quoique ce soit, il me dit que la mort de cet homme lui suffira et qu’il souhaite vivre heureux à l’avenir auprès de moi. L’idée d’être un oncle lui plaisait. Décidément, il en savait beaucoup sur mon cas et ça me faisait un peu peur. Avant qu’il parte, il m’assura que si quelqu’un lui demandait des informations sur moi, il me préviendrait sur le champ. Je lui en serai gré. Il sortit par la fenêtre et j’entendis ses pas sur le toit. C’était un homme étrange mais aussi discret que son ombre.

Je ne sais pas si je dois lui faire confiance pour autant, mais l’avenir nous le dira.


[…]

Notre enfant est né ! C’est une fille, aussi belle que sa mère ! Ses oreilles pointues nous font comprendre que c’est une elfe. Parfait, personne ne croira que c’est ma progéniture. Ses yeux bleus couvrent aussi son identité. Elle ressemble plus à sa mère qu’à moi, et c’est mieux ainsi. Je remarquai que Solki nous épiait par la fenêtre, je lui sourie et il en fit de même. Il devait être ravi d’être l’oncle d’une aussi belle créature. Le joli minois de cette fille m’ensorcelait autant que celui de la mère, serait-ce là une preuve de la beauté des elfes ?

Il y a tout de même quelque chose qui m’a interloqué. Lorsque Siliën était entrain d’accoucher, j’avais remarqué une intense lumière de l’extérieur : c’était une pluie d’étoile filante. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Je sais que les signes dans le ciel possèdent tous une signification particulière, et il me semble avoir lu quelque chose qui traitait des naissances sous les étoiles filantes. Malheureusement, je ne m’en souvenais pas… Je devrais peut-être passer quelques temps dans la bibliothèque de mon père, au risque d’y trouver des ouvrages sur les mille et une tortures qu’on peut faire endurer à un homme.

Siliën me tira de ma rêverie en me posant la question qu’on se pose devant chaque nouveau né : comment vas-t-on appelé notre petite fille ? Je lui avouai ne pas être très imaginatif sur les noms. Elle souffla le nom « Ange », j’acquiesçai de la tête en souriant.


[…]

Solki prit le risque de me rencontrer en pleine rue. C’était la nuit et j’étais seul, mais c’était imprudent de sa part. Il m’expliqua que quelqu’un voulait me voir, et que c’était important. Je le suivis jusqu’à la plage de glace où se tenaient des hommes en armure noire. Leur apparence insectoïde me fit comprendre que c’étaient des tanieths ! Instinctivement, je posai ma main sur le pommeau de mon épée.

L’un des tanieths, portant une longue tunique noire, s’approcha de moi. Il me parla dans ma langue, ce qui me surprit sur le coup. Le tanieth m’expliqua qu’ils étaient des sentinelles venues inspecter le terrain en vu d’une nouvelle invasion de l’Empire. Ils avaient rencontré Solki avec qui ils ont décidé de parlementer. Mon frère me raconta la suite en m’expliquant ce qu’il avait en tête : les chevaliers d’Emeraude d’antan n’auront pas le temps de se relever avant que l’Empire commence leur invasion. Les enfants magiques ne sont plus, Enkidiev ne pourra pas contrer une nouvelle invasion. Ainsi, Solki a pensé que marchander avec eux leur permettrait de garder Shola intact autant que possible.

Tout cela me fit sourire, avais-je vraiment le choix ? Si je refusais, ils me tueraient. Mais mon frère avait raison, les chevaliers s’étaient de nouveau lever avant que la seconde guerre reprenne de plus belle. Et en ces temps de paix, les chevaliers ne sont plus et la magie est de moins en moins présente, pour ne pas dire qu’elle a complètement disparut. Le tanieth porte-parole rajouta que Solki les avait mis au parfum concernant les relations avec mon père. Il me proposa de s’allier avec eux pour saper l’autorité de mon père et ainsi libérer Shola de son emprise. En échange, l’Empire s’empare de Shola et nomme un suzerain tanieth à leur tête.

Tout cela me dépassait, j’étais entrain de parlementer avec Irianeth ! Ils ont réduit notre royaume à néant dans le passé, ce sont nos bourreaux depuis toujours ! Je les croyais anéantis depuis la dernière guerre, mais ils reviennent toujours… Les visages de Siliën et Ange apparurent dans ma tête. En me voyant devenir pâle, Solki m’aida à marcher et demanda aux tanieths de reporter les négociations à plus tard. Malgré leur réticence, ils acceptèrent et se retirèrent sur leur bateau en l’éloignant de la berge.

Arrivés devant le château, je demandai à Solki de me contacter demain soir, le temps que je réfléchisse à tout cela… Je ne me suis jamais sentit aussi accabler par le poids du destin. Ce n’est plus un royaume qui est en jeu, mais tout un continent.


[…]

Au lieu de m’interroger sur cette proposition, je restai chez Siliën toute la journée, au risque d’être découvert par mon père. Je lui ai expliqué mes relations avec mon père, son véritable visage, mon but de l’éliminer. Elle avala durement mes paroles, j’étais franche avec elle sur toute la ligne. Elle comprenait que je faisais ça par amour pour mon royaume et pour elle, mais elle sembla ne pas vouloir me voir dans une telle situation. Pour éviter qu’elle voit en moi un monstre, j’évitai de lui parler de ma rencontre avec les tanieths, ni même de Solki.

Le soir venu, j’embrassai tendrement ma femme et ma fille qui dormaient paisiblement. Je ne pouvais me résoudre de les perdre. Ainsi, afin d’éviter un bain de sang inutile, j’ai décidé d’accepter la requête des tanieths. Ils en furent reconnaissants et ils commencèrent à me parler de leur plan : les attaques commenceront au courant de la semaine, elles toucheront toute la côte ouest d’Enkidiev. Étant donné qu’ils ont mon appui, ils n’attaqueront pas Shola, mais le moment venu ils enverront tous leurs effectifs sur le royaume de glace pour s’en emparer et continuer leurs conquêtes depuis le nord. Ils doivent d’abord avoir mon accord pour attaquer Shola, et ainsi prendre à revers les autres royaumes. J’envisageai d’attendre un an ou deux avant de commencer les hostilités. Mon père était fragile à l’écart de la guerre, il mourra peut-être de peur avant que Shola soit attaqué. Et alors, je pourrais, en ma qualité d’héritier, m’emparer du trône et signer une alliance avec l’Empire. Le peuple comprendra que je faisais ça dans leur intérêt, pour sauver des innocents, préserver notre grandeur…

Quoiqu’il en soit, notre pacte est scellé : Shola appartiendra à l’Empire, peu importe qui est à sa tête.


[…]

Un an, cela fait maintenant un an que ma fille est née et que j’ai rencontré les tanieths…

Nous recevons des nouvelles des contrées voisines : elles se font attaquées sans cesse par les tanieths tous les mois environ. Elles arrivent à les repousser, mais elles ne tiendront pas longtemps. Les elfes nous ont demandé un soutien, nous l’avons refusé pour leur faire payer notre perte lors de la seconde invasion. Siliën me reprocha cette décision, étant elle-même une elfe. Je lui fis comprendre que ce n’était pas moi le souverain et que je ne pouvais rien y faire. Elle me supplia de leur envoyer quelques troupes, j’étais le capitaine après tout… Si les circonstances étaient différentes, je l’aurais fait. Mais la peur de mon père le poussa à se cacher derrière son armée, et moi je devais conserver mes troupes pour être prêt lorsque les tanieths viendront m’aider à faire tomber le château. Pour l’instant, ce n’est pas le bon moment, mon père est encore assez fort pour se tenir debout seul… Néanmoins, je vois son état se dégrader de jour en jour, cela me procure un plaisir malsain.

Ange me surprend depuis sa naissance. Elle apprend plus vite que les autres bébés : elle sait déjà parler normalement et elle arrive presque à marcher toute seule. Contempler son visage me rassure sur ma décision de m’allier à l’Empire : au moins elle sera en vie, et sa mère aussi.


[…]

Presque deux ans après les premières attaques, le tanieth porte-parole m’a donné rendez-vous sur la plage. Je m’y rendis avec Solki. Sa visite attisa ma curiosité, je ne leur ai pourtant toujours pas donné mon accord pour attaquer Shola.

Il est venu me voir pour deux raisons : tout d’abord, l’Empereur s’impatiente sur l’attente de mon accord. Je pensais que les Empereurs n’avaient aucune notion du temps, mais celui-ci y semblait plus sensible. Je rassurai le tanieth en lui expliquant que mon père ne pourra bientôt plus supporter cette guerre. Il s’en contenta mais m’avertit que cette mascarade devra cesser dans les moindres délais. Puis il me parla de sa crainte de la magie : depuis le début des attaques, les tanieths ont remarqué que quelques magiciens subsistaient. Il me charge d’éliminer tout sholien portant une once de magie en lui. Solki m’assure qu’il peut s’en charger, j’accepte son aide d’un signe de tête. Encore une fois, le tanieth s’en contenta et repartit sur Irianeth.

Le dénouement approche à grand pas. J’espère que tout se passera bien.


[…]

Je ne peux pas le croire : Ange pratique la magie ! Elle a soulevé ses jouets dans les airs tandis que Siliën avait le dos tourné ! Je restai bouche-bée devant elle, Siliën me tira de mes rêveries en me demandant ce qu’il n’allait pas. Je ne lui ai rien dis.

Tout ce qui est consigné dans ce journal aurait dû me rendre fou, mais j’ai résisté. Sauf que là… Ma propre fille, magicienne, je ne peux pas la tuer ! Solki va certainement le faire, lui, il a été le premier à parlementer avec des tanieths après tout. Je dois l’en empêcher, je dois protéger ma fille… Non, les tanieths vont découvrir la vérité ! Ils vont croire que je l’utiliserais pour les renvoyer à la mer !

Que dois-je faire ?! Que dois-je faire ?! Que les dieux me viennent en aide !


[…]

Dans la nuit, j’ai pris Ange avec moi, prenant soin de ne pas la réveiller, et je l’ai déposé dans une ruelle. Elle n’a que deux ans, elle va certainement mourir de froid… C’est mieux pour elle que de mourir des mains des tanieths. Je suis trop lâche pour la tuer moi-même. Au réveil, Siliën s’horrifia de son absence. Je lui disais que ce devait être un enlèvement. A ma grande surprise, elle se retourna vers moi et me révéla que je mentais. J’avais oublié que c’était une elfe…

Quoique je disais, elle savait si je mentais ou pas. Elle était devenue trop sensible à cause de l’absence d’Ange. Je n’avais plus le choix, je lui ai demandé de partir. Elle ne fit rien. Je sortis mon poignard, toujours aucune réaction. Elle me disait que je serais incapable de faire ça. Je lui empoignai la gorge et lui entailla le ventre. Elle tomba à terre, elle me supplia…

Je pris une chandelle et répartis le feu dans la maison. Elle ne souffrira pas de la guerre, comme je me l’étais promis.

Adieu, mes amours, Siliën, Ange…


[…]

Tout s’est passé si vite. J’aurais cru que c’était un rêve, mais non, c’était bien la réalité.

Le lendemain de l’incendie de la demeure de ma femme, je contactai Solki et lui donnai mon feu vert pour commencer les hostilités. Il m’assura que les tanieths seront là au courant de la nuit. Il me demanda des explications sur l’incendie qui s’est produit chez ma femme, je lui répondis que cela ne lui regardait pas. Mon regard insistant lui faisait comprendre que je ne voulais pas en parler. Je convoquai mes hommes et leur révélai toute la vérité sur ce qu’il allait se passer ce soir. Ils croyaient d’abord que c’était une farce. Plus je leur en parlais, plus ils comprenaient que j’étais totalement sérieux. Je leur sommai de rien dire à mon père. Toute façon, ce vieux débris ne pourra rien faire, que je sois avec mes hommes ou pas.

Comme convenu, les tanieths ont débarqué sur la côte au coucher du soleil. Toute une armée devant moi, jamais Shola n’aurait résisté à une telle attaque. Le tanieth porte-parole m’annonça que compte tenu de l’attente, il ne pouvait me laisser prendre le trône mais il me nommera capitaine de la garde tanieth à Shola. Je lui avouai que la couronne ne m’intéressait plus, qu’il pouvait se servir à sa guise. A quoi bon m’emparer du château alors que j’ai tué ma femme et abandonné ma fille ? Au moins, je libérerai Shola du joug de mon père et c’est mieux ainsi.

Une fois la nuit tombée, nous nous mettions en route pour le château. Devant les portes, j’ordonnai l’ouverture. Mes hommes hésitèrent à la vu des monstres, certains se mirent à fuir, les tanieths n’hésitèrent pas à les éliminer pour leur désobéissance. Cet avertissement suffit à ouvrir les portes. J’escortai le tanieth porte-parole et son armée jusqu’au château de glace. Les sholiens prirent peur, certains ont fuis, d’autres me regardèrent d’un air interrogateur. Ils ne comprenaient pas encore ce qu’il se tramait, mais nous leur révélerons tout lorsque mon père se baignera dans son propre sang. Devant les portes du château, j’ordonnai à nouveau leur ouverture. Une nouvelle hésitation mais les tanieths renforcèrent la pression pour obtenir l’obéissance. Avec eux, tout est si facile… Le tanieth porte-parole laissa une bonne partie de la garnison devant les portes pour que personne n’y entre. Nous arpentons les couloirs avec une escouade tanieth, il y a assez de tanieths pour s’occuper de quelques gardes. Lorsque nous entrons dans la salle du trône, je ne suis pas surpris de voir mon père assis sur son trône bien confortable. Il est surpris puis horrifié de notre arrivé.

Le tanieth porte-parole se mit à expliquer tout ce qui se tramait dans son dos depuis deux ans. Je restais de marbre tandis que mon père se retourna vers moi à chaque révélation entreprit par le tanieth. A la fin de son récit, mon père trembla dans son fauteuil. Je ne pouvais supporter qu’il respire quelques minutes de plus. Je m’approchai de lui à pas décidé, il avisa mon geste et se laissa tomber à terre contre moi, me suppliant de l’épargner. Il me donnera tout ce que je désire : le trône, de l’argent, des armes, des femmes… Je lui fis relever le menton pour qu’il me voie lui sourire. Je lui répondis que j’avais déjà tout obtenu depuis qu’il a déposé son genou à terre. Je dégainai mon épée et lui tranchai la tête de sang-froid. Le règne de mon père avait cessé, Shola était libre.

Le tanieth porte-parole ricana en prenant la couronne. Il m’expliqua qu’à partir de maintenant, c’était lui le suzerain de Shola et qu’Irianeth faisait de ce royaume sa toute première colonie. Il me nomma capitaine de la garde tanieth à Shola et son conseiller le plus proche. Il m’offrit de la fortune à foison et d’autres cadeaux pour me remercier de sa collaboration. J’étais au moins sûr que mon alliance n’était pas vaine.

Le lendemain, j’expliquai en public au peuple sholien ce qu’étais mon père, ce que j’avais fait pour eux. Ils me traitèrent de monstre, de lâche, j’étais plus horrible que mon père, le rejeton d’un tyran était forcément un tyran… Ce n’était pas moi qui gouvernait, alors je n’avais pas à me reprocher. Ils comprendront que grâce à moi, il n’y a eu que des pertes minimes : des rebelles et mon père. Sans moi, Shola ne serait que des ruines et le peuple serait réduit en esclavage. Ils vivent sous l’oppression d’Irianeth, mais ils sont en vie !

Je suis un héros ! J’ai sacrifié ma propre famille pour tout un royaume ! Ils se doivent de m’être reconnaissant, tous autant qu’ils sont !

Aujourd’hui, Shola connaît une gloire qu’il n’a jamais acquise dans le passé. Grâce à l’Empire d’Irianeth, et à moi, Kasdan de Shola, capitaine de la garde tanieth.


La suite de l'histoire est au dernier message.

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Dernière édition par Archange le Dim 26 Déc 2010 - 18:05, édité 20 fois
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MessageSujet: Re: Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice   Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice Icon_minitimeVen 12 Fév 2010 - 14:36

Bienvenu bonne continuation U_U

(un peut ouai...)
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Naryu
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MessageSujet: Re: Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice   Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice Icon_minitimeDim 14 Fév 2010 - 13:49

Re-bienvenue Wink

Excellent comme toujours! Accepté!
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MessageSujet: Re: Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice   Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice Icon_minitimeDim 14 Fév 2010 - 17:16

Bon, je ne te ferais pas attendre plus longtemps

Très bonne fiche ( Je me demande qui ça peut bien être...hum...)
Accepté
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MessageSujet: Re: Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice   Archange, chevalier d'Emeraude, fervente de la justice Icon_minitimeDim 26 Déc 2010 - 13:23

J'ai dû séparé l'histoire de la prèz' et faire un nouveau message à cause d'une stupide limite de caractères. --' C'est moche (trop! ><') mais j'y peux rien.


Aider les autres est ma tâche et je finis par oublier de m'aider moi-même

Shola venait de traverser une nouvelle ère de désolation en l’espace d’une nuit, tout comme sa totale destruction il y a huit siècles. Au lieu d’être recouvert d’une épaisse couche de neige, le royaume était maintenant entre les griffes de l’Empire tanieth, le même auteur de son anéantissement d’antan. Le peuple ne pouvait croire que l’une des figures emblématiques de leur royaume, le prince Kasdan, se soit retournée contre son propre père, le roi de Shola. Outre le fait qu’il souhaitait le trône, le prince s’est allié aux tanieths ! C’est une alliance tout simplement impossible à envisager pour les sholiens, ni pour les enkievs d’ailleurs. Voir l’héritier du trône accompagné des soldats noirs était un paradoxe impensable pour les sholiens, eux qui voyaient en lui un futur grand roi comme son père. Tout venait de basculer pour Shola, personne ne pouvait prévoir un tel retournement de situation…

Le souverain était à présent mort, un suzerain tanieth régnait sur Shola avec à ses côtés le prince Kasdan qui était capitaine de la garde tanieth. La mort du roi attrista lourdement le peuple sholien, qui avait toujours vu en lui un homme bon et juste. Le discours de Kasdan sur les véritables intentions de son père ne toucha point le public, qui croyait que ce n’était qu’un mensonge pour leur permettre d’accueillir à bras ouvert la nouvelle autorité tanieth. Le capitaine avait changé du jour au lendemain, il devint aussi tyrannique que le nouveau roi. Ce dernier plaça toute son armée aux quatre coins du royaume, autant dans les pleines enneigés qu’entre les remparts de la ville. Le peuple était opprimé par l’arrivé des tanieths civils qui prirent domicile de plusieurs de leur maison. Certains sholiens avaient la chance de conserver leur demeure, ainsi que leur travail. Mais les taxes étaient beaucoup plus élevées et les nouvelles directives du roi rendaient ce royaume encore plus austère qu’autrefois. Shola était devenu le point de ralliement principal de l’Empire, permettant de continuer les conquêtes d’Enkidiev. Les autres royaumes résistaient tant bien que mal aux nouveaux assauts, les royaumes d’Ombre et Esprit furent facilement conquis. Elfes, Diamant et Opale étaient les nouvelles cibles de l’Empire. Shola ne se préoccupait que peu de leurs voisins dans le passé, et leur défaite face à l’Empire dégrada ce manque d’intérêt. Les sholiens avaient perdue tout espoir de reprendre ce qui leur était dû… Et pourtant, une lueur d’espoir naît dans l’ombre, à l’abri de la corruption tanieth.

Sans que Kasdan ne s’en rend compte, sa petite fille survécue au froid. Elle était bien cachée à la vue des passants, aucun garde ne pouvait savoir qu’il y avait un bébé dans cette ruelle. Si ce n’était pas le froid qui allait l’emporter, la faim et la soif pouvaient bien avoir raison d’Ange. Heureusement, un petit groupe d’orphelins passèrent dans le coin : c’étaient trois filles et un garçon. L’aînée avait sept ans, elle s’appelait Aline et elle dirigeait ce petit groupe d’une main de fer. Ensuite suivent ses deux petites sœurs, Luscina et Sara, quatre ans et trois ans. Enfin le seul garçon du groupe, Marben, deux ans, il n’avait aucun lien familial avec les trois autres filles mais elles étaient sa seule chance de survie. Ce petit groupe d’orphelin existait déjà bien avant que les tanieths s’emparent de Shola. Aline et ses sœurs avaient pour mère une courtisane de la cour sans domicile, qui s’adonnait au plaisir des hommes pour permettre à ses filles de survivre. Quant à Marben, il fut abandonné tout bébé lorsque ses parents se rendaient compte qu’ils ne pourraient pas s’occuper d’une tribu de dix bambins déjà. Ces orphelins survivent principalement grâce à la mère d’Aline et à Aline justement : cette petite teigne savait comment voler les passants sans qu’ils s’en rendent compte. Que ce soit de l’argent ou de la marchandise, Aline excellait dans l’art du tire-laine sans problème. Sa mère s’inquiétait pour elle, si elle se faisait prendre elle ne risquait plus la prison mais l’exécution, maintenant que les tanieths sont au pouvoir. Aline volait principalement pour ses petites sœurs qu’elle adorait, et pour limiter le travail de sa mère. Elle n’aimait pas Marben, car elle voyait en lui un profiteur. Elle a accepté qu’il les suive puisque ses petites sœurs insistaient. Elle n’offre pas une grosse part du gâteau au jeune garçon qui était très faible, parfois elle ne lui donnait rien. Toutefois, Marben s’accrochait à la vie, il refusait de mourir. Les orphelins habitaient une petite cabane abandonnée, près des remparts. La mère d’Aline vint s’y réfugier lorsqu’aucun seigneur ne veut ses services. La vie était rude à Shola, encore plus quand on est orphelin… Encore plus quand on accueille chez soi une princesse qui est magicienne de surcroît.

Le quatuor d’orphelin avait retrouvé Ange le soir même où elle fut abandonnée par son père, endormie dans la neige et à peine couverte. Ils la ramenèrent dans leur cabane. Ils essayèrent maintes fois de la réveiller sans succès : elle dormait paisiblement et elle était incroyablement froide. Lorsqu’ils la touchaient, ils avaient l’impression de plonger leur main dans de l’eau glaciale. Aline remarqua que c’était une elfe, c’était rare de trouver une représentante de cette race à Shola. Ses petites sœurs admirèrent la beauté de la princesse, Marben était sous le charme également. Il fallut attendre que Kasdan accueille les tanieths à Shola afin qu’Ange se réveille, comme si son devoir prenait vie au moment où son royaume fut opprimé par l’Empire. Les orphelins lui expliquèrent qu’ils l’avaient retrouvé inconsciente dans la neige. Malgré son jeune âge, Ange répliqua qu’elle savait où elle habitait. Le quatuor la suivit jusqu’à la demeure immolée par les flammes : la si belle maison d’Ange ne fut que poussière et briques… Elle se mit à pleurer en demandant sa mère et son père. Son inconscience dans la neige lui valut perdre à jamais les visages de ses parents de sa mémoire. Elle ne savait plus qui ils étaient ni à quoi ils ressemblaient. Ange était à présent perdue, destinée à vivre orpheline. Luscina et Sara prirent pitié de la pauvre petite et lui proposèrent de vivre chez eux. Aline s’y opposa, prétendant qu’elle ne pourrait pas nourrir tout le monde s’ils accueillaient quelqu’un d’autre chez eux. Le regard insistant de ses sœurs et également celui de Marben la prirent au dépourvu. Ange faisait maintenant partit de ce petit groupe d’orphelin qui vit seulement grâce au courage de leurs aînées. Elle mettait du temps de se faire à l’idée qu’elle ne retrouverait plus jamais ses parents et qu’elle devra supporter la faim et le froid pendant un long moment…

Ange grandit malgré sa misère. Contrairement à ses camarades, elle ne craignait pas le froid, c’était surtout la faim qui la préoccupait. Elle ne leur cacha pas qu’elle possédait des pouvoirs, elle avait notamment la capacité d’agir sur le froid autour d’elle. Ainsi, lors de ses sept ans et après s’être durement entraîner sur ce merveilleux don, elle influença le froid présent dans la cabane et le chassa à jamais. Elle recouvrit aussi les cavités dans le bois d’une couche de glace pour empêcher la neige de pénétrer dans leur demeure. A présent, il faisait chaud dans la cachette et ses camarades lui en furent éternellement reconnaissants. Le petit groupe pouvait se concentrer pleinement sur leur faim maintenant. Aline, du haut de ses douze ans, leur fit comprendre qu’elle ne pourrait pas s’occuper de cette tâche indéfiniment, elle avait besoin d’aide. Ses sœurs se proposèrent pour l’aider à voler les passants, Marben et Ange suivirent leur initiative. Satisfaite de cette réponse, Aline accepta de leur apprendre à voler. Pour commencer, elle préféra jouer la victime au lieu de les envoyer voler les passants. Lorsqu’ils arrivèrent au bout de quelques mois à montrer des progrès, elle les laissa faire seul tandis qu’elle les observait. Les filles y arrivèrent facilement, aucun passant ne les avait soupçonné de vol ; Marben avait vraiment du mal, il s’est même fait prendre en flagrant délit par un marchand. Heureusement, il arriva à s’en tirer suite à une poursuite éprouvante. Aline ne cessait de gronder Marben au fil des années, le pauvre garçon ne pouvait répliquer face à une grande fille telle que leur aînée. Ange n’aimait pas vraiment ce comportement de sa part, néanmoins elle ne fit rien pour s’attirer les foudres d’Aline. Maintenant que le quintet d’orphelin comptait des pickpockets confirmés, il n’aura aucun mal à continuer de subsister.

Cependant, un profond mal s’empara du groupe lorsqu’ils retrouvèrent la mère d’Aline, agonisante dans la neige. Ange avait douze ans à ce moment-là et elle savait utiliser sa magie pour soigner les plaies. Son intervention ne servit qu’à permettre à cette famille de faire ses adieux. La mère d’Aline expliqua qu’elle avait tenté de voler un riche présent au capitaine Kasdan tandis qu’elle était dans ses appartements mais il la surprit et la poussa depuis la fenêtre. Elle ne pouvait survivre d’une telle chute, même si la neige l’avait légèrement amorcée. Lorsqu’elle rendit l’âme, ses trois filles éprouvèrent une vive haine envers le capitaine Kasdan. Ange ne savait toujours pas qu’il était son père, et commença déjà à le mépriser pour ses actes. Maintenant livré à lui-même, le quintet d’orphelin devait redoubler d’ardeur pour survivre. Ayant à présent dix-sept ans, Aline ne souhaitait pas faire le trottoir comme sa mère, alors elle décida qu’ils devaient non plus opérer parmi la foule, mais directement chez les nobles, dans leur propre demeure. Ses sœurs et Ange approuvèrent cette décision, Marben était assez réticent envers cette idée. Il évita de montrer ses craintes, car Aline devenait de plus en plus insupportable à son égard. Ainsi les orphelins commencèrent leur cambriolage en pénétrant par la cheminée ou par les fenêtres, ou tout simplement en s’emparant de la clé du propriétaire. Ange apprit à communiquer avec les animaux, ce qui lui permit de rapporter plusieurs breloques par simple demande. Ses camarades appréciaient sa présence à leur côté, ses pouvoirs devenaient de plus en plus utiles chaque jour, et ils ne cessaient de multiplier au fil des années. Durant leurs deux ans d’activité, le quintet d’orphelin s’était bien débrouiller mais leurs escamotages commençaient à devenir suspects étant donné que les gardes tanieths avaient annoncés qu’ils recherchaient un groupe d’enfant qui serait coupable de vols. Les orphelins furent prit d’effroi lorsqu’ils virent une affiche qui présentait Marben comme étant recherché mort ou vif pour escamotage. Aline exigea qu’il quitte leur groupe définitivement, mais Ange s’y opposa et proposa plutôt au garçon de rester dans la cabane à partir de maintenant. Luscina et Sara approuvèrent cette idée, malgré les menaces d’Aline. Cependant, quelques jours plus tard, alors que les filles rentraient de leur cambriolage, Marben avait disparut. C’est le lendemain que le capitaine Kasdan annonça qu’il allait le pendre publiquement pour intimer toute activité d’escamotage. Ange tenta de persuader Aline de l’aider à sauver Marben.

"On ne peut pas le laisser se faire tuer !"

"Écoutes, Ange, cette imbécile ne nous a pas écouté. Il aurait dû rester dans la cabane, c’est bien fait pour lui."

"Je sais que tu ne l’as jamais aimé, tu n’arrêtais pas de lui gueuler dessus. Ne crois pas que je vais m’en tenir à tes ordres, Aline. Je vais aller le sauver, que tu viennes avec moi ou non."


"Ange, c’est du suicide ! Ils vont te tuer si tu tentes quoique ce soit ! Laissons crever ce faiblard qui ne méritait même pas notre hospitalité tellement il nous a servit à rien !"

"Contrairement à toi, je ne me limites pas à ma famille et mes amis. J’aiderais tous les sholiens un jour, et Marben sera la première personne que je sauverais de l’emprise des tanieths !"

Ange bouscula Aline et se dirigea vers le lieu de l’exécution. Le prince Kasdan avait installé un peloton d’exécution sur la grande place près du château. Il a surtout été aménagé pour amadouer les rebelles, ce qui veut dire que c’est la première fois que la corde va être utilisée. La foule s’était rassemblée pour assister à l’évènement : ce n’était pas de l’amusement pour eux, mais il voulait voir jusqu’où Kasdan irait pour son peuple. La foule commença à s’agiter lorsque la victime monta sur le peloton : c’était un enfant ! Lorsque le prince Kasdan apparut, accompagné du bourreau, il se fit huer, insulter de tous les noms. Il lui suffisait de lever le bras pour qu’une énorme escouade de tanieth sorte de l’ombre, l’arme au poing. Le public s’est tut. Les civils tanieths exprimèrent leur consentement envers cette exécution par le biais de sifflements et de cliquetis des mandibules. Le bourreau enfila la corde autour du cou de Marben et le plaça au-dessus de la trappe avant de se diriger vers le levier. Kasdan s’approcha au bord du peloton et éleva la voix pour commencer son discours.

Plus loin, Ange courut à en perdre le souffle. Elle arriva au moment où Kasdan commença son discours, cela lui laissait un temps pour faire sortir Marben de cette situation épineuse. La bleue examina le peloton : il était remplie de garde, jamais elle n’arrivera à s’approcher de Marben pour lui retirer la corde. Et d’ailleurs, comment coupera-t-elle la corde ? Aline lui avait interdit d’utiliser ses pouvoirs en public, puisqu’apparemment les magiciens étaient exécutés sur le champ. Elle voulait bien se mettre à dos les tanieths en libérant Marben, mais elle n’était pas stupide au point d’utiliser ses pouvoirs. Elle devait trouver une arme. Elle regarda autour d’elle et aperçut une forge : le forgeron avait cessé son travail pour regarder la scène. Parfait, elle s’infiltra discrètement dans la forge et fut automatiquement prit d’un mal de tête à cause de la chaleur, elle détestait la chaleur cela lui donnait des nausées. Elle ne chercha pas à examiner l’arme qu’elle venait de saisir qu’elle sortit rapidement de cette chaudière. Une fois dehors, elle examina l’arme : c’était une dague dont la lame était légèrement courbée ; à son touché, il semblerait que la lame était recouverte d’une fine couche de glace, d’une part par son aspect bleu et sa transparence qui laisse entrevoir la lame en fer ; le manche était d’un or étincelant, le client qu’avait recommandé cette arme devait être un riche seigneur. Quoiqu’il en soit, ça fera l’affaire, il ne lui manquait plus qu’à trouver un moyen d’approcher Marben sans se faire voir. Kasdan était toujours entrain de prononcer son discours : cet homme était charmant par son physique, mais sa voix était ignoble, sadique ; Ange était prit d’un malaise à chaque mot. Cet homme avait fait tuer la mère d’Aline, il fallait qu’elle le venge. C’était tout de même trop risquée ici, elle reportera son assassinat une autre fois. Pour l’instant, la priorité, c’était Marben.

Tandis que Kasdan continuait son discours, la jeune fille se glissa entre les personnes présentes dans la foule tout en réfléchissant à comment procéder. La trappe allait s’activer grâce au levier, Ange devait donc stopper ce mécanisme en s’attaquant au bourreau. Oui, c’était la seule manière de procéder. Elle se faufila donc jusqu’au peloton, elle prit soin de ne pas se faire voir lorsqu’elle passa sous le peloton pour se retrouver derrière. A présent, elle avait en vue le dos du bourreau, l’angle parfait pour lancer la dague. Toutefois, elle ne pouvait pas montrer son visage au grand jour, c’était déjà assez curieux qu’il y avait des affiches de ses camarades dans la rue sans le sien. Si elle voulait un jour commencer à libérer Shola dans l’ombre, elle devait être la plus discrète possible. Aline lui avait interdit d’utiliser ses pouvoirs car les magiciens étaient exécutés sur le champ. Et maintenant ? Elle allait devoir se faire connaître du peuple tout en ayant son identité anonyme, et quoi de mieux qu’un agent de l’ombre croisée magicienne ? Ange cessa de suite de penser à son avenir, Marben allait être exécuté d’une minute à l’autre ! Elle utilisa son foulard pour masque son visage et ses cheveux, laissant juste transparaître ses yeux bleus, comme ça personne ne saura à quoi elle ressemble. Elle lança fortement la dague sur le dos du bourreau, ce dernier lâcha un cri strident avant de tomber face contre terre. Tous regardèrent le bourreau, surpris de ce qui venait d’arriver. Quant à Kasdan, il était effrayé. Ange prit son courage à deux mains et monta sur le peloton, arracha la dague du corps et courut en direction de Marben qui fut surpris de voir cet intrus le sauver. Avant qu’elle puisse couper la corde, Kasdan empoigna son bras et projeta Ange dans la foule. Elle tomba dans la neige et leva la tête pour voir avec stupeur que Kasdan avait tiré sur le levier, Marben était pendu et suffoqua devant ses yeux. Ange cria son nom sans retenir ses larmes. Kasdan la pointa et ordonna de sa voix grave.

"Tuez-la ! Ne la laissez pas s’échapper !"

Ange vit plusieurs soldats tanieths s’approcher d’elle. Instinctivement, elle frappa le sol de son pied et une brume de glace s’éleva, provoquant ainsi la panique dans la foule. Elle en profita pour s’enfuir. Kasdan, fou de rage de voir une magicienne en vie, ordonna qu’on la poursuive. Plusieurs tanieths la coursèrent dans les ruelles enneigées. Ange prit plusieurs virages pour essayer de les semer, mais ils ne lâchèrent pas l’affaire si facilement. Elle éleva à des croisements des brumes de glace pour masquer son itinéraire mais il y avait des gardes partout, toute la cité était en état d’alerte ! Un moment, elle ralentit, il n’y avait aucun garde dans le coin mais elle les entendait arriver. Elle s’arrêta devant un bâtiment et se colla au mur pour reprendre son souffle. Quelqu’un ouvrit la porte et prit son bras, c’était une femme peu vêtue.

"Rentres avant qu’ils arrivent, vite !"
Sans demander son reste, Ange rentra dans le bâtiment et la femme ferma la porte. La nuit tomba et les gardes avaient perdue sa trace. Kasdan ordonna de placarder des avis de recherches à l’encontre de la magicienne masquée.



Les recherches pour retrouver la magicienne de glace furent vaines, Kasdan avait pourtant déployé ses meilleurs agents pour la retrouver. Mais rien n’y fait, elle resta introuvable durant deux ans. Personne ne se doutait qu’elle se cachait dans une maison de passe. Ce jour-là, le jour de l’exécution de Marben, Ange s’était arrêté devant cette maison close pour reprendre son souffle. Une des prostituées de l’immeuble remarqua sa présence et lui proposa de rentrer avant que les gardes n’arrivent. Ange découvrit donc intentionnellement le monde de la prostitution, une voie fréquemment empruntée par les femmes depuis que Shola est une colonie tanieth. Ange avait toujours admirée la beauté de ces dames et en même temps elle eut pitié d’elles en sachant en quoi consistait leur boulot. La courtisane qui l’avait fait rentrer l’escorta rapidement dans sa chambre pour la placer à l’abri des regards. Ange se laissa guider puis s’assit sur le lit avant de sangloter. Elle avait perdue à jamais son meilleur ami, tout cela à cause de ce capitaine… Sa haine envers lui ne cessait de croître et elle avait peur de perdre d’autres personnes qui lui sont chers par sa faute. La courtisane répondant au nom de Nanie la laissa digérer seule les récents évènements ; elle se dirigea vers la cuisine pour lui préparer un potager et lui servir du thé. Lorsqu’elle présenta les plats, la bleue refusa en se tournant vers la fenêtre, Nanie laissa le plat sur la table de chevet et ferma la porte derrière elle pour la laisser seule. La nuit tomba et Ange se résolut à manger avant de s’endormir sans prendre la peine de changer de vêtement.

Le lendemain, Nanie la réveilla. La bleue rouspéta sous la couette, elle se sentait tellement bien dans ces draps qu’elle refusait de se lever. Toutefois, le regard insistant de la courtisane eut raison d’elle. Nanie lui expliqua qu’elle connaissait son nom et sa mère. Elle l’avait rencontrée alors qu’elles étaient toutes les deux dehors, prenant une pause. Nanie était une amie très proche de Siliën, elle lui avait même offert un collier avec un flocon pendue au bout. Nanie l’offrit à Ange, la jeune fille avait complètement perdue l’identité de sa mère de sa mémoire et cet objet était la seule chose qui lui restait. Lorsqu’Ange lui demanda où se trouvait sa mère, Nanie baissa la tête et lui révéla qu’elle avait périe dans un incendie, dans sa propre demeure. Elle lui avoua aussi que l’auteur de cet incendie était le capitaine Kasdan. Curieuse, Ange lui demanda quelle relation entreprenait le capitaine et sa mère ? Nanie hocha les épaules, elle ne le savait pas. La jeune fille serra les poings, cet homme lui paraissait être pire que l’Empereur en personne. Ange se retourna vers Nanie pour l’observer : c’était une femme dans la trentaine au moins, les yeux d’un vert étincelant, les oreilles pointues typiques des elfes, ses cheveux étaient couverts d’un bandana qu’elle avait arrangé sur sa tête. Ce devait être leur lien elfique qui faisait de Nanie et sa mère de bonnes amies. La bleue se leva du lit, prenant son foulard et l’utilisa pour cacher ses cheveux et son visage. Elle s’apprêta à partir mais Nanie la retenait, elle lui demanda ce qu’elle faisait.

"Je ne vais pas rester là les bras croisées ! Kasdan est un monstre, je veux qu’il meure ! Pour moi, ma famille et mes amis !"

"Ce n’est pas en te jetant dans la gueule du loup que tu vas arriver à l’éliminer. Si tu veux assouvir ta vengeance, il faut que tu te fasses discret pendant quelques temps et que tu t’y prépares."


"J’ai des pouvoirs, je pourrais les utiliser contre lui !"


"Ne te laisses pas corrompre par ce cadeau que t’ont offert les dieux. Au contraire, utilise-les intelligemment. Toute la citée est à ta recherche et tu n’as nulle part où aller. Je vais t’aider à contrôler tes pouvoirs, mon esprit elfique te sera d’un grand secours. Et puis, en même temps, tu devrais apprendre à te servir de ce jouet que tu trimballes sur toi."

Nanie avisa de la dague qu’Ange avait soigneusement placée dans sa botte. La jeune fille était folle de rage contre Kasdan mais cette femme avait raison, elle ne pourra rien faire une fois sur place. Elle devait se perfectionner avant de pouvoir régler ses comptes avec le capitaine. Cet homme se cachait dans une imposante forteresse et il avait toute une armée avec lui… Tuer Kasdan n’allait pas libérer Shola étant donné que c’était un tanieth qui gouvernait mais au moins le peuple sholien sera satisfait d’avoir un tyran en moins du haut de son piédestal. Pour l’instant, Ange ne pouvait rien faire, même pas sortir… Alors elle attendit que les recherches s’atténuent avant de pouvoir faire quoique ce soit…

Quelques mois plus tard, Nanie se rendit compte que les rumeurs concernant la magicienne masquée ne fusaient plus et les affiches à son attention ont toute disparue. Peut-être était-ce un piège pour amadouer Ange et l’obliger à sortir de l’ombre, mais peu importait ; la jeune fille ayant maintenant quinze ans ne cessait de penser au jour où elle pourra enfin satisfaire sa vengeance. Chaque jour, Nanie lui racontait ce qu’avait fait sa mère pour elle ou encore les atrocités que Kasdan avait réalisé le jour-même. Ange se méfiait de cette femme car elle lui parlait trop souvent de Kasdan, que ce soit en mal ou en bien, se servait-elle d’elle pour tuer Kasdan ? Avait-elle un lien avec lui ? Toutefois, malgré cette réticence, Ange éprouvait un amour inconditionnel pour elle, c’était un peu comme une mère : elle la lavait, l’habillait, lui apprenait les coutumes, les traditions, les bonnes manières, la politesse… Bref, tout ce qu’une petite fille pouvait rêver de mieux de la part d’une mère. Nanie fut d’ailleurs surprise lorsqu’Ange l’avait enlacé une fois pour se réconforter. Elle s’en voulait terriblement d’entraîner cette jeune fille dans un complot contre Kasdan, mais elle y était déjà plongé jusqu’au cou depuis son action à l’exécution, de plus elle s’y est immergée volontairement en ayant connaissance de tous les risques.

Maintenant qu’Ange était passée anonyme, elle l’autorisa à sortir prendre l’air plus souvent cette fois. Malgré son appartenance au peuple elfique, Ange aimait le froid et la neige, son teint pâle et ses pouvoirs y étaient sans doute pour quelque chose. La jeune fille respira un bon coup, elle avait grandit aussi bien physiquement qu’intellectuellement. Elle ne lui manquait plus qu’à se servir d’une arme et contrôler ses dons magiques. Pour cela, Nanie lui proposa de s’exercer loin de la cité, dans les montagnes. Selon Nanie, il y aurait plusieurs grottes au pied d’une montagne voisine. Ange décida donc de s’y rendre avec des provisions et quelques babioles dont elle aura besoin pour survivre. Elle était immunisée contre le froid, mais on pouvait la repérer à n’importe quel moment. Elle explora les alentours, à la recherche d’une quelconque ouverture dans la montagne. Elle trouva facilement une couche de glace plutôt fragile, elle la cassa et jeta un œil à l’intérieur : c’était une grotte remplie de cristaux de glace. Ange trouva cet endroit vraiment magnifique et décida d’y élire domicile après avoir vérifier que c’était bien désert. Lorsque les tanieths devaient se retirer pour éviter la lumière du soleil, Nanie et Ange en profitèrent pour transporter des objets qu’aura besoin la voleuse dans sa grotte : notamment des meubles, des draps et de la nourriture. Au bout de quelques mois, et atteignant maintenant l’âge rebelle de seize ans, Ange eut son propre domicile, qui lui servait à la fois de cachette et de terrain d’entraînement. Elle passa plus de temps dans sa nouvelle demeure qu’avec Nanie ; même si cette dernière comprenait ce qu’elle devait accomplir, elle aurait préféré passer plus de temps avec sa fille adoptive.

Les jours passaient et se ressemblaient. Ange se concentra énormément sur le contrôle de ses pouvoirs. Elle atteignit bientôt le stade supérieur pour tous ses dons. Elle en gagna même un plutôt surprenant : lire l’avenir. En effet, un soir alors qu’elle dormait dans ses matelas à l’intérieur de sa cachette remplis de cristaux, la jeune fille leva les yeux au plafond. Elle n’avait pas l’habitude de se voir dans un reflet, mais au lieu de voir son visage jeun et plein de vie, elle vit son apparence dans le futur : des cheveux tout aussi bleus, un chignon arrangé, un maquillage sombre, une perle sur le menton et une fleur sur la tête. Ange s’essuya les yeux et retenta l’expérience, malheureusement la vision avait disparut. Le lendemain, elle extrayait une sphère de cristal dans la paroi et se concentra dessus pour refaire son exploit d’hier. Elle ne réussit qu’un couché du soleil à voir ce qui allait se dérouler ce soir, à savoir une visite du capitaine Kasdan à la maison de passe de Nanie !

Lorsque la lune brillait haut dans le ciel, Kasdan organisait une patrouille de routine. Il s’ennuyait de cette ronde de garde répétitive, il proposa donc à ses hommes d’aller s’amuser un peu chez les courtisanes. Ils se dirigèrent vers la première maison de passe qui leur tombait sur la main, à savoir celle où travaillait Nanie. Lorsque le capitaine pénétra dans la demeure, tous les regards furent figés sur lui et le silence s’imposa. Nanie devint soudainement nerveuse et se cacha de son champ de vision ; heureusement pour elle, Kasdan n’avait rien remarqué. Nanie se demandait ce qu’il faisait ici : avait-il découvert qu’Ange se cachait ici ? Elle fut rassurée lorsque le capitaine laissa ses hommes se divertir, quant à lui il promenait son regard sur les jeunes femmes, se demandant laquelle il allait emmener avec lui. Le capitaine aboya sur quelques jeunes courtisanes et les fit sortir pour les escorter au château. Nanie ne pouvait laisser passer une chose pareille, toutes les prostituées qui sont rentrées dans le château n’en sont jamais revenues ! Elle voulait intervenir, mais quelqu’un claqua la porte juste devant le nez du capitaine : c’était une femme masquée par un épais foulard. Le capitaine reconnue la criminelle qu’il recherchait depuis deux ans.

"Toi !"

Il bouscula les courtisanes qu’il avait prit avec lui pour dégainer son épée. Il ordonna à ses hommes de l’éliminer. Avant qu’ils puissent tirer leurs armes, Ange s’enfuit. Les gardes la poursuivirent à travers les ruelles, elle n’allait pas assez vite pour les semer. Ils la rattrapèrent finalement dans une grande place, là où était installé le peloton d’exécution. Ange s’était arrêtée et monta sur l’estrade, elle tira sa dague de sa botte et la pointa en direction de Kasdan.

"Tu mourras ici-même, là où tu as ôté la vie a maints innocents !"


Elle leva son bras et la neige autour d’eux s’anima pour les faire tomber à terre. Ange sauta à terre et se mit en garde pour provoquer le combat. Les hommes de Kasdan se lancèrent sur elle tandis que ce dernier se releva en regardant la scène. La magicienne esquiva les coups et profita des ouvertures pour trancher la gorge de ses hommes un par un. Lorsqu’il ne restait plus aucun garde aux alentours, Ange se retourna vers le capitaine. Elle imprégna sa dague d’une magie et l’arme fut recouverte d’une couche de glace qui prolongea un peu plus la lame, atteignant pratiquement la taille d’un glaive. Kasdan savait qu’il n’avait aucune chance de se battre ici, elle était en position de force.

"Qui es-tu au juste ?!"

"Mon nom est Archange. Souviens-toi de moi à travers la mort, je serais celle qui libérera Shola de ton emprise !"

Ange, s’étant après-en baptisée Archange, se rua sur le capitaine, mais elle s’arrêta dans son mouvement lorsqu’un flèche la frôla de peu. Des archers venaient d’arriver ! Elle ne pourra pas se battre dans de telles conditions. Le capitaine lui proposa de se rendre ou de la tuer sur le champ. La jeune femme cria de rage de perdre une nouvelle occasion et créa une brume autour d’elle pour s’échapper. Lorsque le brouillard se dissipa, ce fut au tour de Kasdan de crier, cette criminelle s’est encore échappée ! Il ordonna à ses hommes de maintenir la garde dans toute la citée à partir de maintenant, de signaler tout comportement suspect et de placarder de nouvelles affiches.La magicienne retira son foulard à l’abri des regards et rentra chez Nanie pour s’assurer que tout allait bien. Elle fut contente de la trouver saine et sauve. Elles s’enfermèrent dans la chambre de la mère adoptive pour discuter de cet évènement. L’elfe aux cheveux bleus avoua ne pas avoir eu l’occasion de tuer Kasdan. Nanie la prit dans ses bras afin d’effacer sa peine, tout en chuchotant son véritable nom. La jeune fille secoua négativement la tête en se libérant de son emprise.

"Je suis Archange à présent, le peuple doit savoir que je le sauverais un jour. Et pour ma propre sécurité, je me dois de prendre un pseudonyme au risque qu’on découvre ma véritable identité. Je ne veux pas non plus te mettre en danger par ma faute."

"Détends-toi, ma belle, tu as de nobles buts et nous ferons en sorte que Shola retrouve de l’espoir grâce à toi. Mais pour l’instant, tu dois te faire discrète et continuer de t’entraîner pour rivaliser avec Kasdan et son armée."

Les jours suivants, Archange et Nanie se mirent à faire en sorte que la sauveuse de Shola soit reconnue. La bleue rencontra de nouveau ses anciennes camarades, Aline et ses sœurs ; elles étaient toujours en vie heureusement et s’accrochaient tant bien que mal à la vie de misérables. Archange leur demanda de l’aider à se faire connaître du peuple pour qu’il retrouve espoir. Les filles acceptèrent de l’aider en échange d’une coquette somme que la bleue n’hésita pas à leur offrir. Aline, Luscina et Sara crièrent dans les ruelles que le peuple de Shola allait être sauvé grâce à la magicienne masquée dénommée "Archange". Bientôt, d’autres rebelles se mirent à les rejoindre. Les patrouilles retrouvèrent même des inscriptions à l’attention d’Archange ou des représentations d’elle sous la forme d’un ange encapuchonnée. Kasdan fut fou de rage de voir ce que devenait cette criminelle aux yeux du peuple. Il renforça de plus belle les patrouilles, terrorisant de plus en plus les sholiens de sa cruauté.



Deux ans. Deux ans que le peuple sholien connaît l’existence d’une combattante. Deux ans que les sholiens sont en proie à une vive lueur d’espoir. Deux ans que Kasdan persécutent de plus en plus les soumis avec son armée. Deux ans qu’Archange grandit en force, en adresse, en intelligence et en beauté. La jeune fille misérable n’était plus, depuis son nouvelle affrontement avec le capitaine, une nouvelle identité s’est forgé en elle : Ange était morte depuis son abandon par ses parents, afin de laisser place à Archange, une femme pleine de témérité fraîchement sortie de l’adolescence.

Archange avait maintenant dix-huit ans, c’était une femme à part entière. Elle passa beaucoup plus de temps dans sa cachette qu’avec Nanie. Maintenant qu’elle était poursuivie dans toute la cité, elle ne pouvait plus s’y aventurer sans s’attirer les foudres de la garde. Elle prit soin de s’y rendre une fois par mois pour prendre des nouvelles de Nanie et d’Aline. Cette dernière s’était installée avec sa mère adoptive, Nanie avait en effet accepté de l’héberger avec ses sœurs pour la remercier du travail qu’elle avait accomplie afin d’augmenter la notoriété d’Archange. Malgré ces quelques visites qui sont souvent brèves, Archange ressentit une profonde solitude la hanté. Lorsqu’elle n’était qu’une clocharde dans la rue, elle avait au moins de la compagnie, et même dans la maison close. C’étaient essentiellement des femmes, bien sûr. Archange en avait d’ailleurs développé un certain intérêt pour elles : elle se sentait mal à l’aise en compagnie des hommes à cause de Kasdan, en écoutant les horreurs que peut faire subir un homme à une femme, les rumeurs sur les salles de torture à l’intérieur du château… Tout cela conjuguer, Archange en avait nourrit un profond mépris pour les hommes ; elle s’est sentie donc plus attirée par les femmes. Néanmoins, étant donné qu’elle devait se faire discrète, elle n’a jamais songée à vivre le bonheur de l’amour, ni à fonder une famille. Déjà que la sienne était vraiment fragile… L’elfe aux cheveux bleus resta donc cloîtrer éternellement dans sa grotte, inaccessible au reste du monde, s’entraînant sans relâche et formant des plans pour attaquer le château.

Depuis quelques temps, Archange s’est fixée un objectif : infiltrer le château. Elle voulait toujours éliminer Kasdan pour libérer Shola. Elle savait que le meurtre de cet homme ne suffirait pas, mais le tanieth qui régnait pouvait être remplacé dans les moindres délais ; pour elle, Kasdan devait mourir car il faisait honte au peuple sholien. Et quelque part, elle voulait venger la mort de sa mère. En réalité, cette tentative d’assassinat n’était pas une pure vengeance : la raison primaire l’était, mais d’autres raisons s’y étaient ajoutées et au final c’est loin d’être une vengeance. Ce n’était que justice. Nanie lui avait révélé un jour ce que Siliën lui avait elle-même raconté au sujet du père de Kasdan : apparemment, il trempait dans de nombreuses affaires louches pour satisfaire les besoins de son peuple. C’était une sorte de tyran qui agissait dans l’ombre, qui restait discret pour écarter tout soupçon. C’était un mal pour un bien, en quelque sorte. Archange se demandait comment sa mère avait pu apprendre une telle vérité, Nanie lui souriait et lui rappela que sa mère était servante au château, ce n’était donc pas étonnant qu’elle entende des bruits de couloirs qui se révélaient être vrais pour la plupart. Archange comprenait mieux pourquoi le prince Kasdan s’était ainsi rebellé contre son père : il voulait détruire ces affaires de l’ombre, évité au peuple de Shola de se repaître de la souffrance d’autrui. Toutefois, cela ne justifiait pas son comportement actuel. Son père était un tyran, certes, mais un tyran discret. Kasdan lui était un tyran tout court, il faisait voir ce qu’il tramait réellement. Ainsi sa sentence de mort était irrévocable.

Maintenant qu’Archange était devenu adulte, et qu’elle avait acquis tout ce qu’elle avait besoin pour vaincre Kasdan, elle se sentit prête à agir dans les moindres délais. Il ne lui manquait plus qu’un plan d’attaque. Pendant ces deux dernières années, Archange s’était énormément concentrée sur la maîtrise des armes, elle savait se servir de sa dague à merveille et aussi à lancer des petits couteaux de lancer qui se révélaient pratiques à distance. Kasdan aurait pu mourir lors de son dernier affrontement si Archange avait eu des couteaux pour se défaire des archers, mais le destin en a décidé autrement. Cette fois, c’était la bonne. Et pour s’assurer de sa victoire, Archange s’était également entraînée à maîtriser son don de lire l’avenir. Cependant, quand elle essayait de découvrir le dénouement de son combat contre Kasdan, elle ne voyait que sa silhouette face à celle du capitaine, chacune ayant son arme au poing, prêtes à charger. En conséquence, elle ne savait pas comment allait se terminer cette nouvelle tentative. Ce qui était sûr, c’est qu’elle fera tout pour y arriver. Déterminée plus que jamais à sonner l’heure de la justice, Archange s’empara de son équipement et rentra à Shola pour préparer son plan d’attaque.

Lorsqu’elle atteignit la maison de passe de Nanie, Archange la serra fort dans ses bras, ainsi qu’Aline et ses sœurs qui, elles aussi, ont gagné en beauté depuis ces dernières années. Elles songeaient à travailler avec Nanie pour qu’elle ne se sente pas débordée. Archange leur parla de son ambition à faire tomber Kasdan ce mois-ci, elle se sentait prête à agir. Elle avait besoin de savoir comment infiltrer le château et aussi les endroits que Kasdan fréquentaient dans l’édifice. Depuis son dernier affrontement avec la magicienne, Kasdan s’était barricadé dans le château, ne sortant plus jamais pour préserver sa vie. Les femmes réfléchissaient, Sara proposa à Archange de se déguiser en servante, mais Luscina protesta que Kasdan était en possession d’un registre qui recensait toutes les personnes qui entrent et sortent du château, elle le tenait de la bouche d’un garde du château. Aline lui proposa de passer par l’une des croisée, mais Archange assura qu’elles étaient trop hautes pour être empruntée, elle n’aura pas le temps d’escalader avant de se faire repérer. Finalement, Nanie lui donna une adresse pour rencontrer une personne qui pourrait l’aider, cet homme s’appelait Solki. Selon elle, il serait très proche du capitaine et c’est un vendeur d’information très influent. Archange accepta de rencontrer cet homme en soirée près des remparts. Elle se rendit au lieu du rendez-vous et attendit la venue de Solki. Ce dernier apparut, entièrement recouvert d’une tunique noire et son visage masqué par une cagoule.

"Bonsoir, Archange. Je ne suis pas vraiment étonné de recevoir une requête de ta part."


"Vous me connaissez ? Qui vous a dit que j’étais Archange ?"

"Personne. Je suis un vendeur d’information, je possède un nombre incalculable de petits secrets par-ci, par-là. D’ailleurs, les informations les plus chères sont souvent de toi, tu es un véritable phénomène après tout. Au fait, tu peux m’appeler Solki, si tu veux. Que puis-je faire à ton service ?"

"J’ai besoin des plans du château. Je voudrais savoir comment m’y engouffré sans attirer l’attention."

"Pourquoi vouloir infiltrer le château ? Pour tuer Kasdan, c’est bien ça ?"

"C’est exact. Je veux qu’il meure. J’ai d’ailleurs besoin de connaître ses horaires et ses déplacements si je veux le trouver avant qu’on découvre ma présence."

Solki se tourna vers le château et fit signe à Archange de venir à ses côtés. La femme s’approcha et observa le château tout comme était entrain de le faire Solki.

"Je veux bien te donner ces informations… gratuitement. Mais d’abord, j’aimerais savoir si tu sais qui est vraiment Kasdan pour toi."

"Comment ça ? C’est un tyran doublé d’un meurtrier qui ne mérite que la mort, cela me suffit amplement pour lui faire payer ses crimes."

"… Tu n’es donc pas au courant. Quand Kasdan n’était encore qu’un prince, il flirtait avec une servante du château. Son père la menaçait de mort s’il continuait de la fréquenter, Kasdan et son amante se résolurent à trouver un endroit où il serait à l’abri des regards. Ils ont acheté une petite maison dans le plus grand secret où la servante s’est installée, tandis que Kasdan lui rendait visite autant que possible. Sa femme accoucha bientôt d’une fille. Ces deux personnes étaient trop précieuses aux yeux de Kasdan, il voulait que son père périsse pour que Shola cesse de vivre dans le bonheur sous le sacrifice de maintes personnes. Cependant, Kasdan rencontra les tanieths sur la côte et conclut avec eux un pacte : ils prennent le royaume s’ils l’aident à tuer son père. Les tanieths acceptèrent. Cependant, il y avait une contrepartie : Kasdan devait se débarrassé de tous les magiciens du royaume, de sorte que la conquête ne soit pas sans danger. Le prince exécuta toutes les personnes possédant une once de magie en eux. Mais bientôt, il découvrit que sa propre fille était magicienne. Il l’abandonna donc dans la rue, mais sa femme le découvrit et il dû la tuer en incinérant sa demeure. Puis ensuite, il autorisa aux tanieths de débarquer. La suite, tu la connais."


"Pourquoi me raconter tout cela ? Quel est le rapport avec moi ?"

"… Tu ne comprends pas ? Il a abandonné sa fille dans la neige. Cette fille, c’est toi, Ange."

Archange ouvrit grand les yeux, elle était donc la fille de ce monstre, et également une princesse. Elle allait donc devoir tuer son propre père pour libérer tout un royaume. Solki posa sa main sur son épaule.

"Kasdan est également mon demi-frère, ce qui fait de moi ton oncle. C’est moi qui l’est mis en contact avec les tanieths parce-que je voulais que notre père meurt tout comme Kasdan, c’était tout de même moi qui le voulait le plus. Toutefois, mon frère s’est laissé corrompre et sombra dans la folie. Il tua ta mère pour cacher la vérité concernant tes pouvoirs, il n’avait pas eu le courage de te tuer. Je t’ai longuement observé, tu possèdes une volonté de survie extraordinaire, Ange. Vu que tu étais ma seule famille à part mon frère, j’ai décidé de te protéger du courroux de ton père. C’est moi qui ait fait en sorte qu’il n’y ait plus d’affiches à ton attention il y a des années, c’est moi qui ait convaincu ta mère adoptive actuelle de te prendre sous son aile le jour où ton ami fut exécuté, et c’est également moi qui ait été chargé de te retrouver pour t’éliminer. Heureusement pour toi, je suis moins cruel que ton père. Je ne suis également pas un assassin, sauf pour les magiciens qu’on a dû tué pour les tanieths…"

"Est-ce que Kasdan… mon père… sait-il que je suis Archange ?"

"Non, il l’ignore toujours. Il est également convaincu que tu es morte en même temps que ta mère. Je suis désolé de te révéler tout ça aujourd’hui, Ange. Je voulais m’assurer que ces informations ne changent pas tes plans, car je veux que mon frère meure et je n’ai pas envie de te voler le meurtre."

"Je… Tout cela me dépasse… Mais je dois quand même le faire, pour Shola. Dîtes-moi comment procéder."

"Bien, alors écoutes-moi. Depuis que Shola est une colonie d’Irianeth, ton père m’a chargé d’être son garde du corps dans l’ombre. Je le suis donc dans ses moindres faits et gestes, le protégeant de tous les dangers. Depuis qu’il s’est enfermé au château, il passe le plus clair de son temps dans cette tour là-bas. Il y a deux moyens d’y accéder : soit en passant par les escaliers reliés au château, soit par l’unique fenêtre tout en haut de la tour. Et malheureusement, je n’arriverais pas à te faire passer tous les couloirs jusqu’aux escaliers, tu vas devoir emprunter la deuxième solution. Par contre, comment y accéder, là… Je pense que tu pourrais escalader, ou…"

"… Ou voler."

"Plaît-il ?"

"Retrouvez-moi demain chez Nanie, à midi, je vous expliquerais tout."

Le lendemain, Archange réunit Nanie, Solki, Nanie, Sara et Luscina dans une des chambres de la maison de passe. La justicière leur expliqua qu’elle avait prédit une énorme tempête que allait survenir dans une semaine environ. Shola sera donc assaillit sans cesse par une pluie de flocons, les habitants seront contraint de rester chez eux pour éviter le froid et la neige. Il n’y aura plus de patrouilles dans toute la ville, toute la garnison sera donc inactive cette nuit-là. Ce qui veut dire également que Kasdan sera enfermée dans sa tour pour faire passer le temps. Solki approuva ses dires, mais il lui demanda quel était le rapport entre la tempête et son assassinat. Archange sourit et leur rappela qu’on ne la surnommait pas la magicienne des glaces pour rien. Elle expliqua qu’elle pourra utiliser la pluie de neige pour se transporter jusqu’à la tour depuis l’entrée de sa cachette dans les montagnes où elle avait une vue d’ensemble sur Shola. Elle avait fait des calculs et, selon elle, sa cachette était à la même altitude que la fenêtre de la tour. Lorsqu’on lui demanda comment elle utilisera la neige pour accéder à la tour, Archange assura qu’elle volera grâce à des ailes qu’elle formera avec la neige. Le groupe sourit en comprenant le rapport entre ces ailes et le pseudonyme d’Ange ; la jeune femme avait, en effet, inventé un petit tour avec la neige qui lui permettait de former des ailes dans son dos. Ayant toujours admiré l’envol des oiseaux, elle s’était mise à former ce tour. Cependant, pour réaliser un tel sort, elle avait besoin d’une énorme quantité de neige, qui doit être constante de surcroît. C’est ainsi que le coup de la tempête rentre en jeu. Et puis ensuite, une fois qu’elle aura atteint la tour, il ne lui manquait plus qu’à assassiner Kasdan. Personne ne savait si c’était une bonne idée, elle risquait de chuter en plein vol, mais c’était la seule solution possible. Ils attendirent donc que la saison des neiges arrive à Shola…

Une semaine plus tard, comme l’avait prédit Archange, une violente tempête de neige frappa Shola. Lorsque la nuit tomba, c’était le moment propice et l’heure de la justice avait sonné. Archange s’en retourna vers sa cachette avec Nanie et Solki. Ils contemplèrent la tour au loin tandis qu’Archange se préparait pour le grand saut. Une fois équipée et armée, la justicière enlaça sa mère adoptive et son oncle, elle allait peut-être y laisser la vie. Avant qu’elle se lance, Nanie lui offrit une boîte qui contenant une fleur que sa mère adorait ; elle l’avait récupéré dans les décombres de sa demeure lorsque Siliën périt dans les flammes. Archange la remercia et se concentra. Une fois prête, elle se mit à courir et sauta. En l’air, elle imprégna son dos de la magie et la dispersa parmi les flocons présents autour d’elle. Une brume se forma et se dissipa violemment pour laisser apparaître des ailes assez grandes pour permettre à Archange de planer. Elle se rappela les battements d’ailes que réalisaient les oiseaux qu’elle avait observés et refit les mêmes mouvements. Cela marchait, Archange volait ! Elle ne regarda pas en bas pour ne pas se laisser distraire et se concentra plutôt sur la tour pour régler son altitude. Lorsqu’elle arriva vers la fenêtre, Archange croisa les bras devant elle et détruisit ses ailes pour se laisser tomber. Elle passa par la fenêtre en cassant les carreaux et atterrit sur ses pieds. Instinctivement, elle sortit sa dague et examina la pièce. Kasdan se trouvait devant elle, effrayé par son entrée fracassante.

"Tu… Tu es Archange ?!"

La concernée ne répondit pas, elle semblait attristée de voir que son père l’avait complètement oublié. A deux ans, elle avait déjà ses cheveux bleus, cela aurait dû semer des interrogations dans la tête de Kasdan. Peu importe, elle avait enfin l’occasion d’en finir. Connaissant ses intentions, Kasdan grinça des dents et saisit son épée, ouvrant ainsi le duel. Le père et la fille échangèrent des coups, qui devinrent bientôt plus violents. Archange était rapide et agile, mais Kasdan était endurant et fort ; deux épéistes si opposés ne pouvaient pas offrir un combat si court. Cet affrontement risquait d’être long et ils en étaient conscients. Soudain, Archange bloqua un coup tellement fort qu’elle tomba à terre ; en même temps, la boîte qui renfermait la fleur de Siliën tomba de ses poches. Kasdan saisit l’objet et le contempla. Il le reconnut en ouvrant la boîte. D’un coup, tout fut plus clair ; il se retourna vers Archange entrain de se relever, surpris de connaître sa véritable identité.

"Ange, tu es vivante ?!"

"Oui, c’est moi. J’ai survécu à la mort que tu m’as offert et j’ai enduré la vie miséreuse que tu m’as fait subir. Je suis venue mettre un terme à tout ceci, ta folie a déjà fait trop de mal !"

"J’ai fait ça pour le bien du peuple ! Si nous étions en guerre contre Irianeth, nous aurions eu beaucoup de morts sur la conscience ! Si ça se trouve, tu seras morte aussi à l’heure qu’il est ! Le peuple ne veut pas comprendre que j’ai dû faire de nombreux sacrifices pour lui !"

"Et c’est en exécutant des innocents et en laissant Irianeth gouverné que tu montres ton amour pour le royaume ?! Tu es encore pire que ceux qui nous persécutent !"


"Tu es comme tous les autres, tu veux ma mort parce-que tu es une ignorante !"

"Au contraire, j’ai appris beaucoup de choses. Shola réclame la justice, père, et je serais honorée de lui offrir ce qui lui est dû !"

Archange chargea de nouveau, le combat reprit de plus belle. Cette fois-ci, elle utilisa tous ses atouts : que ce soient ses couteaux, le poison ou les pouvoirs magiques. Toutefois, Kasdan se révéla plus endurant qu’il le paraissait et esquiva toutes les attaques d’Archange pour rallonger son espérance de vie. Bientôt, Archange faiblissait et Kasdan en profita pour la pousser violemment contre la fenêtre. Archange fit une chute, elle réussit à l’amortir avec ses pouvoirs de glace. En se relevant, elle était bouillante de rage et allait de nouveau charger en direction du château mais Solki arriva sur place et l’entraîna chez Nanie. Cette dernière la recueillit dans ses bras, Archange protesta pour y retourner mais on l’en empêcha.

"Ange, tu ne dois pas rester ici. Kasdan va déployer toutes ses patrouilles pour te retrouver. Tu as fait trop de boucans à présent, le tanieth qui gouverne ne va pas laisser passer ça. Il faut que tu quittes Shola."


"Mais pour allez-où ?! Je me suis juré de sauver Shola !"

"Le royaume d’Émeraude tente de ressusciter l’Ordre des chevaliers pour contrer l’Empire d’Irianeth. Ils ont besoin de magiciens, de toi. Tu ne libéras pas que Shola mais tout Enkidiev ! Tu vas devenir une légende !"

"Mais… Shola est mon royaume, je ne peux pas l’abandonner !"

"En devenant chevalier, tu n’abandonneras pas Shola. Au contraire, ton engagement à le libérer sera même préservé."


"Allez, Ange, tu dois partir cette nuit avant qu’on te retrouve. Je t’escorterais moi-même jusqu’à Émeraude."

Archange céda donc à leur demande. Elle prépara des bagages de fortune, elle n’aura pas le temps de retourner à sa cachette de toute façon. Elle fit ses adieux à ses meilleures amies, Aline, Luscina et Sara. Quand vint le tour de Nanie, Archange sanglota en se blottissant dans ses bras. Sa mère adoptive était la personne la plus précieuse au monde pour elle. Nanie la rassura qu’elle attendra son retour avec patience, qu’elle sera fière d’elle quand elle la reverra parée de l’armure sertie d’Émeraude. L’heure du départ sonna, Solki lui donna une fourrure pour se couvrir de la neige puis ils partirent vers Émeraude. Nanie les regarda partir avec tristesse.

"Adieu ma petite Ange… Ma fille."

Arrivés à la frontière d’Émeraude, Solki fit aussi ses adieux à Archange et lui souhaita bon courage pour sa nouvelle carrière. La jeune femme promit à son oncle qu’elle reviendra plus forte et qu’à son retour Shola sera libéré. L’elfe se présenta au château et fut reçu par le roi en son titre de princesse de Shola. Elle mit le roi au courant de la situation à Shola et proposa ses services pour servir les chevaliers d’Émeraude. Le roi accepta qu’elle passe les tests. Archange fut finalement promue chevalier et passa ses deux premières années à Émeraude, jurant sur son titre de justicière qu’elle sauvera Enkidiev et détruira Irianeth.


"La vie est composée de bons moments et de mauvais moments. L’Empire envahisseur est arrivé sur notre continent pour nous faire vivre les pires tourments qui puissent exister. Je suis devenu chevalier d’Émeraude pour vaincre l’ennemi, servir les royaumes d’Enkidiev et respecter mon serment. Courage, Honneur, Justice. Je ne suis plus Ange de Shola mais Archange d’Émeraude."

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